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vendredi, 26 mai 2006

Da veni da vidi da vinci

        Un soir, la semaine dernière, je me promenais en ville et puis, en passant devant un cinéma, je me suis dit : "Après tout, pourquoi pas ?" Je n'avais pas lu le roman, même si j'avais suivi la polémique (savamment entretenue, il faut le dire).

        C'est un petit polar tout à fait visible. L'intrigue est prenante, les acteurs plutôt bons (Jean Réno compris !) et les rebondissements sont nombreux. J'ai eu plaisir à voir Le Louvre (où je ne suis jamais allé... va falloir remédier à cela un de ces quatre !), les rues de Paris (vroum, vroum la Smart !), celles de Londres. D'un point de vue formel, les scènes surimposées (par exemple à propos des croisades, des Templiers) sont très réussies, ainsi que les retours en arrière sur l'enfance des protagonistes, qui leur donnent une certaine épaisseur psychologique. Par contre, les dialogues ne sont pas déments. (J'ai vu le film en version française.) Trop souvent, j'ai eu l'impression qu'Audrey Tautou et Tom Hanks débitaient un truc sans saveur, sans intérêt particulier. Il y a aussi quelques invraisemblances, en particulier au début, quand Silas (le méchant pas gentil) zigouille notre Jean-Pierre Marielle à nous (les jeunes ne respectent décidément plus rien), mais part sans s'assurer de sa mort définitive, alors que pour les autres meurtres, il est plus radical. Il aurait dû lui balancer deux ou trois pruneaux supplémentaires, à mon avis. Du coup, Saunière a le temps de perdre son sang, d'écrire des messages un peu partout (il a dégueulassé le musée, l'enfoiré). Vous me direz que c'est fait exprès pour que démarre l'histoire, mais avouez que c'est un peu gros.

      Le vrai problème du film est l'accumulation de prétendues révélations historiques, toutes étant reliées les unes aux autres (et encore, le film a semble-t-il élagué par rapport au roman). Par moments, j'ai souri (pauvres Templiers recyclés à toutes les sauces)... alors que ce que je voyais à l'écran n'était pas supposé être drôle. J'ai même franchement ri, lorsque, à la fin du film, Tom Hanks déclare à Sophie Neveu-Tautou, en la regardant droit dans les yeux, l'air bien sérieux du type qui va lâcher la réplique qui déchire : "Vous êtes la dernière descendante du Christ !" J'ai essayé de me retenir (y a plein de gens qui croient dur comme fer aux élucubrations du roman... après tout, si ça leur chante...), mais c'était trop drôle !

      Le film est aussi très chaste (c'est un film "familial", ce qui, en langage hollywoodien, signifie "pas érotique pour deux sous") : alors que, durant le film, il est évident qu'un "fluide" passe entre les deux principaux personnages, Langdon se contente d'un petit bisou sur le front de Sophie à la fin. Difficile de bander pour celle qu'on croit être la descendante (en ligne directe) de Jésus ?

      A ceux qui voudraient prendre du recul vis-à-vis de l'intrigue du roman, je recommande deux lectures :

- "Da Vinci Code, ce qu'il fallait découvrir", un numéro hors-série de Science et Vie bien foutu. (Par contre, évitez le "Code Da Vinci décrypté" de Simon Cox, en Pocket : il ne décrypte rien du tout, il reprend toutes les affirmations du roman sans s'en démarquer.)

- Plus approfondi, plus intéressant, "Code Da Vinci : l'enquête", de Marie-France Etchegoin (du Nouvel Observateur) et Frédéric Lenoir (du Monde des Religions). Cet ouvrage démonte de manière convaincante tous les phantasmes s'appuyant sur le "prieuré de Sion". (Ah, ce curé qui s'enrichit mystérieusement... des souvenirs de bandes dessinées... connaissez-vous Martin Mystère ?) Il remet aussi quelques pendules à l'heure concernant la vie et l'oeuvre de Léonard de Vinci et l'histoire du christianisme. Ceci dit, l'habileté du roman (et du film) réside dans le fait que des "blancs" subsistent dans l'Histoire. L'Eglise catholique a sans doute minimisé le rôle des femmes dans les premières communautés chrétiennes (et peut-être aussi dans l'entourage de Jésus). D'où les supputations qui font le bonheur des amateurs d'ésotérisme...

14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)