jeudi, 08 février 2007
Blood diamond (s)
C'est un film bourré à la fois de défauts et de qualités. C'est d'abord une superproduction hollywoodienne, avec les canons du genre. On trouve donc de la grosse vedette : Di Caprio (brushing impeccable dans la jungle comme sous la mitraille... non mais, vous ne croyiez tout de même pas qu'on allait casser l'image d'un symbole sexuel pour une bonne cause ?), meilleur que dans Les infiltrés, accompagné de Jennifer Connelly (qui reproduit ici le type classique de la journaliste engagée courageuse au grand cœur et pas vilaine qui va soulever des montagnes) : à ma grande surprise, le "couple" fonctionne, aussi bien dans la phase d'affrontement que dans celle de "coopération". J'ai même été ému, vers la fin. (Ah, ce satané côté "fleur bleue" !) Les seconds rôles ont été choisis avec soin. Ils sont excellents, en particulier le quasi-premier rôle Djimon Hounsou. Les enfants sont aussi très bien dirigés. Par contre, le scénario comme la réalisation ne lésinent pas sur le mélo, les larmes, les mômans en détresse. C'est un peu lourd.
Mais le contexte s'y prête : il s'agit de l'une des guerres civiles les plus atroces parmi la kyrielle subie par les Africains. Le grand talent du film est de montrer l'enchevêtrement des responsabilités, occidentale, blanche africaine (ah ces Afrikaners et leurs cousins des ex-Rhodésies...), noire africaine. La séquence qui voit les "rebelles" du RUF (ou FRU) s'emparer de Freetown est saisissante, à la fois d'une efficacité redoutable et d'une beauté plastique assez gênante tant elle est fascinante. Toutefois, n'allez pas croire que le film soit complaisant vis-à-vis de la violence : elle est montrée sans détour pour que son côté abominable soit ressenti. Des réalisateurs moins scrupuleux auraient alourdi l'addition. Ici, quand on nous montre les "enfants de la guerre", on comprend que leur sort est peu enviable (un peu plus néanmoins que celui de leurs victimes), mais on perçoit aussi les sentiments confus qui animent ces jeunes, qui expérimentent en même temps la rupture (brutale) avec le cocon familial, la puissance que confère la maîtrise des armes et un nouveau mode de vie en groupe. A travers l'histoire du fils du pêcheur, c'est la vie de pays entiers qui est décrite : difficile de se remettre dans le bain d'une existence "civile" après tant de soubresauts.
17:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
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