samedi, 18 octobre 2025
Oui
A priori, la proposition cinématographique était intéressante : une vue d'Israël de l'intérieur, par un cinéaste hostile à Benyamin Netanyahou, deux ans après le pogrom perpétré par le Hamas et ses alliés.
Hélas, cela commence mal, avec une séquence tape-à-l’œil, lors d'une soirée chic, au cours de laquelle les deux animateurs (deux intermittents du spectacle en quête d'argent facile) versent dans ce qui doit être conçu comme de la provocation... sauf que, sur place, personne n'est choqué. Ce sont les spectateurs de la salle qui sont la cible de ce qui est plus une "performance d'artistes" (le mot performance étant ici particulièrement mal choisi) qu'une scène de cinéma. On va s'en taper quelques-unes comme cela durant le film (au moins une dans chacune des trois parties).
Quand on compare ce "machin" à un film comme Un simple accident, on mesure ce qui sépare un faiseur à la mode (encensé par la critique) d'un authentique metteur en scène. Jafar Panahi n'a pas besoin de grand chose (à part son talent) pour créer un "moment de cinéma", signifiant, tandis que Nadav Lapid pense que, pour être réussi, un plan doit forcément comporter un élément qui, dans son esprit, sorte de l'ordinaire : un type qui se promène avec un canard, un couple qui se balance un bébé, ou qui lèche l'oreille interne d'une vieille pétée de thunes, un mec qui suce une teub, ou qui plonge sa tête dans un bol à punch... j'en passe, et des meilleurs pires. S'ajoute à cela une musique insupportable et un montage clipesque.
Si, malgré ce tapage visuel et sonore, on tente de s'intéresser au film, on s'aperçoit qu'il y a des invraisemblances (ou de la paresse) dans le tournage et le montage, comme ce bébé qui, dans un plan, est un réel enfant et qui, le plan d'après, est visiblement... un baigneur.
Sur le fond, attention, il y a du lourd. Je préviens les âmes sensibles, le message est terrible :
La guerre, c'est moche.
En fait, Lapid n'a pas grand chose à nous dire. En revanche, inconsciemment, il révèle peut-être son malaise d'Israélien "de gôche" : les massacres commis par le Hamas (dont nombre de victimes habitaient des kibboutz progressistes) ont fichu une énorme trouille à ses concitoyens, qui sont en attente de sécurité. Dans le même temps, ils se désolent de l'image donnée par leur gouvernement, lancé dans une guerre vengeresse sans pitié.
Conclusion (d'une grande subtilité) : prends l'oseille et tire-toi ?...
... En fait, je ne sais pas (mais je me suis renseigné, après coup), puisque, comme d'autres spectateurs de la séance, je suis parti avant la fin. (J'ai vu ce film au cours d'une journée-marathon, qui m'a vu enchaîner plusieurs longs-métrages.) La vie étant trop courte pour passer 2h40 à s'emmerder avec des prétentieux, j'ai commis un sacrilège de cinéphile, ce qui m'est arrivé moins de cinq fois en 35-40 ans de fréquentation des salles obscures. (La dernière, il y a une douzaine d'années, c'était lors de la projection d'une comédie états-unienne encore moins subtile que ce à quoi je m'attendais.)
P.S.
Avec ce film, j'ai trouvé un concurrent à Rumours pour le titre d'étron de l'année 2025.
09:29 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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