dimanche, 19 mars 2023
La Syndicaliste
Ce week-end, double dose d'Isabelle Huppert ! Outre Mon Crime (où elle ne joue qu'un rôle secondaire, mais marquant), j'ai donc vu ce thriller politique à la française, dont elle occupe la tête d'affiche, interprétant Maureen Kearney, la déléguée syndicale d'Areva victime d'une sordide agression, voire d'un complot.
Derrière la caméra se trouve Jean-Paul Salomé, auteur, entre autres, des Femmes de l'ombre, de Je fais le mort et de La Daronne (où il a déjà dirigé Isabelle Huppert)... autant de films sympathiques, pas mauvais du tout, mais pas transcendants non plus (le troisième étant selon moi le meilleur).
On retrouve cette "moyenneté" (médiocrité me semblant trop négativement connoté) au début, dans la description du travail de l'héroïne avant l'agression. Le quasi-copinage avec la future ex-pédégère Anne Lauvergeon (Marian Foïs, à l'aise dans les rôles ambigus) est mis en scène de manière trop démonstrative, avec ce côté "femmes de pouvoir dans un univers de machos". La tension monte avec les premières révélations, qui orientent le film du côté de Costa-Gavras. C'est prenant, tout comme le début de l'enquête policière.
C'est à ce moment que le film prend une épaisseur supplémentaire. Je crois qu'à travers le cas de Maureen Kearney, on a voulu clairement nous montrer que la parole des femmes victimes de violences sexuelles n'était pas assez écoutée. L'héroïne avait déjà subi une agression et, très tard au cours de l'enquête, on apprend qu'une autre personne a connu un sort approchant, sans qu'on ait accordé beaucoup d'attention à son cas.
La mise en scène conforte cette impression, le personnage incarné par Isabelle Huppert se retrouvant à nouveau presque exclusivement entouré d'hommes, en général peu compatissants. Les seuls à sauver sont son époux (interprété par un Grégory Gadebois qui doit recevoir des demandes en mariage chaque semaine) et, à la rigueur, le ministre Montebourg et un collègue de la CFDT. Au passage, il faut souligner la bonne prestation d'Yvan Attal, dans le rôle du nouveau patron d'Areva... une vision conforme à ce qu'en disent certains des cadres et journalistes qui l'ont côtoyé... mais contredite par la famille du défunt PDG.
C'est l'occasion de préciser que, si le film s'inspire de faits réels, l'histoire a été un peu romancée, avec, par exemple, l'insertion d'une conversation téléphonique (imaginaire) entre l'héroïne et Henri Proglio (à l'époque patron d'EDF).
Le film gagne encore en intérêt quand la parole de la victime est remise en question. Je n'en dirai pas plus, mais aussi bien Huppert que le réalisateur parviennent à communiquer aux spectateurs ce sentiment d'incertitude. La syndicaliste n'aurait-elle pas un peu (beaucoup ?) déformé la réalité ?
La dernière partie reprend le chemin du "film de dossier". C'est bien fichu, prenant, parfois émouvant.
P.S.
Pour en savoir plus, on peut (ré)écouter un documentaire en deux parties, diffusé pour la première fois en octobre 2021, sur France Culture, dans le cadre de l'émission Les Pieds sur terre.
20:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Bonjour Henri Golant, en ce qui me concerne, j'ai été agréablement surprise par ce film. Je ne m'attendais pas à si bien. Et même si j'apprécie Isabelle Huppert, on la voit dans beaucoup de films récents. On frôle l'overdose mais une fois de plus, elle est très bien. Bonne après-midi.
Écrit par : dasola | mercredi, 22 mars 2023
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