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mardi, 15 août 2017

Fermeture d'un cinéma à Albi

   Il y a quelques semaines, la nouvelle est tombée : l'un des trois cinémas d'Albi, le Lapérouse, allait fermer définitivement ses portes au mois de juillet. Les raisons avancées sont le coût des travaux à effectuer et le nombre insuffisant d'entrées. Pourtant, il a été refait à neuf en 2007 (et retouché en 2009, pour le passage au numérique) et sa fréquentation, en hausse ces quatre dernières années, aurait dû permettre son maintien. L'autre raison est le montant du loyer (5000 euros par mois en 2015). Le propriétaire parisien aurait refusé de baisser celui-ci. Déjà, en 2015, un signe avant-coureur était perceptible : la vacance estivale du cinéma, sa fermeture définitive étant envisagée pour la fin de l'année ou l'été 2016. Cela aura pris un peu plus de temps que prévu : début 2016 encore, le directeur des Cordeliers se félicitait de la hausse de la fréquentation et disait ne pas prévoir de fermeture à court terme...

   C'est le résultat d'une longue histoire. Il y a une vingtaine d'années, le "marché " cinématographique albigeois était clairement réparti entre deux offres : le grand public aux deux établissements CGR (1 le Lapérouse, déjà, mais pas tout à fait avec la même orientation, et 2 le Tivoli) et l'art-et-essai à la salle Arce de l'Athanor (3), qui faisait référence à l'époque.

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   Le centre-ville était configuré différemment. On circulait allègrement place du Vigan, où les piétons avaient peu droit de cité, et on entrait à l'Athanor non par le côté mais par le devant (l'entrée actuelle du multiplexe des Cordeliers), légèrement en hauteur, quelques marches menant à un imposant parking de plein air (vite plein la journée en semaine).

   Le premier grand changement est survenu en 2004, quand CGR a vendu ses salles (du Lapérouse et du Tivoli) à Cinémovida. Pour les cinéphiles, ce fut une bouffée d'air. D'importants travaux ont été engagés (surtout au Lapérouse) et la programmation art-et-essai a connu une embellie, avec des tarifs attractifs.

   Mais, à mesure que le temps passait, on sentait bien que le Tivoli avait besoin de plus que d'un rafraîchissement. Et puis, avec huit salles (4 du Tivoli, 3 du Lapérouse et celle de l'Athanor, rénovée) dont la majorité comportait peu de sièges, l'offre semblait insuffisante. Cinémovida s'est donc lancé dans la construction d'un multiplexe, qui s'insérait dans les travaux programmés à Albi : construction d'un nouveau vaisseau amiral théâtre, déplacement du parking de l'Athanor sous terre, piétonisation partielle (avec création d'une esplanade)... Cela ne vous rappelle rien, amis aveyronnais ? Eh, oui, l'immense chantier du Foirail, qui a conduit à la construction d'une nouvelle salle des fêtes, du musée Soulages et, surtout, à l'inauguration du multiplexe Cap Cinéma, en octobre 2013... plus de deux mois avant son alter-ego albigeois... Nananèreux !

   Ceci dit, les Aveyronnais n'avaient pas que des raisons de se réjouir. L'ouverture du multiplexe ruthénois, si elle s'est traduite par une incontestable amélioration de l'offre (en terme de confort, de nombre de films et d'horaires), a eu aussi pour conséquence une augmentation des tarifs. A Albi, Cinémovida restait aux commandes, pour l'instant. De plus, désormais, le Lapérouse était voué entièrement à l'art-et-essai, un pari audacieux et qui faisait d'Albi un pôle cinématographique presque aussi ambitieux que le centre-ville de Toulouse. Toutefois, même après qu'elle fut rentrée dans ses murs (une fois les travaux du multiplexe achevés), la salle Arce de l'Athanor n'a pas retrouvé toute l'ampleur de sa programmation précédente.

   Le changement suivant est intervenu assez vite : dès 2014, Cap Cinéma a pris le contrôle de Cinémovida. Cela s'est traduit par une augmentation du prix des places, même si les cinémas d'Albi ont conservé quelques particularités, notamment la pratique du tarif réduit le mercredi et le lundi.

   Au niveau des entrées, si, comme je l'ai dit plus haut, le Lapérouse a vu sa fréquentation augmenter (de 25 000 à 45 000 entrées), pour les Cordeliers, l'évolution a été inverse : 290 000 entrées la première année (2013-2014), 282 000 la deuxième (2014-2015) et 275 000 la troisième (2015-2016). C'est dans ce contexte aussi qu'il faut comprendre la fermeture du Lapérouse. Le paradoxe est qu'on a "puni" un établissement qui marchait certes modestement, mais de mieux en mieux, alors que le multiplexe peine à décoller. L'une des pistes à suivre est peut-être l'animation de l'esplanade, avec la récente ouverture du Crokciné.

   PS

   Les locaux de l'ancien cinéma Tivoli (fermé définitivement lors de l'ouverture du multiplexe des Cordeliers), qui appartiennent aux précédents propriétaires de Cinémovida, seraient toujours à vendre.

   PS II

   Depuis la fermeture du Lapérouse, Albi ne possède plus que 9 salles intra-muros (les 8 du multiplexe et celle de l'Athanor)... contre 10 à Rodez ! Notons que, contrairement à son homologue albigeois, le multiplexe ruthénois connaît une fréquentation en (légère) hausse : environ 315 000 entrées en 2014, 318 000 en 2015 et 333 000 en 2016.

14:24 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films