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mercredi, 23 avril 2008

Taken

    Il y a des avantages cinéphiliques à résider dans une région rurale. Ainsi, quand on a raté un film à sa sortie dans les "grandes villes" (25 000, 30 000, 50 000 habitants au maximum, on reste dans le convivial), on peut se rattraper quelques semaines plus tard dans un cinéma plus "campagnard".

   Bryan (Liam Neeson, insubmersible) n'est pas une tarlouze. C'est le principal message de ce film. Et pourtant, au départ, on a un peu l'impression de se trouver face à une "chochotte" : il vit mal son divorce (son ex s'est maquée avec un millionnaire vieux et moche) et a lâché son boulot (qu'il adorait pourtant) pour se rapprocher de sa fille, qui, en fait, n'est pas très attachée à lui. C'est une figure classique du "gentil bourrin", bosseur, honnête, mais pas forcément facile à vivre.

   Bien vite, on s'aperçoit que le héros a des burnes de mammouth. Bon, déjà, sa femme et sa fille auraient dû l'écouter et se méfier de ces vacances à Paris. Très vite, il prend les choses en mains. Il va buter toute une bande de proxénètes albanais (une belle brochette d'enculés, il faut le reconnaître), en deux temps, sans recevoir la moindre égratignure. C'est que Bryan est un ancien agent spécial des Etats-Unis, c'est vous dire s'il peut enfumer sans problème les flicards frenchies (à moitié pourris de surcroît). C'est dynamique, trépidant même ; les scènes de baston sont bonnes, tout comme celles de poursuite automobile.

   Là où on se rend compte que Bryan est vraiment un type formidable, à mi-chemin entre John Rambo et le James Bond incarné par Sean Connery, c'est quand il pénètre dans l'immeuble parisien où se déroule une vente sordide. Bien entendu, il s'en sort, mais avec plus de difficultés : il affronte des Blancs, donc des adversaires plus redoutables que ces pieds-nickelés d'Albanais, tout juste bons à brutaliser des gonzesses.

   L'apothéose vient sur un yatch, sur la Seine, quand notre héros zigouille une floppée de serviteurs interlopes d'un potentat oriental (arabe) pervers, débauché, lâche... un gros vilain quoi. Le sang gicle à nouveau mais il faut noter que, de manière générale, on a davantage soigné les effets sonores (les membres qui craquent, les muscles et les chairs que l'on déchire, les têtes que l'on fracasse etc) que les projections d'hémoglobine.

   Derrière cet excellent film d'action se cache une mentalité pas franchement progressiste. La fille est "sauvée" parce qu'elle est encore vierge alors que sa copine, qui a déjà connu le(s) membre(s) masculin(s), s'en sort moins bien. A travers la France, c'est l'Europe qui est décrite comme une zone dangereuse, où l'on ne peut faire que de mauvaises rencontres. Les flics français sont dépeints soit comme des lourdauds, soit comme des corrompus complètement imperméables aux droits de l'homme. Ceci dit, le héros n'en est pas un meilleur apologiste : pour défendre sa fille, il applique une méthode : tuer... éventuellement torturer. C'est tout ce que méritent proxénètes, hommes de mains, trafiquants, flics indignes... et même leur famille !

   On pourrait se dire, après tout, que cette vision manichéenne et paranoïaque est bien dans le ton du conservatisme au pouvoir à Washington, mais le problème est que le réalisateur, Pierre Morel, est français (il a été directeur de la photographie sur Taxi 4)... et que le scénario a été coécrit par Luc Besson, qui produit le film ! Ou comment des Français passent par le biais américain pour mettre en scène leurs fantasmes sécuritaires...

17:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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