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samedi, 28 novembre 2015

Montage hasardeux

   C'est un détail qui m'a sauté aux yeux en regardant l'épisode 8 de la saison 6 de la série Profilage (plus réussie que la saison 5, qui s'était achevée de manière grand-guignolesque). L'une des scènes de transition du début, à tonalité humoristique, fait intervenir l'informaticien Hyppolite et Jessica, ancienne coiffeuse délurée avec laquelle il a eu un enfant.

   Alors que celle-ci, sitôt arrivée, lui plaque une vigoureuse bise sur la joue droite (et rien que sur celle-ci), immédiatement après, c'est sur la joue gauche du jeune homme que l'on remarque une trace de rouge à lèvres (absente avant l'entrée de son ex dans la pièce) :

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   Fort heureusement, dans les plans suivants (issus d'un champ-contrechamp), on note la présence d'une autre trace de rouge à lèvres, sur la joue droite d'Hippolyte :

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   Tout semblait donc rentrer dans l'ordre. On avait visiblement coupé un peu trop tôt l'entrée de Jessica, qui avait dû gratifier l'informaticien de deux grosses bises, une sur chaque joue... eh bien non ! Juste après, lorsqu'on distingue à nouveau la joue gauche d'Hippolyte, on y constate l'absence de trace :

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   Une dizaine de secondes plus tard, catastrophe ! C'est de nouveau bisouté sur la joue gauche que le jeune homme apparaît à l'écran :

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   Le jeu continue quelques instants après, avec une joue sans tache :

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   La scène se conclut, juste avant l'arrivée d'une tierce personne, par un dernier plan de la joue gauche de l'informaticien, cette fois-ci marquée de rouge à lèvres :

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   On remarque d'ailleurs que la forme et la localisation de la trace varient en fonction des plans. La conclusion est que la scène a été jouée plusieurs fois. Certaines prises comportent deux bises, d'autres une seule. Au montage, on n'a pas pris la précaution de séparer les deux types de prises et l'on a mélangé les images des unes avec celles des autres.

   C'est courant quand on tourne un peu dans l'urgence. Il y a environ deux ans, j'avais fait le même genre de constatation à propos d'un épisode des Experts.

L'Hermine

   Le titre fait référence à un élément du costume de certains magistrats, ici le président de la Cour d'assises, incarné (avec talent) par Fabrice Lucchini, à la fois sobre et subtil :

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   (Au passage, espérons que, si ce n'est déjà fait, on remplace la fourrure du charmant mustélidé par un substitut synthétique. La dignité des magistrats n'en souffrira aucunement et l'éthique en sortira grandie.)

   Le personnage qu'il incarne est caractéristique de certains juristes, en général brillants. Issus de la (grande) bourgeoisie, ils sont au minimum distants (parfois hautains et cassants) avec ce qu'ils considèrent être le commun des mortels justiciables. Mais, dans le cas qui nous occupe, Michel Racine se montre très respectueux des personnes qu'il interroge au cours des audiences. Sa seule préoccupation semble être l'application du Droit.

   ... jusqu'à l'ouverture du procès d'assises qui sert de toile de fond à l'intrigue. Le tirage au sort des jurés fait apparaître le nom d'une femme que le juge connaît, et qui le trouble. Cela pourrait donner un second sens au titre, qui, pour le public cultivé, évoque un tableau de Léonard de Vinci, La Dame à l'hermine :

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   Notons que Ditte, médecin-anesthésiste franco-danoise, est interprétée par Sidse Babett-Knudsen, rendue célèbre par la série Borgen. La présence de cette femme perturbe le juge, qui va prendre des risques pour l'approcher.

   Deux histoires se juxtaposent donc. L'intrigue sentimentale croise l'enquête judiciaire : le procès doit déterminer si l'enfant retrouvée morte dans un appartement a été tuée par son père (l'accusé, qui a les traits de Victor Pontecorvo, très bien), par quelqu'un d'autre... ou si c'est le résultat d'un malencontreux accident.  Le film se veut pédagogique : il permet de comprendre le fonctionnement d'une Cour d'assises et le rôle de chacun des intervenants. On remarquera que deux professions se font égratigner au passage : les avocats et les policiers, l'un d'entre eux incarné par Raphaël Ferret, l'informaticien taquin de la série Profilage (remarquable aussi en juge Burgaud dans Présumé coupable).

   Les plus belles scènes de tribunal sont pour moi les interrogatoires de la mère, complètement paumée (Candy Ming, excellente), et des témoins, qui introduisent de salutaires moments de comédie dans une affaire assez sordide.

   Les dialogues sont très bien écrits, ciselés. On rit assez souvent, notamment des petits malheurs du magistrat, qui souffre de la grippe, est en pleine séparation d'avec son épouse... et dont on médit beaucoup, dans son dos, au tribunal.

   Le film vaut aussi pour la galerie de personnages secondaires que sont les membres du jury, révélatrice de la diversité de la population française. Se distingue particulièrement (pour moi) Corinne Masiero, que l'on avait vue dans Discount il y a deux ans.

   Sans être une oeuvre majeure, ce long-métrage rigoureusement construit est une jolie comédie sentimentale et une instructive tranche de vie judiciaire.

12:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films