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samedi, 18 août 2007

Gen d'Hiroshima

   C'est le titre d'un manga japonais, plus précisément d'une série (une fresque même !) autobiographique (en noir et blanc... très joli) que Keiji Nakazawa a débutée dans les années 1970. Je viens d'en lire le premier tome (15 euros), publié en France par les éditions Vertige graphic.

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   L'histoire commence alors que la guerre qui oppose les Etats-Unis au Japon n'est pas terminée. Les bombes atomiques n'ont pas encore été lancées. (Ce tome s'achève d'ailleurs sur le largage de la première, sur Hiroshima, et les conséquences immédiates.)

   On suit l'histoire du point de vue d'une famille pauvre d'Hiroshima. On voit particulièrement les événements à travers les yeux de l'un des fils, Gen. (Le narrateur est toutefois omniscient, ce qui permet de varier l'optique : une partie de l'histoire est montrée à travers le regard du frère aîné, une autre à travers celui du père.)

   Si vous voulez comprendre ce qu'était le régime totalitaire nippon, militariste et ultra-nationaliste, cette BD est pour vous. Rétrospectivement, il est effrayant de voir la violence être utilisée comme instrument courant (mais c'était aussi une "pratique" habituelle dans les familles apparemment) et les habitants du quartier du héros adhérer massivement à la propagande du régime. C'est aussi d'un grand intérêt documentaire, sur la vie des Japonais de l'époque. Le traitement du cas des "kamikazes", de l'intérieur, est aussi intéressant.

   Mais ce manga ne se limite pas à cela. L'auteur met l'accent sur des comportements particuliers. Le père de la famille du héros est un pacifiste (donc un "traître" pour les partisans du régime). Je recommande tout particulièrement sa manière de ridiculiser les séances d'entraînement à la défense civile : il ne manque pas d'air ! Les fils sont du genre débrouillards et ça leur est utile vu que la famille est stigmatisée à cause des positions du père. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il savent diablement bien utiliser leurs dents ! J'ai aussi été marqué par l'épisode du bateau et du vitrier, ou comment rendre service en cassant des fenêtres.

   La vision de l'école est effrayante (entre la propagande chauvine et le sadisme, les enfants n'ont guère le choix, d'autant plus que pèse sur eux le regard du groupe, toujours très important au pays du soleil levant), mais ce qui ressort le plus est la pénurie alimentaire : la quête de la moindre denrée est une épreuve de chaque instant.

   Je termine par un petit bémol. Il s'agit d'une inexactitude qui ne remet pas en question la qualité du manga, mais l'erreur est tout de même grande : l'auteur fait directement participer Einstein au programme Manhattan, alors qu'il en a seulement été l'un des initiateurs, ce qu'il a amèrement regretté par la suite. Je relève aussi le curieux surnom attribué à la première bombe, "Grande Perche", alors que, jusqu'à prédent, je ne connaissais que "Little Boy"... Erreur ?

  Par contre, la lecture "japonaise" de la bande dessinée n'est pas gênante. On s'habitue très vite à lire de droite à gauche, en commençant par la fin du livre bien entendu.

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