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lundi, 29 septembre 2025

On the line

   Ce long-métrage franco-américain n'est pas sorti dans les salles. En France, il a d'abord été diffusé sur Canal+, puis, ce week-end, sur TFX, une chaîne du groupe TF1. Il est donc accessible en replay. (Je conseille de choisir la version originale sous-titrée, la VF étant un peu faiblarde.)

   Elvis Cooney (Mel Gibson, en forme) est un animateur radio, dont l'émission de "libre antenne", diffusée à une heure tardive, choque souvent l'auditoire (ce qui contribue à son succès), mais semble sur le déclin. (Aux auditeurs français, cela rappellera l'émission de Maurice, qui fut un temps diffusée sur Skyrock.) Un soir, la veille de l'anniversaire de l'animateur, la situation dérape : un nouvel auditeur, qui passe à l'antenne, se montre particulièrement menaçant.

   Nous voilà partis pour un peu plus d'une heure de thriller, Elvis, accompagné du nouveau technicien son, tentant de sauver sa famille et de mettre la main sur son maître-chanteur. C'est assez prenant, bien joué... surtout après le coup de théâtre, qui nous invite à reconsidérer tout ce qu'on a vu depuis le début... et on nous en réserve un deuxième, pour la route !

   Le scénario est malin, les acteurs convaincants. Ce petit film de genre fait passer une bonne soirée.

samedi, 27 septembre 2025

Le couteau de l'expert

  Je revois assez régulièrement des épisodes de l'une des séries intitulées en français Les Experts (CSI dans la version originale). Je trouve que les intrigues sont en général bien construites et les effets spéciaux bien insérés dans la représentation du travail des policiers scientifiques.

   A ces occasions, il m'arrive de relever un détail qui, jadis, m'avait échappé. A plusieurs reprises déjà, j'ai évoqué la présence de couteaux Laguiole. Sauf erreur de ma part, leur surgissement dans les intrigues est concomitant à l'arrivée dans l'équipe de Las Vegas du docteur Langston (interprété par Laurence Fishburne). On peut voir l'un de ces outils entre ses mains, dans l'épisode 7 de la onzième saison, avant que, dans un épisode ultérieur, un autre exemplaire ne soit identifié comme arme du crime. Quelques années plus tard, dans l'épisode 17 de la saison 14, un nouveau couteau était découvert sur une scène de crime.

   Tout récemment, en revoyant la saison 9, je suis tombé sur deux autres occurrences (sans doute les premières). Dans le quinzième épisode (« Moi, moi, moi »), les experts doivent traiter simultanément de trois morts suspectes. L'une des victimes était marchand d'art. Son meurtre pourrait être lié au trafic d’œuvres irakiennes. Cela pousse Raymond Langston à examiner de très près une caisse ayant contenu un vase :

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   Il utilise ce qui ressemble à un couteau Laguiole, ce que confirme une vision retournée de ce plan :

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   Le nom et le prénom de l'enquêteur sont gravés sur la lame, celle-ci me semblant toutefois dentelée à sa base, ce qui ferait de ce couteau une contrefaçon.

   A la fin de l'épisode 19 de la même saison (« Sur la Terre comme au ciel »), on retrouve Langston, couteau à la main, pour examiner un détail d'une scène de crime, qui va clore de manière cocasse une enquête aux multiples facettes :

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   Cette fois-ci, il semble bien que le couteau soit authentique, et c'est un exemplaire pourvu d'un tire-bouchon.

vendredi, 26 septembre 2025

Classe moyenne

   C'est la catégorie socio-économique à laquelle la majorité de la population ambitionne d'appartenir. Toutefois, dans ce film-ci, aucune des deux familles ne peut vraiment y être rattachée. Le couple grand-bourgeois formé par la comédienne et l'avocat d'affaires s'apparente davantage aux classes supérieures, tandis que les gardiens sont plutôt chargés d'incarner les prolétaires (certes sous-payés, mais profitant seuls, neuf mois sur douze, d'une villa de folie).

   Amis de la finesse, il convient de passer votre chemin. Cette farce "engagée" n'y va pas avec le dos de la cuillère, bien servie ceci dit par un quatuor d'acteurs au poil. Ramzy (actuellement à l'affiche des Tourmentés) est l'homme à tout faire, serviable, pas très futé et qui ronge son frein. Laure Calamy est sa douce compagne, chargée d'arrondir les angles (mais qui réserve quelques surprises). En face, Élodie Bouchez interprète la comédienne sur le retour, une ancienne gloire qui a de beaux restes... et une tendance à la condescendance. Je pense que je n'étonnerai personne en ajoutant que Laurent Lafitte est une fois de plus impeccable en avocat cynique et méprisant, qui se pique d'art culinaire. Il est, avec Laure Calamy, le principal atout de cette comédie facile, dont la distribution est complétée par trois jeunes acteurs, Sami Outalbali me semblant mieux tirer son épingle du jeu que ses collègues féminines, il est vrai cantonnées dans des rôles caricaturaux.

   Le début nous présente les deux familles, chaque protagoniste en prenant (plus ou moins) pour son grade. L'ambiance est plutôt doucereuse, au départ, avant qu'un coup d'éclat ne bouleverse la situation. S'engage alors une véritable lutte des classes. C'est joyeusement malséant, bien que très appuyé. Pendant un peu plus d'1h15, on passe un agréable moment.

   Hélas, 15-20 minutes avant la fin, le ton devient plus sérieux. Le réalisateur-scénariste cède à la tentation de nous donner une leçon. Il a beau terminer par une dernière scène pirouette (qu'on sent venir d'assez loin), sa conclusion (le pognon avant tout, qu'on soit riche ou pauvre) tombe un peu à plat. C'est dommage, parce qu'auparavant, j'avais bien rigolé.

jeudi, 25 septembre 2025

Exit 8

   La « sortie 8 » du métro est celle que doit atteindre le héros pour s'extirper d'un cercle vicieux, une boucle qui, s'il ne repère pas l'anomalie (ou l'absence d'anomalie) dans le couloir souterrain, le ramène toujours au même point.

   Cette quête prend la forme d'une série d'épreuves, pour passer de la « sortie 0 » à la « sortie 1 », puis à la « sortie 2 », la « sortie 3 »... sachant que toute erreur le ramène à la « sortie 0 ». L'intrigue revêt donc un aspect ludique, puisque, tout comme le héros, les spectateurs sont invités à analyser chaque nouvelle version du même couloir, pour vérifier que les affiches publicitaires, les portes, les bouches d'aération, les lumières, le bloc de casiers, le photomaton... et même le passant sont (ou pas) identiques à ceux qu'on vient de voir.

   Au bout de trois quarts d'heure, l'histoire connaît un joli rebondissement (suivi d'un second, du même genre) qui nous invite à nous interroger sur qui est l'anomalie de qui.

   Malheureusement, ce petit jeu cérébral est pollué par quelques grosses ficelles, sans doute ajoutées pour étirer le film qui, sans cela, dépasserait à peine l'heure de durée. Ainsi, un coup le héros fait une crise d'asthme en pleine épreuve, un coup il laisse tomber son inhalateur au pire moment, un coup il a très soif, un coup il trébuche... et ne parlons pas de la faiblesse intellectuelle des personnages piégés dans ce ruban de Möbius, dont on se demande comment il est possible qu'ils ne comprennent pas qu'ils sont face à une énorme anomalie... Le temps m'est apparu parfois un peu long.

   En sous-texte se trouve un questionnement existentiel. A l'image de ce qu'on a pu voir récemment dans Comme un lundi et En boucle, les Japonais du XXIe siècle se demandent quel sens a une vie limitée au métro-boulot-dodo. S'ajoute, pour le principal personnage masculin, une décision cruciale à prendre, en relation avec le coup de fil reçu juste avant qu'il n'entre dans la boucle. Cet aspect-là permet de comprendre certaines des scènes surréalistes qui surgissent au détour d'un couloir du métro.

   Du coup, même s'il y a des facilités, même si le film est inégal, je le recommande, en raison de son architecture astucieuse, bien servie par la mise en scène... et le Boléro de Ravel.

19:58 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 21 septembre 2025

Les Tourmentés

   A première vue, le titre désigne les deux personnages principaux masculins, deux anciens légionnaires, des frères d'armes, que la vie a séparés... et qui vont se retrouver dans des circonstances un peu particulières. Niels Schneider incarne (le verbe me semble ici particulièrement approprié) Skender, ex-soldat de la troupe tombé dans la clochardisation. Le concernant, j'ai trouvé que les scènes du début étaient particulièrement misérabilistes, avec un côté tire-larmes que je ne connaissais pas à Lucas Belvaux, qui m'a habitué à plus de subtilité.

   L'ancien gradé (sergent), Max, est interprété par Ramzy Bedia. Cela m'a fait plaisir de voir l'acteur dans un registre autre que celui de la comédie bas-de-gamme. Il est bien (sans être parfait) dans son rôle, qui nécessite qu'il ne dise pas tout, qu'il fasse passer des choses par sa gestuelle et les subtilités de ses expressions. L'ancien militaire est devenu l'homme à (presque) tout faire d'une richissime femme d'affaires, une veuve qu'on soupçonne d'être un peu misanthrope. La relation professionnelle nouée entre ces deux-là est source d'ambiguïtés.

   Je trouve que c'est à partir du moment où la multimillionnaire apparaît à l'écran que le film décolle. C'est peut-être lié à la qualité de son interprétation, par Linh-Dan Pham, qui apporte une profondeur supplémentaire à l'intrigue : elle aussi est une tourmentée, mais pour des raisons différentes. 

   On les découvre progressivement, à l'aide de retours en arrière (où apparaît Jérôme Robart). Ceux-ci alternent avec des "visions du futur" (des flash-forward, dans la langue de Donald Trump)... ou bien des éclairs de ce qui se pourrait se passer. C'est l'un des ressors du suspens créé par le montage : on se demande quelles visions vont se réaliser et quelles sont celles qui sont uniquement de l'ordre du fantasme.

   L'essentiel du film tourne, de manière surprenante, autour de la période de l'entre-deux : après la signature du "contrat de chasse" (Skender s'engageant à devenir le gibier de "Madame") et le début de la traque. Durant ces six mois, on s'attend à ce que les futurs participants s'entraînent... ce qu'ils font, mais pas forcément de la manière dont chacun(e) l'avait programmé. De son côté, l'ex-soldat profite de l'occasion qui lui est donnée (pour un temps limité, il est vrai) pour tenter de renouer avec sa vie d'avant, avec femme et enfants, le tout sous le regard de Max, dont la position évolue au cours de l'intrigue. Au départ, l'ancien sergent est le mieux placé : il est sorti de sa condition militaire par le haut, gagne très bien sa vie, au service d'une personne qui le respecte... et lui permet d'accéder à un univers culturel dont il se pensait exclu. Le retour de Skender perturbe tout cela, son ancien subordonné étant un combattant d'exception (peut-être meilleur que lui)... et il a construit une famille, contrairement à Max.

   Le rythme est donc plus lent que ce que le synopsis pourrait laisser croire. Ce n'est pas un film 100 % adrénaline, même si Belvaux a inséré quelques scènes coup-de-poing. Le dernier quart d'heure réserve de nouvelles surprises. Je suis toutefois resté un peu sur ma faim, le principal personnage féminin n'étant pas aussi creusé que ceux des deux protagonistes masculins.

14:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

vendredi, 19 septembre 2025

Downton Abbey III

   Ce long-métrage est censé clore la saga, commencée sous la forme d'une série à succès. L'action se déroule un ou deux ans après celle du précédent film, en 1930. La crise frappe les Etats-Unis, mais n'a pas encore atteint la "vieille Europe", où toutefois les familles aristocratiques voient leur petit monde se transformer, pas forcément pour le meilleur.

   Au centre de l'intrigue se trouve Lady Mary (Michelle Dockery... mmm), dont une péripétie de la vie personnelle va attirer l'attention des médias. Dans le même temps, elle se pose des questions sur son avenir et celui de la famille. Ces petits soucis ne l'empêchent nullement d'éclabousser de sa beauté froide le plus petit dîner, la moindre soirée mondaine, au cours desquels elle parvient à se mouvoir avec un naturel confondant, même quand elle porte cette incroyable robe rouge... qui ne permet pas d'ignorer à quel point elle est bien gaulée.

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   Deux thématiques traversent l'histoire, la principale étant le passage de témoin, au niveau de la gestion du manoir comme au sein des cuisines et de la direction des domestiques. Dans le même temps, les interactions humaines deviennent moins formalistes, certaines règles s'assouplissent, en conformité avec le temps présent.

   Je rassure les amateurs de l'ambiance désuètement british : c'est toujours guindé, parfois coincé, avec de petites vacheries, souvent dites avec le sourire. Cela manque toutefois de venin, la matriarche (interprétée par Maggie Smith) étant décédée à la fin du précédent épisode... mais son portrait géant trône en majesté, à l'entrée du manoir.

   L'autre faiblesse du film est sa prévisibilité. Les histoires liées aux passages de témoin sont cousues de fil blanc (même si les interprètes sont impeccables) et seuls les plus endormis des spectateurs ne repèreront pas l'arrivée d'un renard au milieu du poulailler. On a du mal à comprendre comment autant de personnes se font duper.

   Du coup, je suis un peu déçu. C'est bien mis en images, bien joué, avec ce délicieux accent anglais dans la version originale, mais cela manque de sel.

23:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 17 septembre 2025

La Ferme en folie

   Ainsi s'intitule le troisième volet des aventures de Shaun le mouton (découvert en 2015), six ans après La Ferme contre-attaque. Attention toutefois : il ne s'agit pas d'une histoire unique, mais de quatre courts-métrages, l'ensemble durant environ trois quarts d'heure.

   La première historiette a pour titre "Lapin". On y croise une charmante gamine (nièce ou petite-fille du paysan), venue passer le week-end à la ferme. Hélas ! Hélas ! Trois fois hélas ! Le doudou de la gamine disparaît ! Shaun le mouton et Bitzer (le chien régisseur de la ferme) se lancent à la recherche de la peluche perdue, en utilisant des méthodes (supposées) rigoureuses...

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   Dans "Alerte aux canards", les animaux de la ferme sont confrontés à une invasion insidieuse. Au début, cela se passe dans la douceur, mais, très vite, la situation dégénère en guerre de tranchées. Les moutons se fâchent. En clair : ça va chier !

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   "Un problème épineux" fait intervenir des hérissons. C'est mignon tout plein, tendrement drôle :

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   La quatrième historiette, "Les lamas du fermier", est la plus longue... et la plus riche de sens. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, le fermier acquiert un trio de lamas assez remuants...

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   Il sont coiffés à la mode (Laquelle ? Mystère...), aiment faire la fête et ne pas suivre les règles fixées par les humains (c'est-à-dire : les grandes personnes). Au départ, les moutons (i.e. les enfants) apprécient ces énergumènes joyeux, qu'ils trouvent très cools. Mais ce trio de pique-assiette prend de plus en plus ses aises, révèlant sa vraie nature (antipathique) et il devient urgent de s'en débarrasser. Pour cela, il faut trouver son point faible...

   Visuellement, c'est très correct, sans être éblouissant. Les gags sont surtout visuels, destinés aux enfants mais les adultes apprécieront les clins d’œil... et la présence de quelques leçons de morale. Autre qualité du film : sa brièveté, qui permet d'éviter l'envie de pissou en pleine séance !

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 14 septembre 2025

Brokenwood so Frenchy

   Un peu moins d'un an après la diffusion de la saison 9, France 3 a lancé la dixième saison, la semaine dernière, avec Brokenwoodosaurus, dans lequel certains habitants de cette petite ville néo-zélandaise se déchirent autour de ce qui semble être les fossiles d'un dinosaure.

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   Ce dimanche soir (14 septembre), l'épisode inédit s'intitule Le Jour des morts. Un meurtre est commis alors qu'on se prépare à célébrer une fête d'origine mexicaine. Le boulanger de la commune est retrouvé mort... et il s'appelle French. Cela donne un double sens à l'enseigne de son commerce, sur lequel il joue pour donner une bonne réputation  à ses produits :

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   L'aspect "français" est renforcé par la présence de petites tours Eiffel, à gauche et à droite de l'inscription... et par la marque de la voiture conduite par l'épouse du boulanger !

   Ce genre de détails ironiques est la marque de fabrique de cette série policière bon enfant, où l'on peut croiser une médecin-légiste (d'origine russe) un peu "frappée", un inspecteur maori peu causant, un maire homosexuel fan de puzzles, un vendeur de boissons ambulant (pas très futé) surnommé Frodon, les tenanciers (plus ou moins honnêtes) d'un bar-restaurant, un avocat grandiloquent, une retraitée un peu trop curieuse, des pépés portés sur la boisson... Ces personnages hauts en couleur donnent une saveur particulière à des intrigues en général bien troussées, le tout sur fond de musique country néo-zélandaise. Bref, j'adore !

   En deuxième partie de soirée, la chaîne publique rediffuse des épisodes anciens. Je recommande particulièrement Du Berceau au tombeau, le premier de la saison 8 (vu pour la première fois en octobre 2023). C'est l'un des plus cocasses de la série.

vendredi, 05 septembre 2025

Fils de

   Pour son premier long-métrage, Carlos Abascal Peiro s'est voulu ambitieux, entremêlant une tumultueuse relation père-fils à la description scabreuse des arcanes de la vie politique française, en y ajoutant une histoire d'amour à rebondissements.

   Grosso modo, pendant une heure, cela fonctionne, pour deux raisons : le ton de comédie farcesque assumé (les répliques ciselées accompagnant quelques situations... embarrassantes) et le talent des acteurs, plutôt ceux incarnant les seconds rôles. J'ai ainsi beaucoup aimé Karin Viard en conseillère de l'ombre (personnage qui pourrait résulter de la fusion de plusieurs personnes réelles, une ancienne secrétaire générale adjointe de l’Élysée, une ancienne ministre d'Emmanuel Macron et une conseillère en com' naguère très en cour). Chez les messieurs, c'est incontestablement Alex Lutz qui tire le mieux son épingle du jeu, en (potentiel) ministre de l'Intérieur intrigant et sans scrupule. (Sa coupe de cheveux et son style m'ont rappelé Frédéric Lefebvre jeune, alors sarkozyste, depuis converti au macronisme.)

   D'autres personnages annexes sont bien campés, comme celui de l'ancienne policière un brin déjantée (Émilie Gavois-Kahn), ou encore celui du vieux routard de la politique, magouilleur au possible (Vincent Grass, dont la voix paraîtra plus familière que le visage aux amateurs de séries américaines doublées). De ce marécage nauséabond émerge le personnage de la journaliste, bien interprété par Sawsan Abès. 

   A travers le duo amoureux que celle-ci forme avec l'apprenti-politique, il y a clairement une référence au couple Salamé-Glucksmann. Un autre personnage est une allusion à une vedette de notre vie politique : Isabelle Barrère, directrice du FMI pressentie pour devenir Première ministre, est un décalque évident de Christine Lagarde.

   Plus difficile est de repérer le modèle de Lionel Perrin (François Cluzet), le père du héros. En tant que socialiste breton (assez âgé), avec un passé gauchiste, ayant exercé des fonctions politiques, sans réussir à devenir Premier ministre, il fait bigrement penser à Jean-Yves Le Drian (le physique mis à part). Mais il est sans doute le résultat d'un mélange plus élaboré.

   Quoi qu'il en soit, la relation père-fils n'est pas le point fort de ce film. Quand les choses dérapent entre les deux (au moment de l'entretien télévisé puis de la scène de parking souterrain), cela sonne faux, sans être drôle, la scène du coffre étant franchement ridicule. C'est aussi le moment où la satire joyeuse cède le pas à une forme de prêchi-prêcha guère convaincant. La romance journalistico-politique prend elle aussi un tour plus convenu.

   Je me disais que le réalisateur n'allait pas parvenir à conclure correctement son histoire lorsque deux petits coups de théâtre sont survenus. Ce n'est finalement pas si mal que cela, avec de bons moments de rigolade dans la première partie.

lundi, 01 septembre 2025

Wilder

   J'ai récemment découvert (en plusieurs étapes) cette série policière suisse (alémanique), composée de quatre saisons comptant chacune six épisodes. Chaque saison est construite autour d'un arc narratif indépendant et complet. Les enquêtes sont menées par un duo dissemblable : Rosa Wilder et Manfred Kägi.

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   La première saison voit leur rencontre et leur progressive association, qui, au départ, ne va pas de soi. Rosa est une jeune et brillante policière, une fille de paysans des Alpes suisses qui fait carrière à Berne (la capitale) et projette de partir aux Etats-Unis. Elle revient dans son village d'origine le jour où les habitants commémorent une catastrophe (une avalanche) qui a jadis provoqué la mort de douze enfants (dont le frère de la future policière). La nuit suivante, la fille d'un investisseur proche-oriental disparaît, alors que les restes d'un corps ancien viennent d'être découverts et qu'un meurtre est commis. Tout cela est lié... et cela se complique quand, au cours de l'enquête, on comprend que l'avalanche n'était pas accidentelle.

   Les autorités nationales ont dépêché sur place Kägi, un policier expérimenté, d'abord chargé d'une mission liée au terrorisme, mais qui va prendre en charge l'enquête criminelle, acceptant plus ou moins bien de collaborer avec Rosa. Les relations entre ces deux fortes têtes (qui donnent du fil à retordre à leurs supérieurs) vont progressivement s'améliorer, sur fond d'estime réciproque. On nous a heureusement évité l'histoire d'amour entre collègues (ouf)... et pour cause : Kägi est homosexuel. C'est surtout un policier bourru (parfois porté à la violence), qui vit dans une caravane de luxe et soigne son apparence.

   L'intrigue est extrêmement tortueuse, passionnante, abordant au passage divers thèmes (le militantisme écologiste, la xénophobie, l'intégrité professionnelle). Les paysages suisses sont superbes, pour qui aime les montagnes enneigées.

   La deuxième saison a pour cadre une autre région suisse, proche de la frontière française. L'histoire débute par un triple meurtre, qui va se révéler plus difficile à élucider qu'il n'y paraît. Au départ, on pense qu'il va surtout être question de trafic de drogues, mais, très vite, le sort des femmes se retrouve au cœur de l'intrigue : un violeur sévirait dans la région depuis des années. Les épisodes abordent aussi les problèmes liés à l'immigration, à travers le cas d'une famille kosovare installée en Suisse, dont les membres sont tenaillés entre tradition et modernité. Les révélations vont se succéder jusque dans le dernier quart d'heure de l'ultime épisode...

   La troisième saison est la plus urbaine, la plus tendue, puisqu'un tueur de policiers semble être à l’œuvre. Au départ, les meurtres paraissent n'avoir aucun lien entre eux, mais les enquêteurs finissent par comprendre que le tueur se prend pour un justicier. Il a établi une liste de "ripoux" à liquider, chacun d'une manière particulière. A un moment, on se demande si Kägi, qui a un passé de violence policière, figure sur cette liste. La seconde moitié de la saison voit le tueur se consacrer à une vengeance personnelle, celle qui implique le plus d'individus.

   La quatrième saison montre Rosa réinstallée dans son village natal, s'étant mise en disponibilité professionnelle. Pas de chance pour elle : peu après son retour, l'un des policiers locaux est retrouvé mort, assassiné. Kägi vient lui prêter main forte, pour une enquête particulièrement complexe, puisque deux affaires très différentes sont entremêlées, sans que les policiers ne s'en rendent compte (au départ). Une histoire assez classique de corruption (liée à un autre meurtre) se greffe sur une affaire familiale des plus sordides, que les policiers vont avoir beaucoup de mal à éclaircir... d'autant que le jeune fils de Rosa va être (involontairement) mêlé aux péripéties. Cette partie-là n'est pas la mieux traitée (trop de pathos à mon goût), mais l'ensemble demeure passionnant à suivre, l'amitié liant les deux enquêteurs étant mise à rude épreuve.

   L'ensemble n'est hélas disponible que dans la version (correctement) doublée en français. J'aurais bien aimé profiter de la V.O., et des voix originales de Sarah Spale (qui a des airs de Charlotte Gainsbourg) et Marcus Signer (interprètes des deux personnages principaux).

   En dépit de certaines lenteurs, je recommande cette série bien construite, bénéficiant de scénarios solides et de paysages naturels parfois somptueux.