lundi, 08 décembre 2008
L'Echange
Au départ, cela ne me "branchait" pas trop d'aller voir ce film. Oui, malgré Clint Eastwood, malgré les échos favorables, cette "histoire vraie", très mélo sur le fond, avec vedette oscarisable en bonus, me rebutait. Et puis, j'ai eu l'occasion de voir le film en version originale sous-titrée, alors, je me suis laissé tenter.
Eastwood est un nostalgique. Cela transparaît dans le tableau qu'il brosse de la Californie de la fin des années 1920 (juste avant la Dépression). L'image a été soignée : on est à la limite du noir et blanc. C'est bleuté ou pastel. Parfois une couleur ressort, tel le rouge qui garnit les lèvres légendaires d'Angelina Jolie. Celle-ci est au demeurant impeccable, même si, à mon avis, elle en fait un peu trop dans la première partie du film (et elle a été dirigée de manière caricaturale à la fin : voyez ce regard qui émerge à peine de l'ombre du chapeau).
Les années 1920 furent une période prospérité aux États-Unis. Le film met en scène plusieurs représentants de la classe moyenne émergente (responsables de standard, officiers de police, avocats, journalistes...), dans une ville (Los Angeles) où les automobiles circulent harmonieusement entre les lignes de tramway. Tout cela est "beau, propre et riche"... et blanc (pas de minorités en vue). Mais, derrière cette façade de propreté se cachent pas mal de turpitudes, que l'affaire Collins (l'enlèvement du gamin) va révéler.
Le grand talent d'Eastwood est d'avoir réussi à mêler l'intrigue familiale et personnelle à la peinture d'une société. Il est très américain quand, après avoir montré la pourriture qui la gangrène, il met en valeur les personnes qui "rachètent" ces errements et qui vont permettre au bon droit de triompher... dans une certaine mesure. (Et vive la liberté d'expression, vive la défense des droits civils, vive la mobilisation citoyenne !)
Si le film est un peu long (2h20... Notre bon vieux Clint prend son temps), c'est parce que le réalisateur veut dérouler toute la pelote et mettre à jour tous les ressorts. Il est vrai qu'une troisième histoire se greffe sur celles de la disparition de l'enfant et de la corruption de la police locale. Franchement, je ne m'y attendais pas... Cela donne encore plus de force au film.
Certains en France n'ont pas apprécié le rôle positif joué par un pasteur très interventionniste (incarné assez sobrement par John Malkovich), pas plus que la manière positive dont la peine de mort est présentée dans le film. A chacun de juger.
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema
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