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samedi, 07 octobre 2006

On n'est pas couché(s)

   Jeudi 5 octobre 2006, j'ai assisté à l'enregistrement de l'émission de Laurent Ruquier, au Moulin rouge (en fait, dans une salle annexe transformée en plateau télé). Il fallait se présenter à 19h (après avoir réservé). On avait droit à un sandwich et une boisson non alcoolisée (merci !) pour patienter... mais aussi parce que la soirée allait être longue ! La grande faille dans l'organisation réside dans le petit nombre de cabinets de toilette (2 pour tous les spectateurs... bon, ça va, j'ai une vessie et une prostate qui tiennent la route). En salle, on ne choisit pas forcément sa place, même si ce n'est pas aussi planifié que je m'y attendais. Les vieux se retrouvent quand même très majoritairement en haut des gradins, les jeunes au premier rang. Quelques canons sont placés au niveau du deuxième ou troisième rang, histoire d'agrémenter le champ de vision des caméras fixes. Ensuite débarque le chauffeur de salle, sympathique, qui maîtrise le second degré (il nous apprend à émettre des applaudissements voire des rires "spontanés"). L'enregistrement a démarré à 20h30 environ... et s'est terminé à 2h !!! Trois pauses ont été ménagées (du coup, à la troisième, certains en ont profité pour se casser... Tas de mauviettes !)... A l'occasion de celles-ci, je me suis jeté sur les bouteilles d'eau distribuées : c'est que je cuisais, moi ! J'avais trouvé une petite place sympa, dans un coin, en haut des gradins... juste devant des projecteurs qui n'étaient pas allumés lorsque je suis arrivé. Si cela avait été des lampes à UV, je crois que je serais mort d'un cancer avant la fin de l'enregistrement !

   Passons aux intervenants et aux invités. Ruquier m'a paru très professionnel, rigoureux, perfectionniste (j'aime bien sa manière de se reprendre quand il a bafouillé ou quand un imprévu a fait déraper le cours de l'émission). Je n'ai pas compté le nombre de fiches qu'il a utilisées, mais c'était impressionnant (même si c'était sans doute tapé en taille 18 ou 20) ! Presque tout est écrit d'avance et défile sur l'un des deux prompteurs (même une plaisanterie entre Jean-Luc Lemoine et Ruquier). Les rares moments d'improvisation sont liés aux invités et, parfois, à la manière dont Ruquier mène l'entretien. (Petite anecdote : à un moment, un abruti, sans doute en régie, a lancé un vibrant "Allez l'O.M. !" qui s'est entendu jusque sur les gradins où je me trouvais. Les personnes situées sur le plateau n'ont peut-être pas compris les propos mais d'Ormesson et Ruquier ont embrayé aussitôt et ce fut assez drôle.) En général, il rebondit par un jeu de mots. De là où j'étais, je voyais Ruquier de profil, parfois légèrement de dos. Observez bien sa coiffure : elle paraît simple, alors que je suis prêt à parier que c'est le résultat d'un savant travail. De manière générale, je dirais que Ruquier se bâtit un personnage lisse, au niveau de la coiffure, du visage (toujours un peu poupin) et des vêtements. C'est par la parole qu'il fait émerger les aspérités.

   Jean d'Ormesson fut le plus pétillant des invités. Bon, il est prêt à tout pour vendre ses bouquins et profiter un peu du soleil médiatique, mais il est vraiment habile, beau parleur, cultivé... et affûté. Je ne le crois absolument pas quand il affirme ne pas écrire pour vendre. Espèce de vieux faux-jeton ! Par contre, lorsqu'il s'est trouvé assis dans le siège latéral, il a lancé une pique qui a dû toucher plusieurs des personnes présentes ce soir-là : il a déploré un des travers de notre époque, qui met tout sur le même plan, l'inculte et le cultivé, le clinquant et le profond. C'était là une manière de défendre sa boutique, mais aussi de lancer une flèche à quelques gloires transitoires, parmi lesquelles sans doute Titoff.

   Celui-là est un beau gosse qui a de l'humour... donc un sale type, soyons clairs. Le problème est qu'il parle. Je suis désolé, mais souvent, il ferait mieux de se taire (sauf quand il balance une blague, drôle en général) : il est assez creux. Heureusement, il y avait Julie Depardieu, si craquante. J'ai appris qu'elle s'était fait refaire le nez. A priori, je n'aime pas trop la chirurgie esthétique mais je pense qu'elle a eu raison de vouloir se débarrasser du "nez des Depardieu". De là à vouloir tout refaire d'ici quelques années... Julie, voyons, tu n'en as pas besoin ! Anecdote : son micro était placé au niveau du sein gauche, sur le décolleté de son haut. J'ai compté qu'à au moins quatre reprises, un technicien est venu le replacer (alors que je n'ai pas constaté de problème au niveau du son : on l'entendait très bien !), la dernière fois en fixant ledit micro directement sur le soutien-gorge de Julie ! Vein... Salaud ! En début d'enregistrement, elle était pleine de vie, puis elle s'est effondrée. Cela a commencé par deux éclipses du plateau (pour aller fumer derrière les gradins : de mon côté, on sentait la fumée...). Vu l'état dans lequel elle a fini la soirée, il devait y avoir autre chose que du tabac dans les cigarettes... On l'a vue ensuite s'affaler comme une bouse sur la table (d'Ormesson en a profité pour mater sa poitrine).

   Il a  été  beaucoup question de livres ce soir-là. On a eu droit à des sortes de mémoires du trostskiste Alain Krivine. Le bouquin a été descendu par Polac (un épisode de la guéguerre qui oppose certains altermondialistes à Charlie Hebdo ?), les idées par Zemmour (auquel Krivine a évité de répondre sur le côté "révolutionnaire" de l'économie de marché). Le mini-débat qui s'est engagé n'a servi à rien, sinon, je pense, à suggérer l'idée qu'entre la droite (Zemmour) et l'extrême-gauche (Krivine) se trouve la politique la plus équilibrée. Ruquier serait-il du centre-gauche ? Krivine a quand même suscité des applaudissements quand il a défendu, avec talent, un engagement politique autour de la générosité. Le trostskisme, stade suprême de l'humanisme ?... Ensuite est venu le tour d'un type qui avait volé des tableaux dans des musées. On s'est vite aperçu de l'escroquerie. Malheureusement pour lui, le type n'avait pas la carrure des autres invités. Il s'est mal défendu, d'autant plus qu'il a été attaqué par pas mal de monde. On sentait l'escroc érémiste poussé par l'éditrice avide de réaliser un bon coup. Toutefois, sur la méthode, on lui a fait un procès inéquitable, puisqu'il a été attaqué principalement sur la foi d'un article d'un journaliste de Libération, avec lequel il aurait été en contact quelques années auparavant. Faudrait voir si le gars n'est pas après tout plus sincère qu'il ne paraît. Troisième "livre" de la soirée, le dernier semi-pamphlet de Ted Stanger, un Etats-unien qui vit en France. Il est habile, sait parfois relever des travers, mais, à mon avis, il est foncièrement malhonnête : il me semble qu'il cherche à attribuer aux fonctionnaires (pas forcément toujours irréprochables, là-dessus on est d'accord) tout ce qui va mal... et tout ce qu'il lui est arrivé de dérangeant. Bonjour le bouc émissaire. Ruquier lui a taillé un costard, sans trop fouiller. Le plus drôle est que Stanger s'est présenté comme "liberal"... au sens américain du terme (sans que quelqu'un prenne la peine de le préciser), c'est-à-dire "démocrate". Il s'est déclaré proche de Dominique Strauss-Kahn. Il n'est pas sûr que l'expression de ce soutien survive au montage... Polac a recommandé un livre consacré à un faussaire, qui a fait des Vermeer criants de vérité. Mais le seul livre présenté ce soir-là que j'aurais envie de lire est celui d'Isabelle Alonso. Malheureusement, elle est passée en fin d'émission. Peut-être Ruquier a-t-il voulu ainsi limiter les accusations de copinage. En tout cas, je vais peut-être acheter L'exil est mon pays. On peut le qualifier de fiction autobiographique. Il est question de migration, d'identité, de mélange... autant de thèmes qui font écho à ce qu'ont vécu des familles venues d'Espagne (cas d'Alonso), mais aussi du Portugal, d'Algérie, du Maroc, d'Italie, de Pologne etc. C'est aussi une histoire qui peut parler à ceux qui sont issus d'une famille biculturelle française : occitane, bretonnante, alsacienne... On n'était donc pas trop étonnés de voir débarquer le député Lassale (du Béarn), et de l'entendre causer occitan. A part cela, il n'a pas dit grand chose, sauf sur la réintroduction des ours. Je partage son point de vue concernant le caractère autoritaire de la décision des lâchages, mais je le trouve un peu timoré (c'est un "centriste"... ça veut dire qu'il a le cul entre deux chaises et qu'il aimerait bien gagner sur tous les tableaux... il est allé serrer la main de Krivine avant que celui-ci ne quitte -discrètement- le studio, sans doute par courtoisie). Il a omis d'aborder le contexte de la disparition des bergers. Si les humains et les chiens sont moins nombreux à garder des troupeaux de plus en plus volumineux, ceux-ci deviennent des proies faciles pour un ours affamé. Je sais bien que je ne résouds rien en disant cela, mais il est quand même plus honnête de discuter de tous les aspects d'un problème.

   Quand Lassale a causé occitan (pardon béarnais, c'est une variable de l'occitan... à moins qu'il faille affirmer que l'occitan n'existe pas en tant que langue, mais bon, je rengaine ma bombe atomique), il a dialogué avec un revenant : Marcel Amont. Je crois qu'une bonne partie du public présent ce soir-là ne savait pas qui il était. C'est quand on s'est mis à fredonner certaines de ses anciennes chansons qu'on s'est rendu compte qu'il faisait partie du patrimoine musical français. On nous la rejoue "Henri Salvador sur le retour" (Salvador, c'est quand même autre chose), avec la même tendance jazzy. Du coup, Marcel Amont n'a pas été égratigné, ni contredit quand il a affirmé avoir bien vécu toutes ces années de disgrâce médiatique, quand il gagnait sa croûte à coups d'animations bas de gamme et de soirées un peu ringardes.

   Le cinéma constituait l'autre gros morceau de cette soirée. Dès le début, il a été question de L'homme de sa vie (faut-il y voir un choix de Ruquier ?). Charles Berling a bien défendu le film (qui ne m'emballe pas des masses a priori) et j'ai particulièrement apprécié son propos sur les communautarismes et le fait de vouloir à tout prix ranger les gens dans une catégorie. Je l'ai vu tirer une sacrée tronche quand Jean-Luc Lemoine a (brillamment) tourné le trotskisme en dérision (lorsque Krivine est passé sur le grill). Julie Depardieu était là pour faire la promo de Poltergay : une comédie un peu bas du plafond, mais que je compte aller voir ! Etonnant que Clovis Cornillac n'ait pas été là. Aurait-il snobé l'émission ? Est-il d'avis que ce film fait un peu tache sur sa cinématographie ? Ruquier a-t-il préféré inviter Julie Depardieu ? Etait-elle la seule disponible ce soir-là, à cet horaire-là ? En fin d'émission, Anémone est venue présenter un film dont j'ai oublié le titre (trop fatigué). Mais je n'ai pas oublié le gadin qu'elle a pris en arrivant sur le plateau ! Plus de peur que de mal heureusement. Cela sera peut-être coupé au montage. Si c'est le cas, on laissera sans doute subsister le trébuchement qu'elle provoque en se déplaçant vers le siège latéral. Ce fut un moment sympa, d'autant plus que le chien de l'actrice est venu se mêler à la fête. De ma place, je le voyais au centre du plateau : la pauvre bête voulait juste ne pas être séparée de sa maîtresse. Si vous souhaitez  savoir d'où vient le personnage de Thérèse du Père Noël est une ordure, regardez l'émission.

  De manière générale, j'ai eu l'impression d'assister à une sorte de marché médiatique. Ils sont tous venus vendre leur soupe, avec plus ou moins de talent, plus ou moins de subtilité. Le plus drôle est que la majorité de ces mercantiles est de gauche (et très contestataire vis-à-vis de l'économie de marché). Autre remarque : visiblement, le stress est très répandu dans le "chobiz" : les pauses ont été l'occasion d'une ruée sur les cigarettes (ruée des invités et des animateurs, pas du public, non mais !). Ruquier lui-même en a allumé une (à la troisième pause sauf erreur de ma part). Il faut dire que les conditions de l'enregistrement ont parfois pu l'agacer : les incidents ou approximations techniques ont été fréquents. Les gars de la régie ont dû se prendre un beau savon...

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