samedi, 03 juillet 2010
Liberté
C'est l'un des avantages de la la Fête du cinéma : on peut essayer de rattraper son retard cinéphilique, certains établissements ayant la bonne idée de reprogrammer des films (pas trop anciens toutefois) sortis dans l'année... et restés peu longtemps à l'affiche.
J'ai dû voir, il y a longtemps, un long métrage de Tony Gatlif à la télévision, mais c'est la première fois que j'en visionne un en salle. J'ai retrouvé dans Liberté cette description empathique du monde des Tziganes, sans que le propos soit angélique. Les tensions avec les sédentaires sont évidemment représentées, mais le contexte historique prend le dessus.
Pendant la Seconde guerre mondiale, deux phases sont à distinguer. Dans un premier temps, les nomades sont assignés à résidence par le gouvernement de Vichy, avant que les Allemands n'en ordonnent la déportation, en vue de l'extermination. Il y a donc bien eu deux génocides pendant la guerre, les Tziganes nommant le leur Samudaripen.
Le film se veut pédagogique. Par touches successives, des scènes montrent les tensions, les amitiés, les lâchetés, jusqu'à la complicité de génocide des autorités françaises de l'époque (bien relayées par les collabos).
Mais on a confié à quelques acteurs "emblématiques" des rôles positifs : Marc Lavoine en maire-vétérinaire humaniste, Marie-Josée Croze en institutrice résistante et Rufus en petit vieux généreux. Face à eux, des habitants du village cantalien incarnent le renfermement et une forme de "beaufitude".
Le grand talent de Tony Gatlif est d'avoir relié le destin tragique des Tziganes à celui des juifs (à travers le cas du gamin qui s'accroche aux basques des nomades... il y a aussi cette curieuse montre, trouvée sur une voie ferrée) et des résistants. Cela donne un film vraiment fort et digne.
Fort heureusement, quelques moments de comédie ont été ménagés dans l'histoire. En général, ils naissent de la confrontation des Tziganes au mode de vie "moderne" des sédentaires. (Faut dire que nos héros sont vraiment crasseux...)
L'interprétation est impeccable. A ceux que j'ai déjà nommés il faut notamment ajouter l'étonnant James Thierrée (un petit-fils de Charlie Chaplin), déjà remarqué dans Ce que mes yeux ont vu, et qui incarne un musicien très doué (lui-même sait jouer du violon) et un peu fou autour duquel se noue une partie de l'intrigue.
La musique est évidemment omniprésente et entraînante. Elle est une part très importante de l'univers de Tony Gatlif, qui lui consacre un site internet.
13:43 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, cinema, cinéma, histoire
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