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mercredi, 18 novembre 2015

Sous-sols

   Ce documentaire autrichien (sans commentaire ajouté) prend le spectateur à la gorge, sur un sujet en apparence anodin : la manière dont certains Autrichiens aménagent et utilisent le sous-sol de leur maison ou leur cave. En France, c'est une pièce pour bricoler, ou un débarras, ou une salle de jeu pour les enfants. Sinon, c'est tout simplement l'endroit où l'on installe le lave-linge et le congélateur familial.

   En Autriche, cela prend une tout autre dimension. Souvent, les propriétaires se sont constitué un nid douillet, avec un salon très confortable. Pour un chasseur, c'est une salle des trophées (qu'il s'est procurés lors de safaris). Pour une femme, c'est le temple du sado-masochisme, où elle entrepose ses "objets" et où elle triture le corps et l'âme de son gros nounours soumis. A l'inverse, une autre femme trouve dans la cave d'un ami le plaisir des tapes sur les fesses... entre autres.

   La plus glauque est sans conteste cette femme solitaire vivant dans un immeuble et qui, chaque jour, descend à la cave, où elle s'enferme pour s'occuper de ce qu'elle range dans différentes boîtes à chaussures... Le plus révoltant est ce grand-père musicien, amateur de bière, qui laisse les étages à son épouse. Au premier abord, il a l'air bonhomme et la décoration de l'entrée du sous-sol ne se distingue que par la profusion de photographies, plutôt anciennes. C'est lorsqu'on remarque, dans un coin, la présence d'un portrait d'Adolf Hitler que l'on commence à s'inquiéter... avant de découvrir la salle principale, dédiée au souvenir du IIIe Reich !

   Le réalisateur a visiblement choisi ses sujets, en général bien barrés. Mas ce qui est d'habitude caché (la cave étant une métaphore du refoulé) surgit au grand jour dans ce film. Les timbrés du sous-sol n'ont pas hésité à s'exprimer (et à agir) sans détours devant la caméra. Cela nous vaut une scène surréaliste, dans le local (souterrain) d'une prostituée, durant laquelle un client commente ses pratiques sexuelles, les progrès qu'il a réalisés... et nous révèle sa "botte secrète" : sa capacité à fortement éjaculer !

   C'est donc souvent très cru. Les personnes sont en général âgées. Seul un groupe de jeunes musiciens apparaît, dans la seconde moitié. Mais on les suit très peu de temps. Les policiers semblent les plus "normaux" : ils se rendent dans un sous-sol pour s'entraîner au tir ou participer à une formation. L'un d'entre eux tient même des propos marqués au coin du bon sens... contrairement à ses collègues, qui (après quelques bières) se déchaînent (verbalement) contre les immigrés turcs.

   C'est donc un film étrange, pas très long (1h20) et qui ne manque pas de style.

22:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Pôle emploi, ne quittez pas !

   Ce documentaire un peu ancien est ressorti à Rodez, dans le cadre d'une semaine spéciale. Il permet de découvrir de l'intérieur le fonctionnement d'une institution qui a hélas pris une grande importance dans notre pays. L'agence de Livry-Gargan, en Seine-Saint-Denis, a été filmée pendant environ trois mois.

   On suit donc plutôt des membres du personnel que des demandeurs d'emploi, même si la réalisatrice a mis en valeur certains d'entre eux. Notre attention est d'abord attirée par une dame de l'accueil, qui doit déployer des trésors de patience... et dont on comprend que, parfois, le stock est épuisé. Le personnage prend de l'épaisseur quand on découvre, plus tard, qu'elle-même n'est qu'une intérimaire, de passage dans l'institution ! C'est l'occasion d'aborder le changement de statut du Pôle, qui réunit l'ex-ANPE aux Assedic. Les contrats de droit privé sont désormais la norme... et la précarité s'est insinuée dans l'établissement chargé de lutter contre !

   Du côté des chômeurs, c'est la détresse qui domine, mais une détresse digne. On a le gars du neuf-trois qui évite de dire d'où il vient quand il postule... et qui vise une formation en anglais pour pouvoir partir aux Etats-Unis. Il y a le Tunisien qui travaillait dans les douanes, avant la Révolution démocratique... et qui a jugé que c'était le moment de venir en France. Non seulement ses diplômes n'y sont pas reconnus, mais la nationalité constitue une barrière légale infranchissable. Touchante est la famille dont les parents sont sourds-muets... et à qui il est demandé de s'inscrire... par téléphone.

   Du côté du personnel, on suit notamment le "management", pas très à l'aise avec la caméra et (pourtant) contaminé par les méthodes anglo-saxonnes. Certaines des petites mains de l'agence sont par contre savoureuses, comme cette jeune femme pétulante qui, pendant la pause cigarettes, dit qu'elle va se mettre en arrêt-maladie pour pouvoir souffler un peu... et qui ne le fait jamais.

   Concernant le travail de base, on apprend des choses stupéfiantes, comme le nombre d'actes à réaliser dans une journée ou le nombre de chômeurs pris en charge par un conseiller : jusqu'à 400 ! Et voilà qu'on suggère aux employés de pratiquer des entretiens collectifs...

   Heureusement, l'humour est là, à travers par exemple cette conseillère qui s'amuse des sigles parfois imbitables qui lui sont imposés. Et l'on s'étonne à peine de la voir se réjouir de s'être fait soixante-dix MEC en une journée !

   Précisons quand même que, loin de s'être perdue dans une débauche de sexe, elle a réalisé soixante-dix "mises en contact" !

   Etonnant et attachant, ce documentaire mérite d'être vu.