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mardi, 31 octobre 2006

L'immeuble Yacoubian

   C'est une fable cosmopolite, ancrée dans la réalité égyptienne, mêlant Occident et Orient. Dans la forme, ça nous donne un film long (2h45), mais pas ennuyeux, par contre massacré par une musique sirupeuse... Il faut absolument retrouver le compositeur et l'empêcher de sévir à nouveau. De plus, ce n'est pas toujours bien joué : c'est parfois très outré, naïf. Mais le scénar est vraiment intéressant, donc on est irrité mais on continue à suivre.

   Le film se propose d'expliquer l'émergence de l'islam politique en Egypte. Il insiste sur les causes intérieures (même si le conflit israélo-palestinien apparaît à un moment), la corruption des moeurs, des pratiques politiques, la dictature, les inégalités. Comme le réalisateur porte un jugement moral, il met davantage en valeur la corruption que les inégalités, même si elles apparaissent. Je trouve trois personnages particulièrement réussis : le faux Pacha, vieux beau philosophe par nécessité, l'étudiant qui ambitionnait de devenir policier (je vous laisse découvrir ce qu'il devient) et la jeune femme "moderne" qui veut s'en sortir... à tout prix ?

    Le problème est que le fond du film est à la limite de la xénophobie. Tous les "méchants" ont la peau claire (sauf le Copte, mais ce n'est pas un musulman) : ce sont les Egyptiens qui ressemblent le plus aux Européens, physiquement et moralement. Certains d'entre eux sont des "débauchés". Il est intéressant de noter que l'homosexuel est un métis, et qu'il "corrompt" un "vrai" Egyptien, paysan du Sud (avec les conséquences que je ne vous décrirai pas). De surcroît, dans le film, l'homosexualité de ce personnage est expliquée (à la fin) comme étant la conséquence d'une éducation ratée, une sorte de maladie quoi. Les homos apprécieront. Ceci dit, ce directeur de journal francophone est dépeint comme un homme bon et généreux. On peut ajouter à cela que la francophilie n'est pas présentée comme négative (belles séquences avec les chansons de Piaf). On a "oublié" de parler de la culture britannique, qui a laissé pas mal de traces dans le pays. Mais cela n'est sans doute pas "politiquement correct" actuellement dans la monde arabo-musulman.

   Par contre, le personnage du Copte (=chrétien) cauteleux, faux-derche, âpre au gain et comploteur est vraiment ignoble. Certes, un autre Copte figure dans le film, dans un rôle positif. Mais je pense que le spectateur moyen retient celui-là. Bonjour les préjugés ! C'est peut-être aussi une sorte de juif par procuration...

   Je garde quand même en mémoire de beaux portraits de femmes. Dès avant la montée de l'islamisme, leur situation n'était pas bonne. C'est l'une des grandes qualités du film : montrer que, dans un régime "laïc" (mais dictatorial) patriarcal, entre la pauvreté, les mariages arrangés et le conformisme intellectuel, il n'y pas besoin d'islamisme pour opprimer les femmes.

16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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