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samedi, 24 mai 2025

Libertate

   C'était le mot d'ordre des Roumains qui, en décembre 1989, manifestaient contre la dictature communiste de Nicolae Ceausescu, qui s'est rapidement effondrée. Mais ce ne fut pas sans dégâts : environ 1 000 morts au total, dont une centaine dans la ville de province de Sibiu, située au centre du pays.

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   Plus de trente ans après les événements, beaucoup d'incertitudes subsistent quant à l'origine des premiers tirs... et des suivants, personne ne revendiquant la responsabilité de la centaine de victimes, sauf quand ce furent des agents du régime communiste lynchés par la foule, ou exécutés par des révolutionnaires autoproclamés.

   La première partie, le plus souvent caméra à l'épaule, est donc obscure, brouillonne, même quand on connaît un peu l'histoire de cette époque. On perçoit bien la fébrilité des fonctionnaires du régime, divisés quant à l'utilisation des armes à feu... et qui attendent des ordres clairs pour se couvrir... ordres qui n'arrivent pas... ou qui sont contradictoires. De surcroît, les différentes forces armées du régime ne sont pas synchronisées, ni en phase quant à la gestion des manifestations. Ajoutez à cela quantité de fausses informations qui circulent, soit involontairement (en raison des délires d'une population habituée à croire au pire), soit volontairement, par des personnes qui cherchent soit à sauver leur peau, soit à tirer les marrons du feu... et vous obtenez une situation explosive. J'ai trouvé cette première partie intéressante sur le fond, mais pénible à suivre sur la forme.

   Heureusement, la deuxième partie est plus emballante. Les soutiens présumés du régime, capturés par les "révolutionnaires" et l'armée (qui a lâché le régime... après avoir sans doute tiré sur la foule...), sont emprisonnés dans la piscine municipale vidée de son eau (celle que l'on voit au tout début, ainsi qu'à la fin). Ils croient leur dernière heure venue... mais leurs geôliers ne savent pas trop quoi en faire. La situation met plusieurs semaines à se décanter.

   Le réalisateur Tudor Giurgiu met en scène un gigantesque panier de crabes, où se côtoient policiers "classiques", miliciens, gendarmes, membres (autant haïs que redoutés) de la Securitate (souvent comparée à la Stasi est-allemande, et qui semble tout aussi proche de la Gestapo de sinistre mémoire)... ainsi que des enquêteurs de la Brigade des affaires économiques ! Mais qui est qui ? Certains n'auraient-ils pas une double casquette ? Dans ce bassin asséché où s'entassent des dizaines d'hommes blessés, affamés et assoiffés, on ne peut pas faire confiance à grand monde... sans parler des troufions qui n'hésitent pas à pointer leur mitrailleuse du haut des plots de départ. Du coup, ce sont ces présumés agents du communisme (qualifiés de "terroristes") qui se mettent à leur tour à crier "Libertate" !

   Cette deuxième partie est vraiment passionnante. Petit à petit, on comprend mieux les fonctions de chacun, même si plusieurs mystères persistent. La situation évolue quand il s'avère que les gradés de l'armée qui soutiennent le "nouveau" régime (réussissant par là à évacuer la question de leur action sous Ceausescu...) n'ont pas l'intention de faire exécuter leurs prisonniers... d'autant que, dans le lot, certains sont des manifestants anti-communistes, arrêtés et tabassés par erreur, parfois à l'initiative des habitants d'un quartier, complètement paranoïaques.

   J'ai aussi trouvé intéressante la manière de traiter cet arrière-plan, qui fait écho à notre époque. Des personnes ordinaires propagent avec une extraordinaire conviction des informations bidons et la violence des anonymes se déchaîne la plupart du temps sans raison. C'est donc bien plus qu'une œuvre à caractère historique qui nous est proposée. C'est aussi une réflexion sur le temps présent, qui ne prête guère à réjouissance. Il y a une vingtaine d'années, 12h08 à l'est de Bucarest abordait la même période, mais avec plus d'humour.

vendredi, 23 mai 2025

Destination Finale - Bloodlines

   Je suis un "vieux" spectateur (en salles) des premiers films de cette lucrative et pittoresque franchise, à la fois horrifique et comique. Elle était un peu tombée dans l'oubli, jusqu'à ce que des producteurs avides de pognon désireux de poursuivre l'aventure artistique ne décident de financer une nouvelle version, sans réel lien avec les films précédents.

   La séquence inaugurale, qui se déroule dans les années 1960, est de toute beauté. Au cœur de cet épisode se trouve une tour d'aspect futuriste. (On a l'impression de découvrir, avec près de trente ans d'avance la Perle de l'Orient shanghaïenne.) Très vite, la jeune Iris, invitée en ces lieux par son charmant petit ami, ressent comme un mauvais pressentiment. Les spectateurs qui ne sont pas totalement ignorants du contenu de la franchise comprennent très vite ce que les "petits signes" montrés à l'écran signifient. La suite est particulièrement spectaculaire et (déjà) assez gore. Les cinéphiles percevront les allusions à des films catastrophe (notamment à Titanic), ainsi qu'aux attentats du 11 septembre 2001.

   Cette agréable mise en bouche est suivie d'une ellipse, puisqu'on se retrouve à notre époque. L'héroïne de cette partie est la petite-fille de celle de la précédente. Le scénario se fait malicieux et l'on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès des premiers films : la mise en scène d'un effet papillon (toujours accompagné d'un effet domino particulièrement sanglant). Comme les scénaristes partent du principe qu'on a déjà vu au moins l'un des cinq films précédents, ils ménagent le suspens concernant la manière dont tel protagoniste va mourir... et c'est kiffant.

   Pour moi, ce fut d'autant plus jouissif que la nouvelle héroïne appartient à ce qu'on pourrait appeler une famille de beaufs, des membres de la classe moyenne qui trouvent parfaitement normal d'organiser un barbecue à la suite des obsèques de la grand-mère. On ne s'attriste guère de ce qui leur arrive ensuite...

   Les comédiens sont dans leur rôle (certes souvent caricatural) et les effets spéciaux sont au point, rendant les décès horriblement et délicieusement grotesques. On nous ménage des surprises jusqu'au bout... d'autant qu'on découvre qu'il existe deux manières de déjouer la vengeance de la Mort contrariée. L'une de ces deux manières consiste à briser un tabou, l'autre à (tenter de) se montrer plus malin(e) que la Faucheuse. Je laisse à chacun(e) découvrir ce que choisissent les personnages. L'ultime séquence fait intervenir un train et une voie ferrée, référence au premier opus, celui de 2000.

21:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

lundi, 19 mai 2025

Les territoires de Wauquiez et Retailleau

      La récente élection du président des Républicains a vu la victoire écrasante de Bruno Retailleau, actuel ministre de l'Intérieur. D'après les chiffres publiés sur le site de LR, il a obtenu 74,31 % des suffrages exprimés, avec un taux de participation approchant les 81 % chez les quelque 122 000 adhérents du parti gaulliste.

   Cette victoire est plus ou moins large selon les départements. A partir des chiffres du vote des fédérations, j'ai construit la carte suivante (pour la France métropolitaine, mais je parlerai tout de même un peu de l'outremer) :

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   J'ai colorié en rouge les départements où Bruno Retailleau a obtenu un score plus élevé que sa moyenne nationale. On pourrait presque tracer une ligne droite allant de Bordeaux à Strasbourg. Le ministre de l'Intérieur a été plébiscité par les adhérents du Nord et de l'Ouest, auxquels il faut ajouter ceux des départements de la frange la plus au sud de la Métropole.

   Sans surprise, c'est en Vendée que Bruno Retailleau réalise son meilleur score, avec 97,4 % des suffrages exprimés.

   En orange, j'ai colorié les départements où il avait obtenu la majorité absolue, mais moins que sa moyenne nationale. Dans cette catégorie se trouvent certains départements ruraux et/ou montagnards, comme l'Aveyron, où Bruno Retailleau n'a réuni "que" 70 % des suffrages exprimés.

   En bleu figurent les onze départements qui, à rebours de la tendance nationale, ont placé Laurent Wauquiez en tête. Le résultat est encore plus marquant que pour son concurrent : neuf de ces onze départements se trouvent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée de 2016 à 2024 par... Laurent Wauquiez. Il faut y adjoindre la Lozère (région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée) et les Hautes-Alpes (en PACA). En revanche, les électeurs du Rhône et des deux Savoie ont préféré placer Bruno Retailleau en tête.

   Là encore, sans surprise, c'est en Haute-Loire que Laurent Wauquiez réalise son meilleur score, avec 96,2 % des suffrages exprimés. Concernant ce département, il est piquant de constater qu'on y a recensé 1856 votants, soit davantage qu'en Haute-Garonne, dans l'Hérault, le Nord, l'Essonne, la Seine-et-Marne ou encore le Val-de-Marne. Pour mémoire, la Haute-Loire compte à peine plus de 220 000 habitants, contre plus d'un million, voire plus de deux millions pour les autres cités. Il y a quelques semaines, on s'était posé des questions à propos du rapide triplement du nombre d'adhérents de LR. Des observateurs expérimentés de la vie politique française évoquaient une sorte de "retour au bercail" d'électeurs de droite qui avaient déserté le parti gaulliste ces dernières années. D'autres voix se risquaient à évoquer la possibilité d'inscriptions militantes, destinées à influer sur le résultat final (au cas où il serait serré). Au vu de l'ampleur de la victoire de Bruno Retailleau (et des appels lancés à l'unité de la droite), je pense qu'on ne creusera pas trop les dessous de cette "ruée sur les cartes" de membre de LR...

   Outremer, les résultats sont aussi contrastés qu'en Métropole. La  circonscription formée par la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna a placé Laurent Wauquiez en tête, tandis que Mayotte et la Réunion ont plébiscité Bruno Retailleau. Quant aux collectivités françaises d'Amérique (Guyane, Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélémy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon), elles ont massivement choisi le ministre de l'Intérieur, avec 72,8 % des suffrages exprimés. Difficile de dire si, à Saint-Pierre-et-Miquelon (où la proposition farfelue de Laurent Wauquiez d'y envoyer les OQTF a suscité des réactions hostiles), on a davantage voté en faveur de Bruno Retailleau. En tout cas, la déroute de Laurent Wauquiez a inspiré les intelligences artificielles sollicitées par quelques internautes facétieux :

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dimanche, 18 mai 2025

Quatre mariages...

   ... et quelques enterrements. Ce soir, sur France 3, la série McDonald & Dodds se conclut par un épisode mêlant mystère, cocasserie et émotion : Il y a de l'amour dans l'air.

   En pleine saison des mariages, le week-end, trois meurtres surviennent lors de trois noces différentes. Le mode opératoire n'est jamais le même et les victimes (comme leurs familles) n'ont a priori rien à voir les unes avec les autres.

   Cette hécatombe péri-nuptiale mobilise toutes les forces de police de la région, la capitaine McDonald étant de surcroît perturbée par son récent retour de vacances et d'étranges cauchemars, qui semblent la relier à un aspect de l'enquête.

   Le scénario est solide, les acteurs sont bons, les dialogues bien écrits, les vues de Bath toujours aussi jolies. Parmi les "invités" de cet ultime épisode, les amateurs de séries policières britanniques reconnaîtront un visage familier, vu autrefois dans Inspecteur Barnaby (ancienne et nouvelle mouture).

   Quant au quatrième mariage, durant tout l'épisode, on a une petite idée de qui il pourrait concerner. Il faut toutefois attendre la toute fin pour en être certain. A l'époque de l'écriture, les scénaristes n'étaient pas assurés qu'il y aurait une cinquième saison. Par prudence, ils ont voulu apporter une conclusion provisoire. Mais ces deux-là vont sans doute me manquer :

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samedi, 17 mai 2025

Accident domestique

   Ce titre pourri ne va sans doute pas aider la carrière de ce film espagnol, une comédie macabre qui traite, entre autres, du couple, de la maternité et de la paternité. En version originale, il s'intitule La Mesita del comedor (La Table de salon), une manière plus appropriée d'évoquer l'intrigue, qui va beaucoup tourner autour de ce meuble à monter soi-même, acheté dans un magasin d'une grande marque suédoise.

   C'est au cours de la deuxième scène que ledit meuble fait son apparition. (Je laisse à chacun.e le plaisir de découvrir ce par quoi commence le film.) C'est une scène de vaudeville, du théâtre de boulevard, avec un vendeur très malin, volubile, et un couple de clients en désaccord. J'ai beaucoup aimé, notamment parce que l'épouse a la langue acérée.

   C'est l'un des attraits de ces belles vingt premières minutes : découvrir au quotidien ce couple déséquilibré, composé d'un homme (à moitié) déconstruit et d'une femme de tête, qui a choisi la décoration de leur nouvel appartement, le prénom (horrible) de l'enfant qu'ils viennent d'avoir, le moment de la conception de celui-ci... Il ne reste au gars qu'à choisir le meuble du salon, un immense espace de libre arbitre que sa chère et tendre peine à lui laisser.

   La suite est moins joyeuse. Il se produit un événement en général tabou dans le cinéma contemporain, qui fait déraper la soirée. Il clôture la première partie du film... la seule pleinement réussie à mes yeux.

   Il faut ensuite se fader un tunnel d'environ cinquante minutes, avec des discussions nourries de tensions et de sous-entendus. Le couple reçoit le frère du mari, accompagné de sa nouvelle copine (qui a la moitié de son âge). Surgissent aussi la voisine du dessus et sa fille caractérielle et envahissante, sans oublier le vendeur du début, qui revient faire un petit coucou (passage assez réussi, ma foi). Le comédien mérite que je le cite : il s'agit d'Eduardo Antuña, remarqué jadis dans une autre comédie sardonique, Mes Chers Voisins (avec Carmen Maura).

   Le seul intérêt que j'ai trouvé à ce cœur de l'histoire est le malaise suscité par les différents niveaux d'information des personnages présents. Un seul (bientôt deux) sait ce qui s'est passé quelques temps auparavant dans l'appartement. Trois personnages sont au courant d'une histoire impliquant deux des voisins. Deux autres ont un petit secret à avouer... et ainsi de suite. On finit par s'apercevoir que celle qui en sait le moins est la nouvelle maman, celle qui dirige le foyer, sans être consciente que plusieurs informations importantes lui passent sous le nez.

   Cela rebondit dans le dernier quart d'heure, de manière presque aussi réjouissante qu'au début. Du coup, j'ai aimé la fin et je suis sorti assez satisfait de ce tout petit film irrévérencieux.

22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 16 mai 2025

Marco, l'énigme d'une vie

   C'est l'histoire d'un garagiste au départ ordinaire. Il a survécu à la guerre civile espagnole, s'est très bien accommodé du régime franquiste, durant lequel il a acquis une petite aisance. Il s'est remarié et a eu une nouvelle fille. Mais il aspire à autre chose. Il se rapproche de jeunes enfants de la bourgeoisie qui manifestent contre le franquisme finissant... et leur fait croire qu'il est un ancien combattant anarchiste... avant de découvrir qu'il est un autre statut qui valorise encore plus celui qui l'incarne : le statut de résistant déporté. Paré de sa fausse modestie, de sa gouaille et d'une gentillesse factice, Enric Marco va tromper son monde pendant plus de vingt ans.

   Cette fiction à caractère documentaire montre d'abord le poids qu'avait acquis le personnage, avant qu'une succession de révélations ne démonte le mythe. Dans le rôle-titre, Eduard Fernández est sensationnel d'ambiguïté, incarnant à la perfection la mauvaise fois de l'affabulateur... mais le rendant toutefois un peu trop sympathique à mes yeux.

   Ce film traite de choses très sensibles pour moi (le mensonge, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale). C'est sans doute pourquoi je dois dire que j'ai à plusieurs reprises éprouvé une colère sourde durant la projection.

   Même si le duo de réalisateurs (auquel on doit Une Vie secrète) a veillé à faire surgir la duplicité du personnage principal, je trouve la mise en scène trop empathique. C'est trop indulgent avec le narcissisme de Marco, dont on souligne le besoin de reconnaissance (de visibilité médiatique, dirait-on aujourd'hui). On affirme un peu trop vite qu'il a contribué à faire connaître le drame de la déportation à des Espagnols auxquels c'était alors peu enseigné. C'est oublier les dégâts que ses centaines d'interventions dans les écoles, collèges, lycées ont dû faire rétrospectivement, quand les jeunes ont découvert que la personne qu'on leur avait présentée comme étant une référence n'était en fait qu'un mythomane.

   Je pourrais aussi souligner une ou deux faiblesses historiques, comme la confusion entre camp de concentration et camp (centre) d'extermination (ou plutôt le manque de distinction nette entre les deux).

   Le fil n'est à voir que si l'on ne connaît pas cette histoire rocambolesque... et pour la performance de l'acteur principal. Le reste ne suscite que dégoût.

mercredi, 14 mai 2025

Tu ne mentiras point

   Le comédien Cillian Murphy (naguère oscarisé pour sa performance dans Oppenheimer) a coproduit cette histoire irlandaise, qui remonte aux années 1980 et n'est pas sans rappeler The Magdalene Sisters, de Peter Mullan.

   Murphy s'est attribué le premier rôle, celui d'un petit patron charbonnier, très impliqué dans son travail, empathique avec ses employés et les pauvres gens qu'il croise sur sa route. On le voit aussi mari fidèle et père attentionné. On ne s'étonne donc pas quand, au détour d'une livraison, il se prend d'intérêt pour une jeune femme qui semble maltraitée, dans le couvent local.

   On comprend assez vite quel est le double propos engagé de ce "film de gôche", qui dénonce d'abord les inégalités sociales et, à un second niveau, le sort particulièrement difficile des femmes d'origine populaire. S'ajoute à cela le parcours personnel du héros, qui a oublié (refoulé ?) une partie de son enfance, que cette histoire de jeune femme maltraitée fait remonter.

   C'est filmé en noir et blanc et c'est ma foi assez beau... mais Dieu que c'est (parfois) ennuyeux ! J'ai trouvé la plupart des personnages fades, en particulier ceux des femmes (alors que, dans mon souvenir, The Magdalene Sisters proposait quelques beaux portraits féminins), à l'exception de la mère supérieure du couvent, interprétée par Emily Watson. Celle-ci est particulièrement marquante lors de la scène "au coin du feu", lorsqu'elle reçoit le héros, dans un entretien pétri de sous-entendus. De son côté, Murphy n'est pas étincelant. Il s'est construit un personnage de saint homme, qui finit par phagocyter tout le reste.

   Ce n'est pas un mauvais film, mais je le trouve au final plutôt anodin. Sur un sujet approchant, on vibre bien davantage avec La Jeune Femme à l'aiguille.

dimanche, 11 mai 2025

La Règle de trois

   C'est le titre de l'épisode inédit de la série McDonald & Dodds que diffuse France 3 ce soir. (Il est déjà disponible en ligne.) C'est l'avant-dernier de la saison 4... et l'avant-dernier tout court, puisqu'il n'y a pas eu (jusqu'à présent) de saison 5.

   Cela commence de manière inhabituelle, puisqu'on voit l'équipe de policiers conclure une enquête, sur le meurtre d'une journaliste, au cours d'une soirée qui s'est déroulée chez elle. Le binôme d'officiers est tout content d'avoir assemblé témoignages et preuves matérielles, à défaut d'avoir des aveux de la coupable présumée.

   Ils ont à peine le temps de se réjouir des (rares) félicitations de leur supérieure hiérarchique (une commissaire pète-sec) qu'ils apprennent qu'un nouveau meurtre s'est produit. La victime est une femme disparue il y a 38 ans... et les premiers éléments de cette nouvelle enquête la relient à la précédente, au point de remettre en cause ses conclusions.

   Le scénario est l'un des plus retors qu'il m'ait été donné de voir dans une série policière. Le titre fait allusion à un élément décisif de l'intrigue. Au total, il n'y a pas eu deux, mais trois meurtres, et le chiffre trois revient malicieusement, à plusieurs reprises, au cours de l'enquête : à l'entrée d'une maison, sur une petite pièce à conviction, sur la porte d'une salle d'interrogatoire...

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   Les dialogues sont toujours aussi savoureux (de préférence en version originale sous-titrée). Dans cet épisode, le sergent Dodds aide sa collègue à régler quelques soucis familiaux... et doit résoudre un autre mystère, celui de la disparition, au poste, de son fauteuil attitré, qu'il avait réglé pour lui. La conclusion de cette investigation secondaire sera à peine moins surprenante que celle de l'autre...

samedi, 10 mai 2025

Bergers

   J'ai enfin pu voir ce film canadien, tourné en France, entre Alpes et Provence et dont l'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un jeune Québécois, arrivé dans la région un peu par hasard, et qui va se lancer dans la délicate activité d'encadrement de troupeaux.

   Il faut d'emblée souligner la pertinence du choix de l'acteur, pour interpréter Mathyas, le personnage principal. Félix-Antoine Duval est tout aussi crédible en jeune citadin romantique qu'en néo-rural, de moins en moins maladroit avec les bêtes. Il convient d'ajouter que, pour une partie des seconds rôles, on a recruté des personnes du cru. Cela donne une incontestable authenticité aux scènes pastorales... ainsi qu'à celle du café.

   Cela prend donc un peu le tour d'une comédie romantique, puisque le héros est d'abord maladroit, à la fois ridicule et touchant... et aussi parce qu'il croise la route d'une charmante employée de sous-préfecture, avec laquelle, une fois installé dans une ferme, il entretient une correspondance intime. Mathyas a le projet secret d'écrire un livre sur son expérience. Il n'est donc pas forcément décidé à rester éternellement berger, même si la rude vie champêtre semble davantage correspondre à ses aspirations que l'exubérante et déshumanisante vie citadine.

   J'ai aussi apprécié que cette histoire ne soit pas un conte de fées. D'abord seul, puis accompagné, Mathyas va être confronté à une multitude de difficultés, de la gestion au quotidien d'un troupeau à celle des intempéries, en passant par l'attaque des loups.

   La réalisatrice, Sophie Deraspe, ne nous livre pas une version aseptisée de la campagne française. Trois exploitations nous sont successivement présentées. La première est relativement moderne, de grande taille (limite capitalistique) et ne supporte pas l'amateurisme. La seconde est vieillotte, familiale, rugueuse, fragile sur le plan financier. La troisième est un peu entre les deux... et gérée par un femme, interprétée avec talent par Guilaine Londez.

   On prend un bon bol d'air, on sourit et l'on est ému par le difficile exercice du métier d'éleveur... et l'histoire d'un amour naissant, confronté à l'âpreté de la nature.

Thunderbolts

   Disney-Marvel nous sort une nouvelle équipe de super-héros, composée principalement de... criminels. C'est un "gentil" (Bucky Barnes, l'ex-Soldat de l'hiver) qui se charge du recrutement. En sous-main, la directrice d'une agence gouvernementale a monté un programme visant à contrôler les êtres dotés de pouvoirs extraordinaires... Tout cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, il s'agit grosso modo de la trame de The Suicide Squad, de chez Warner-DC. Cela explique d'ailleurs que James Gunn, qui était déjà aux manettes de ce film-ci, ait refusé de tourner celui-là. Il a été remplacé par Jake Schreier qui, ces dernières années, s'est plutôt consacré à des séries télévisées, mais que les cinéphiles connaissent pour son (excellent) Robot and Frank (qui a peut-être un peu inspiré le scénariste du récent Un Monde merveilleux).

   Tout ça pour dire qu'au niveau de la mise en scène, c'est réglé comme du papier à musique, en particulier dans les scènes de baston, avec ce qu'il faut d'effets numériques.

   L'héroïne est Yelena (sœur de Natasha Romanoff), que l'on a vue pour la première fois dans Black Widow. A l'époque, je trouvais Florence Pugh un peu au-dessous de ses partenaires. Elle a bien progressé depuis et, même si je regrette de ne plus voir Scarlett Johansson assommer des méchants en tenue moulante, je dois reconnaître que la petite Anglaise assure dans son nouveau rôle badass.

   La première partie du film conduit plusieurs tueurs irréguliers d'un sous-traitant de la CIA dans un mystérieux complexe souterrain, où, dans une grande confusion (pour les personnages comme pour les spectateurs d'ailleurs) va se déclencher une bagarre générale. C'est malgré tout assez réjouissant à regarder.

   Ces têtes brûlées hyper-individualistes vont rapidement comprendre que, pour sortir vivants du bunker souterrain, il leur faut coopérer. Cela donne une deuxième partie assez cocasse.

   La suite réserve quelques colossales surprises, avec, en particulier, l'éclosion d'un super-méchant, qui semble presque invincible. Comme les aventures de la bande de bras cassés sont destinées à durer, on se dit qu'ils vont bien finir par en venir à bout, mais que cela risque de ne pas être par la force. Intelligence, travail de groupe et empathie sont donc au programme dans la troisième partie, visuellement assez bluffante (les personnages se retrouvent prisonniers de la conscience du super-méchant), mais pas terrible en terme de dialogues. Je trouve aussi que l'un des acteurs n'est guère convaincant. (Pas de chance, c'est celui qui incarne le super-méchant.)

   Du coup, j'étais plutôt impatient que cela se termine. Je conseille toutefois aux spectateurs de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est interrompu une première fois, par une scène dans laquelle on retrouve le papounet lourdingue de l'héroïne (toujours très bien interprété par David Harbour). A la toute fin, on a droit à une scène plus longue, qui pourrait servir d'introduction à l'épisode suivant. Il y est question de deux autres groupes de super-héros, l'un étant en conflit avec les Thunderbolts pour une question de droits d'auteur !

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vendredi, 09 mai 2025

Un Monde merveilleux

   Le titre de ce long-métrage (sans doute inspiré du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley) est évidemment une antiphrase. C'est dans un monde cauchemardesque qu'estime vivre Max (Blanche Gardin, en forme). C'est une ex-enseignante, qui a été remplacée par un robot. On constate d'ailleurs rapidement que, dans la vie quotidienne de cette France (légèrement) futuriste, les êtres mécaniques exercent de nombreuses fonctions : soigneur en EHPAD, policier, chauffeur... sans parler des tâches assignées à ceux qui ont été achetés par des ménages fortunés : faire la cuisine, aider les enfants dans leurs devoirs, sortir les poubelles, promener le chien... Certains des gags du film montrent soit les ratés de ces machines ultra-perfectionnées, soit au contraire leur performance, ramenant les humains à leurs propres manques...

   Max est aigrie... et rebelle. Elle vivote entre deux plans foireux, auxquels elle associe sa fille. Celle-ci aimerait bien avoir un compagnon de jeu : pas un chien ou un chat, mais un robot. Je me garderai bien de révéler les circonstances dans lesquelles son vœu va être exaucé.

   J'ai apprécié que la mise en scène ne fasse pas de Max une héroïne parfaite. Elle est d'ailleurs parfois assez antipathique, même si (évidemment) son personnage va évoluer au contact d'un robot, T-0...

   La première moitié de l'histoire est un peu dans le style Groland, centrée sur Max la rebelle, anticapitaliste et bordélique. Le scénariste lui a écrit quelques répliques bien senties, comme lorsqu'elle se trouve face à une policière, qui lui déclare : "Savez-vous pourquoi je suis ici ?". Max lui répond, crânement : "Parce que vous étiez nulle à l'école ?"

   Concernant le monde des robots, j'avais peur que ce soit très kitsch, pas du tout réaliste. En fait, en dépit du manque de moyens, je trouve le résultat probant, notamment grâce aux bruitages. Les robots sont crédibles, dans leurs actions comme dans leur expression.

   La seconde partie voit Max séparée de sa fille. Du coup, elle qui cherchait à se débarrasser du robot va le garder... et tenter de le rééduquer (à sa manière). Au contact de la machine, elle s'humanise, tandis que T-0 devient un peu moins à cheval sur les règles, acquérant lui aussi une part d'humanité.

   Du coup, cette comédie loufoque, un brin grossière au départ, réussit à susciter de l'émotion, vers la fin... et tout ça en moins d'1h20.

jeudi, 08 mai 2025

Les origines françaises du nouveau Pape

   Ces derniers jours, en France, certains beaux esprits glosaient sur la possibilité que le successeur de François Ier soit français. Le nom de l'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline circulait... Presque personne n'a vu venir le discret préfet du Dicastère pour les évêques, Robert Francis Prevost, né à Chicago en 1955. (Le Monde en faisait toutefois hier l'un de ses treize favoris.)

   Léon XIV est donc le premier Pape états-unien, mais il a des origines métissées. Sa mère, Mildred Agnes Martinez, née aussi à Chicago, avait des grands-parents espagnols. Son père, Louis Marius Prevost, autre enfant de Chicago, avait des origines franco-italiennes. Il était le fils de Jean Lanti Prevost (1876-1960) et Suzanne Louise Marie Fabre (1894-1979).

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   Tous deux ont vu le jour en France. La seconde pourrait être originaire du Languedoc, où le nom Fabre était déjà très répandu à l'époque. Il faudrait que de distingués généalogistes se plongent dans les archives pour trouver le certificat de naissance de la grand-mère paternelle du nouveau Pape. Qui sait, peut-être était-elle aveyronnaise ?

mercredi, 07 mai 2025

Anges & Cie

   Chaque être humain est accompagné au quotidien (et même "guidé"), sans le savoir, par un(e) ange-gardien. Sont donc présents en même temps, à l'écran, deux catégories de personnages (les humains et les anges) qui évoluent dans deux dimensions différentes. L'un des ressorts comiques de cette romance teintée de surnaturel est constitué des interventions des anges dans la vie de leur "protégé(e)". Les gardiens ne sont pas toujours bien inspirés... et c'est parfois réjouissant.

   Pendant le premier quart d'heure, j'ai espéré me trouver face à une comédie transgressive, notamment en raison de la scène d'ascenseur, un petit moment de folie douce, à l'humour "épicé"...

   Hélas, la suite est moins scabreuse, sans être toutefois déplaisante. Les anges-gardiens que nous voyons évoluer n’œuvrent pas tous dans le même sens et leur rivalité est cocasse à observer... tout comme ses conséquences sur la vie des pauvres Terriens qui ne comprennent pas trop ce qui leur arrive. J'ajoute que le fonctionnement de la "maison mère" des anges ressemble quelque peu à celui d'une grosse boîte faisant passer l'idéologie avant l'intérêt réel de ses "clients". Une autre source de gags réside dans la découverte, par certains anges, des petits (et grands) plaisirs de la vie humaine...

   Dans les rôles principaux, Elodie Fontan, Romain Lancry, Shirine Boutella et Julien Pestel sont convaincants. On peut ajouter les savoureuses prestations, dans des seconds rôles, de Zabou Breitman et François Berléand, ce dernier incarnant un (vieux) Cupidon baba cool...

   L'intrigue est parsemée de rebondissements, parfois très surprenants. Toutefois, à mesure que la conclusion de l'histoire se rapproche, le film se fait plus conventionnel, certaines des ultimes scénettes sacrifiant même à une forme de "politiquement correct".

   Cela dure 1h30. J'ai passé un bon moment, sans plus.

   P.S.

   Le film sort la veille du pont du 8 mai, alors qu'un mouvement de grève est lancé, en France, dans les transports publics... ce à quoi fait écho la situation du début de l'intrigue, puisque deux personnages vont covoiturer faute de train en circulation !

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Les Linceuls

   Trois ans après Les Crimes du futur, David Cronenberg revient avec un nouveau polar sociétal mâtiné de science-fiction. Les linceuls en question sont des enveloppes bardées de technologie, des sortes de cocons numériques pour défunts friqués, dont les proches peuvent (grâce à une appli) suivre la progressive décomposition, sous terre, dans un cimetière spécialement créé pour ce type de cercueil.

   L'inventeur de ce procédé, Karsh (Vincent Cassel, belle gueule cassée au physique irréprochable), y voit un moyen de se faire du blé... et de gérer son deuil, le décès de son épouse l'ayant laissé inconsolable. Ladite épouse, incarnée par Diane Kruger, est bien sûr divinement gaulée.

   Mais les choses ne se passent pas comme prévu, le cimetière expérimental étant victime de dégradations... et d'un vol de données. Karsh comprend assez vite qu'au moins deux complots sont à l’œuvre, la mise en scène de Cronenberg suggérant l'existence d'un troisième.

   C'est du cinéma bien léché, aux dialogues ciselés, le luxe apaisant masquant de sourdes pulsions, prêtes à éclater. Cronnie aime toujours autant filmer les corps nus... et la modification de ceux-ci. (Âmes sensibles s'abstenir.) J'ajoute qu'entre deux scènes réalistes sont glissées quelques fantasmagories. En général, il n'est pas difficile de distinguer les deux... mais, parfois, on se demande si le réalisateur ne joue pas un peu avec vous.

   Les investigations menées par le héros se doublent d'une quête de l'amour, avec, en invitées, la sœur jumelle de sa défunte épouse, une intelligence artificielle aussi serviable qu'intrusive et une charmante aveugle, potentielle cliente à la base, mais qui pourrait tout chambouler.

   Je me suis laissé emporter par ce polar sophistiqué, très stylisé, un peu à l'image du récent The Insider. Je regrette cependant qu'une fois de plus, Cronenberg ne se soit pas trop foulé pour conclure son film, peut-être parce qu'il veut laisser à chaque spectateur la possibilité de se construire sa propre interprétation de l'histoire... ou peut-être parce qu'au montage, une ou deux scènes ont sauté, empêchant le plus tordu des complots d'apparaître dans toute sa splendeur.

14:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 04 mai 2025

McDonald & Dodds, saison 4

   Presque un an jour pour jour après la diffusion de la troisième saison, France 3 nous propose le début de la quatrième... et, hélas, dernière saison de cette piquante série britannique.

   Au programme, ce dimanche soir, un seul épisode inédit : Jinxy chante le Blues, qui nous balade entre le Mississippi de 1932 et la ville de Bath (dont l'équipe de rugby vient de se qualifier pour la finale du Challenge européen), de nos jours.

   Tout le talent des scénaristes a consisté à bâtir une intrigue mêlant la naissance du Blues dans l'Amérique ségrégationniste à la vie en apparence tranquille (voire "pépère") des habitants de classe moyenne d'une cité bourgeoise.

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      Tala Gouveia (McDonald) et Jason Watkins (Dodds) campent toujours aussi bien leurs personnages aux tempéraments aussi complémentaires que contrastés. Cette fois-ci, l'enquête touche personnellement l'inspecteur Dodds, puisque l'une des victimes est un ami proche. Parmi les suspects du double meurtre figurent un chauffeur de bus, une brochette de passagers (notamment un ancien militaire et une aide à domicile), un duo d'antiquaires et un historien (anglo-américain) du Blues.

   Le scénario est particulièrement retors, les acteurs convaincants et la mise en scène efficace, parfois inventive, sur certains détails.

   Je me suis régalé, ce qui me fait d'autant plus déplorer l'arrêt de la série, décidé par la chaîne ITV en raison d'audiences insuffisantes.

   P.S. 1

   En accédant à l'article auquel mène le lien ci-dessus, vous apprendrez que d'autres captivantes séries britanniques sont toujours "en service", à commencer par Unforgotten et The Bay. Toutefois, la télévision française en a interrompu la diffusion, nous privant (pour l'instant) des saisons les plus récentes.

   P.S. 2

   Les téléspectateurs français vont bientôt revoir Tala Gouveia, puisqu'elle figure au casting de la saison 14 de Meurtres au paradis (dans l'épisode 6). France 2 en démarre la diffusion ce lundi 5 mai. On espère que cette nouvelle saison sera, à tout le moins, plus élaborée que le "produit dérivé" qui nous a été récemment servi : Mystères au paradis (Beyond Paradise dans la V.O.), avec Kris Marshall (l'inspecteur-chef Goodman retourné au Royaume-Uni). J'ai trouvé ce spin-off plutôt fade.

Drop Game

   Intitulé tout simplement Drop dans la version originale, ce petit thriller sociétal s'appuie sur une fonctionnalité des smartphones d'une célèbre marque : le partage de fichiers entre appareils se trouvant dans un certain rayon d'action (de dix à quinze mètres). Ce rayon est celui de la salle principale d'un restaurant très chic, situé au trente-huitième étage d'un gratte-ciel de Dublin Chicago.

   L'héroïne, Violet, est une ravissante mère célibataire, habitant une maison de luxe et exerçant à domicile la fonction de thérapeute. Mais, prise entre son métier et son enfant, elle n'a plus de vie sociale... d'autant qu'elle est très méfiante vis-à-vis des hommes : c'est une ancienne femme battue. J'ai trouvé intéressant qu'un film de genre parfois très conventionnel s'appuie sur ce fait de société (le harcèlement et les violences dont sont victimes certaines femmes).

   L'habillage visuel est soigné : le restaurant haut de gamme baigne dans une ambiance feutrée (et luxueuse, bien entendu), tandis qu'à l'écran, en différents endroits, les messages voire les images reçus par les téléphones s'affichent, parfois de manière biscornue. C'est bien foutu.

   Le scénario ménage bien le suspens pendant un peu plus d'une heure. On comprend assez vite que deux personnes (au moins) ont mis au point le stratagème dont Violet est la victime : une a pénétré à son domicile (où se trouvent sa sœur et son fils), l'autre au restaurant... mais de qui s'agit-il ? Entre le charmant photographe avec lequel elle a rendez-vous, le serveur un peu bizarre, la barmaid un poil intrusive, les clients masculins qui l'abordent, le pianiste aussi alcoolique qu'entreprenant et l'hôtesse d'accueil, à l'air mystérieux, les suspects ne manquent pas.

  J'ai été pris à la fois par le mystère (il n'est pas facile de deviner qui est le maître-chanteur infiltré) et par le suspens (va-t-elle s'en sortir ? son fils aussi ? qu'en est-il du photographe ?). Du coup, j'ai été indulgent pour les petites invraisemblances et les clichés dont l'intrigue est émaillée (avec, parfois, une grosse tendance au mélo). De surcroît, la dernière partie de l'histoire prend un tour mouvementé, délicieusement sanglant.

   Dans la salle, j'étais le seul "vieux", au milieu d'une flopée d'adolescents et de jeunes adultes, qui ont été (à ma grande surprise) captivés. Je pense que cette histoire leur a "parlé", comme on dit.

01:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 03 mai 2025

Des Jours meilleurs

   C'est ce qu'espèrent connaître les femmes alcooliques envoyées dans un centre de désintoxication, où elles seront encadrées par des infirmières, une psychiatre addictologue (Myriem Akkhediou, très bien)... et un coach sportif, lui-même ancien alcoolo (Clovis Cornillac, une fois de plus épatant).

   Pour incarner ces femmes en souffrance, on a mélangé les visages connus à de quasi-anonymes. Incontestablement, Valérie Bonneton sort du lot, à la fois pathétique et touchante. Michèle Laroque est très bien aussi, dans un rôle qui est toutefois moins de composition. Quant à Sabrina Ouazani, elle est toujours aussi formidable, incarnant un personnage à la fois explosif et plein de failles.

   Les auteurs, (Elsa Bennett et Hippolyte Dard) sont plutôt des habitués du petit écran. Ils ont notamment réalisé plusieurs épisodes de séries comme L'Art du crime et Astrid et Raphaëlle. Pour le personnage de Suzanne, ils se sont inspirés d'un cas réel.

   Le début présente des femmes à la dérive. La plupart du temps sans maquillage, les comédiennes acceptent d'incarner des personnages fracassés, aux visages déformés par l'alcool, la honte et la souffrance. La mise en scène les montre surtout comme des victimes, même si elle ne masque pas les dégâts que leur addiction a provoqués dans leur entourage. (C'est peut-être pour moi la seule limite de ce film : assez peu montrer les conséquences sur les proches et trop insister sur les difficultés rencontrées par les alcooliques.)

   Habilement, le montage alterne les scènes dures avec d'autres, de pure comédie, ou d'autres encore, touchantes sans être tristes. J'ai trouvé originales les quasi-improvisations, face caméra, lors des entretiens avec la psy. J'ai aussi aimé que le scénario ne prenne pas la forme d'un conte de fées. Cette période de réhabilitation est parsemée d'échecs (des rechutes, voire des abandons).

   Toutefois, l'élan créé par le projet monté par le coach sportif donne un sacré tonus à l'intrigue, qui culmine dans la seconde partie, se déroulant au Maroc. Là encore, le parcours du combattant des héroïnes va être semé d'embûches. Je trouve qu'il y a une belle intensité dans ces scènes de rallye, avec, en bonus, un petit moment de grâce, en plein désert, avec un groupe d'enfants.

   Du coup, en dépit de quelques appréhensions, j'ai été emballé par cette histoire, à la fois terrible, drôle et porteuse d'espoir... et en plus la musique est chouette !