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mardi, 05 août 2025

Dracula

   Le Prince des Ténèbres (et de Valachie) connaît un retour en grâce au cinéma, puisqu'en deux ans, nous avons eu droit à trois longs-métrages, le dernier en date étant celui de Luc Besson. Celui-ci semble avoir voulu amalgamer différents matériaux filmiques (pas uniquement vampiriques d'ailleurs), son intrigue louchant fortement sur celle du Dracula de Francis Ford Coppola. Certaines mauvaises langues suggèrent qu'à travers cette vision d'un "homme à (jeunes) femmes" réputé prédateur, mais amoureux, le cinéaste français s'est risqué à l'autoportrait.

   Quoi qu'il en soit, l'intrigue débute tambour battant, par une scène de passion folle (au château), suivie d'une bataille sanglante, contre les horribles islamo-fascistes Ottomans. Ici, Besson puise (un peu) dans le Vlad Tepes historique (tout comme naguère Gary Shore, avec son Dracula Untold). Si la baston est très correctement filmée, le moment où ses officiers viennent arracher Vlad aux bras de sa compagne pour l'emmener au combat frôle le ridicule. Ce qui précède suffit amplement à nous montrer à quel point il est attaché à son épouse. Il n'était pas besoin d'en rajouter... mais c'est un moment clé, qui fait basculer le "héros" dans l'anti-christianisme, ce qui lui vaut d'être victime d'une malédiction. (Les références chrétiennes sont très présentes dans le film, ce qui, outre la langue dans laquelle il a été tourné, m'incite à penser qu'il est destiné en priorité à un public plus  international que français.) Petit point historique au passage : en 1480 (année de la bataille), le Vlad historique était déjà décédé... une erreur commise dans d'autres films (notamment celui de Coppola).

   La suite nous montre la quête du prince, qui traverse les continents et les époques à la recherche d'une réincarnation de sa bien-aimée. Les décors comme les costumes sont superbes. Je signale tout particulièrement la séquence de Versailles, au cours de laquelle le vampire entre en action, avec un sous-texte évident : les courtisanes (comme jadis les religieuses) se pâment sous la morsure du prince. Certes, elles ont été attirées par son parfum maléfique, mais, derrière ces scènes, on sent la volonté de montrer que les femmes, selon le cinéaste, préfèrent les hommes qui ont du panache et qui les bousculent un peu, plutôt que ceux, un peu ternes, qui les "respectent trop".

   Cela devient évident quand entre en scène le clerc de notaire, dont la fiancée va devenir un enjeu de l'histoire. J'ai beaucoup aimé cette séquence roumaine, dans l'imposant château, avec un Caleb Landry Jones quasiment "kinskien", même s'il n'est pas aussi impressionnant que dans DogMan. Au niveau des nouveautés introduites par Besson, je signale les charmants petits compagnons du vampire, dont je laisse à chacun le plaisir de découvrir à quel point ils peuvent se montrer redoutables...

   Besson nous a épargné le transport en bateau, entre la Roumanie et l'Europe, qui est au cœur du Dernier Voyage du Demeter (sorti en 2023, que je n'ai pas chroniqué... et franchement, ça n'en valait pas la peine). 

   Autre innovation, la suite se déroule non pas à Londres mais à Paris, environ 400 ans après la séquence du début (en fait 409 ans, puisqu'il est question de l'Exposition universelle et de l'achèvement de la Tour Eiffel, qu'on ne peut pas rater à l'écran). Cela nous vaut quelques cartes postales de la capitale française de cette époque, en particulier lors de la fête du 14 juillet. C'est là que sont censées se produire les retrouvailles et que l'histoire d'amour est supposée atteindre son point de bascule... eh ben c'est pas terrible. Autant j'ai aimé les interventions de l'acolyte de Dracula (Maria, interprétée avec gourmandise par Matilda de Angelis), autant je n'ai pas été pris par l'intrigue amoureuse, alors que Besson en a fait le cœur de son histoire. Je ne sais pas trop pourquoi. CL Jones et Zoe Bleu (fille de Rosanna Arquette) font le job, mais, pour moi, cela ne marche pas vraiment. (Il serait intéressant de savoir ce qu'en pensent des spectateurs plus jeunes, qui ont vu moins de films consacrés au vampire. En tout cas, dans la salle où je me trouvais, le public était exclusivement composé d'adultes de plus quarante ans.)

   Dans cette partie parisienne, il y a toutefois quelques moments de lueur, notamment quand Christoph Waltz est à l'écran. Il incarne le traqueur de vampire, dans un style qui n'est pas sans rappeler celui de Willem Dafoe dans le dernier Nosferatu. (Encore un que j'ai vu et pas chroniqué. Derrière la caméra, Robert Eggers n'est pas un manchot, mais trop souvent son film sombre dans le grand-guignolesque, la prestation de Lily-Rose Depp y étant pour quelque chose...)

   Un certain souffle réapparaît dans la dernière partie, qui voit le retour en Roumanie... et une bien belle baston, en intérieur cette fois. Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, que j'ai trouvé inégal.

   P.S.

   La fille de Rosanna Arquette n'est pas la seule membre de la "noblesse de pellicule" à figurer dans ce film, puisque, sauf erreur de ma part, Besson a confié à l'une de ses filles (Sateen) le rôle de la sirène, dans l'aquarium parisien.

19:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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