jeudi, 26 juin 2008
Valse avec Bachir
Le Bachir en question est (était) Béchir Gémayel, chef des Phalanges libanaises, assassiné en 1982. (Son neveu, Pierre, a connu le même sort en 2006. Dans les deux cas, beaucoup y voient la main de la Syrie...) Cet assassinat a servi de prétexte au massacre de centaines de Palestiniens vivant dans des camps de réfugiés au Liban. Le titre peut se comprendre de deux manières. C'est d'abord une allusion à une très belle séquence de ce docu-fiction animé, qui voit un des soldats israéliens se souvenir de sa participation à l'invasion du Liban par Tsahal. C'est aussi, de manière plus symbolique, une allusion à la collusion des officiers israéliens avec les extrémistes chrétiens libanais.
Le film s'articule autour de séquences-témoignages. Le réalisateur a rencontré des vétérans israéliens et, au lieu de les filmer, il les dessine (ou fait dessiner). Cela ressemble à des entretiens, cela a le goût d'entretiens, mais c'est plus que cela. Le dessin animé autorise les retours en arrière, la reconstitution de scènes, parfois de manière onirique. Il est question d'interpréter les rêves (les cauchemars plutôt) de ces anciens soldats qui ont refoulé leur participation à ce conflit.
Sans être aussi léché qu'une animation japonaise haut-de-gamme, le film est une grande réussite formelle. Le rêve récurrent, celui des hommes sortant de l'eau, est vraiment très marquant. La musique est bonne. C'est parfois drôle, caustique, lorsque cela prend la forme de clips vidéos : les bombardements ratés et le passage sur le film porno sont particulièrement réussis.
Reste cette violence inacceptable, celle des Phalanges libanaises. La fin du film laisse la réalité passer devant les images de fiction. L'auteur a visiblement voulu montrer ce qu'est un crime contre l'Humanité.
Une remarque : il est important de se documenter un minimum avant d'aller voir ce film. Si vous ne connaissez rien à l'histoire du Proche-Orient, vous risquez d'être un peu déroutés.
13:18 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
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