Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 28 mars 2009

Les Trois Royaumes

   C'est paraît-il le plus gros succès cinématographique de tous les temps en Chine. Et, là-bas, le film dure plus de 4h30 (contre un peu plus de 2h15 pour la version qui nous est proposée) ! Il aborde des événements célébrissimes en Extrême-Orient, quelque chose que l'on pourrait comparer, pour le retentissement, à la bataille de Waterloo en Europe.

   C'est une sorte de péplum chinois, un péplum qui aurait bénéficié d'une armée de figurants et d'une pléthore d'effets spéciaux numériques. Ceux-ci sont d'ailleurs parfois très voyants, en particulier au début : la première séquence présentant la flotte impériale donne l'impression de sortir d'un jeu vidéo. Par la suite, cela s'améliore.

   Deux moments sont particulièrement réussis. La "séquence des bateaux de paille" voit l'un des généraux alliés (interprété brillamment par le Japonais Takeishi Kaneishiro) mettre en oeuvre un habile stratagème pour réapprovisionner les troupes rebelles en flèches. (De manière générale, tout ce qui a trait à ce personnage est marqué par la subtilité, l'action de l'espionne en étant un beau symbole.) La deuxième séquence marquante est celle de l'incendie. Là, au moins, les trucages (un mot qu'il n'est plus convenable d'employer depuis que les ordinateurs ont remplacé le carton-pâte...) numériques se justifient.

   A ces effets visuels s'ajoutent les scènes de combat. On est en Asie de l'Est, avec John Woo derrière la caméra, donc ne vous étonnez pas que les généraux d'il y a 1 700 ans soient experts en arts martiaux. C'est spectaculaire. Par contre, nombre de scènes de dialogues sont d'une grande platitude. Les acteurs prennent la pose, froncent les sourcils, esquissent un sourire... et donnent parfois l'impression de peiner à retenir un pet.

   Les femmes ne sont en général que d'agréables personnages secondaires. On appréciera les interventions de l'espionne. Côté fausse contemplative, l'épouse du général sudiste (incarné par Tony Leung, efficace) joue un rôle plus important que ce à quoi on s'attendait, même si elle est d'abord une image de la compagne raffinée et soumise.

   On pourrait se dire que toutes ces intrigues orientales ne vont pas nous concerner, nous pauvres Occidentaux. Eh bien si, finalement. Parce que cette histoire d'affrontement mythique entre deux armes coalisées, avec ces actes d'héroïsme individuels et la rivalité pour la possession d'une femme ne sont pas sans rappeler la guerre de Troie (l'action des dieux grecs en moins).

   Enfin, c'est un film de notre époque. Au détour d'une scène, le réalisateur souligne le raffinement des élites, introduit, à travers quelques répliques, des références au taoïsme, met en valeur la maîtrise technique des Chinois de l'Antiquité (avec l'usage des explosifs par exemple), suggère même qu'ils ont inventé le football (ce qui n'est pas forcément erroné d'ailleurs : http://www.storyfoot.com/jeu.php ). On est donc dans le parfait prolongement de la cérémonie d'ouverture des derniers Jeux Olympiques. Ce nationalisme puise dans l'histoire ancienne un ferment de modernité. Paradoxalement, dans ce film, c'est le Premier ministre qui veut unifier de force les trois royaumes qui est le méchant, face aux  dirigeants du centre et du Sud de la Chine qui souhaitent la paix dans le respect mutuel. Je ne sais pas s'ils étaient vraiment ainsi, mais, en tout cas, il est frappant qu'un film qui a eu l'imprimatur du Parti communiste chinois propage cette vision.

15:32 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : film

Commentaires

Si vous allez en Inde les films durent encore plus longtemps !

Écrit par : Marie-Lise EHRET | lundi, 05 juillet 2010

Les commentaires sont fermés.