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samedi, 07 décembre 2019

Seules les bêtes

   Ce polar ruralo-urbain est l'adaptation d'un roman de Colin Niel (que je n'ai pas lu). L'énigme prend la forme d'un puzzle en cinq parties, chacune développant des aspects de l'intrigue en suivant un personnage différent. Ce sont les recoupements des cinq parties qui livrent la solution d'un mystère, celui de la disparition d'une femme, sur le Causse Méjean, en Lozère.

   Pour apprécier pleinement ce film noir, il faut accepter, dans un premier temps, de ne pas tout comprendre... et, plus tard, il faut avoir la modestie d'accepter que ce qu'on croyait avoir compris au départ n'était pas la réalité.

   La première partie est centrée sur Alice (Laure Calamy), employée souriante d'une mutuelle, qui sillonne les routes du canton pour faire remplir la paperasse à des personnes isolées... et aussi pour leur tenir compagnie, prêter une oreille attentive à leurs plaintes. A l'occasion, elle se tape l'un des paysans du cru, Joseph (Damien Bonnard, qu'on voit beaucoup ces temps-ci, notamment dans J'accuse). De retour chez elle, elle tente de faire bonne figure face à son mari Michel (Denis Ménochet, excellent), autre paysan taiseux, complètement investi dans son travail. C'est Alice qui découvre la voiture vide d’Évelyne Ducat, une bourgeoise récemment installée dans un ancien corps de ferme restauré. Un jour, le mari d'Alice disparaît à son tour.

   La deuxième partie est filmée du point de vue de Joseph. On commence à mieux comprendre l'arrière-plan de certaines scènes vues précédemment. On y découvre aussi l'une des conclusions de l'intrigue.

   La troisième partie met en scène Marion, une jeune serveuse sétoise, qui s'engage dans une relation fougueuse avec Évelyne. Nadia Tereszkiewicz en fait peut-être un peu trop face à une Valeria Bruni-Tedeschi souveraine (mais un peu empâtée).

   La quatrième partie, intitulée "Amandine", nous révèle une partie des clés. Elle est liée à l'introduction du film, une scène énigmatique se déroulant dans une ville d'Afrique francophone. On apprend qu'il s'agit d'Abidjan, en Côte-d'Ivoire. Qu'est-ce qui peut bien relier de jeunes Africains à des ruraux lozériens ? Je vous laisse le soin de le découvrir. En tout cas, sachez que Dominik Moll (rappelez-vous, Harry, un ami qui vous veut du bien) s'y montre aussi habile à filmer la jungle urbaine ivoirienne que les solitudes enneigées lozériennes.

   La dernière partie est centrée sur la personne qui a tué, dont je me garderai bien de révéler le nom ici. On revoit quasiment tout le film sous un angle différent. Pour les spectateurs, c'est à la fois déstabilisant et jubilatoire. Les scènes ont été tournées de manière à être aussi vraisemblables, quel que soit le point de vue adopté. C'est de surcroît très bien joué, du côté français comme du côté ivoirien.

   La conclusion nous ramène d'Afrique en Lozère, en compagnie de deux personnages vus auparavant. L'auteur a visiblement voulu montrer que, directement ou indirectement, tous les protagonistes de cette histoire sont liés entre eux, une ravissante jeune Ivoirienne semblant se retrouver (bien involontairement) à la croisée des chemins. C'est peut-être un peu too much, mais cela boucle la boucle de manière habile.

   Ne ratez pas ce polar français atypique, en prise sur la société actuelle.

18:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films