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mercredi, 02 novembre 2005

Police et banlieues, suite

       J'ai envie de faire un peu le point. Revenons à l'origine : à Clichy-sous-Bois, des policiers font leur travail, puisqu'ils procèdent à l'interpellation d'un groupe de personnes en infraction avec la loi : ils tentaient de pénétrer dans une baraque de chantier. Mouvement général de fuite.

Première question : les trois jeunes électrocutés par la suite faisaient-ils partie de ce groupe ? (Remarque : apparemment, âgés de 15, 17 et 21 ans, ils n'étaient pas connus des services de police, ce qui plaide en leur faveur.)Quelle que soit la réponse, il est évident que l'intervention de la police était légitime. J'ai entendu à la radio une personne prétendre que c'est la présence de la police qui est la cause des troubles ! C'est plutôt le contraire : si davantage de policiers étaient présents au quotidien (des policiers, donc, qui connaîtraient le quartier), peut-être que ces jeunes n'auraient pas eu l'opportunité d'enfreindre la loi en tentant de pénétrer dans la baraque de chantier. Ceci dit, aussi, si tant de personnes ne connaissaient pas des conditions de vie difficiles, la propension à délinquer serait sans doute beaucoup plus faible.

Deuxième question : pourquoi les trois jeunes ont-ils fui la police ? S'ils ont participé à la tentative de cambriolage, on comprend. Dans ce cas, il faut le dire, malgré le deuil. Par contre, s'ils n'étaient pas mêlés à celle-ci ?... Avaient-ils une raison d'avoir peur des policiers ? En clair : à Clichy-sous-Bois, des policiers sont-ils coutumiers du non-respect de la déontologie ? Tiennent-ils régulièrement des propos racistes en présence de ces jeunes ?

Troisième question : comment la foule de 200 personnes s'est-elle réunie ? Il semblerait que les téléphones portables aient joué un rôle. Ces personnes ne sont donc pas si pauvres que cela. D'autre part, cela veut dire que les émeutiers (ne nous voilons pas la face avec des périphrases) ne sont pas tous originaires de la commune. (J'ai même entendu parler des véhicules dans lesquels ils seraient venus à Clichy, véhicules immatriculés dans d'autres départements franciliens : s'ils ne sont pas volés, cela relativise encore leur "pauvreté".) Dans quelle proportion ? Il faudrait avoir un bilan des interpellations. Bien qu'imparfait, il donnerait à voir certaines tendances.

Quatrième question : quand les pompiers ont-ils été agressés ? Dès leur arrivée au transformateur ? Avant ? Après ? ce n'est pas clair en fonction des articles que j'ai lus. C'est important pour savoir si leur agression a été un obstacle à leur mission de secours ou si elle a été une sorte de vengeance puérile.

Cinquième question : qui a tiré la (les) grenade(s) lacrymogène(s) et dans quelle direction ? Si ce sont des C.R.S. qui sont les auteurs de ce geste, s'agit-il d'une provocation de policiers racistes, d'un acte de défense ou bien d'une erreur : connaissaient-ils l'existence de la mosquée à proximité ? (Si c'est non, cela confirme la nécessité d'avoir, sur le terrain, davantage de policiers qui connaissent le quartier, ses habitants, ses us et coutumes : faut savoir ce qu'est le ramadan !) Si le jet de grenade ne vient pas des policiers ?...

  Quelques remarques pour terminer. Nicolas Sarkozy me fait un peu l'effet d'un pompier pyromane. Je partage complètement son appréciation des auteurs des troubles : ce sont des voyous. Le terme "racaille" me semble trop péjoratif, surtout dans la bouche d'un ministre. (Encore que... j'ai naguère un peu "vaqué" du côté de Vitry-sur-Seine, où le terme de "caillera" était d'usage courant, plutôt dans un sens positif, sens qu'a eu "voyou" à une époque : le rebelle -déliquant certes, libre et sauvage, qui fait phantasmer certaines filles... ) Là, il a manqué de sens politique : sa fonction est d'abord de maintenir ou de rétablir l'ordre. A l'usage de la force s'ajoute la parole, ce en quoi il a failli.

14:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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