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mardi, 30 juin 2009

L'aube, le soir ou la nuit

   Il s'agit bien entendu du livre écrit par Yasmina Reza à partir des notes qu'elle a prises durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. Je n'ai acheté le bouquin que très récemment, à sa sortie en poche. A la base, je ne pensais pas apprendre grand chose sur une période que j'ai bien suivie dans la presse.

   Confirmation : ce court livre ne révèle pas de secret, enfin rien qui ne soit connu de ceux qui s'intéressent à la politique française... rien sauf le lien qu'a entretenu l'auteure avec un rival de l'actuel président. En effet, à plusieurs reprises il est fait mention d'un certain "G", homme influent, conscient de son importance, dont Y. Reza parle avec une tendresse indéniable. Au départ, vu le profil, j'ai songé à Dominique de Villepin. Mais ça ne collait qu'à moitié. Et puis je me suis souvenu que la dramaturge est "de gauche" (la gauche caviar, faut pas déconner non plus !). Mon attention s'est donc portée sur un autre gros queutard, que l'on peut rattacher à l'initiale G : Dominique (Gaston) Strauss-Kahn. La confirmation est venue du blog de Pierre Assouline (et d'un article du Sunday Times).

   Voilà pour la chronique "pipol" (encore que... cela nous donne un éclairage supplémentaire sur la nomination de D.S.K. au F.M.I.). Passons au contenu du livre à présent. Il est peu volumineux. Y. Reza a choisi d'évacuer les déboires conjugaux de N. Sarkozy, mais aussi tous ces attouchements qui font le sel d'une campagne (ça nique dans les entourages de candidats !). Elle a aussi, je crois, choisi de laisser de côté tout ce qui pouvait entamer la crédibilité du personnage. Entendons nous bien : elle ne passe pas sous silence les nombreux défauts de l'ancien ministre de l'Intérieur, mais les aborde systématiquement de manière positive, rendant presque le personnage attachant.

   Elle a visiblement succombé au charme, passant du vouvoiement au tutoiement. C'est honnête de sa part de ne pas le cacher. Elle le fait comprendre en nuance : au début elle écrit vouloir s'attacher au voussoiement (pour garder de la distance), mais très vite, on comprend qu'elle est passée au tutoiement. Par contre, on peut lui reprocher de ne pas avoir pris de recul par rapport à sa propre évolution. Comme elle a écrit son livre quelques semaines après la fin de la présidentielle, elle aurait pu apporter quelques éléments de réflexion sur sa propre incapacité à rester distanciée.

   C'est devenu tel qu'elle prend fait et cause pour son poulain quand la presse ou les intellectuels le dénigrent. Je ne citerai pas ici les attaques systématiques dont elle gratifie Michel Onfray. Je préfère aborder le cas de deux journaux. Il est d'abord question du Canard enchaîné. A la page 75 (de l'édition de poche), il est écrit : "La visite de Madrid a été en partie gâchée par un article infamant et dérisoire du Canard enchaîné." Bigre ! Voilà que la "probité" de l'ancien maire de Neuilly est remise en cause. L'article en question, publié dans l'édition du 28 février 2007, traite de l'appartement de l'île de la Jatte. Le voici :

politique,de tout et de rien

   Depuis, l'affaire a fait l'objet d'une enquête préliminaire... prestement close...

   Toujours aussi courageuse, Y. Reza s'en prend ensuite à une tribune anti-Sarkozy, publiée dans Libération le 30 avril 2007. A vous de juger, rétrospectivement, si l'on peut se contenter d'évoquer la "faiblesse du texte" (page 118).

   Quelques mots sur le style, pour terminer. La volonté de ne pas trop réécrire les notes prises sur le fait (ou de laisser cette impression) est évidente. Entre la posture pseudo-surréaliste (garder le matériau brut) et la tentation du Verbatim à la Jacques Attali, l'auteure penche plutôt pour l'intello-reportage, délaissant la plupart du temps les guillements, ce qui donne un texte parfois confus, où il est difficile de démêler ce qui revient à telle ou telle personne. Je ne sais pas si c'est volontaire ou l'expression de l'inconscient, mais cela traduit assez bien la proximité trouble de Yasmina Reza avec son sujet.

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