Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 30 avril 2007

Guerre picrocholine en préparation en Aveyron

 
Attention, gente dame ! Sortez votre mouchoir ! Un combat de titans se profile à l'horizon et le monde ne le sait pas encore ! De quoi qu'est-ce qu'il est question ? D'une élection législative, ma chère Cunégonde !

   L'Aveyron est un département où la politique est en partie une affaire de famille(s). Actuellement, nous assistons au passage de témoin entre deux générations de potentats rouergats. (Ca veut dire "aveyronnais", en gros, quand on veut éviter la répétition. Et cessez de m'interrompre comme cela, c'est agaçant à la fin !) Commençons par le chef-lieu, Rodez. Depuis 1983, le maire en est Marc Censi (adjoint de 1971 à 1983, il a pris la suite d'un cacique aveyronnais qui avait passé 50 ans de sa vie en politique). Il achève actuellement ce qui pourrait être son dernier mandat (il est quand même né en 1936). Il dirige de même depuis 1983 le Grand Rodez (District puis Communauté d'Agglomération). Il a aussi présidé le Conseil régional de Midi-Pyrénées (de 1988 à 1998). Jadis (en 1971 si ma mémoire ne me trompe pas), Marc Censi a échoué dans la conquête du siège de député de la circonscription de Rodez (s'étendant sur la commune de Rodez et le Nord Aveyron, en gros), battu par un (vrai) centriste, Jean Briane (qui, opposé au cumul des mandats, a mis ses actes en conformité avec ses paroles, fait suffisamment rare pour être signalé), qui a été réélu jusqu'en 2002. A cette date, il ne s'est pas représenté. C'est alors que Fiston Censi est apparu. Yves, qu'il s'appelle. Il est né en 1964. De mauvaises langues aveyronnaises l'ont surnommé "bébé Chirac". (Il a travaillé dans la cellule "communication" de l'Elysée.) Dans cette circonscription conservatrice, il est élu malgré la division de la droite au premier tour (il faut dire que le siège de député en faisait saliver plus d'un)... avec, sans doute, en face de lui, au moins un sous-marin de Jean Puech (divers droite mon oeil !)... qui n'est certainement pas venu là faire du tourisme ! Yves Censi se représente en 2007.

   C'est là que la situation devient comique. Il y a quelques semaines de cela, en me promenant dans les rues de Rodez (eh, oui, cela m'arrive), j'ai remarqué ceci, à proximité du Foirail, un jardin public qui jouxte la salle où les Ruthénois viennent voter quand le besoin s'en fait sentir :

medium_Puech_2.JPG

   Voici un petit nouveau, inconnu au bataillon jusqu'à présent, qui se présente sous la bannière sarkozyste. (Sur l'affiche de gauche figure un paysage typique du Nord Aveyron, bovins inclus, que j'ai désigné à l'aide d'une flèche blanche).

medium_Puech3.JPG

   En voici un agrandissement. Ce sont visiblement des Aubrac. Meuuuuhhh !!

   Le nom me dit quelque chose. Ceci dit, les Puech, dans l'Aveyron, sont un peu l'équivalent des Martin ou des Durand en France. Mais tout finit par se savoir dans le Rouergue. Il s'agit de l'un des fils de Jean Puech, actuel président du Conseil général (et fervent sarkozyste). Cela nous ramène loin en arrière : Jean Puech est conseiller général depuis 1970 ; il préside l'assemblée départementale depuis 1976 (il a même été le plus jeune président de Conseil général de France). Il y a quelques mois, il a annoncé qu'il ne se représenterait pas. D'ailleurs, en 2001, il n'avait pas brigué un nouveau mandat de maire de Rignac. Il a occupé un tas de fonctions sur lesquelles il serait trop long de revenir. Ah, oui, j'oubliais : il est encore sénateur de l'Aveyron. Il a 65 ans. Le fils Thierry est né en 1962. Il est de la même génération de Fiston Censi. La rivalité Puech-Censi est une vieille histoire aveyronnaise, d'autant plus comique qu'ils appartiennent à la même famille politique, même si Marc Censi est plutôt d'une sensibilité de centre-droit, alors que Jean Puech est arrivé à se rendre impopulaire auprès d'une bonne partie de la droite locale (mais il est puissant, donc la plupart préfère se taire) par sa manière... disons très "directive" de mener ses affaires politiques. (A cet égard, l'absence de référence à l'action de son géniteur n'est peut-être pas, de la part de Thierry Puech, qu'une pudeur électorale.) Il y a bien longtemps de cela, Jean Puech a louché sur la mairie de Rodez (il a enseigné la physique-chimie dans un bahut public ruthénois, le lycée Foch si je ne m'abuse). Sa carrière l'a amené ailleurs, mais nul doute qu'il n'a pas dû apprécier de voir l'ingénieur Marc Censi s'installer dans le fauteuil qu'il guignait. Depuis, entre les deux, c'est la guerre froide. La candidature du fils Puech, évidemment contre le député sortant Censi junior, n'en est que le dernier épisode.

   C'est l'alerte générale dans le camp Censi. Tout récemment, la rue Béteille (principale artère menant au centre-ville) s'est ornée d'une nouvelle vitrine :

medium_Censi.JPG

   Le bâtiment est un peu défraîchi, il a accueilli plusieurs types d'activités depuis une dizaine d'années. Euh... je précise que la présence du feu rouge sur la photographie n'est pas intentionnelle. Vous remarquerez l'insistance mise sur l'appartenance à l'U.M.P. (parti dont le président est un certain Nicolas Sarkozy), le pommier étant là, telle une réminiscence chiraquienne.  A gauche des affiches du favori de la course présidentielle rappellent la fidélité du député sortant. Sur le blog de l'U.M.P. de Rodez, le lien entre le député Yves Censi et le candidat Sarkozy est bien mis en valeur. Le local est presque vide : on s'y est vraiment pris à l'arrache ! A travers la vitre, quand on colle son nez, on peut voir, malgré les reflets, le tableau fixé au fond de la salle. Sur celui-ci Censi semble avoir écrit une citation de Sénèque. Va falloir rester stoïque, mon gars !

   Mon avis sur la question est que si Nicolas Sarkozy est élu, il va y avoir une série de règlements de comptes dans les circonscriptions de droite : les chiraquiens tardivement ralliés (ou qui ont laissé un mauvais souvenir) vont avoir une vie difficile. Si Ségolène Royal est élue, Sarkozy aura besoin de toutes les bonnes volontés pour empêcher une majorité de centre-gauche d'émerger à l'Assemblée Nationale. Paradoxalement, la survie politique de Censi peut dépendre d'une victoire de la socialiste Royal. Vous avez dit ironique ?

Les commentaires sont fermés.