vendredi, 02 février 2007
Le grand silence
Ruhe, bitte ! das ist die grosse Stille ! L'inconvénient, avec ce film, est qu'il faut avoir programmé soigneusement sa journée, en particulier la composition de ses repas. Si, comme moi, vous avez coutume de libérer vos flatulences en cours de séance, vous êtes mal barrés ici ! Encore que... Il faut être vigilant et profiter des cloches ! Sinon, il faut se limiter aux films genre James Bond : on peut y péter en toute tranquillité !
Le silence n'est pas total : on y entend (très peu, il est vrai) certains moines parler. La forme du film est intimement liée au fond. La longueur a un but : nous faire ressentir la part de monotonie dans la vie des chartreux (oui, des Français en majorité, mais ce sont des Allemands qui ont eu l'idée de ce film) : un long métrage ayant tendance à privilégier des moments forts, le spectateur pourrait mal estimer le rythme de vie des reclus. En quelque sorte, on pourrait dire qu'à propos d'un groupe contemplatif, Philip Gröning a mené un projet lui-même contemplatif. Dans ce film, il est donné à voir et à réfléchir, mais rien n'est vraiment expliqué.
L'image (accompagnée des sons) est donc chargée de sens, J'ai eu plusieurs fois l'impression que le réalisateur s'inspirait de Georges Rouquier, auteur, entre autres, de Farrebique. Le soin apporté à décrire les phénomènes "naturels", allié à un certain goût pour la belle image, donne des résultats intéressants : l'eau est souvent l'objet des effets les plus réussis, à travers la pluie, la neige, le bénitier (si bien filmé), la rivière ; les gros plans ne sont pas malvenus (je pense en particulier à l'un d'entre eux, au début, quand on voit un des moines de trois-quarts dos : le crâne et la nuque, rasés de près, sont presque palpables, pendant que lui mange son potage). Par contre, les images tournées en vidéo numérique n'apportent rien, à mon avis.
Quelques séquences se détachent, comme la tonte des moines (par contre on ne voit rien des conditions de leur toilette ni du coucher), la distribution des repas, la sonnerie des cloches, la lecture (ainsi que l'écriture, à travers le moine espagnol, si soigneux) et, bien entendu, la prière (ou plutôt les prières). A la fin, on nous gratifie d'une séquence assez burlesque : la glisse des (jeunes) moines sur la neige. Le film se termine sur les réflexions d'un membre de la communauté, aveugle. Je ne partage pas ses propos, même si j'en sens la cohérence interne.
23:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, *de tout et de rien*
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