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jeudi, 19 avril 2018

La Mort de Staline

   Cette "comédie historique" est l'adaptation d'une bande dessinée (française) à succès, initialement publiée en deux tomes, récemment rééditée en un volume :

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   Derrière la caméra, on trouve Armando Iannucci, remarqué il y a quelques années pour une autre satire politique, In The Loop. Si la bande dessinée et le film s'appuient (hélas) sur des faits incontestables, il ne s'agit pas d'un documentaire. Dans les détails, la réalité a été parfois un peu "aménagée", pour mieux servir l'intrigue. Mais je trouve que l'ambiance de fin de règne est très bien rendue, au service d'une farce, horrible certes, mais extrêmement drôle.

   Au cœur de l'intrigue se débat une bande de mâles dominants, jusqu'à présent soumis au mâle alpha qu'était Staline. La question est de savoir qui dans ce panier de crabes va tirer les marrons du feu. C'est là que le film surpasse la bande dessinée, grâce à l'interprétation magistrale d'une brochette d'acteurs confirmés.

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   Jeffrey Tambor met tout son talent à incarner Malenkov, le numéro 2 officiel qui, évidemment, n'a pas l'étoffe pour succéder à Staline. Il nous est présenté comme un être veule, lâche... et imbu de sa personne.

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   Le véritable numéro 2, l'exécuteur des basses œuvres, l'âme damnée de Staline, est Beria, le chef du NKVD (ancêtre du KGB), interprété avec brio par Simon Russell Beale (qui, à mon avis, mérite un Oscar). Parfois, il rend son personnage presque humain, alors que c'était une pourriture de la pire espèce, dont les travers ne sont qu'effleurés aussi bien par la bande dessinée que par le film.

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   Son principal rival est Khrouchtchev, auquel Steve Buscemi prête ses traits et sa faconde. S'il ne lui ressemble guère physiquement, il réussit à rendre crédible une vision du personnage, qui fut très proche de Staline... et sous-estimé par nombre de ses camarades.

   Au sein du Politburo du Comité central (du Parti communiste), ces trois-là sont entourés par d'autres communistes purs et durs, comme Kaganovitch, Mikoyan, Molotov (un peu "chargé" dans le film) et Boulganine, très bien interprété par Paul Chahidi. D'autres hommes jouent un rôle important : Vassili Staline, fils alcoolique et incompétent du dictateur, et surtout le maréchal Joukov, incarné avec une gourmandise évidente par Jason Isaacs :

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   Et les femmes là-dedans ? Ce sont essentiellement des proies, dont se repaissent les mâles dominants, en particulier Beria, même si ses faveurs allaient plutôt aux jeunes filles, qu'il faisait enlever à la sortie de l'école... Quelques figures émergent toutefois : la fille de Staline, Svetlana (Andrea Riseborough) et surtout la pianiste rebelle, qui a les traits d'Olga Kurylenko, qui apporte un peu de grâce et de lumière dans ce monde abject.

   La farandole commence à tourner dès le concert. Cette séquence initiale a pour but de nous faire comprendre la trouille qui régnait à l'époque en URSS. Staline gouvernait par la terreur... et tout le monde se croyait surveillé en (quasi) permanence.

   La mort du dictateur donne naissance à des scènes particulièrement jouissives. J'ai apprécié que le réalisateur ridiculise le potentat. Il en profite pour souligner l'arrivisme et la lâcheté de ses sbires, qui se bousculent pour paraître les plus affectés par la mort du Petit Père des peuples.

   Leur attitude contraste avec la ferveur, apparemment non feinte, des foules qui convergent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au Guide du communisme. Dans le lot, il y en a sans doute qui font le déplacement pour s'assurer que le dictateur est mort, d'autres pour se faire bien voir... et beaucoup par émotion sincère (une sorte de syndrome de Stockholm à très grande échelle).

   Très vite, les vieux crabes communistes laissent tomber le masque de l'affliction pour se lancer dans la course à l'échalote. C'est vraiment savoureux, souvent cynique et sardonique. J'ai beaucoup ri à des scènes qui, pourtant, montrent des choses horribles (notamment des exécutions, présentées comme des actes anodins, tant le régime a déjà de sang sur les mains).

   Au final, le film ne constitue pas une belle leçon d'histoire, mais plutôt un exposé d'anti-morale politique, servi par un humour féroce. C'est indubitablement la comédie du moment.

   P.S.

   Le film a été tourné en anglais et, franchement, les acteurs sont tellement bons qu'on se contrefiche qu'ils ne parlent pas russe.

21:18 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films