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mardi, 08 mai 2018

Nous sommes l'Humanité

   J'ai eu l'occasion de voir ce documentaire engagé, tourné en Inde, plus précisément dans les îles Andaman, ce territoire d'outre-mer où (sur)vit un peuple premier, les Jarawas, qui a longtemps vécu sans le moindre contact avec le monde moderne.

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   On commence avec une scène de pêche, comme je n'en avais jamais vu. Le pêcheur est un jeune adulte, muni d'un arc et de seulement deux flèches. On le voit d'abord évoluer dans une zone humide à faible profondeur. Mine de rien, le gars est très habile.

   On enchaîne avec le témoignage d'un adulte plus âgé, qui se souvient d'un gigantesque tsunami, sans doute celui de 2004 (qui a été mis en scène naguère par Clint Eastwood, dans Au-delà). Si l'ampleur des vagues a incontestablement marqué les habitants de l'île, ils en ont cependant surtout gardé de bons souvenirs... pour une raison que je me garderai de révéler.

   Vient enfin le tour des femmes, ici des jeunes épouses. L'une d'entre elles semble n'avoir que 15-16 ans. A travers elles (et les hommes musclés très présents à l'écran dans la seconde partie du film), on comprend que le réalisateur a été marqué par la beauté de ce peuple, une beauté quasiment sans afféterie, le maquillage (à l'aide de glaise) constituant une notable exception, nous valant une séquence superbe, par la description du processus et par la manière d'en filmer le résultat. J'ajoute qu'un réel travail a été effectué sur les sons. Dans une grande salle, bien équipée, on se sent comme immergé dans la jungle.

   Les enfants constituent sans doute le groupe vedette du documentaire. On les voit très souvent, soit en compagnie des adultes, soit seuls, soit en bandes. On les voit s'amuser, faire des bêtises, tester, apprendre, dormir, manger... Visiblement, ils n'ont pas besoin de toboggan !

   Le film insiste sur la manière dont ce peuple se nourrit, en se contentant de puiser dans la nature les ressources qui lui sont utiles. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Ils prisent le cochon sauvage mais, celui-ci se raréfiant (notamment à cause du braconnage des Indiens), ils s'attaquent aux daims. On voit aussi un petit groupe tenter de se procurer du miel, dans une scène particulièrement acrobatique... et, hélas, coupée. Pour une raison que j'ignore, on ne nous a pas tout montré.

   Quand ils ne chassent ni ne pêchent ni ne cueillent, les Jarawas bricolent. Les femmes comme les hommes semblent habiles de leurs mains. On les voit travailler le bois et les feuilles. On s'aperçoit ainsi qu'ils disposent de quelques outils métalliques (fournis, d'après le site Allociné, par des gardes forestiers indiens) et d'objets en plastique, comme un seau et des bouteilles. Certaines femmes semblent particulièrement douées pour le maquillage, les visages devenant de véritables compositions artistiques, qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres des Aborigènes australiens.

   Le film se termine par les dégâts provoqués par l'intrusion du monde moderne. Les Jarawas l'appellent "l'autre monde", incarné par l'Inde émergente, perçue négativement. Pour le peuple d'Andaman, notre monde est surpeuplé, bruyant et sale... autant d'affirmations qu'il est difficile de contester. Leur île paradisiaque est convoitée par les chasseurs illégaux et les promoteurs touristiques. Ils subissent indirectement l'influence de la Civilisation, à travers les déchets qui aboutissent sur certaines plages. Notons que le documentaire ne se veut pas (totalement) angélique : le rejet du monde moderne peut prendre des formes violentes, comme le reconnaissent plusieurs hommes, fiers d'avoir tué des braconniers.

   Le réalisateur semble avoir été particulièrement touché par ce peuple, qu'il voit peut-être comme une humanité vivant une sorte de bonheur primitif, en harmonie avec la nature, loin du stress urbain, de la pression au travail, du consumérisme et des voisins mal élevés. Ces Jarawas sont une curiosité, dont le mode de vie est menacé d'extinction.