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samedi, 18 mars 2023

Mon Crime

   Revoilà François Ozon dans un genre qui lui convient à merveille : la comédie-pastiche, s'appuyant sur une floppée d'acteurs qu'il sait si bien utiliser.

   Le mélange des genres (film d'époque, enquête policière, comédie de mœurs, le tout saupoudré de militantisme) fonctionne très bien. Si j'ai été gêné au début, c'est en raison de l'impression de théâtre filmé que m'ont donnée certaines scènes, avec des dialogues parfois trop littéraires. Cela passe parce qu'au niveau de la mise en scène c'est impeccable. Les clins d’œil aux (très) vieux films muets, ainsi qu'à ceux des années 1930-1940, sont savoureux et l'on sent que les comédiens se sont prêtés au jeu avec un plaisir incontestable (et communicatif).

   Pour moi, le film décolle vraiment quand apparaît à l'écran le juge d'instruction, en la personne de Fabrice Luchini. Avec une autre comédienne d'exception (dont je parlerai plus loin), il est l'une des deux perles de cette histoire. Dans son bureau défilent le greffier gaffeur (Olivier Broche), le policier pas finaud (Régis Laspalès, aussi glabre que sobre), l'architecte marseillais (Dany Boon étonnant, sans doute bien meilleur que dans son prochain film), puis l'accusée et son avocate, donnant lieu à quelques moments de délices, riches en joutes verbales. En dépit de certains dialogues trop écrits, c'est l'un des points forts de ce film, qui regorge de bons mots, comme lorsque la jeune et belle comédienne demande à son aînée si elle n'a pas le trac avant de monter en scène, celle-ci (un peu jalouse de son succès) lui répond de ne pas s'inquiéter, que cela viendra avec le talent !

   Je trouve qu'ensuite l'intérêt baisse un peu. La partie procès ne m'a pas emballé, à l'exception de la dernière intervention de l'accusée, un plaidoyer féministe très bien écrit (et déclamé), qui aurait encore toute sa place au XXIe siècle.

   La troisième partie risquait à nouveau de ronronner. Heureusement, c'est le moment où débarque un ouragan, la dénommée Odette Chaumette, actrice sur le retour, incarnée par une Isabelle Huppert étonnante. (Quand on vient de la voir dans La Syndicaliste, on ne peut que s'émerveiller de ses aptitudes de caméléon, capable d'interpréter tant de personnages différents avec le même talent.) Odette/Isabelle dynamite la fin du film. En comparaison, les deux jeunes vedettes féminines (Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder), pourtant pas déméritantes, semblent un ton au-dessous.

   Cela se conclut par un générique malicieux, sous forme de Unes de presse évoquant les personnages principaux... et leur devenir.

   Je suis sorti de là de fort bonne humeur.

22:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Commentaires

Nous sommes (à peu près) d'accord. La petite baisse de régime ne m'a pas trop gênée. Elle est comme un tremplin pour l'arrivée tonitruante de la reine Isabelle. Comment réussit elle ça en effet, être La syndicaliste froide et Odette la tornade ? Voir les films à une semaine d'intervalle force d'autant plus l'admiration. Elle avait fini par me lasser un peu avec sa froideur et son tic de bouche, mais là elle remonte au sommet.
Fabrice Luchini et elle sont exceptionnels dans un casting de belle tenue.
Et oui, on sort de la salle revigoré.

Écrit par : Pascale | dimanche, 19 mars 2023

J'ai trouvé Dany Boom très bien (accent compris): méconnaissable, pour tout dire.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

Écrit par : tadloiducine | mercredi, 12 avril 2023

Les commentaires sont fermés.