Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 20 novembre 2024

Le Choix

   C'est l'histoire d'un homme, un soir, pendant (environ) une heure, dans une voiture, dotée d'un téléphone, avec une destination précise (qu'on ne connaît pas au départ). Ce dispositif simple (simpliste diront certains) réunit (presque), de manière moderne, unité de temps, de lieu et d'action. Mais ce n'est pas une tragédie classique...

   ... et c'est la transposition en France, dans l'agglomération parisienne, de l'intrigue d'un film britannique, Locke (sorti en 2014), se déroulant principalement dans le Grand Londres. Parfois, la version française est un copié-collé, parfois un décalque intelligent : une entreprise allemande remplace une américaine, et Berlin, Chicago ; une Renault remplace une BMW, des ouvriers roumains des Hongrois...

   A quelques (rares) reprises, la version hexagonale s'écarte légèrement du modèle anglais. Ainsi, on nous a épargné le rhume qui frappe le héros de la version britannique. Surtout, dans la VF, l'écart d'âge qui sépare deux des protagonistes n'est pas du tout le même, pour la simple raison que, dans le film d'origine, le conducteur est incarné par Tom Hardy (à une époque où celui-ci faisait d'autres choix artistiques... et gagnait beaucoup moins d'argent), alors que l'adaptation française est portée par l'interprétation de Vincent Lindon (Joseph Cross).

   Si l'on met de côté quelques silhouettes entraperçues au tout début, c'est le seul acteur que l'on voit à l'écran. Il interagit avec les autres protagonistes uniquement par la voix. D'ailleurs, ce fut un plaisir d'entendre celles d'Emmanuelle Devos (l'épouse du héros) et de Grégory Gadebois (le supérieur hiérarchique de Joseph). En revanche, je trouve que Pascale Arbillot en fait trop dans le rôle de Béatrice.

   Au final, l'exercice de style tient la route, dans un bel emballage (les vues nocturnes d'une autoroute puis de la périphérie de Paris). Mais cela ne va pas plus loin.

23:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 17 novembre 2024

Venom - The Last Dance

   Ce troisième volet vient clore une série commencée en 2018. La scénariste des premiers épisodes se trouve désormais aux manettes. Comme le film repose essentiellement sur des effets spéciaux et des scènes de dialogue parfois comiques, visuellement, on ne voit pas la différence avec les précédents.

   La première partie est engageante. On retrouve l'étrange couple formé par Eddie et son symbiote à grosse voix. C'est toujours aussi cocasse. En parallèle, ce début introduit de nouveaux méchants, qui ont l'air extrêmement redoutables. On en apprend plus sur l'origine du symbiote.

   La meilleure trouvaille scénaristique est de situer une partie de l'action dans la célèbre Zone 51. C'est vers elle que se dirige une famille de beatniks complotistes (dont le père est incarné par Rhys Ifans), que va rencontrer notre double héros.

   Après, cela se gâte. On a visiblement voulu introduire plus d'émotion dans ce prétendu dernier épisode. (C'est donc moins violent que dans le deuxième volet.) Pour moi, cela fonctionne à moitié. Il y a aussi trop de clichés dans la représentation des scientifiques et des militaires, avec une opposition très schématique entre celle qui veut à tout prix préserver la vie extraterrestre et celui qui n'hésite pas à (faire) tuer quand il estime que la menace est trop importante. (Juno Temple et Chiwetel Ejiofor ont du mal à faire vivre leurs personnages.)

   Cela nous amène à cette menace, d'origine extraterrestre. Au départ, elle constitue une nouvelle source de péripéties. Mais, très vite, on nous fait comprendre qu'elle est quasi invulnérable. (Je vous rassure : les héros vont finir par en venir à bout.) On comprend bien avant les dernières scènes comment tout cela va se terminer.

   Je suis sorti de là assez mitigé.

11:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 10 novembre 2024

Transformers : le commencement

   Ce film d'animation est une préquelle de la série de films sortie jadis et naguère (le dernier en 2023) sous la houlette de Michael Bay, qui demeure présent en tant que producteur. Le mélange d'acteurs réels et d'effets spéciaux numériques a donc laissé la place à un visuel entièrement composé d'images de synthèse, en général très réussies d'un point de vue formel. (Le réalisateur, Josh Cooley, est l'auteur de l'excellent Toy Story IV.)

   L'objectif de cet épisode est de montrer comment quatre des protagonistes de la série ont acquis leurs pouvoirs et d'où ils sont partis. Deux d'entre eux sont à l'origine de super-potes. (C'est très surprenant quand on connaît la suite !) On a donc droit d'abord à une sorte de buddy movie, avec un duo a priori mal assorti : Orion Pax est un jeune foufou, un casse-cou ne rêvant que de gloire, tandis que D-16 est un robot studieux, respectueux des règles, plutôt introverti. J'ai trouvé malicieuse cette caractérisation, parce qu'elle implique que rien n'est écrit d'avance. Celles et ceux qui connaissent la série savent qu'Orion est destiné à devenir un leader charismatique, pondéré, tandis que D-16 va bigrement bifurquer...

   Il y a aussi un arrière-plan social à cette histoire, puisque les héros sont issus de la classe inférieure des robots, celle qui n'est pas dotée d'un cog, une source d'énergie qui confère aux machines "supérieures" le pouvoir de se transformer... et une plus grande force. Les robots bas-de-gamme eux sont voués aux tâches ingrates : dans la mine ou au traitement des déchets. Nous voici donc face à une histoire très américaine, avec un p'tit gars de la base qui va faire son trou dans le monde des puissants.

   Cette première partie est assez drôle, en raison des aventures rocambolesques que connaît le duo. On n'est pas loin de Rush Hour ou de L'Arme fatale... même si le déroulé de l'intrigue rappelle plutôt La Guerre des étoiles (en particulier les épisodes I et IV : La Menace fantôme et Un Nouvel espoir) : le futur élu est un outsider, qui va s'illustrer dans une course dans laquelle en théorie il n'a aucune chance et son monde bascule en raison d'une haute trahison, que personne n'a vu venir ; le tout est placé dans le cadre d'une histoire quasi mythologique, avec de prestigieux anciens, aux pouvoirs fabuleux. Cela rappelle évidemment l'univers des Jedi.

   Le duo devient assez rapidement un quatuor, avec l'ajout d'un jeune crétin (l'usine à blagues du groupe, celles-ci pas toujours du meilleur goût) et d'un personnage féminin badass, Elita (doublée par Scarlett Johansson dans la VO, Audrey Fleurot dans la VF). Comme le chanterait Michel, elle a « réussi l'amalgame de l'autorité et du charme ». J'ai particulièrement aimé la scène où l'on voit cette pugnace combattante mater une bande de gros durs, façon maîtresse d'école. (Cela m'a rappelé un passage du récent A toute allure, avec Eye Haïdera "officiant" dans la seconde classe d'un avion long-courrier.)

   Une fois le complot démasqué, les héros vont tenter de retourner la situation, qui semble pourtant désespérée. Comme c'est une préquelle, et que les quatre zigotos sont visibles dans les épisodes suivants, on se doute que la fin n'est pas tragique. La dernière partie est donc très prévisible et, selon moi, moins réussie sur le plan visuel : j'ai parfois eu l'impression de me retrouver devant un jeu vidéo.

   Mais, comme c'est globalement bien foutu, avec une belle morale, je suis sorti de là très satisfait... en ayant attendu jusqu'au bout, l'ultime scène post-générique, qui voit naître les Decepticons.

   PS

   Actualité oblige, on pourrait aussi faire une lecture politique de l'intrigue et de l'utilisation des couleurs. Certes, traditionnellement, les gentils Autobots ont les yeux bleus, tandis que les méchants Decepticons ont les yeux rouges. Mais, comme le film est sorti en pleine année électorale, il m'a semblé que certains éléments n'avaient peut-être pas été choisis au hasard...

 

ATTENTION :

 

DIVULGÂCHAGES

 

!!!

 

   En effet, au départ, Sentinelle, figure tutélaire des machines, est présenté comme un personnage positif, charismatique et bienveillant. C'est un progressiste, qui joue le rôle d'un guide : il définit ce qui est bien pour la communauté. On l'identifie à la couleur bleue.

cinéma,cinema,film,films

   Hélas, les héros finissent par découvrir que c'est un traître. Celui qui joue un rôle majeur dans cette découverte (et sa révélation ultérieure aux autres robots) est Orion Pax, un gars du peuple, pas très cultivé et du genre franc-tireur. Il est identifié à la couleur rouge.

cinéma,cinema,film,films

   Vous voyez où je veux en venir ? Peut-être que je surinterprète, mais je pense que des spectateurs états-uniens (en particulier républicains) de ce film pourraient y lire une métaphore de la (supposée) trahison des élites démocrates (les Bleus), accusées d'avoir abandonné le peuple, qui du coup a tendance à se tourner vers les Rouges, à savoir les républicains. Josh Cooley et ses co-scénaristes ont-ils voté Trump ?... à moins que ce ne soit plutôt Michael Bay, très anti-Biden. En tout cas, à la fin du film, le nouveau guide des Autobots, Optimus Prime, concilie les deux couleurs.

cinéma,cinema,film,films

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

A toute allure

   Cette comédie romantique a notamment pour cadre un sous-marin tactique (nucléaire) de la marine française, dans lequel Marco, un chef de cabine (steward) impulsif s'est infiltré pour... retrouver l'élue de son cœur, Marianne, une lieutenante caractérielle et farouchement célibataire.

   Au départ, rien ne destinait les deux tourtereaux à se revoir. Lui (Pio Marmaï, délicieusement farfelu) est un coureur de jupons, fêtard, entre deux ruptures avec son hôtesse de l'air préférée. Elle (Eye Haïdera, vue récemment dans Barbès, little Algérie, percutante) n'est pas du genre à s'amouracher et se complait dans l'accumulation des "coups d'un soir", lors des escales du sous-marin.

   Le scénario renverse un peu les rôles traditionnels. En effet, même si c'est l'homme qui part à la poursuite de la femme, au départ, c'est lui le romantique qui doit convaincre celle qui se refuse à l'amour.

   ... et c'est d'autant plus difficile qu'il faut échapper à la vigilance du commandant du sous-marin, un psycho-rigide traditionaliste interprété avec charisme par José Garcia. Dans un premier temps, Marco se fait passer pour un cuistot de secours... et il s'évertue à se rendre sympathique à tout l'équipage (de manière assez savoureuse, ma foi). Évidemment, tout cela manque de réalisme... et c'est assumé.

   Bien que pris par l'ambiance du film, je me demandais comment le cinéaste allait pouvoir tenir 1h25 en milieu confiné. Le scénario bascule dans la seconde partie, puisque l'intrigue sort un peu du sous-marin, avec une kyrielle de scènes roboratives. La troisième partie nous propose un nouveau basculement : la sous-marinière va, en quelque sorte, rendre la monnaie de sa pièce au steward.

   C'est une petite comédie, sans prétention, qui m'a fait passer un très bon moment.

   P.S.

   En fond sonore, on entend la reprise d'un "tube" des années 1980, interprété (à l'époque) par Richard Cocciante.

08:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 09 novembre 2024

Croquette, le chat merveilleux

   C'est une animation britannique (regardez où se trouve le volant, dans les véhicules), destinée davantage aux enfants qu'aux parents. Le héros est, au départ, un chaton abandonné, qui est recueilli par Rose, une jeune chercheuse spécialisée dans les abeilles. Malheureusement pour Croquette, qui pense avoir trouvé le foyer idéal, il épuise très vite les dernières de ses neuf vies.

   Coup de bol pour lui : au paradis des chats, on lui donne une seconde chance. Il va donc retourner sur Terre, pour neuf vies supplémentaires... mais pas sous la même forme. Il sera successivement :

un blaireau

un rat

un cafard

un perroquet

un chien

un poisson

un cheval

une abeille

   Si vous avez bien compté, cela fait huit réincarnations. Je laisse aux spectateurs le plaisir de découvrir la neuvième.

   C'est souvent drôle, soit au détriment de Croquette (auquel il arrive de cocasses aventures), soit au détriment de l'un des humains qu'il croise : le directeur de recherches de Rose ou le compagnon de celle-ci, un djeunse prénommé Larry, très satisfait de lui mais pas très porté sur l'hygiène corporelle. (J'ai trouvé ce personnage particulièrement agaçant, même s'il s'améliore au cours de l'histoire.)

   Ces réincarnations sont aussi pour Croquette l'occasion de changer sur le plan moral. Le matou gâté pourri par sa maîtresse, très égoïste, doit faire preuve d'altruisme. Le message à destination de la jeunesse est donc positif, puisqu'on peut légitimement penser que c'est au chat que les enfants vont s'identifier.

   Sur le fond, le propos est teinté d'écologie. La chercheuse veut lutter contre l'effondrement des colonies d'insectes, alors qu'un autre protagoniste souhaite son échec pour promouvoir sa solution biotechnologique... bien plus rémunératrice.

   Toutefois, au niveau de la caractérisation des personnages, deux éléments m'ont gêné. Le premier concerne Larry. Je pense qu'il correspond à l'image du jeune homme moderne "cool" dans la tête des animateurs (sans doute majoritairement de sexe masculin). On présume que la jolie, gentille et travailleuse chercheuse doit s'accommoder des défauts de Larry pour en faire son compagnon. Même si celui-ci évolue dans le bon sens (et accepte son chat), c'est surtout la jeune femme qui s'adapte à lui.

   L'autre élément gênant concerne le méchant de l'histoire, qui avance masqué... mais que les adultes n'auront aucune peine à repérer. On finit par découvrir qu'il fut un élève victime de moqueries, voire de harcèlement. Il a jadis été mis à l'écart et veut prendre une revanche sur la vie. Je ne suis pas certain que ce portrait psychologique corresponde au profil des prédateurs de la planète.

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 08 novembre 2024

Astrid et Raphaëlle, saison 5

   Une semaine après un médiocre épisode inédit (un croisement avec Alexandra Ehle, une série de moindre qualité), Astrid et Raphaëlle sont pleinement de retour sur France 2, pour la cinquième saison de leurs aventures. Ce vendredi soir, on nous a proposé un épisode double, la première partie étant intitulée "On ne meurt qu'une seule fois".

   J'ai apprécié de retrouver Sara Mortensen en documentaliste autiste, que les scénaristes ont l'habileté de ne pas faire évoluer à vitesse grand V (contrairement à ceux de la série américaine Good Doctor, qui m'a vite lassé). J'ai été moins convaincu par les péripéties de la grossesse de son acolyte qui, de surcroît, a tendance à se comporter comme une adolescente, alors qu'elle a plus de quarante ans.

   L'intrigue de cet épisode double est fouillée, avec un mystérieux tueur de la Mafia et l'intervention des services secrets, aussi bien français qu'états-uniens. Les références à d'anciens films (notamment les James Bond) ou d'anciennes séries (je pense au Bureau des légendes) sont nombreuses, avec un angle parodique. C'est ce qui m'a gêné. L'intrigue perd en vraisemblance, les interventions des espions étant souvent ridicules. De surcroît, je trouve qu'ils sont mal joués, y compris du côté français, avec un Aurélien Wiik très décevant. (Il était bien meilleur dans Meurtres en Berry.)

   Je rassure les fans de la série : les épisodes suivants (que j'ai tous vus) sont bien meilleurs. Ainsi, vendredi prochain sera diffusé "Mandala", dont l'intrigue a pour cadre un monastère bouddhiste. J'y ai retrouvé les qualités de la série : une enquête sur fond de mystère, la mise en scène du travail de déduction d'Astrid, de l'humour bienvenu... et, fait notable, une plus grande participation du personnage du commissaire, interprété par Jean-Louis Garçon.

   L'épisode 4, intitulé "Le Dernier des Aztèques", est passionnant. Il tourne autour de l'archéologie, de l'Amérique centrale... et du mythe de l'Eldorado. Au cours de l'enquête, Astrid est amenée à consulter le Codex Borbonicus, un somptueux manuscrit peint datant du début du XVIe siècle. (Je regrette toutefois que les dialoguistes n'aient pas fait préciser par la documentaliste qu'il vaudrait mieux appeler Mexicas ce peuple de la Méso-Amérique.)

   Changement total d'ambiance dans l'épisode 5 ("Le Baptême des morts"), qui nous transporte chez les Mormons. L'enquête policière est assez classique, avec notamment des secrets qui remontent du passé. J'ai apprécié qu'au passage les auteurs égratignent l'extrémisme religieux, qui n'est pas exclusivement mormon : certains comportements observés durant l'épisode existent dans d'autres communautés religieuses... En fils rouges de la saison, on a les relations de Raphaëlle avec sa mère (la policière étant montrée sous un jour plus mature), le possible mariage d'Astrid... et le retour d'un passé enfoui.

   "Loup y es-tu ?" est une fausse relecture des histoires de loup-garou. Dans cet épisode, le surnaturel se teinte fortement de social, avec l'évocation du sort de migrants et la défense des droits des femmes. Contrairement à ce qu'on peut constater dans nombre de fictions contemporaines (notamment françaises), je trouve que ces sujets sensibles sont amenés et traités avec une relative subtilité.

   L'intrigue de l'épisode 7 ("On achève bien les jockeys") évolue dans le monde hippique... et nous replonge dans le passé d'Astrid. C'est l'occasion de retrouver une jeune comédienne talentueuse, Sylvie Filloux, qui incarne Astrid jeune.

   La saison se conclut avec "Un Mariage et quatre enterrements", un nouvel épisode au titre en forme de clin d’œil (ici au film Quatre mariages et un enterrement). Cela commence comme chez l'inspecteur Colombo, puisqu'on voit l'assassin organiser son meurtre. Mais la suite nous réserve quelques surprises, avec notamment le retour d'une vieille connaissance de nos héroïnes (hélas toujours aussi mal interprété). L'histoire se termine sur un cliffhanger... ce qui nous laisse sur notre faim... mais annonce forcément une saison 6 !

The Substance

   Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, ce film états-unien a été réalisé par une Française, Coralie Fargeat, qui en est aussi la scénariste. L'intrigue mêle la science-fiction à l'étude sociétale et au gore.

   Dans un avenir proche, il devient possible de vivre en symbiose avec un clone de soi, plus jeune, en alternance une semaine sur deux. Cette possibilité semble être proposée à des personnes vieillissantes, ou qui se considèrent comme telles. Pour que l'alternance fonctionne, il faut suivre des règles draconiennes... que bien évidemment les clients finissent par ne plus respecter.

   Un questionnement féminin (mais qui peut aussi concerner les hommes) est au cœur de l'histoire : passé un certain âge, est-on encore "bonne" à quelque chose ? Doit-on se résigner à vieillir ? Fargeat prend pour exemple le monde du spectacle, à travers l'animatrice d'une émission télévisée dédiée au bien-être, mais, au cours du film, d'autres personnages, annexes, sont montrés comme étant eux aussi victimes d'une sorte de dictature de l'apparence.

   Dans le rôle d'Elisabeth Sparkle, Demi Moore est excellente. D'abord présentée comme une quinqua sexy, elle apparaît très vite (filmée en très gros plan) comme une femme certes séduisante, mais sur le corps de laquelle les effets de l'âge se font cruellement sentir. De la part d'une comédienne qui a longtemps été une icône de beauté (et qui a eu -discrètement- recours à la chirurgie esthétique), c'est assez courageux.

   Son clone jeune (Sue) est incarné par Margareth Qualley, qu'on a beaucoup vue ces derniers temps, dans Drive-away Dolls (pas son meilleur rôle), Pauvres Créatures et Kinds of kindness. Ce personnage est filmé de manière extrêmement suggestive. Si cela avait été fait par un homme, je pense que la vision transmise aurait suscité des remarques critiques. En effet, si le projet est de dénoncer l'exploitation du corps des femmes, le résultat est très complaisant avec leur représentation hypersexualisée. La cinéaste semble, comme son personnage principal, fascinée par les corps féminins voluptueux, minces et fermes. Sa mise en scène, loin de susciter un regard critique, à mon avis, conforte l'idée qu'être jeune et bien gaulée est ce qu'il y a de mieux pour une femme. C'est tout de même gênant, vu le projet de départ.

   Le même regard complaisant est à l’œuvre dans la partie gore de l'intrigue. Cela se sent dès la "naissance" du clone, qui n'est pas créé en laboratoire, mais à l'issue d'une sorte de mue... totalement invraisemblable : l'enveloppe d'origine (humaine) libère un nouvel être... et conserve toute sa capacité à faire revivre l'individu d'origine !

   D'autres péripéties me sont apparues tout aussi farfelues. Ainsi, le personnage d'Elisabeth, qu'on voit à un moment dans la quasi-impossibilité de marcher, retrouve soudainement toute sa vigueur pour transporter un corps. De la même manière, Sue, à qui l'on a inséré les trois quarts d'une dose de potion létale, parvient à se réveiller pour, quasi immédiatement, se lancer dans une bagarre démentielle... Je pourrais aussi ajouter l'absence d'allusion au moindre paiement (pour la procédure de clonage), tout comme la disparition de la femme de ménage d'Elisabeth, dès que celle-ci s'engage dans sa dangereuse démarche. Cette absence sert (miraculeusement) le déroulement de l'intrigue, mais elle n'est pas expliquée.

   ... et pourtant, concernant cette femme de ménage, il y a une scène très signifiante, quand on la voit travailler dans le superbe appartement de la vedette de télévision, tandis que celle-ci découvre dans le journal qu'on cherche à la remplacer. Alors que la riche quinquagénaire, encore sexy, se désole de sa situation, elle ne voit pas la femme plus grosse, au visage mois attirant, effectuer un travail beaucoup moins rémunéré que le sien, auquel elle se consacre sans doute depuis des années. Je m'attendais à ce que le film explore cette inégalité de classe... eh ben non. On reste au niveau de ce qu'on appelle parfois le "féminisme à paillettes".

   S'ajoute à cela le fait que, pour développer son histoire, la scénariste a besoin que ses personnages principaux se comportent comme des imbéciles. C'est une faiblesse que l'on trouve dans nombre de films d'horreur, qui ont visiblement inspiré Coralie Fargeat. Ceci dit, je dois reconnaître que certaines scènes gores sont bien conçues, notamment celles situées vers la fin. Mais cet incontestable savoir-faire, qui s'appuie sur un montage efficace et des décors bien choisis, ne suffit pas, pour moi, à sauver un film un peu trop cliché et un peu trop "clipesque".

10:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 06 novembre 2024

L'euro bulgare

   Je me suis récemment déplacé loin de l'Aveyron, pour des raisons familiales. Au retour, j'ai fait une pause dans une boulangerie proposant un espace de restauration. J'ai réglé ma commande avec un billet, glissé dans une caisse automatique. Dans un premier temps, je n'ai pas prêté une attention particulière aux pièces qui composaient le rendu de monnaie. Plusieurs avaient le même aspect, celui de pièces de deux euros. Ce n'est que bien plus tard, sur une aire d'autoroute, au moment de régler un café, que j'ai pris conscience que, parmi mes pièces de deux euros, une sortait du lot.

économie,europe,union européenne

   L'objet est bien bicolore (et bimétallique : composé de cuivre et nickel), mais il s'agit d'une pièce de monnaie bulgare qui, au taux de conversion actuel, vaut... seulement un euro. J'ai donc été escroqué de la même somme, par la caisse automatique de la boulangerie ! Voyons ce qui se trouve à l'avers :

économie,europe,union européenne

   La personnalité représentée est Païssii de Hilendar, un moine (orthodoxe) et historiographe bulgare du XVIIIe siècle (1722-1773), à une époque où la Bulgarie n'existait plus, passée depuis la fin du Moyen-Age sous la domination ottomane. (Païssii a d'ailleurs contribué à la "Renaissance bulgare", un mouvement qui allait déboucher sur l'indépendance de la Bulgarie.)

   Le risque de confusion est accentué par le fait que la Bulgarie, bien partie pour devenir le 21e État membre de la zone euro (peut-être en 2025), a déjà prévu la frappe de nouvelles pièces, la future de 2 euros ressemblant trait pour trait à celle de 2 leva :

économie,europe,union européenne

vendredi, 01 novembre 2024

Bambi

   Il s'agit d'un film en prises de vue réelles... mais ce n'est pas Disney qui en est à l'origine, malgré la tendance, ces dernières années, à retourner les classiques de l'animation avec de véritables acteurs (par exemple, Dumbo, ou Le Livre de la Jungle).

   En France, le lancement de ce faux documentaire a beaucoup misé sur la présence de Mylène Farmer (au commentaire). Les cinéphiles seront peut-être plus intéressés d'apprendre que le réalisateur, Michel Fessler, s'est d'abord fait connaître en tant que scénariste, sur des documentaires-fictions comme L'Odyssée de l'espèce, Le Sacre de l'Homme, AO. Il a aussi participé à l'aventure de La Marche de l'empereur et du Chêne (deux œuvres remarquables).

   Ici, l'histoire du roman de Felix Salten est traitée sous la forme documentaire. On y voit bien l'enfance de Bambi, la découverte de son environnement, la rencontre d'un lapin, d'oiseaux divers, d'un raton laveur (un sacré numéro, celui-là)... et les conséquences de la présence humaine (systématiquement négatives).

   Outre le remplacement de l'animation par des images réelles, la principale différence est qu'ici les animaux ne parlent pas. Le commentaire, la mise en scène (les animaux ayant été soit filmés dans leur milieu naturel, soit "guidés"... ce qui n'a pas plu à tout le monde) et le montage construisent l'histoire, celle de la naissance, des apprentissages et des débuts de la vie d'adulte du faon.

   Comme chez Disney, on a un peu édulcoré ce qui est montré à l'écran : on ne voit pas la mise-bas (juste la biche avant et le faon à peine né), pas plus que la mort de la mère (suggérée par les sons et la réaction des autres personnages). Comme chez Disney, la représentation des comportements animaux est anthropomorphisée, même si le procédé de filmage renforce l'impression de réalisme.

   Du coup, je suis sorti de là partagé : la qualité des images est indéniable, mais l'histoire (trop soulignée par la musique) est clairement destinée aux enfants.

   P.S.

   A l'occasion de cette sortie, j'ai appris que le roman d'origine a été censuré par les nazis, qui y ont vu une dénonciation déguisée de l'antisémitisme.

17:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films