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samedi, 12 avril 2014

Apprenti Gigolo

   Voilà un film qui a désarçonné une partie de la critique bien-pensante. John Turturro a-t-il réalisé une nouvelle oeuvre très personnelle ou s'est-il fait le porte-parole d'un Woody Allen désormais incapable d'assurer la mise en scène d'un long métrage ? La réponse est quelque part entre les deux.

   C'est d'abord une comédie ironique et graveleuse, qui voit un homme ordinaire devenir l'étalon classieux de ces dames, toutes origines confondues. La première partie montre comment ce fleuriste taciturne, solitaire, au mitan de sa vie, va se lancer, sous l'influence d'un vieux libraire fauché et libidineux (Woody himself, assez bien portant, ma foi), dans un "service à la personne" très spécial.

   Je précise que je ne suis pas du tout partisan de la prostitution (masculine comme féminine). Mais là, difficile de ne pas être emporté par la fantaisie de l'intrigue.

   Le paradoxe de cette histoire est que, si, en théorie, c'est le prostitué qui est l'objet et le client le sujet, ici, Turturro-Fioravante reste le maître de ses employeuses, auxquelles ils apporte orgasme et réconfort. De plus, ce n'est pas le corps du gigolo qui est filmé avec convoitise, mais celui des clientes (fort bien d'ailleurs). Cela reste donc un film de mec, ce qui a peut-être agacé une partie de la critique.

   Il faut souligner le jeu impeccable des actrices. Sharon Stone est parfaite en troublante quinqua, à la fois timide et audacieuse, avide de connaître le grand frisson avec un homme plus attentionné que son richissime mari (un passionné d'alpinisme qui ne la fait pas grimper au septième ciel... soyez attentif à l'aménagement de l'appartement de la dame !).

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   Elle forme un drôle de couple avec une Hispanique chaude comme la braise... et à la poitrine opulente. On sent que Sofia Vergara n'a pas détesté ce rôle d'icône érotique.

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   Vanessa Paradis vient compléter le trio. Elle incarne une veuve juive orthodoxe, confinée dans son "devoir maternel"... et diablement triste. Pour bien comprendre la progressive évolution de ce personnage, il faut être attentif aux détails de sa coiffure, de ses vêtements... et à ses collants !

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   C'est la très bonne surprise de ce film. Même si j'ai toujours quelques problèmes avec certaines expressions de son visage, j'ai trouvé lumineuse la prestation de l'actrice française, dont le duo avec Turturro fonctionne bien. Trois séquences m'ont particulièrement marqué. La première est celle de la rencontre et du massage interrompu, à la fois touchante et magnifique par sa mise en scène. La deuxième est celle du repas, avec une démonstration de découpe du poisson assez étonnante. La troisième est celle du rendez-vous dans le jardin public, émouvante et pleine de promesse.

   La veuve et ses nouveaux amis doivent toutefois se montrer prudents. Dans le quartier (juif) où vit Avigal patrouille une sorte de vigile communautaire, qui a des vues sur la veuve. Dans ce rôle, Liev Schreiber est un régal de gros balourd orthodoxe.

   Cela nous mène au sous-thème de l'histoire : le communautarisme. John Turturro n'a pas oublié qu'il a tourné avec Spike Lee. Son film nous présente différents quartiers de New York, du ghetto noir et hispanique aux zones feutrées où s'est réfugiée la grande bourgeoisie anglo-saxonne, en passant par le quartier juif. Ce n'est pas le propos principal du film, mais, ici et là, il lance quelques pistes de réflexion.

12:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film

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