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lundi, 10 mars 2008

Séisme électoral à Rodez

              Il y a au moins deux avantages au résultat : je peux organiser mon dimanche prochain comme je le veux puisque je n’aurai pas à me déplacer pour un second tour et, de ce fait, cette élection fait faire quelques économies.

            On va commencer par la liste arrivée quatrième et dernière, « La nouvelle génération avec Marc Censi »… ledit Censi (il est là depuis 1983… et même depuis 1971 en tant qu’adjoint !) ayant plus de 72 balais : bonjour le renouvellement ! Les électeurs ne se sont pas laissé abuser par la tromperie : on avait mis un gamin en tête de liste (un C.S.P.+ comme nombre de ses colistiers) et le maire sortant Censi n’en occupait que la dernière place ; tout le monde a compris que Censi comptait sur des négociations d’entre deux tours, peut-être pas pour redevenir maire mais, qui sait, pour garder la communauté d’agglomération.

            Censi (ex-U.D.F.) s’est aussi relancé dans la compétition pour une raison « culturelle ». La liste officielle estampillée (même discrètement) « U.M.P. » (plutôt une liste d'ex-R.P.R. ?) a dans son programme l’organisation d’un référendum local pour décider de la construction (ou pas…) d’un musée Soulages… une cochonnerie de snobinards qui pourrait nous coûter la peau des fesses… (C’est le contribuable ruthénois qui cause, là.) et dernière lubie de Censi, qui a déjà bien vécu sur la bête avec ses projets limite pharaoniques. Régine Taussat n’a pas eu le courage d’annoncer franchement la couleur et de dire que ben son projet de musée Soulages, Censi, il peut se le rouler en boule et le ranger où il veut… Pour être honnête, il faut dire que le programme de la liste U.M.P.-mais-pas-trop prévoyait des travaux gigantesques (et inutiles...) au centre de Rodez. Ouf ! On a échappé à cela ! A la fin du dépliant-programme, Régine Taussat avait pris soin de faire figurer quelques photographies de sa modeste personne en compagnie des huiles U.M.P… Le problème est que certaines de ces photos doivent dater de 10 ou 15 ans ! Le top du délire est celle qui montre Régine en compagnie de Nicolas Sarkozy : en gros, seule la coupe de cheveux permet de reconnaître la candidate ! La palme de l'hypocrisie est attribuée à... la photo sur laquelle figurent notre Régine et le député Yves Censi (oui, le fiston de l'autre), auquel elle s'était opposée aux législatives de 2002, quand il s'était agi de récupérer la place laissée vacante par la retraite de Jean Briane. Quant à sa liste, au-delà de quelques lampistes, c’est un échantillon caricatural de la "bonne bourgeoisie" : « cadre de banque », « chargée des ressources humaines », « chef d’entreprise clinique privée », « commerçante », « chef d’entreprise »,  « médecin psychiatre », « employée de banque », « négociateur immobilier », « conseiller financier », « employée de banque » (une de plus), « kinésithérapeute », « décoratrice », « chirurgien dentiste »… Notez la surreprésentation des professions médicales (libérales, faut pas déconner non plus). Les électeurs n’ont pas voulu de cette ordonnance… d’autant plus que, aussi bien à droite qu'à gauche, à Rodez, ils sont nombreux à admettre que Régine Taussat n’était pas très crédible en future maire.

            La deuxième place est revenue à une liste-surprise, menée par le président du Conseil économique et social. Il s’affichait « social-démocrate » et son dépliant le montrait en compagnie de Martin Malvy, le président (socialiste) du Conseil régional. Le problème est que celui-ci soutenait la liste socialiste. La même méthode a été appliquée avec une notabilité locale : l’ancien directeur d’un lycée du coin figure lui aussi sur une photographie en compagnie de J.-L. Chauzy. Il a fait publier un démenti dans la presse locale. Voilà des procédés qui ne sont ni sérieux, ni honnêtes. En fait, cette liste est un fourre-tout qui n’a pas osé prendre l’étiquette  Modem. Elle réunit une brochette d’ex-U.D.F. et des personnes plutôt classées « à gauche », des notables C.S.P.+ et un nombre non négligeable de représentants du monde enseignant. Le mariage de la carpe et du lapin n’a convaincu les électeurs qu’à moitié.

            La vraie surprise est venue de la victoire, dès le premier tour, de la liste P.S.-P.C.-Verts-P.R.G.-M.R.C. (ça y est, on a tout le monde ?)  menée par l’éternel opposant Christian Teyssèdre. A la base, ce candidat passait plutôt mal auprès de la population : il n’a pas vraiment de charisme et il a depuis longtemps la réputation du râleur systématique, une sorte de don Quichotte aveyronnais luttant vainement contre les moulins à vent du Conseil général et de la mairie de Rodez. Alors, qu’est-ce qui peut bien expliquer sa franche victoire en 2008 ? Sa liste est plurielle : elle accueille, outre les militants politiques des partis la soutenant, quelques figures locales pas spécialement marquées. Le plus étonnant est que cette liste « de gauche » est assez peu ciblée « fonction publique ». En outre, je pense que le gros travail de terrain (du porte-à-porte notamment) a porté ses fruits. Teyssèdre a pu voguer sur la déception vis-à-vis de la droite, à la fois nationale et locale, et du désir de changement des électeurs. Le dépliant-programme est assez bien foutu, même si on peut sincèrement douter de la réalisation de ce catalogue de bonnes intentions. D’ailleurs, l'ambiguïté est entretenue sur la construction du musée Soulages « Nous organiserons une promotion active de nos musées présents et à venir »… On comprend pourquoi Marc Censi, une fois les résultats proclamés, ne s'est pas montré attristé de voir ses adversaires de toujours prendre le contrôle du piton ruthénois. Dire qu’il faut se taper soit les snobs de droite soit ceux de gauche…

 

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