lundi, 09 février 2009
Slumdog millionaire
Ce film, réalisé par Danny Boyle, qui a pour cadre l'Inde "qui ne brille pas", est :
a) une daube
b) un honnête divertissement
c) la meilleure comédie romantique du début de cette année
d) un chef-d'oeuvre
Je vous rappelle que vous avez la possibilité d'utiliser un de vos jokers... C'est votre dernier mot ?...
La séquence qui sert de lancement est virtuose : cette poursuite dans le bidonville, vue de face, de dos, du dessus, à différentes vitesses, avec changements de rythme et tout et tout, est emballante. On a beaucoup glosé sur le procédé du retour en arrière. Bon, d'abord, cela se justifie pleinement compte tenu du scénario : comme le héros est accusé d'avoir triché au jeu Who wants to be a millionaire ? (Qui veut gagner des millions, chez nous), les flashs sont chargés d'expliquer comment il a pu connaître chaque réponse. Mais, c'est là que le film prend toute sa densité, ces retours en arrière sont autant de plongées dans l'Inde des bas-fonds.
Ce jeune homme est d'abord né sous une mauvaise étoile : il est musulman dans le pays de l'hindouisme, de surcroît à Bombay où des tensions communautaires existent. Sa famille a d'ailleurs eu tout le loisir de vérifier combien les fanatiques hindous peuvent se comporter comme de véritables sauvages. (Le parti extrémiste Shiv Sena est très bien implanté dans l'Etat du Maharashtra... celui de Bombay.) Rien que pour cette perspective particulière (des musulmans victimes au pays de Gandhi) le film mérite le détour.
Mais l'essentiel de l'arrière-plan est celui des bidonvilles, avec ces millions de personnes qui vivent dans la crasse et la pollution, qui s'entretuent, s'exploitent mutuellement (excellents passages sur ces truands qui récupèrent les orphelins... et j'ai trouvé particulièrement émouvantes les retrouvailles entre Jamal et l'un de ses anciens compagnons devenu aveugle), qui essaient d'échapper à une police violente et corrompue. Le héros est un "chien des taudis", pour reprendre l'expression utilisée dans le titre. Toutefois, le film montre que le pays offre des possibilités de promotion sociale... parfois inattendues.
Pour survivre, on se débrouille comme on peut : on vole, on traficote, on fait même le guide (encore une séquence très réussie : celle du Taj Mahal). On éprouve de la sympathie pour ces sacripants, parfois joyeux farceurs. (Ah, j'ai failli oublier la séquence de l'autographe : une merveille scatologique !) On frôle aussi le drame. La mort touche les proches, ou sépare les amoureux... car ce film est d'abord un conte de fées, l'histoire de l'amour impossible de deux enfants des rues, Jamal et Latika, que tout semble devoir séparer. Le persévérant et romantique Jamal essaie de surmonter tous les obstacles qui sont placés sur sa route, jusqu'à son meilleur ami qui devient son rival puis son adversaire.
Le dernier quart d'heure est hélas le moins bon. On a accumulé les rebondissements, de manière ultra spectaculaire. On caresse un peu trop le grand public dans le sens du poil. Ceci dit, la manière dont l'utilisation des deux derniers jokers est scénarisée ne manque pas d'imagination.
Le tout se termine façon Bollywood (et quoi, cela se passe à Bombay, merde !), avec danses et chant. Faut aimer...
12:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
Les commentaires sont fermés.