samedi, 21 janvier 2006
P'tit déj' de l'Est
Hier, je suis allé remplir mes sacs en plastique (échangeables) dans mon hypermarché de prédilection. Dans le chariot, j'ai placé quelques pots d'une pâte à tartiner chocolatée que j'affectionne (mon ventre aussi, vu l'aspect qu'il prend au fil des années). Et donc, ce matin, à demi éveillé, je me dirige en salivant vers la table pour prendre une petite collation à la noisette. C'était bon, mais, à la première bouchée, une très légère différence de goût m'a interpellé quelque part au niveau du V Q. Pourtant, j'avais bien choisi la marque (célèbre), les substituts proposés par les diverses grandes surfaces ayant un goût peu satisfaisant (j'ai lu quelque part que c'était dû aux noisettes, qui ne se trouvent que dans une partie du monde... au grand désespoir des centrales d'achat).
J'ai quand même interrompu ma collation pour jeter un coup d'oeil au pot. Tout d'abord, j'ai noté à nouveau la légère différence au niveau de l'aspect global (différence qui m'était apparue sans importance au moment de l'achat) : seule la moitié de la circonférence du pot est recouverte par l'étiquette. Les informations qui figuraient sur l'autre moitié sont présentes en partie sur ce qui reste, mais en tout petit. J'y regarde de plus près et, ô surprise, je m'aperçois que c'est écrit en pas-français ! Au-dessous de ces indications, une languette rédigée en français a été collée. Je me suis alors dirigé vers le carton dans lequel j'entrepose mes déchets de verre. J'en ai extrait un ancien pot, à l'étiquette complète, en français. Grosso modo, la composition est la même : les masses respectives de protéines, glucides et lipides sont identiques, mais la version étrangère contient 0,1 % de plus de cacao maigre (7,5 % contre 7,4 %) et moins de lait écrémé en poudre (5 % contre 6,6 %).
Le cacheton interne, en aluminium (ou autre), a attiré mon attention : il est aussi rédigé en pas-français : le produit a dû être fabriqué à Lodowce... en Pologne ? Retour à l'étiquette du pot : "PRODUCENT : FERRERO POLSKA", avec une adresse à "Warszawa"... Varsovie, si je ne m'abuse. C'est en refermant le pot que le coup de grâce vint : sur le couvercle est collée une vignette, représentant une sorte de cantine de lait (le genre utilisé pour la collecte auprès des éleveurs, dans le temps, en France, encore aujourd'hui en Pologne, je présume... ça fait authentique) avec l'inscription "z polskiego mleka". Cela doit vouloir dire : avec du lait polonais.
Je comprends ainsi la campagne de publicité de la chaîne d'hypermarchés : le prix du pot est plus bas parce que le fabricant a rogné sur le coût laitier... sous la pression de la centrale d'achat ? Après tout, cette pâte chocolatée se vend bien. Le fabricant n'avait pas besoin d'en réduire le prix, sauf si des pressions s'exercent sur lui. Cela m'a rappelé un dossier du Canard enchaîné, intitulé Comment les hypers gagnent (5,35 euros, en 2005, cela doit pouvoir encore se commander). Je vous le conseille vivement : en sus des caricatures (délicieuses), j'y ai trouvé un paquet d'informations qui valent leur pesant de caisses enregistreuses !
16:10 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0)
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