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dimanche, 04 décembre 2016

Tu ne tueras point

   Dix ans après Apocalypto, Mel Gibson revient (à la réalisation) avec un projet qui lui a été proposé à plusieurs reprises avant qu'il ne l'accepte : rendre hommage à Desmond Doss, un membre de l'armée américaine qui s'est illustré à la bataille d'Okinawa (en 1945), tout en refusant de porter une arme.

   Après un court aperçu de l'horreur du champ de bataille, un retour en arrière nous ramène au coeur des Etats-Unis, dans l'enfance puis l'adolescence du héros. C'est un fils de vétéran de la Première guerre mondiale, qui a perdu tous ses amis au combat, en France. Il est revenu de là farouchement opposé à la guerre... et diablement alcoolique. Le jeune homme en a souffert et semble avoir trouvé refuge dans la lecture de la Bible, encouragé par les convictions adventistes de sa mère. Dans le rôle du père, Hugo Weaving est excellent.

   J'ai lu ici ou là que cette première partie était un peu mièvre, l'acteur principal Andrew Garfield n'ayant pas un charisme démentiel. A la réflexion, je pense qu'il s'est coulé dans le personnage et dans l'époque, qui n'était pas aussi "décoincée" que la nôtre. La bluette sentimentale qui se noue avec la ravissante infirmière se comprend dans ce contexte. (A ce propos, signalons que cet amour de jeunesse s'est mué en mariage durable.) De surcroît, je pense que Mel Gibson, peut-être lassé de l'hypersexualisation des rapports humains dans les médias, a voulu mettre en scène un amour chaste, non ostentatoire bien que très réel. Comme il est malin, il a choisi une actrice canon pour incarner la dulcinée du héros : Teresa Palmer (aperçue cette année dans Triple 9) est parfaite dans le rôle.

   Vient ensuite la période de formation des recrues. On assiste à la fois à la naissance d'une camaraderie et à l'explosion du harcèlement, à partir du moment où Desmond met en avant ses convictions. La petite troupe est crédible (avec une pléiade de visages connus) et j'ai bien aimé l'interprétation de Vince Vaughn en sergent autoritaire, vexant, mais humain au fond. Il ne fait toutefois pas oublier Clint Eastwood dans Le Maître de guerre ni surtout Ronald Lee Ermey, inoubliable sergent Hartman dans Full Metal Jacket (auquel cette séquence fait visiblement référence).

   La deuxième partie du film se passe sur le terrain, à Okinawa. La première scène de combat est d'un réalisme stupéfiant, ne cachant rien des horreurs de la guerre... et même, parfois, semblant un peu magnifier celle-ci. La mise en scène se fait esthétisante. C'est l'une des ambiguïtés que l'on peut reprocher à Mel Gibson.

   Mais le meilleur est à venir, avec cette nuit de tous les dangers, au cours de laquelle l'infirmier non armé va sauver des dizaines de soldats blessés de son unité, laissés sur le champ de bataille après une contre-offensive japonaise. C'est un magnifique hommage au courage et à la non-violence, à rebours d'une certaine vulgate hollywoodienne (le culte du héros en arme).

   La composante religieuse de l'intrigue pose néanmoins problème. Pas les convictions du héros, tout à fait respectables, mais le côté "guerre sainte" que le réalisateur donne à la prise de cette position fortifiée. Les Japonais sont quasi systématiquement présentés comme des barbares sans foi ni loi, d'une cruauté sans nom (alors que la violence des soldats d'Oncle Sam apparaît justifiée). Il y a bien cette rencontre dans un tunnel pour nuancer un peu, mais l'on notera que l'initiative du rapprochement vient de l'Américain. Quant à la scène de seppuku de l'officier, vers la fin, elle arrive comme un cheveu sur la soupe et me gêne un peu : pourquoi serait-ce l'élite (celle qui a poussé les soldats à commettre des horreurs) qui serait plus digne ? De ce point de vue, Lettres d'Iwo Jima (de Clint Eastwood) était bien plus profond.

12:43 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Tourisme culturel

   De temps à autre, pour des raisons professionnelles ou bien personnelles, il m'arrive de me rendre dans le département du Tarn. Même s'il est (pour moi) moins joli que l'Aveyron, il se visite avec plaisir, aussi bien en milieu urbain qu'en zone rurale.

   Je me suis récemment retrouvé à Gaillac. D'habitude, je me cantonne à un quartier de cette petite ville. Là, comme j'avais un peu de temps devant moi, je me suis baladé un peu partout, sans but précis. Je me contentais d'observer l'architecture ancienne (qui n'est pas sans rappeler celle du vieil Albi) lorsque mon regard fut attiré par une étrange plaque :

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   J'ai apprécié ce pied-de-nez au tourisme de l'anecdote, qui tente de mettre en valeur la moindre pierre pour peu qu'un vague évêque ou comte d'une époque reculée ait uriné dessus. Si un jour vous passez par Gaillac, levez donc un peu la tête rue de la Portanelle.

   Pas très loin de là se trouve une ancienne abbaye, où sont logés aujourd'hui un musée, l'office du tourisme et... la Maison des vins, où il est possible de déguster gratuitement quelques-uns des crus de la région. Si, en plus, on achète une ou deux bouteilles, on peut approfondir (sur place puis chez soi) sa connaissance des liquides fermentés locaux...