samedi, 10 mai 2025
Bergers
J'ai enfin pu voir ce film canadien, tourné en France, entre Alpes et Provence et dont l'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un jeune Québécois, arrivé dans la région un peu par hasard, et qui va se lancer dans la délicate activité d'encadrement de troupeaux.
Il faut d'emblée souligner la pertinence du choix de l'acteur, pour interpréter Mathyas, le personnage principal. Félix-Antoine Duval est tout aussi crédible en jeune citadin romantique qu'en néo-rural, de moins en moins maladroit avec les bêtes. Il convient d'ajouter que, pour une partie des seconds rôles, on a recruté des personnes du cru. Cela donne une incontestable authenticité aux scènes pastorales... ainsi qu'à celle du café.
Cela prend donc un peu le tour d'une comédie romantique, puisque le héros est d'abord maladroit, à la fois ridicule et touchant... et aussi parce qu'il croise la route d'une charmante employée de sous-préfecture, avec laquelle, une fois installé dans une ferme, il entretient une correspondance intime. Mathyas a le projet secret d'écrire un livre sur son expérience. Il n'est donc pas forcément décidé à rester éternellement berger, même si la rude vie champêtre semble davantage correspondre à ses aspirations que l'exubérante et déshumanisante vie citadine.
J'ai aussi apprécié que cette histoire ne soit pas un conte de fées. D'abord seul, puis accompagné, Mathyas va être confronté à une multitude de difficultés, de la gestion au quotidien d'un troupeau à celle des intempéries, en passant par l'attaque des loups.
La réalisatrice, Sophie Deraspe, ne nous livre pas une version aseptisée de la campagne française. Trois exploitations nous sont successivement présentées. La première est relativement moderne, de grande taille (limite capitalistique) et ne supporte pas l'amateurisme. La seconde est vieillotte, familiale, rugueuse, fragile sur le plan financier. La troisième est un peu entre les deux... et gérée par un femme, interprétée avec talent par Guilaine Londez.
On prend un bon bol d'air, on sourit et l'on est ému par le difficile exercice du métier d'éleveur... et l'histoire d'un amour naissant, confronté à l'âpreté de la nature.
23:28 Publié dans Cinéma, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Bergers
J'ai enfin pu voir ce film canadien, tourné en France, entre Alpes et Provence et dont l'intrigue s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un jeune Québécois, arrivé dans la région un peu par hasard, et qui va se lancer dans la délicate activité d'encadrement de troupeaux.
Il faut d'emblée souligner la pertinence du choix de l'acteur, pour interpréter Mathyas, le personnage principal. Félix-Antoine Duval est tout aussi crédible en jeune citadin romantique qu'en néo-rural, de moins en moins maladroit avec les bêtes. Il convient d'ajouter que, pour une partie des seconds rôles, on a recruté des personnes du cru. Cela donne une incontestable authenticité aux scènes pastorales... ainsi qu'à celle du café.
Cela prend donc un peu le tour d'une comédie romantique, puisque le héros est d'abord maladroit, à la fois ridicule et touchant... et aussi parce qu'il croise la route d'une charmante employée de sous-préfecture, avec laquelle, une fois installé dans une ferme, il entretient une correspondance intime. Mathyas a le projet secret d'écrire un livre sur son expérience. Il n'est donc pas forcément décidé à rester éternellement berger, même si la rude vie champêtre semble davantage correspondre à ses aspirations que l'exubérante et déshumanisante vie citadine.
J'ai aussi apprécié que cette histoire ne soit pas un conte de fées. D'abord seul, puis accompagné, Mathyas va être confronté à une multitude de difficultés, de la gestion au quotidien d'un troupeau à celle des intempéries, en passant par l'attaque des loups.
La réalisatrice, Sophie Deraspe, ne nous livre pas une version aseptisée de la campagne française. Trois exploitations nous sont successivement présentées. La première est relativement moderne, de grande taille (limite capitalistique) et ne supporte pas l'amateurisme. La seconde est vieillotte, familiale, rugueuse, fragile sur le plan financier. La troisième est un peu entre les deux... et gérée par un femme, interprétée avec talent par Guilaine Londez.
On prend un bon bol d'air, on sourit et l'on est ému par le difficile exercice du métier d'éleveur... et l'histoire d'un amour naissant, confronté à l'âpreté de la nature.
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Thunderbolts
Disney-Marvel nous sort une nouvelle équipe de super-héros, composée principalement de... criminels. C'est un "gentil" (Bucky Barnes, l'ex-Soldat de l'hiver) qui se charge du recrutement. En sous-main, la directrice d'une agence gouvernementale a monté un programme visant à contrôler les êtres dotés de pouvoirs extraordinaires... Tout cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, il s'agit grosso modo de la trame de The Suicide Squad, de chez Warner-DC. Cela explique d'ailleurs que James Gunn, qui était déjà aux manettes de ce film-ci, ait refusé de tourner celui-là. Il a été remplacé par Jake Schreier qui, ces dernières années, s'est plutôt consacré à des séries télévisées, mais que les cinéphiles connaissent pour son (excellent) Robot and Frank (qui a peut-être un peu inspiré le scénariste du récent Un Monde merveilleux).
Tout ça pour dire qu'au niveau de la mise en scène, c'est réglé comme du papier à musique, en particulier dans les scènes de baston, avec ce qu'il faut d'effets numériques.
L'héroïne est Yelena (sœur de Natasha Romanoff), que l'on a vue pour la première fois dans Black Widow. A l'époque, je trouvais Florence Pugh un peu au-dessous de ses partenaires. Elle a bien progressé depuis et, même si je regrette de ne plus voir Scarlett Johansson assommer des méchants en tenue moulante, je dois reconnaître que la petite Anglaise assure dans son nouveau rôle badass.
La première partie du film conduit plusieurs tueurs irréguliers d'un sous-traitant de la CIA dans un mystérieux complexe souterrain, où, dans une grande confusion (pour les personnages comme pour les spectateurs d'ailleurs) va se déclencher une bagarre générale. C'est malgré tout assez réjouissant à regarder.
Ces têtes brûlées hyper-individualistes vont rapidement comprendre que, pour sortir vivants du bunker souterrain, il leur faut coopérer. Cela donne une deuxième partie assez cocasse.
La suite réserve quelques colossales surprises, avec, en particulier, l'éclosion d'un super-méchant, qui semble presque invincible. Comme les aventures de la bande de bras cassés sont destinées à durer, on se dit qu'ils vont bien finir par en venir à bout, mais que cela risque de ne pas être par la force. Intelligence, travail de groupe et empathie sont donc au programme dans la troisième partie, visuellement assez bluffante (les personnages se retrouvent prisonniers de la conscience du super-méchant), mais pas terrible en terme de dialogues. Je trouve aussi que l'un des acteurs n'est guère convaincant. (Pas de chance, c'est celui qui incarne le super-méchant.)
Du coup, j'étais plutôt impatient que cela se termine. Je conseille toutefois aux spectateurs de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est interrompu une première fois, par une scène dans laquelle on retrouve le papounet lourdingue de l'héroïne (toujours très bien interprété par David Harbour). A la toute fin, on a droit à une scène plus longue, qui pourrait servir d'introduction à l'épisode suivant. Il y est question de deux autres groupes de super-héros, l'un étant en conflit avec les Thunderbolts pour une question de droits d'auteur !
00:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Thunderbolts
Disney-Marvel nous sort une nouvelle équipe de super-héros, composée principalement de... criminels. C'est un "gentil" (Bucky Barnes, l'ex-Soldat de l'hiver) qui se charge du recrutement. En sous-main, la directrice d'une agence gouvernementale a monté un programme visant à contrôler les êtres dotés de pouvoirs extraordinaires... Tout cela ne vous rappelle rien ? Eh, oui, il s'agit grosso modo de la trame de The Suicide Squad, de chez Warner-DC. Cela explique d'ailleurs que James Gunn, qui était déjà aux manettes de ce film-ci, ait refusé de tourner celui-là. Il a été remplacé par Jake Schreier qui, ces dernières années, s'est plutôt consacré à des séries télévisées, mais que les cinéphiles connaissent pour son (excellent) Robot and Frank (qui a peut-être un peu inspiré le scénariste du récent Un Monde merveilleux).
Tout ça pour dire qu'au niveau de la mise en scène, c'est réglé comme du papier à musique, en particulier dans les scènes de baston, avec ce qu'il faut d'effets numériques.
L'héroïne est Yelena (sœur de Natasha Romanoff), que l'on a vue pour la première fois dans Black Widow. A l'époque, je trouvais Florence Pugh un peu au-dessous de ses partenaires. Elle a bien progressé depuis et, même si je regrette de ne plus voir Scarlett Johansson assommer des méchants en tenue moulante, je dois reconnaître que la petite Anglaise assure dans son nouveau rôle badass.
La première partie du film conduit plusieurs tueurs irréguliers d'un sous-traitant de la CIA dans un mystérieux complexe souterrain, où, dans une grande confusion (pour les personnages comme pour les spectateurs d'ailleurs) va se déclencher une bagarre générale. C'est malgré tout assez réjouissant à regarder.
Ces têtes brûlées hyper-individualistes vont rapidement comprendre que, pour sortir vivants du bunker souterrain, il leur faut coopérer. Cela donne une deuxième partie assez cocasse.
La suite réserve quelques colossales surprises, avec, en particulier, l'éclosion d'un super-méchant, qui semble presque invincible. Comme les aventures de la bande de bras cassés sont destinées à durer, on se dit qu'ils vont bien finir par en venir à bout, mais que cela risque de ne pas être par la force. Intelligence, travail de groupe et empathie sont donc au programme dans la troisième partie, visuellement assez bluffante (les personnages se retrouvent prisonniers de la conscience du super-méchant), mais pas terrible en terme de dialogues. Je trouve aussi que l'un des acteurs n'est guère convaincant. (Pas de chance, c'est celui qui incarne le super-méchant.)
Du coup, j'étais plutôt impatient que cela se termine. Je conseille toutefois aux spectateurs de ne pas quitter la salle trop vite. Le générique de fin est interrompu une première fois, par une scène dans laquelle on retrouve le papounet lourdingue de l'héroïne (toujours très bien interprété par David Harbour). A la toute fin, on a droit à une scène plus longue, qui pourrait servir d'introduction à l'épisode suivant. Il y est question de deux autres groupes de super-héros, l'un étant en conflit avec les Thunderbolts pour une question de droits d'auteur !
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vendredi, 09 mai 2025
Un Monde merveilleux
Le titre de ce long-métrage (sans doute inspiré du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley) est évidemment une antiphrase. C'est dans un monde cauchemardesque qu'estime vivre Max (Blanche Gardin, en forme). C'est une ex-enseignante, qui a été remplacée par un robot. On constate d'ailleurs rapidement que, dans la vie quotidienne de cette France (légèrement) futuriste, les êtres mécaniques exercent de nombreuses fonctions : soigneur en EHPAD, policier, chauffeur... sans parler des tâches assignées à ceux qui ont été achetés par des ménages fortunés : faire la cuisine, aider les enfants dans leurs devoirs, sortir les poubelles, promener le chien... Certains des gags du film montrent soit les ratés de ces machines ultra-perfectionnées, soit au contraire leur performance, ramenant les humains à leurs propres manques...
Max est aigrie... et rebelle. Elle vivote entre deux plans foireux, auxquels elle associe sa fille. Celle-ci aimerait bien avoir un compagnon de jeu : pas un chien ou un chat, mais un robot. Je me garderai bien de révéler les circonstances dans lesquelles son vœu va être exaucé.
J'ai apprécié que la mise en scène ne fasse pas de Max une héroïne parfaite. Elle est d'ailleurs parfois assez antipathique, même si (évidemment) son personnage va évoluer au contact d'un robot, T-0...
La première moitié de l'histoire est un peu dans le style Groland, centrée sur Max la rebelle, anticapitaliste et bordélique. Le scénariste lui a écrit quelques répliques bien senties, comme lorsqu'elle se trouve face à une policière, qui lui déclare : "Savez-vous pourquoi je suis ici ?". Max lui répond, crânement : "Parce que vous étiez nulle à l'école ?"
Concernant le monde des robots, j'avais peur que ce soit très kitsch, pas du tout réaliste. En fait, en dépit du manque de moyens, je trouve le résultat probant, notamment grâce aux bruitages. Les robots sont crédibles, dans leurs actions comme dans leur expression.
La seconde partie voit Max séparée de sa fille. Du coup, elle qui cherchait à se débarrasser du robot va le garder... et tenter de le rééduquer (à sa manière). Au contact de la machine, elle s'humanise, tandis que T-0 devient un peu moins à cheval sur les règles, acquérant lui aussi une part d'humanité.
Du coup, cette comédie loufoque, un brin grossière au départ, réussit à susciter de l'émotion, vers la fin... et tout ça en moins d'1h20.
15:06 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Un Monde merveilleux
Le titre de ce long-métrage (sans doute inspiré du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley) est évidemment une antiphrase. C'est dans un monde cauchemardesque qu'estime vivre Max (Blanche Gardin, en forme). C'est une ex-enseignante, qui a été remplacée par un robot. On constate d'ailleurs rapidement que, dans la vie quotidienne de cette France (légèrement) futuriste, les êtres mécaniques exercent de nombreuses fonctions : soigneur en EHPAD, policier, chauffeur... sans parler des tâches assignées à ceux qui ont été achetés par des ménages fortunés : faire la cuisine, aider les enfants dans leurs devoirs, sortir les poubelles, promener le chien... Certains des gags du film montrent soit les ratés de ces machines ultra-perfectionnées, soit au contraire leur performance, ramenant les humains à leurs propres manques...
Max est aigrie... et rebelle. Elle vivote entre deux plans foireux, auxquels elle associe sa fille. Celle-ci aimerait bien avoir un compagnon de jeu : pas un chien ou un chat, mais un robot. Je me garderai bien de révéler les circonstances dans lesquelles son vœu va être exaucé.
J'ai apprécié que la mise en scène ne fasse pas de Max une héroïne parfaite. Elle est d'ailleurs parfois assez antipathique, même si (évidemment) son personnage va évoluer au contact d'un robot, T-0...
La première moitié de l'histoire est un peu dans le style Groland, centrée sur Max la rebelle, anticapitaliste et bordélique. Le scénariste lui a écrit quelques répliques bien senties, comme lorsqu'elle se trouve face à une policière, qui lui déclare : "Savez-vous pourquoi je suis ici ?". Max lui répond, crânement : "Parce que vous étiez nulle à l'école ?"
Concernant le monde des robots, j'avais peur que ce soit très kitsch, pas du tout réaliste. En fait, en dépit du manque de moyens, je trouve le résultat probant, notamment grâce aux bruitages. Les robots sont crédibles, dans leurs actions comme dans leur expression.
La seconde partie voit Max séparée de sa fille. Du coup, elle qui cherchait à se débarrasser du robot va le garder... et tenter de le rééduquer (à sa manière). Au contact de la machine, elle s'humanise, tandis que T-0 devient un peu moins à cheval sur les règles, acquérant lui aussi une part d'humanité.
Du coup, cette comédie loufoque, un brin grossière au départ, réussit à susciter de l'émotion, vers la fin... et tout ça en moins d'1h20.
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mercredi, 07 mai 2025
Anges & Cie
Chaque être humain est accompagné au quotidien (et même "guidé"), sans le savoir, par un(e) ange-gardien. Sont donc présents en même temps, à l'écran, deux catégories de personnages (les humains et les anges) qui évoluent dans deux dimensions différentes. L'un des ressorts comiques de cette romance teintée de surnaturel est constitué des interventions des anges dans la vie de leur "protégé(e)". Les gardiens ne sont pas toujours bien inspirés... et c'est parfois réjouissant.
Pendant le premier quart d'heure, j'ai espéré me trouver face à une comédie transgressive, notamment en raison de la scène d'ascenseur, un petit moment de folie douce, à l'humour "épicé"...
Hélas, la suite est moins scabreuse, sans être toutefois déplaisante. Les anges-gardiens que nous voyons évoluer n’œuvrent pas tous dans le même sens et leur rivalité est cocasse à observer... tout comme ses conséquences sur la vie des pauvres Terriens qui ne comprennent pas trop ce qui leur arrive. J'ajoute que le fonctionnement de la "maison mère" des anges ressemble quelque peu à celui d'une grosse boîte faisant passer l'idéologie avant l'intérêt réel de ses "clients". Une autre source de gags réside dans la découverte, par certains anges, des petits (et grands) plaisirs de la vie humaine...
Dans les rôles principaux, Elodie Fontan, Romain Lancry, Shirine Boutella et Julien Pestel sont convaincants. On peut ajouter les savoureuses prestations, dans des seconds rôles, de Zabou Breitman et François Berléand, ce dernier incarnant un (vieux) Cupidon baba cool...
L'intrigue est parsemée de rebondissements, parfois très surprenants. Toutefois, à mesure que la conclusion de l'histoire se rapproche, le film se fait plus conventionnel, certaines des ultimes scénettes sacrifiant même à une forme de "politiquement correct".
Cela dure 1h30. J'ai passé un bon moment, sans plus.
P.S.
Le film sort la veille du pont du 8 mai, alors qu'un mouvement de grève est lancé, en France, dans les transports publics... ce à quoi fait écho la situation du début de l'intrigue, puisque deux personnages vont covoiturer faute de train en circulation !
22:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Anges & Cie
Chaque être humain est accompagné au quotidien (et même "guidé"), sans le savoir, par un(e) ange-gardien. Sont donc présents en même temps, à l'écran, deux catégories de personnages (les humains et les anges) qui évoluent dans deux dimensions différentes. L'un des ressorts comiques de cette romance teintée de surnaturel est constitué des interventions des anges dans la vie de leur "protégé(e)". Les gardiens ne sont pas toujours bien inspirés... et c'est parfois réjouissant.
Pendant le premier quart d'heure, j'ai espéré me trouver face à une comédie transgressive, notamment en raison de la scène d'ascenseur, un petit moment de folie douce, à l'humour "épicé"...
Hélas, la suite est moins scabreuse, sans être toutefois déplaisante. Les anges-gardiens que nous voyons évoluer n’œuvrent pas tous dans le même sens et leur rivalité est cocasse à observer... tout comme ses conséquences sur la vie des pauvres Terriens qui ne comprennent pas trop ce qui leur arrive. J'ajoute que le fonctionnement de la "maison mère" des anges ressemble quelque peu à celui d'une grosse boîte faisant passer l'idéologie avant l'intérêt réel de ses "clients". Une autre source de gags réside dans la découverte, par certains anges, des petits (et grands) plaisirs de la vie humaine...
Dans les rôles principaux, Elodie Fontan, Romain Lancry, Shirine Boutella et Julien Pestel sont convaincants. On peut ajouter les savoureuses prestations, dans des seconds rôles, de Zabou Breitman et François Berléand, ce dernier incarnant un (vieux) Cupidon baba cool...
L'intrigue est parsemée de rebondissements, parfois très surprenants. Toutefois, à mesure que la conclusion de l'histoire se rapproche, le film se fait plus conventionnel, certaines des ultimes scénettes sacrifiant même à une forme de "politiquement correct".
Cela dure 1h30. J'ai passé un bon moment, sans plus.
P.S.
Le film sort la veille du pont du 8 mai, alors qu'un mouvement de grève est lancé, en France, dans les transports publics... ce à quoi fait écho la situation du début de l'intrigue, puisque deux personnages vont covoiturer faute de train en circulation !
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Les Linceuls
Trois ans après Les Crimes du futur, David Cronenberg revient avec un nouveau polar sociétal mâtiné de science-fiction. Les linceuls en question sont des enveloppes bardées de technologie, des sortes de cocons numériques pour défunts friqués, dont les proches peuvent (grâce à une appli) suivre la progressive décomposition, sous terre, dans un cimetière spécialement créé pour ce type de cercueil.
L'inventeur de ce procédé, Karsh (Vincent Cassel, belle gueule cassée au physique irréprochable), y voit un moyen de se faire du blé... et de gérer son deuil, le décès de son épouse l'ayant laissé inconsolable. Ladite épouse, incarnée par Diane Kruger, est bien sûr divinement gaulée.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu, le cimetière expérimental étant victime de dégradations... et d'un vol de données. Karsh comprend assez vite qu'au moins deux complots sont à l’œuvre, la mise en scène de Cronenberg suggérant l'existence d'un troisième.
C'est du cinéma bien léché, aux dialogues ciselés, le luxe apaisant masquant de sourdes pulsions, prêtes à éclater. Cronnie aime toujours autant filmer les corps nus... et la modification de ceux-ci. (Âmes sensibles s'abstenir.) J'ajoute qu'entre deux scènes réalistes sont glissées quelques fantasmagories. En général, il n'est pas difficile de distinguer les deux... mais, parfois, on se demande si le réalisateur ne joue pas un peu avec vous.
Les investigations menées par le héros se doublent d'une quête de l'amour, avec, en invitées, la sœur jumelle de sa défunte épouse, une intelligence artificielle aussi serviable qu'intrusive et une charmante aveugle, potentielle cliente à la base, mais qui pourrait tout chambouler.
Je me suis laissé emporter par ce polar sophistiqué, très stylisé, un peu à l'image du récent The Insider. Je regrette cependant qu'une fois de plus, Cronenberg ne se soit pas trop foulé pour conclure son film, peut-être parce qu'il veut laisser à chaque spectateur la possibilité de se construire sa propre interprétation de l'histoire... ou peut-être parce qu'au montage, une ou deux scènes ont sauté, empêchant le plus tordu des complots d'apparaître dans toute sa splendeur.
14:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Les Linceuls
Trois ans après Les Crimes du futur, David Cronenberg revient avec un nouveau polar sociétal mâtiné de science-fiction. Les linceuls en question sont des enveloppes bardées de technologie, des sortes de cocons numériques pour défunts friqués, dont les proches peuvent (grâce à une appli) suivre la progressive décomposition, sous terre, dans un cimetière spécialement créé pour ce type de cercueil.
L'inventeur de ce procédé, Karsh (Vincent Cassel, belle gueule cassée au physique irréprochable), y voit un moyen de se faire du blé... et de gérer son deuil, le décès de son épouse l'ayant laissé inconsolable. Ladite épouse, incarnée par Diane Kruger, est bien sûr divinement gaulée.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu, le cimetière expérimental étant victime de dégradations... et d'un vol de données. Karsh comprend assez vite qu'au moins deux complots sont à l’œuvre, la mise en scène de Cronenberg suggérant l'existence d'un troisième.
C'est du cinéma bien léché, aux dialogues ciselés, le luxe apaisant masquant de sourdes pulsions, prêtes à éclater. Cronnie aime toujours autant filmer les corps nus... et la modification de ceux-ci. (Âmes sensibles s'abstenir.) J'ajoute qu'entre deux scènes réalistes sont glissées quelques fantasmagories. En général, il n'est pas difficile de distinguer les deux... mais, parfois, on se demande si le réalisateur ne joue pas un peu avec vous.
Les investigations menées par le héros se doublent d'une quête de l'amour, avec, en invitées, la sœur jumelle de sa défunte épouse, une intelligence artificielle aussi serviable qu'intrusive et une charmante aveugle, potentielle cliente à la base, mais qui pourrait tout chambouler.
Je me suis laissé emporter par ce polar sophistiqué, très stylisé, un peu à l'image du récent The Insider. Je regrette cependant qu'une fois de plus, Cronenberg ne se soit pas trop foulé pour conclure son film, peut-être parce qu'il veut laisser à chaque spectateur la possibilité de se construire sa propre interprétation de l'histoire... ou peut-être parce qu'au montage, une ou deux scènes ont sauté, empêchant le plus tordu des complots d'apparaître dans toute sa splendeur.
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dimanche, 04 mai 2025
Drop Game
Intitulé tout simplement Drop dans la version originale, ce petit thriller sociétal s'appuie sur une fonctionnalité des smartphones d'une célèbre marque : le partage de fichiers entre appareils se trouvant dans un certain rayon d'action (de dix à quinze mètres). Ce rayon est celui de la salle principale d'un restaurant très chic, situé au trente-huitième étage d'un gratte-ciel de Dublin Chicago.
L'héroïne, Violet, est une ravissante mère célibataire, habitant une maison de luxe et exerçant à domicile la fonction de thérapeute. Mais, prise entre son métier et son enfant, elle n'a plus de vie sociale... d'autant qu'elle est très méfiante vis-à-vis des hommes : c'est une ancienne femme battue. J'ai trouvé intéressant qu'un film de genre parfois très conventionnel s'appuie sur ce fait de société (le harcèlement et les violences dont sont victimes certaines femmes).
L'habillage visuel est soigné : le restaurant haut de gamme baigne dans une ambiance feutrée (et luxueuse, bien entendu), tandis qu'à l'écran, en différents endroits, les messages voire les images reçus par les téléphones s'affichent, parfois de manière biscornue. C'est bien foutu.
Le scénario ménage bien le suspens pendant un peu plus d'une heure. On comprend assez vite que deux personnes (au moins) ont mis au point le stratagème dont Violet est la victime : une a pénétré à son domicile (où se trouvent sa sœur et son fils), l'autre au restaurant... mais de qui s'agit-il ? Entre le charmant photographe avec lequel elle a rendez-vous, le serveur un peu bizarre, la barmaid un poil intrusive, les clients masculins qui l'abordent, le pianiste aussi alcoolique qu'entreprenant et l'hôtesse d'accueil, à l'air mystérieux, les suspects ne manquent pas.
J'ai été pris à la fois par le mystère (il n'est pas facile de deviner qui est le maître-chanteur infiltré) et par le suspens (va-t-elle s'en sortir ? son fils aussi ? qu'en est-il du photographe ?). Du coup, j'ai été indulgent pour les petites invraisemblances et les clichés dont l'intrigue est émaillée (avec, parfois, une grosse tendance au mélo). De surcroît, la dernière partie de l'histoire prend un tour mouvementé, délicieusement sanglant.
Dans la salle, j'étais le seul "vieux", au milieu d'une flopée d'adolescents et de jeunes adultes, qui ont été (à ma grande surprise) captivés. Je pense que cette histoire leur a "parlé", comme on dit.
01:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Drop Game
Intitulé tout simplement Drop dans la version originale, ce petit thriller sociétal s'appuie sur une fonctionnalité des smartphones d'une célèbre marque : le partage de fichiers entre appareils se trouvant dans un certain rayon d'action (de dix à quinze mètres). Ce rayon est celui de la salle principale d'un restaurant très chic, situé au trente-huitième étage d'un gratte-ciel de Dublin Chicago.
L'héroïne, Violet, est une ravissante mère célibataire, habitant une maison de luxe et exerçant à domicile la fonction de thérapeute. Mais, prise entre son métier et son enfant, elle n'a plus de vie sociale... d'autant qu'elle est très méfiante vis-à-vis des hommes : c'est une ancienne femme battue. J'ai trouvé intéressant qu'un film de genre parfois très conventionnel s'appuie sur ce fait de société (le harcèlement et les violences dont sont victimes certaines femmes).
L'habillage visuel est soigné : le restaurant haut de gamme baigne dans une ambiance feutrée (et luxueuse, bien entendu), tandis qu'à l'écran, en différents endroits, les messages voire les images reçus par les téléphones s'affichent, parfois de manière biscornue. C'est bien foutu.
Le scénario ménage bien le suspens pendant un peu plus d'une heure. On comprend assez vite que deux personnes (au moins) ont mis au point le stratagème dont Violet est la victime : une a pénétré à son domicile (où se trouvent sa sœur et son fils), l'autre au restaurant... mais de qui s'agit-il ? Entre le charmant photographe avec lequel elle a rendez-vous, le serveur un peu bizarre, la barmaid un poil intrusive, les clients masculins qui l'abordent, le pianiste aussi alcoolique qu'entreprenant et l'hôtesse d'accueil, à l'air mystérieux, les suspects ne manquent pas.
J'ai été pris à la fois par le mystère (il n'est pas facile de deviner qui est le maître-chanteur infiltré) et par le suspens (va-t-elle s'en sortir ? son fils aussi ? qu'en est-il du photographe ?). Du coup, j'ai été indulgent pour les petites invraisemblances et les clichés dont l'intrigue est émaillée (avec, parfois, une grosse tendance au mélo). De surcroît, la dernière partie de l'histoire prend un tour mouvementé, délicieusement sanglant.
Dans la salle, j'étais le seul "vieux", au milieu d'une flopée d'adolescents et de jeunes adultes, qui ont été (à ma grande surprise) captivés. Je pense que cette histoire leur a "parlé", comme on dit.
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samedi, 03 mai 2025
Des Jours meilleurs
C'est ce qu'espèrent connaître les femmes alcooliques envoyées dans un centre de désintoxication, où elles seront encadrées par des infirmières, une psychiatre addictologue (Myriem Akkhediou, très bien)... et un coach sportif, lui-même ancien alcoolo (Clovis Cornillac, une fois de plus épatant).
Pour incarner ces femmes en souffrance, on a mélangé les visages connus à de quasi-anonymes. Incontestablement, Valérie Bonneton sort du lot, à la fois pathétique et touchante. Michèle Laroque est très bien aussi, dans un rôle qui est toutefois moins de composition. Quant à Sabrina Ouazani, elle est toujours aussi formidable, incarnant un personnage à la fois explosif et plein de failles.
Les auteurs, (Elsa Bennett et Hippolyte Dard) sont plutôt des habitués du petit écran. Ils ont notamment réalisé plusieurs épisodes de séries comme L'Art du crime et Astrid et Raphaëlle. Pour le personnage de Suzanne, ils se sont inspirés d'un cas réel.
Le début présente des femmes à la dérive. La plupart du temps sans maquillage, les comédiennes acceptent d'incarner des personnages fracassés, aux visages déformés par l'alcool, la honte et la souffrance. La mise en scène les montre surtout comme des victimes, même si elle ne masque pas les dégâts que leur addiction a provoqués dans leur entourage. (C'est peut-être pour moi la seule limite de ce film : assez peu montrer les conséquences sur les proches et trop insister sur les difficultés rencontrées par les alcooliques.)
Habilement, le montage alterne les scènes dures avec d'autres, de pure comédie, ou d'autres encore, touchantes sans être tristes. J'ai trouvé originales les quasi-improvisations, face caméra, lors des entretiens avec la psy. J'ai aussi aimé que le scénario ne prenne pas la forme d'un conte de fées. Cette période de réhabilitation est parsemée d'échecs (des rechutes, voire des abandons).
Toutefois, l'élan créé par le projet monté par le coach sportif donne un sacré tonus à l'intrigue, qui culmine dans la seconde partie, se déroulant au Maroc. Là encore, le parcours du combattant des héroïnes va être semé d'embûches. Je trouve qu'il y a une belle intensité dans ces scènes de rallye, avec, en bonus, un petit moment de grâce, en plein désert, avec un groupe d'enfants.
Du coup, en dépit de quelques appréhensions, j'ai été emballé par cette histoire, à la fois terrible, drôle et porteuse d'espoir... et en plus la musique est chouette !
00:25 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Des Jours meilleurs
C'est ce qu'espèrent connaître les femmes alcooliques envoyées dans un centre de désintoxication, où elles seront encadrées par des infirmières, une psychiatre addictologue (Myriem Akkhediou, très bien)... et un coach sportif, lui-même ancien alcoolo (Clovis Cornillac, une fois de plus épatant).
Pour incarner ces femmes en souffrance, on a mélangé les visages connus à de quasi-anonymes. Incontestablement, Valérie Bonneton sort du lot, à la fois pathétique et touchante. Michèle Laroque est très bien aussi, dans un rôle qui est toutefois moins de composition. Quant à Sabrina Ouazani, elle est toujours aussi formidable, incarnant un personnage à la fois explosif et plein de failles.
Les auteurs, (Elsa Bennett et Hippolyte Dard) sont plutôt des habitués du petit écran. Ils ont notamment réalisé plusieurs épisodes de séries comme L'Art du crime et Astrid et Raphaëlle. Pour le personnage de Suzanne, ils se sont inspirés d'un cas réel.
Le début présente des femmes à la dérive. La plupart du temps sans maquillage, les comédiennes acceptent d'incarner des personnages fracassés, aux visages déformés par l'alcool, la honte et la souffrance. La mise en scène les montre surtout comme des victimes, même si elle ne masque pas les dégâts que leur addiction a provoqués dans leur entourage. (C'est peut-être pour moi la seule limite de ce film : assez peu montrer les conséquences sur les proches et trop insister sur les difficultés rencontrées par les alcooliques.)
Habilement, le montage alterne les scènes dures avec d'autres, de pure comédie, ou d'autres encore, touchantes sans être tristes. J'ai trouvé originales les quasi-improvisations, face caméra, lors des entretiens avec la psy. J'ai aussi aimé que le scénario ne prenne pas la forme d'un conte de fées. Cette période de réhabilitation est parsemée d'échecs (des rechutes, voire des abandons).
Toutefois, l'élan créé par le projet monté par le coach sportif donne un sacré tonus à l'intrigue, qui culmine dans la seconde partie, se déroulant au Maroc. Là encore, le parcours du combattant des héroïnes va être semé d'embûches. Je trouve qu'il y a une belle intensité dans ces scènes de rallye, avec, en bonus, un petit moment de grâce, en plein désert, avec un groupe d'enfants.
Du coup, en dépit de quelques appréhensions, j'ai été emballé par cette histoire, à la fois terrible, drôle et porteuse d'espoir... et en plus la musique est chouette !
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mercredi, 30 avril 2025
Until Dawn : la mort sans fin
Cinq étudiants effectuent un road trip mémoriel, en hommage à la sœur de l'une d'entre eux, disparue plusieurs mois auparavant. Perdus au fin fond d'une région boisée, ils tombent sur un vieil hôtel abandonné, où ils se réfugient, le temps d'un orage. Ils ignorent que cet hôtel est à peu près tout ce qui reste d'un village abandonné, enseveli depuis l'effondrement de galeries minières, vingt ans auparavant.
Ce petit film horrifique, aux effets spéciaux bien conçus, puise dans la tradition des films d'horreur : Massacre à la tronçonneuse, bien sûr, mais aussi toutes les productions faisant intervenir un objet maléfique (ici, un mystérieux sablier), avec, en bonus, le recours à une (fausse) boucle temporelle : tant qu'ils ne parviennent pas à échapper à la mort, durant la nuit d'horreur, les cinq étudiants sont condamnés à la revivre, mais jamais de manière totalement identique... et avec un état de santé qui se dégrade progressivement.
Il n'y a donc rien de bien nouveau là-dedans, si ce n'est l'association inédite de ces ingrédients. Du coup, on n'est pas étonné de retrouver certains clichés : les jeunes qui commencent par faire des "groupes de 1" (la première fois qu'ils découvrent l'hôtel... et son dangereux invité), l'égoïsme qui, au départ, l'emporte sur la nécessaire entraide, qui seule peut permettre d'échapper à la malédiction... J'ajoute que la caractérisation des personnages est rudimentaire. On comprend très vite qui des cinq est l'héroïne de l'histoire : celle qui a perdu sa sœur... et qui, de surcroît, est la mieux gaulée des trois jeunes femmes. Du côté des mecs, on oppose de manière caricaturale le semi-moche à lunettes (amoureux transi de l'héroïne) au bogosse musclé, adepte de la manière forte, un poil connard sur les bords... mais qui, bien entendu, va s'améliorer.
J'ai pris du plaisir à ce machin d'abord parce que c'est correctement écrit, joué et filmé. Les scènes d'intérieur sont vraiment bien maîtrisées... et il faut reconnaître aux scénaristes une certaine inventivité dans la manière de faire mourir les différents personnages. C'est parfois très sanglant, grotesque... voire franchement dégueu. Bien évidemment, les protagonistes font tous au moins une grosse connerie au cours de leurs nuits de cauchemar éveillé.
Qui va survivre à cette répétitive boucherie ? Suspens...
23:51 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Until Dawn : la mort sans fin
Cinq étudiants effectuent un road trip mémoriel, en hommage à la sœur de l'une d'entre eux, disparue plusieurs mois auparavant. Perdus au fin fond d'une région boisée, ils tombent sur un vieil hôtel abandonné, où ils se réfugient, le temps d'un orage. Ils ignorent que cet hôtel est à peu près tout ce qui reste d'un village abandonné, enseveli depuis l'effondrement de galeries minières, vingt ans auparavant.
Ce petit film horrifique, aux effets spéciaux bien conçus, puise dans la tradition des films d'horreur : Massacre à la tronçonneuse, bien sûr, mais aussi toutes les productions faisant intervenir un objet maléfique (ici, un mystérieux sablier), avec, en bonus, le recours à une (fausse) boucle temporelle : tant qu'ils ne parviennent pas à échapper à la mort, durant la nuit d'horreur, les cinq étudiants sont condamnés à la revivre, mais jamais de manière totalement identique... et avec un état de santé qui se dégrade progressivement.
Il n'y a donc rien de bien nouveau là-dedans, si ce n'est l'association inédite de ces ingrédients. Du coup, on n'est pas étonné de retrouver certains clichés : les jeunes qui commencent par faire des "groupes de 1" (la première fois qu'ils découvrent l'hôtel... et son dangereux invité), l'égoïsme qui, au départ, l'emporte sur la nécessaire entraide, qui seule peut permettre d'échapper à la malédiction... J'ajoute que la caractérisation des personnages est rudimentaire. On comprend très vite qui des cinq est l'héroïne de l'histoire : celle qui a perdu sa sœur... et qui, de surcroît, est la mieux gaulée des trois jeunes femmes. Du côté des mecs, on oppose de manière caricaturale le semi-moche à lunettes (amoureux transi de l'héroïne) au bogosse musclé, adepte de la manière forte, un poil connard sur les bords... mais qui, bien entendu, va s'améliorer.
J'ai pris du plaisir à ce machin d'abord parce que c'est correctement écrit, joué et filmé. Les scènes d'intérieur sont vraiment bien maîtrisées... et il faut reconnaître aux scénaristes une certaine inventivité dans la manière de faire mourir les différents personnages. C'est parfois très sanglant, grotesque... voire franchement dégueu. Bien évidemment, les protagonistes font tous au moins une grosse connerie au cours de leurs nuits de cauchemar éveillé.
Qui va survivre à cette répétitive boucherie ? Suspens...
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mardi, 29 avril 2025
Promesse
Ce documentaire familial est composé de trois types d'images : celles (récemment) tournées par le réalisateur, celles tournées par sa sœur jumelle quand elle était malade et celles issues de films familiaux ou de vidéos d'amis. Le montage de cet ensemble hétéroclite, accompagné du commentaire du frérot, est surprenant, à plus d'un titre.
C'est d'abord une histoire poignante, celle d'une adolescente, Laurène, frappée par la leucémie, qui finit par la vaincre... avant qu'une autre maladie ne touche ses poumons. La jeune femme, issue d'une famille aisée, solidaire (et sans doute croyante, même si le film se fait discret là-dessus), a tenté de mener une vie (presque normale), reprenant ses études, sortant faire la fête, essayant de goûter à tous les plaisirs de la vie (sans toutefois qu'un.e petit.e ami.e n'apparaisse officiellement à l'écran).
C'est aussi l'histoire du frère, jadis fusionnel avec sa jumelle, dont il s'était éloigné au début de son adolescence, avant que la maladie ne les rapproche. On sent qu'il s'en est voulu de ne pas avoir détecté la dégradation de l'état de santé de sa sœur, tout comme il culpabilise pour avoir, plus tard, pendant la période de rémission, pris le large pour vivre sa vie de jeune homme, loin des soucis familiaux.
C'est enfin l'histoire d'une tribu, au départ composée des deux parents et de leurs cinq enfants, auxquels se sont ajoutés, plus tard, des conjoints et des petits-enfants. En dépit de la perte immense, le message passé est celui que la vie doit prendre le dessus, à l'image de la manière dont Laurène a voulu vivre sa maladie.
C'est beau, mais, pour moi, entaché par le côté "télé réalité familiale" que prennent certaines séquences. J'ai été gêné par quelques scènes, durant lesquelles des personnes filmées manquaient de naturel, soit parce qu'elles étaient mal à l'aise (ce qui est compréhensible, vu le sujet), soit parce qu'elles m'ont semblé en faire trop ou manquer de sincérité. Ce n'est pas l'impression dominante que m'a laissée le film, mais cela m'a un peu gâché le plaisir.
16:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Promesse
Ce documentaire familial est composé de trois types d'images : celles (récemment) tournées par le réalisateur, celles tournées par sa sœur jumelle quand elle était malade et celles issues de films familiaux ou de vidéos d'amis. Le montage de cet ensemble hétéroclite, accompagné du commentaire du frérot, est surprenant, à plus d'un titre.
C'est d'abord une histoire poignante, celle d'une adolescente, Laurène, frappée par la leucémie, qui finit par la vaincre... avant qu'une autre maladie ne touche ses poumons. La jeune femme, issue d'une famille aisée, solidaire (et sans doute croyante, même si le film se fait discret là-dessus), a tenté de mener une vie (presque normale), reprenant ses études, sortant faire la fête, essayant de goûter à tous les plaisirs de la vie (sans toutefois qu'un.e petit.e ami.e n'apparaisse officiellement à l'écran).
C'est aussi l'histoire du frère, jadis fusionnel avec sa jumelle, dont il s'était éloigné au début de son adolescence, avant que la maladie ne les rapproche. On sent qu'il s'en est voulu de ne pas avoir détecté la dégradation de l'état de santé de sa sœur, tout comme il culpabilise pour avoir, plus tard, pendant la période de rémission, pris le large pour vivre sa vie de jeune homme, loin des soucis familiaux.
C'est enfin l'histoire d'une tribu, au départ composée des deux parents et de leurs cinq enfants, auxquels se sont ajoutés, plus tard, des conjoints et des petits-enfants. En dépit de la perte immense, le message passé est celui que la vie doit prendre le dessus, à l'image de la manière dont Laurène a voulu vivre sa maladie.
C'est beau, mais, pour moi, entaché par le côté "télé réalité familiale" que prennent certaines séquences. J'ai été gêné par quelques scènes, durant lesquelles des personnes filmées manquaient de naturel, soit parce qu'elles étaient mal à l'aise (ce qui est compréhensible, vu le sujet), soit parce qu'elles m'ont semblé en faire trop ou manquer de sincérité. Ce n'est pas l'impression dominante que m'a laissée le film, mais cela m'a un peu gâché le plaisir.
16:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 26 avril 2025
La Revanche des Sith
Cela fait presque vingt ans que ce film est sorti dans les salles françaises, époque à laquelle je l'ai vu pour la première fois. Les cinémas CGR se sont associés à l'anniversaire et ont proposé une ressortie limitée... très limitée même à Rodez, puisqu'une seule séance a été programmée, ce vendredi à 20 heures. (Dans d'autres cinémas CGR, des séances supplémentaires sont prévues, notamment ce week-end.)
Avant la projection, nous avons échappé aux tunnels de publicités et de bandes annonces traditionnels. (Ouf !) A la place, des animations étaient proposées, avec un peu de cosplay et une série de parties de jeu vidéo en ligne, en direct, projetées sur le très grand écran de la salle 1. (Le jeu, Battlefront II, datant lui aussi de vingt ans, permettait d'incarner soit un défenseur de la République, soit un partisan de l'Empire.)
J'allais oublier : juste avant le début du film, nous avons quand même eu droit à la promotion de la partie 2 du dernier Mission : impossible... et ça a l'air de dépoter grave ! (Vivement le 21 mai !)
Ensuite, enfin, dans une salle quasi archi comble (où, curieusement, dominait la tranche d'âge des 15-30 ans), la projection a pu commencer.
Je ne suis pas un grand fan de cette prélogie (l'action des trois épisodes, sortis après la trilogie originelle, se déroulant avant), en particulier du premier épisode, La Menace fantôme. Je les trouve plus faibles que les trois films d'origine... mais je dois dire qu'après avoir vu ce que Disney a fait de la franchise, j'ai un peu réévalué mon jugement, surtout pour ce troisième film, qui voit Anakin Skywalker devenir Dark Vador, dans une fin d'histoire aux accents shakespeariens.
Vingt ans plus tard, je trouve toujours aussi cucul-la-praline l'histoire d'amour entre Padmé et Anakin... mais elle est indispensable pour la suite. Je trouve aussi trop abrupt le basculement de Skywalker, peut-être en raison de l'interprétation maladroite d'Hayden Christensen, dont je ne cesse de penser qu'il était une erreur de casting. Quant au machiavélique chancelier, il est plutôt bien interprété par Ian McDiarmid, mais le comédien avait trop vieilli entre les deux trilogies, alors qu'il était censé incarner la version plus jeune de son personnage.
Outre la partie sur la planète Mustafar (lieu de l'épique duel final), j'ai aimé toutes les scènes où figure Yoda (peut-être mon personnage préféré de la saga), ainsi que la séquence (très enlevée) sur Utapau. Je dois aussi reconnaître que la séquence introductive a toujours autant de gueule.
Bref, ce fut une bonne soirée. A la fin, la salle s'est peu à peu vidée de ses spectateurs (certains exhalant une prégnante odeur de transpiration), laissant le sol jonché de débris de pop corn...
00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Revanche des Sith
Cela fait presque vingt ans que ce film est sorti dans les salles françaises, époque à laquelle je l'ai vu pour la première fois. Les cinémas CGR se sont associés à l'anniversaire et ont proposé une ressortie limitée... très limitée même à Rodez, puisqu'une seule séance a été programmée, ce vendredi à 20 heures. (Dans d'autres cinémas CGR, des séances supplémentaires sont prévues, notamment ce week-end.)
Avant la projection, nous avons échappé aux tunnels de publicités et de bandes annonces traditionnels. (Ouf !) A la place, des animations étaient proposées, avec un peu de cosplay et une série de parties de jeu vidéo en ligne, en direct, projetées sur le très grand écran de la salle 1. (Le jeu, Battlefront II, datant lui aussi de vingt ans, permettait d'incarner soit un défenseur de la République, soit un partisan de l'Empire.)
J'allais oublier : juste avant le début du film, nous avons quand même eu droit à la promotion de la partie 2 du dernier Mission : impossible... et ça a l'air de dépoter grave ! (Vivement le 21 mai !)
Ensuite, enfin, dans une salle quasi archi comble (où, curieusement, dominait la tranche d'âge des 15-30 ans), la projection a pu commencer.
Je ne suis pas un grand fan de cette prélogie (l'action des trois épisodes, sortis après la trilogie originelle, se déroulant avant), en particulier du premier épisode, La Menace fantôme. Je les trouve plus faibles que les trois films d'origine... mais je dois dire qu'après avoir vu ce que Disney a fait de la franchise, j'ai un peu réévalué mon jugement, surtout pour ce troisième film, qui voit Anakin Skywalker devenir Dark Vador, dans une fin d'histoire aux accents shakespeariens.
Vingt ans plus tard, je trouve toujours aussi cucul-la-praline l'histoire d'amour entre Padmé et Anakin... mais elle est indispensable pour la suite. Je trouve aussi trop abrupt le basculement de Skywalker, peut-être en raison de l'interprétation maladroite d'Hayden Christensen, dont je ne cesse de penser qu'il était une erreur de casting. Quant au machiavélique chancelier, il est plutôt bien interprété par Ian McDiarmid, mais le comédien avait trop vieilli entre les deux trilogies, alors qu'il était censé incarner la version plus jeune de son personnage.
Outre la partie sur la planète Mustafar (lieu de l'épique duel final), j'ai aimé toutes les scènes où figure Yoda (peut-être mon personnage préféré de la saga), ainsi que la séquence (très enlevée) sur Utapau. Je dois aussi reconnaître que la séquence introductive a toujours autant de gueule.
Bref, ce fut une bonne soirée. A la fin, la salle s'est peu à peu vidée de ses spectateurs (certains exhalant une prégnante odeur de transpiration), laissant le sol jonché de débris de pop corn...
00:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 24 avril 2025
Aimons-nous vivants
Ces dernières années, il est devenu à la mode d'associer de vieilles gloires de la comédie française (parfois avec une jeune vedette). Ainsi, en 2023, on a vu Thierry Lhermitte et Patrick Timsit (aussi présent ici) dans Sexygénaires. L'an dernier, c'est avec Michèle Laroque que Gérard Darmon a fait équipe, dans L'Heureuse Élue.
La différence ici est que Darmon, naguère époux velléitaire et papa cool, joue le vieux grincheux, artiste vieillissant et solitaire. Au cours d'un trajet en train (entre Paris et la Suisse), il rencontre une charmante admiratrice, Victoire (Valérie Lemercier, en pleine forme), qui se révèle aussi collante que déroutante... et même un peu cinglée. La découverte des différentes facettes de ce personnage farfelu fait le délice de la première demi-heure, alors que les scènes entre Antoine (Darmon) et son agent (Timsit) ne sont pas très bonnes.
On a un peu l'impression de se retrouver dans une nouvelle version du Boulet, avec une femme dans le rôle de l'acolyte pesante, voire gênante. C'est plutôt bien mis en scène par Jean-Pierre Améris, dont j'ai apprécié les précédents films (Marie-Line et son juge et Les Folies fermières).
Je ne vais pas trop en dire pour garder un peu de mystère concernant l'intrigue, mais sachez qu'Antoine se rend en Suisse avec un projet bien précis en tête et que la rencontre avec Victoire va l'obliger à le reporter... celle-ci espérant même l'y faire renoncer.
La deuxième partie de l'intrigue voit les deux héros se rapprocher. Antoine accepte de filer un coup de main à Victoire et lui -comme nous- se rend compte que, sous le masque d'une certaine frivolité, se trouve une femme qui souffre. Lemercier est aussi bonne dans ce registre-là que dans la comédie. A son contact, Antoine l'égoïste devient un peu moins con... C'est alors qu'un énorme quiproquo survient, qui relance le film pour une dernière demi-heure assez réussie.
Voilà. Cela ne va pas révolutionner le genre, mais on passe un bon moment.
22:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Aimons-nous vivants
Ces dernières années, il est devenu à la mode d'associer de vieilles gloires de la comédie française (parfois avec une jeune vedette). Ainsi, en 2023, on a vu Thierry Lhermitte et Patrick Timsit (aussi présent ici) dans Sexygénaires. L'an dernier, c'est avec Michèle Laroque que Gérard Darmon a fait équipe, dans L'Heureuse Élue.
La différence ici est que Darmon, naguère époux velléitaire et papa cool, joue le vieux grincheux, artiste vieillissant et solitaire. Au cours d'un trajet en train (entre Paris et la Suisse), il rencontre une charmante admiratrice, Victoire (Valérie Lemercier, en pleine forme), qui se révèle aussi collante que déroutante... et même un peu cinglée. La découverte des différentes facettes de ce personnage farfelu fait le délice de la première demi-heure, alors que les scènes entre Antoine (Darmon) et son agent (Timsit) ne sont pas très bonnes.
On a un peu l'impression de se retrouver dans une nouvelle version du Boulet, avec une femme dans le rôle de l'acolyte pesante, voire gênante. C'est plutôt bien mis en scène par Jean-Pierre Améris, dont j'ai apprécié les précédents films (Marie-Line et son juge et Les Folies fermières).
Je ne vais pas trop en dire pour garder un peu de mystère concernant l'intrigue, mais sachez qu'Antoine se rend en Suisse avec un projet bien précis en tête et que la rencontre avec Victoire va l'obliger à le reporter... celle-ci espérant même l'y faire renoncer.
La deuxième partie de l'intrigue voit les deux héros se rapprocher. Antoine accepte de filer un coup de main à Victoire et lui -comme nous- se rend compte que, sous le masque d'une certaine frivolité, se trouve une femme qui souffre. Lemercier est aussi bonne dans ce registre-là que dans la comédie. A son contact, Antoine l'égoïste devient un peu moins con... C'est alors qu'un énorme quiproquo survient, qui relance le film pour une dernière demi-heure assez réussie.
Voilà. Cela ne va pas révolutionner le genre, mais on passe un bon moment.
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mercredi, 23 avril 2025
Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)
Amah (la grand-mère) habite une vieille maison d'un quartier populaire d'une ville thaïlandaise (Bangkok ?). Elle a trois enfants, tous adultes, et vit seule depuis le décès de son époux, recevant de temps à autre la visite de sa progéniture, rarement accompagnée des petits-enfants.
L'autre héros de cette histoire est précisément l'un d'entre eux, M, un jeune homme qui s'incruste chez sa mère divorcée, prétendant vouloir gagner sa vie grâce au commerce en ligne... mais passant surtout son temps à jouer en réseau. Il est présenté comme foncièrement égoïste.
Tout change lorsqu'un cancer est diagnostiqué à la grand-mère (qui, dans un premier temps, n'est pas mise au courant). Comme elle est propriétaire de la maison, tous ses descendants se rapprochent d'elle dans l'espoir d'en hériter... y compris M, stupéfait de voir sa cousine récupérer la demeure du grand-père dont elle était devenue l'aide à domicile.
Sur ce fond limite nauséabond est construite une savoureuse comédie de mœurs, avec une grand-mère au caractère bien trempé, un fils aîné présenté comme étant sous la coupe de son épouse, un cadet menteur et flambeur et une benjamine méritante, occupant un emploi peu valorisé... avec en plus son fainéant de fils à charge. Celui-ci essaie tant bien que mal de s'imposer comme le soutien au quotidien d'Amah, qui voit clair dans son jeu.
C'est drôle et subtil à la fois, parce que le film prend le temps de développer chacun des personnages de la famille, tous ayant des qualités et des défauts. Au passage, il convient de préciser qu'il s'agit d'une famille métissée, la grand-mère, d'origine chinoise, ayant épousé un Thaï.
Pour des Français, il sera sidérant de constater qu'à plus de 70 ans, Amah continue de se lever à cinq heures du matin pour aller vendre son gruau à des travailleurs modestes, sur un trottoir où elle installe son étal. De plus, les soins hospitaliers ne semblent pas, pour la plupart, remboursés par l'équivalent d'une Sécurité sociale.
J'ai aussi été marqué par le fait que les mêmes problèmes familiaux se posent, en Thaïlande et en France. M et ses deux oncles pensent principalement à l'héritage, ce qui pourrit les relations à l'intérieur de la famille. Les enfants négligent leur mère, qui n'aime rien tant qu'un repas en famille, le dimanche, suivi d'une partie de cartes. Même ça, les enfants ont du mal à le lui offrir.
Pat Boonnitipat (dont c'est, je crois, le premier long-métrage) filme très bien les intérieurs : le bric-à-brac qui encombre le labyrinthe qu'est la vieille maison d'Amah, l'exiguïté du modeste appartement loué par sa fille et le luxe du logement haut-de-gamme où habite le fils aîné. On respire lors des scènes d'extérieur, au cimetière (où les pratiques sont très différentes de ce qu'on connaît en Occident) et au temple bouddhiste, utilisé de manière consumériste par la plupart des pèlerins, un peu à l'image de Lourdes chez nous.
Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, l'émotion prend le pas sur l'humour... et l'on a parfois les yeux qui piquent. La grand-mère (incarnée par une actrice non-professionnelle, formidable) réserve quelques surprises à sa progéniture, dont une post-mortem.
C'est peut-être le plus beau film de ce début d'année 2025.
13:00 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)
Amah (la grand-mère) habite une vieille maison d'un quartier populaire d'une ville thaïlandaise (Bangkok ?). Elle a trois enfants, tous adultes, et vit seule depuis le décès de son époux, recevant de temps à autre la visite de sa progéniture, rarement accompagnée des petits-enfants.
L'autre héros de cette histoire est précisément l'un d'entre eux, M, un jeune homme qui s'incruste chez sa mère divorcée, prétendant vouloir gagner sa vie grâce au commerce en ligne... mais passant surtout son temps à jouer en réseau. Il est présenté comme foncièrement égoïste.
Tout change lorsqu'un cancer est diagnostiqué à la grand-mère (qui, dans un premier temps, n'est pas mise au courant). Comme elle est propriétaire de la maison, tous ses descendants se rapprochent d'elle dans l'espoir d'en hériter... y compris M, stupéfait de voir sa cousine récupérer la demeure du grand-père dont elle était devenue l'aide à domicile.
Sur ce fond limite nauséabond est construite une savoureuse comédie de mœurs, avec une grand-mère au caractère bien trempé, un fils aîné présenté comme étant sous la coupe de son épouse, un cadet menteur et flambeur et une benjamine méritante, occupant un emploi peu valorisé... avec en plus son fainéant de fils à charge. Celui-ci essaie tant bien que mal de s'imposer comme le soutien au quotidien d'Amah, qui voit clair dans son jeu.
C'est drôle et subtil à la fois, parce que le film prend le temps de développer chacun des personnages de la famille, tous ayant des qualités et des défauts. Au passage, il convient de préciser qu'il s'agit d'une famille métissée, la grand-mère, d'origine chinoise, ayant épousé un Thaï.
Pour des Français, il sera sidérant de constater qu'à plus de 70 ans, Amah continue de se lever à cinq heures du matin pour aller vendre son gruau à des travailleurs modestes, sur un trottoir où elle installe son étal. De plus, les soins hospitaliers ne semblent pas, pour la plupart, remboursés par l'équivalent d'une Sécurité sociale.
J'ai aussi été marqué par le fait que les mêmes problèmes familiaux se posent, en Thaïlande et en France. M et ses deux oncles pensent principalement à l'héritage, ce qui pourrit les relations à l'intérieur de la famille. Les enfants négligent leur mère, qui n'aime rien tant qu'un repas en famille, le dimanche, suivi d'une partie de cartes. Même ça, les enfants ont du mal à le lui offrir.
Pat Boonnitipat (dont c'est, je crois, le premier long-métrage) filme très bien les intérieurs : le bric-à-brac qui encombre le labyrinthe qu'est la vieille maison d'Amah, l'exiguïté du modeste appartement loué par sa fille et le luxe du logement haut-de-gamme où habite le fils aîné. On respire lors des scènes d'extérieur, au cimetière (où les pratiques sont très différentes de ce qu'on connaît en Occident) et au temple bouddhiste, utilisé de manière consumériste par la plupart des pèlerins, un peu à l'image de Lourdes chez nous.
Au fur et à mesure que l'histoire se déroule, l'émotion prend le pas sur l'humour... et l'on a parfois les yeux qui piquent. La grand-mère (incarnée par une actrice non-professionnelle, formidable) réserve quelques surprises à sa progéniture, dont une post-mortem.
C'est peut-être le plus beau film de ce début d'année 2025.
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dimanche, 20 avril 2025
La Jeune Femme à l'aiguille
Au Danemark, en 1918, la Première Guerre mondiale est finissante... mais le pays y joue un rôle annexe : il est resté militairement neutre, tout en commerçant (plus ou moins ouvertement) avec des pays des deux camps. Certaines industries en ont profité, comme l'atelier de couture où travaille l'héroïne, Karoline (superbement incarnée par Victoria Carmen Sonne).
Celle-ci est dans une situation délicate : son mari a disparu (peut-être est-il marin) et elle ne peut plus payer son loyer. En désespoir de cause, elle demande de l'aide au directeur de l'usine, un patron du genre paternaliste, pas odieux avec ses employées... et qui n'est pas insensible au charme de cette ouvrière. Une liaison va démarrer, avec des conséquences insoupçonnées...
Je n'en dirai guère plus à propos de l'intrigue, riche en rebondissements, pour laisser le plaisir de la découverte. Je signale juste que l'histoire s'inspire d'un fait divers qui a défrayé la chronique, mais je ne préciserai pas à quel sujet, plusieurs aspects (sordides) de l'intrigue pouvant déboucher sur une action judiciaire.
En attendant d'éclaircir ce mystère, on peut profiter d'un superbe noir et blanc, qui correspond parfaitement à l'ambiance "à la Charles Dickens" du Copenhague de 1918. Les écarts de richesse y sont énormes et les classes populaires urbaines souffrent, les femmes encore plus que les hommes.
La seconde partie de l'histoire est centrée sur un étrange duo féminin, composé de l'héroïne et d'une commerçante plus âgée (interprétée par Trine Dyrholm, dans laquelle les cinéphiles reconnaîtront un des personnages de Festen, de Thomas Vinterberg). Ce duo est en fait un trio, puisqu'une jeune fille accompagne les deux adultes... les hommes jouant un rôle annexe.
La mise en scène est un mélange de styles. La vie quotidienne est peinte de manière réaliste. On ne nous épargne pas la crasse de certains logements... et de certains protagonistes, ni les difficultés d'un accouchement, ni les rares horreurs de la guerre qui parviennent jusqu'au Danemark. Ces aspects sordides sont presque sublimés par le noir et blanc. Le cinéaste semble être un formaliste, mais je pense aussi qu'il a utilisé cette esthétique pour poser la question de la monstruosité. Dans cette capitale européenne en apparence moderne, où la boue côtoie parfois le grand luxe, qu'est-ce qui est réellement horrible : l'apparence (sale) de certains habitants ou le comportement (odieux) d'autres, mieux habillés ?
Même si le film n'est pas sans défaut, je trouve qu'il pose de bonnes questions (certes de manière parfois allusive) et qu'il est d'une grande force visuelle.
P.S.
Attention, quelques divulgâchages sont en approche, notamment pour nuancer mon enthousiasme.
1) Je trouve irréaliste que le directeur de l'usine culbute son employée en plein centre-ville (certes dans une ruelle obscure)... et avec le consentement de celle-ci.
2) J'ai du mal à comprendre comment l'époux de l'héroïne peut revenir avec les blessures qui lui sont attribuées. Elles correspondent plutôt à celles d'un soldat d'un pays belligérant... mais elles permettent de poser d'intéressantes questions sur l'apparence physique... et leur mise en scène est, je pense, une référence à Elephant Man (et peut-être aussi à Au-revoir là-haut).
3) Une autre référence cinéphile est insérée dans la première partie, lorsque nous est montrée l'entrée de l'atelier de couture, à la fin d'une journée de travail. On pense inévitablement à la sortie des usines Lumière, qu'on peut actuellement revoir sous trois aspects dans le formidable documentaire de Thierry Frémaux.
La Jeune Femme à l'aiguille
Au Danemark, en 1918, la Première Guerre mondiale est finissante... mais le pays y joue un rôle annexe : il est resté militairement neutre, tout en commerçant (plus ou moins ouvertement) avec des pays des deux camps. Certaines industries en ont profité, comme l'atelier de couture où travaille l'héroïne, Karoline (superbement incarnée par Victoria Carmen Sonne).
Celle-ci est dans une situation délicate : son mari a disparu (peut-être est-il marin) et elle ne peut plus payer son loyer. En désespoir de cause, elle demande de l'aide au directeur de l'usine, un patron du genre paternaliste, pas odieux avec ses employées... et qui n'est pas insensible au charme de cette ouvrière. Une liaison va démarrer, avec des conséquences insoupçonnées...
Je n'en dirai guère plus à propos de l'intrigue, riche en rebondissements, pour laisser le plaisir de la découverte. Je signale juste que l'histoire s'inspire d'un fait divers qui a défrayé la chronique, mais je ne préciserai pas à quel sujet, plusieurs aspects (sordides) de l'intrigue pouvant déboucher sur une action judiciaire.
En attendant d'éclaircir ce mystère, on peut profiter d'un superbe noir et blanc, qui correspond parfaitement à l'ambiance "à la Charles Dickens" du Copenhague de 1918. Les écarts de richesse y sont énormes et les classes populaires urbaines souffrent, les femmes encore plus que les hommes.
La seconde partie de l'histoire est centrée sur un étrange duo féminin, composé de l'héroïne et d'une commerçante plus âgée (interprétée par Trine Dyrholm, dans laquelle les cinéphiles reconnaîtront un des personnages de Festen, de Thomas Vinterberg). Ce duo est en fait un trio, puisqu'une jeune fille accompagne les deux adultes... les hommes jouant un rôle annexe.
La mise en scène est un mélange de styles. La vie quotidienne est peinte de manière réaliste. On ne nous épargne pas la crasse de certains logements... et de certains protagonistes, ni les difficultés d'un accouchement, ni les rares horreurs de la guerre qui parviennent jusqu'au Danemark. Ces aspects sordides sont presque sublimés par le noir et blanc. Le cinéaste semble être un formaliste, mais je pense aussi qu'il a utilisé cette esthétique pour poser la question de la monstruosité. Dans cette capitale européenne en apparence moderne, où la boue côtoie parfois le grand luxe, qu'est-ce qui est réellement horrible : l'apparence (sale) de certains habitants ou le comportement (odieux) d'autres, mieux habillés ?
Même si le film n'est pas sans défaut, je trouve qu'il pose de bonnes questions (certes de manière parfois allusive) et qu'il est d'une grande force visuelle.
P.S.
Attention, quelques divulgâchages sont en approche, notamment pour nuancer mon enthousiasme.
1) Je trouve irréaliste que le directeur de l'usine culbute son employée en plein centre-ville (certes dans une ruelle obscure)... et avec le consentement de celle-ci.
2) J'ai du mal à comprendre comment l'époux de l'héroïne peut revenir avec les blessures qui lui sont attribuées. Elles correspondent plutôt à celles d'un soldat d'un pays belligérant... mais elles permettent de poser d'intéressantes questions sur l'apparence physique... et leur mise en scène est, je pense, une référence à Elephant Man (et peut-être aussi à Au-revoir là-haut).
3) Une autre référence cinéphile est insérée dans la première partie, lorsque nous est montrée l'entrée de l'atelier de couture, à la fin d'une journée de travail. On pense inévitablement à la sortie des usines Lumière, qu'on peut actuellement revoir sous trois aspects dans le formidable documentaire de Thierry Frémaux.
Lumière, l'aventure continue !
Huit ans après Lumière ! L'aventure commence, Thierry Frémaux remet le couvert, en cette année anniversaire (les 130 ans de l'invention du cinématographe). Il utilise la même méthode et les mêmes recettes que dans le précédent film (dont il réemploie une partie du matériau) et nous propose, en 1h45 (environ), plus d'une centaine de petits films d'époque, restaurés, sur une musique de Gabriel Fauré.
On redécouvre ainsi avec plaisir les trois versions de la fameuse sortie d'usine, commentées avec acuité. Frémaux a une fois encore su doser sa parole, intervenant quand c'est utile, ne surchargeant pas le docu de propos verbeux... et c'est toujours pertinent.
La suite est classée par thèmes. On nous rappelle que Louis Lumière a employé et formé une brochette d'opérateurs, qu'il a envoyés aux quatre coins du monde. Ils sont cités dans le générique de fin, mais je trouve qu'ils ne sont pas assez mis en avant, puisque, le plus souvent, leur travail de qualité est mis au compte du seul Louis Lumière : Gabriel Veyre, Alexandre Promio, François-Constant Girel, Félix Mesguich...
Grâce à eux, nous avons, aujourd'hui encore, des images datant de plus de cent ans du continent américain (États-Unis, Canada, Mexique...), des colonies françaises d'Afrique et d'Asie (l'Indochine en particulier)... mais aussi d'Europe, avec une place importante accordée à la France, surtout à Paris et à Lyon. D'autres villes de province sont présentes à l'écran, l'une d'entre elles étant particulièrement difficile à reconnaître :
(réponse en fin de billet)
De ma région je n'ai reconnu qu'un passage sur Carmaux, avec des femmes travaillant dans les mines, mais en surface. (On les voit charger du coke dans des brouettes.)
Les travaux et les jours constituent une thématique importante. Le monde paysan est à l'honneur, même si sa place dans le film est plus faible que celle qu'il occupait dans la société de l'époque.
Un autre passage intéressant concerne les militaires, français, mais aussi étrangers : on voit des Allemands (reconnaissables au casque à pointe) et des Mexicains, entre autres. Frémaux fait remarquer que les unités françaises qui nous sont montrées ne semblent pas très redoutables... mais c'est peut-être lié au fait que, devant la caméra, beaucoup de personnes filmées (quelle que soit la classe sociale) ont envie de "faire l'intéressant".
La famille des frères Lumière fait l'objet de nombreuses prises de vue. On les voit dans leur propriété, mais aussi en vacances, à la mer. Louis a aimé filmer les enfants, soit au naturel, soit en les dirigeant, tel un metteur en scène contemporain.
Cela nous mène à un autre propos de Thierry Frémaux : l'aspect précurseur des frères Lumière et de leurs équipes. Les plans de leurs petits films étaient construits avec soin : le cadre n'est jamais choisi au hasard et, souvent, les images fourmillent de détails, que Frémaux se plaît à souligner.
Le plus souvent, les preneurs d'images se font documentaristes. Mais ils ne s'interdisent pas quelques effets : panoramique, travelling et, de temps en temps, mise en abyme, un opérateur figurant dans le champ.
Quelques petites fictions nous sont aussi proposées, avec des trucages visuels. C'est plaisant, mais ce ne sont pas les films les plus aboutis des frères Lumière. Dans ce domaine, ils ont été vite dépassés par l'un de leurs admirateurs, présent à l'une de leurs premières projections, un certain Georges Méliès.
L'ensemble constitue un formidable panorama de l’œuvre des pionniers du cinéma. C'est passionnant à regarder et à écouter. Sur le plan historique, on pourra toutefois regretter que Frémaux n'évoque pas la sympathie éprouvée par les deux frères vieillissants pour le régime de Vichy. Il rétorquerait sans doute qu'il n'a pas vraiment fait œuvre de biographe, mais rendu hommage aux débuts foisonnants de ce qui n'était pas encore appelé le Septième Art.
P.S.
Pour la ville de province, la réponse est ici.
11:13 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Lumière, l'aventure continue !
Huit ans après Lumière ! L'aventure commence, Thierry Frémaux remet le couvert, en cette année anniversaire (les 130 ans de l'invention du cinématographe). Il utilise la même méthode et les mêmes recettes que dans le précédent film (dont il réemploie une partie du matériau) et nous propose, en 1h45 (environ), plus d'une centaine de petits films d'époque, restaurés, sur une musique de Gabriel Fauré.
On redécouvre ainsi avec plaisir les trois versions de la fameuse sortie d'usine, commentées avec acuité. Frémaux a une fois encore su doser sa parole, intervenant quand c'est utile, ne surchargeant pas le docu de propos verbeux... et c'est toujours pertinent.
La suite est classée par thèmes. On nous rappelle que Louis Lumière a employé et formé une brochette d'opérateurs, qu'il a envoyés aux quatre coins du monde. Ils sont cités dans le générique de fin, mais je trouve qu'ils ne sont pas assez mis en avant, puisque, le plus souvent, leur travail de qualité est mis au compte du seul Louis Lumière : Gabriel Veyre, Alexandre Promio, François-Constant Girel, Félix Mesguich...
Grâce à eux, nous avons, aujourd'hui encore, des images datant de plus de cent ans du continent américain (États-Unis, Canada, Mexique...), des colonies françaises d'Afrique et d'Asie (l'Indochine en particulier)... mais aussi d'Europe, avec une place importante accordée à la France, surtout à Paris et à Lyon. D'autres villes de province sont présentes à l'écran, l'une d'entre elles étant particulièrement difficile à reconnaître :
(réponse en fin de billet)
De ma région je n'ai reconnu qu'un passage sur Carmaux, avec des femmes travaillant dans les mines, mais en surface. (On les voit charger du coke dans des brouettes.)
Les travaux et les jours constituent une thématique importante. Le monde paysan est à l'honneur, même si sa place dans le film est plus faible que celle qu'il occupait dans la société de l'époque.
Un autre passage intéressant concerne les militaires, français, mais aussi étrangers : on voit des Allemands (reconnaissables au casque à pointe) et des Mexicains, entre autres. Frémaux fait remarquer que les unités françaises qui nous sont montrées ne semblent pas très redoutables... mais c'est peut-être lié au fait que, devant la caméra, beaucoup de personnes filmées (quelle que soit la classe sociale) ont envie de "faire l'intéressant".
La famille des frères Lumière fait l'objet de nombreuses prises de vue. On les voit dans leur propriété, mais aussi en vacances, à la mer. Louis a aimé filmer les enfants, soit au naturel, soit en les dirigeant, tel un metteur en scène contemporain.
Cela nous mène à un autre propos de Thierry Frémaux : l'aspect précurseur des frères Lumière et de leurs équipes. Les plans de leurs petits films étaient construits avec soin : le cadre n'est jamais choisi au hasard et, souvent, les images fourmillent de détails, que Frémaux se plaît à souligner.
Le plus souvent, les preneurs d'images se font documentaristes. Mais ils ne s'interdisent pas quelques effets : panoramique, travelling et, de temps en temps, mise en abyme, un opérateur figurant dans le champ.
Quelques petites fictions nous sont aussi proposées, avec des trucages visuels. C'est plaisant, mais ce ne sont pas les films les plus aboutis des frères Lumière. Dans ce domaine, ils ont été vite dépassés par l'un de leurs admirateurs, présent à l'une de leurs premières projections, un certain Georges Méliès.
L'ensemble constitue un formidable panorama de l’œuvre des pionniers du cinéma. C'est passionnant à regarder et à écouter. Sur le plan historique, on pourra toutefois regretter que Frémaux n'évoque pas la sympathie éprouvée par les deux frères vieillissants pour le régime de Vichy. Il rétorquerait sans doute qu'il n'a pas vraiment fait œuvre de biographe, mais rendu hommage aux débuts foisonnants de ce qui n'était pas encore appelé le Septième Art.
P.S.
Pour la ville de province, la réponse est ici.
11:13 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
samedi, 19 avril 2025
La Réparation
Plus de dix ans après Le Temps des aveux, Régis Wargnier nous propose son nouveau film, toujours sous le sceau de l'Asie orientale (ici Taïwan, la Chine non communiste).
C'est une histoire de filiation, d'amour(s) et de transmission, entre la France et Taïwan. La première partie se déroule en Bretagne, où se trouve un restaurant (doublement) étoilé... et dont le chef cuistot, "Janko" (interprété par Clovis Cornillac), espère décrocher une distinction supplémentaire... et passer le flambeau à sa fille unique, qui a une liaison (secrète) avec son premier commis.
Cette partie nous propose du déjà-vu (au cinéma et à la télévision), mais plutôt bien joué et correctement mis en scène. (Je trouve que Wargnier filme bien la forêt, ainsi que la cuisine en action.) Cornillac (rôdé par la série Chefs) est au poil dans le rôle, à la fois cuisinier passionné, chef de brigade exigeant voire autoritaire... et papounet très protecteur, un brin directif. J'ai aussi bien aimé les scènes de retour en arrière, montrant Janko avec sa fille, alors enfant. Je suis moins convaincu par celle qui la joue à l'âge adulte, Brigitte Bardot Julia de Nunez, et par ses collègues masculins, Antoine Pelletier et Julien de Saint-Jean (qu'on a vu meilleur dans Le Comte de Monte-Cristo).
On attend le (premier) coup de théâtre et ses conséquences. Cela introduit un intéressant suspens, concernant deux personnes. Pour l'une des deux, le doute subsiste quasiment jusqu'à la fin...
Une ellipse nous projette quelques années plus tard, à Taïwan, où le film prend une nouvelle inspiration. On sent Wargnier fasciné à la fois par l'ultra-modernité urbaine et les espaces naturels de l'île. Je trouve que le restaurant de Taipei est encore mieux filmé que son homologue de Bretagne. Le nouveau protagoniste (un jeune chef taïwanais prometteur), est bien interprété, par J.C. Lin.
Dans cette séquence, on retrouve avec plaisir Louis-Do de Lencquesaing, en critique gastronomique pontifiant (pléonasme ?). Mais la sauce ne prend pas. Je pense que les acteurs chevronnés s'en sortent mieux parce qu'ils ont compris ce que Wargnier attendait d'eux, sans avoir besoin d'être cornaqués... ou alors c'est tout simplement parce qu'ils sont meilleurs que les jeunes (Français). Quoi qu'il en soit, pour moi, le plat qui nous est proposé, au final, manque un peu de saveur.
10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Réparation
Plus de dix ans après Le Temps des aveux, Régis Wargnier nous propose son nouveau film, toujours sous le sceau de l'Asie orientale (ici Taïwan, la Chine non communiste).
C'est une histoire de filiation, d'amour(s) et de transmission, entre la France et Taïwan. La première partie se déroule en Bretagne, où se trouve un restaurant (doublement) étoilé... et dont le chef cuistot, "Janko" (interprété par Clovis Cornillac), espère décrocher une distinction supplémentaire... et passer le flambeau à sa fille unique, qui a une liaison (secrète) avec son premier commis.
Cette partie nous propose du déjà-vu (au cinéma et à la télévision), mais plutôt bien joué et correctement mis en scène. (Je trouve que Wargnier filme bien la forêt, ainsi que la cuisine en action.) Cornillac (rôdé par la série Chefs) est au poil dans le rôle, à la fois cuisinier passionné, chef de brigade exigeant voire autoritaire... et papounet très protecteur, un brin directif. J'ai aussi bien aimé les scènes de retour en arrière, montrant Janko avec sa fille, alors enfant. Je suis moins convaincu par celle qui la joue à l'âge adulte, Brigitte Bardot Julia de Nunez, et par ses collègues masculins, Antoine Pelletier et Julien de Saint-Jean (qu'on a vu meilleur dans Le Comte de Monte-Cristo).
On attend le (premier) coup de théâtre et ses conséquences. Cela introduit un intéressant suspens, concernant deux personnes. Pour l'une des deux, le doute subsiste quasiment jusqu'à la fin...
Une ellipse nous projette quelques années plus tard, à Taïwan, où le film prend une nouvelle inspiration. On sent Wargnier fasciné à la fois par l'ultra-modernité urbaine et les espaces naturels de l'île. Je trouve que le restaurant de Taipei est encore mieux filmé que son homologue de Bretagne. Le nouveau protagoniste (un jeune chef taïwanais prometteur), est bien interprété, par J.C. Lin.
Dans cette séquence, on retrouve avec plaisir Louis-Do de Lencquesaing, en critique gastronomique pontifiant (pléonasme ?). Mais la sauce ne prend pas. Je pense que les acteurs chevronnés s'en sortent mieux parce qu'ils ont compris ce que Wargnier attendait d'eux, sans avoir besoin d'être cornaqués... ou alors c'est tout simplement parce qu'ils sont meilleurs que les jeunes (Français). Quoi qu'il en soit, pour moi, le plat qui nous est proposé, au final, manque un peu de saveur.
10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films