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mercredi, 23 décembre 2009

Capitalism, a love story

   Si Michael Moore s'est fait connaître en France par Bowling for Columbine et Fahrenheit 9/11, les cinéphiles avaient, quelques années auparavant, pu apprécier Roger et moi et The Big One. Barack Obama ayant été élu, le polémiste démocrate délaisse (de manière très relative) la diatribe purement politique pour revenir à ses premières amours, la dénonciation de l'injustice économique.

   Le film tire sa force de plusieurs séquences tonitruantes, comme celle qui traite du cas de ces polices d'assurance-vie souscrites par certaines entreprises (comme Wall Mart) sur le dos de leurs employés... sans que ceux-ci le sachent ! On appréciera aussi le passage sur ce centre d'internement d'adolescents, coeur d'un système de corruption appuyé en façade sur la prétendue lutte contre la délinquance juvénile. Certains seront sans doute étonnés par la situation des pilotes d'avions dont il est question dans le film : il vaudrait mieux pour eux qu'ils travaillent dans un fast food... Crise immobilière oblige, de longues scènes sont consacrées aux familles surendettées, expulsées de leur logement. Face à cela, la peinture du monde de la finance que nous propose M. Moore ne peut que susciter la révolte.

   Toutefois, si l'on ne peut que partager son indignation quant aux conditions faites à "l'Amérique moyenne", on pourrait lui reprocher de ne pas fouiller suffisamment le sujet des subprimes. Bon, il a fait un effort et tenté de dégotter un expert pour nous expliquer la chose. Pas évident... d'autant plus que les quelques politiques consultés ne semblent pas mieux informés que lui !

   L'autre grand intérêt du film est la description de la rupture intervenue, selon Moore, sous les mandats de Ronald Reagan (1981-1989). A plusieurs reprises, le film évoque la vie d'avant, celle des salariés qui travaillaient dur et en étaient récompensés, celle de familles qui pouvaient croire en l'avenir. C'est peut-être là le meilleur du film, quand le réalisateur s'appuie sur son vécu familial pour dénoncer l'abandon dont ont été victimes les classes moyennes et populaires. Le public français découvrira peut-être avec stupeur le niveau d'endettement auquel sont contraints les étudiants... avec des conséquences sur des dizaines d'années. (Pensez que c'est un "marché" de près de 100 milliards de dollars !... Le couple Obama lui-même n'a fini de rembourser que quelques années avant l'élection de Barack ). On retrouve ici le ton employé dans son précédent film, Sicko.

   Moore est aussi très américain quand il s'appuie sur la religion. C'est le catholicisme social qui le motive, mais il est minoritaire aux Etats-Unis. Il aurait été très intéressant de comparer cette lecture des évangiles avec l'éthique protestante des dirigeants. Nombre de ceux qui ont contribué à démanteler l'Etat-providence étaient (sont) de parfaits bigots.

12:13 Publié dans Cinéma, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema

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