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lundi, 28 mars 2011

Bilan du second tour des cantonales dans l'Aveyron

   Neuf cantons étaient en jeu. On pouvait estimer que l'élection ne devait pas réserver de surprise dans cinq d'entre eux (Saint-Affrique, Entraygues-sur-Truyère, Laguiole, Bozouls et Millau-Ouest). Le scrutin paraissait plus ouvert dans les quatre autres (Villefranche-de-Rouergue, Nant, Mur-de-Barrez et Rodez-Est).

   On ne s'étonnera donc pas de la réélection du socialiste Jean-Luc Malet à Saint-Affrique (avec 62,25 % des suffrages exprimés) : seule une primaire à gauche l'avait empêché de l'emporter au premier tour. On notera toutefois que, s'il augmente son score de plus de 1 000 voix, son adversaire de droite en gagne un peu moins de 500 entre les deux tours (avec un taux de participation quasi identique), alors qu'il ne disposait, en théorie, d'aucune réserve... C'est là que les propos d'un collègue de travail plus âgé, qui connaît bien le coin, me reviennent à l'esprit : "Avant l'arrivée d'Alain Fauconnier, on votait traditionnellement à droite dans le canton." Jean-Claude Luche a semé une graine...

   C'était aussi plié d'avance à Entraygues, où le concurrent du conseiller général sortant a été prié de remballer les gaules, histoire d'assurer une réélection triomphale à son rival. Pour son anniversaire, Jean-François Albespy a reçu en cadeau 63,07 % des suffrages exprimés. Il ne récupère toutefois qu'une partie des voix de Pierre Laurens, alors que Guilhem Serieys dépasse le score cumulé des candidats de gauche au premier tour. Il y a eu quelques rebelles du côté de la Truyère... Signalons qu'en 2004, année de la première victoire de J.-F. Albespy (contre papa Serieys, le socialo), il avait réuni 140 voix de plus, avec une participation plus importante. Serieys fils fait aussi moins bien que Serieys père.

   On s'y attendait un peu aussi et donc Vincent Alazard, le maire de Laguiole, est assez facilement élu dans le canton du même nom, avec près de 60 % des suffrages exprimés. Son adversaire Joseph Chauffour n'avait été battu que de 13 voix en 2004 par Guy Dumas, qui ne se représentait pas.

   On pensait que le résultat serait tout aussi éclatant pour Jean-Michel Lalle à Bozouls. On avait déjà été surpris par sa mise en ballottage, face à quatre candidats de gauche, lui qui, en 2004, avait été reconduit dès le premier tour avec 61,90 % des suffrages exprimés. Même si, à gauche, on faisait mine de nourrir quelques espoirs, il semblait évident que le porte-flingue de Jean-Claude Luche n'avait pas grand chose à craindre. Il s'en sort avec un petit 56 % des suffrages (et seulement 65 voix d'avance dans sa propre commune, Rodelle...).

   Un élu de gauche était un peu dans ce cas : on pensait sa réélection assurée... et il a frôlé la correctionnelle. Il s'agit de Jean-Dominique Gonzales, à Millau-Ouest. Il ne l'emporte que de 65 voix sur le petit prof de collège que Jean-Claude Luche lui avait balancé dans les pattes. Entre 2004 et 2011, le sortant a perdu environ 1 000 voix au premier tour et près de 2 000 au second. Et pourtant, l'adversaire de droite n'a pas progressé entre ces deux dates. Il s'agit donc visiblement d'un désaveu du sortant. Durant la campagne, il s'était fait épingler par le site Aligorchie pour son absentéisme au Conseil général et la faiblesse de son bilan. Il a aussi été victime d'attaques virulentes de la part du Front de Gauche local. Même le Journal de Millau ne l'a pas épargné. Il est aussi possible que la déception engendrée par la politique du nouveau maire Guy Durand ait rejailli sur sa candidature. Bref, la gauche va devoir resserrer les boulons !

   Je pensais que le second tour de Villefranche-de-Rouergue avait des chances d'être aussi disputé. Finalement, ce ne fut pas le cas. Dès dimanche dernier, le socialiste Claude Penel avait clairement appelé à voter pour le radical Eric Cantournet, qui l'emporte nettement sur le maire de Villefranche, Serge Roques. Celui-ci a peut-être quelques soucis à se faire pour son avenir...

   La situation à Nant apparaissait plus confuse : le canton a longtemps été tenu par la droite, mais l'ensemble des forces de gauche y était majoritaire au premier tour, même si le candidat de la majorité départementale était arrivé en tête. Celui-ci a gagné près de 300 voix. Seule une petite partie est venue du surcroît de participation. Il semble bien que l'électorat du Front national ait voulu faire barrage à la gauche, notamment à La Cavalerie. De manière générale, on constate que les reports de voix à gauche n'ont pas été bons. Il semble que la candidature écologiste ait drainé, au premier tour, les suffrages de personnes rendues inquiètes par le projet d'exploitation des gaz de schistes, voix qui sont retournées d'où elles venaient (de la droite) au second tour. Si quelqu'un a de meilleures explications à proposer...

   A Mur-de-Barrez s'est produite la surprise que l'on attendait un peu : l'élection du candidat de gauche Daniel Tarrisse. Dans quatre des six communes, son adversaire Pierre Miquel arrive pourtant légèrement devant lui. Dans le chef-lieu, c'est l'inverse et, à Thérondels, le socialiste recueille 74 % des suffrages exprimés, récupérant sans doute ceux qui s'étaient portés sur Joseph Chayrigues (ce qui expliquerait aussi qu'il soit passé en tête à Mur-de-Barrez), tandis que les électeurs qui avaient choisi Marie-Pierre Guimontheil semblent s'être reportés, en bons petits soldats du luchisme, sur Pierre Miquel. La commune de Murols offre une situation paradoxale : au premier tour, elle avait placé Mme Guimontheil largement en tête mais, au second, une partie des électeurs de celle-ci (une vingtaine) ont choisi Daniel Tarrisse. On peut penser que le vote du premier tour s'expliquait par le fait qu'un adjoint au maire de Murols était le remplaçant de Mme Guimontheil. Pour le second, ces électeurs ont exercé leur liberté de choix.

   Je pense qu'en dépit de son succès global aux élections cantonales, Jean-Claude Luche a très mal pris cette victoire de la gauche. Pour s'en convaincre, il suffit de lire ses réactions, telles que les rapporte La Dépêche du Midi de ce lundi. Très arrogant, le président du Conseil général déclare en gros ne pas comprendre comment un canton comme celui de Mur-de-Barrez peut voter majoritairement à gauche. Il me rappelle ces militants socialistes, choqués qu'on puisse ne pas choisir le Bien, le Beau, le Vrai (leur parti). Sur ce point, droite et gauche se rejoignent. La suite des propos tenus par J.-C. Luche est plus inquiétante pour Daniel Tarrisse : "je crains que les habitants du Carladez ne regrettent leur choix : on fera le bilan dans trois ans." Cela sonne comme une menace. On n'ose imaginer que la majorité départementale puisse soutenir en priorité les projets valorisant les cantons qu'elle détient afin de pouvoir, au moment des élections, faire parler son superbe bilan, dénigrant celui des sortants socialistes ou radicaux...

   La résurgence de l'arrogance de Jean-Claude Luche se comprend parce qu'il a réussi à faire battre l'un de ses principaux adversaires : Stéphane Bultel. Celui-ci n'a en effet pas été réélu à Rodez-Est. Quand on analyse les résultats dans le détail, on s'aperçoit tout d'abord que la participation a été plus élevée au second tour qu'au premier. Elle a cependant légèrement baissé à Sainte-Radegonde et au Monastère, alors qu'elle a assez fortement augmenté à Rodez. A Sainte-Radegonde, je ne constate rien de particulier au niveau du report des voix. Au Monastère, on notera que Stéphane Bultel a globalement bénéficié de bons reports du Front de Gauche et des écologistes. Pourtant, il a quelque peu malmené ceux-ci durant la campagne, ce qui lui a sans doute coûté des voix. A Rodez même, Bernard Saules a distancé son adversaire sur les bureaux 4,5,6 et 7. La participation a sensiblement augmenté sur les bureaux 2,3,4 et 5. Je pense que les électeurs rattachés à ces secteurs sont plus âgés que la moyenne (j'ai vu une de ces quantités de papys et de mamies quand je suis venu voter dimanche !). Je me demande aussi de quels bureaux de vote dépendent les parents qui avaient inscrit leurs enfants à l'école François Fabié...

Commentaires

A la lecture de votre article, je reste assez effaré par les propos tenus par JC Luche sur les habitants de Mur de Barrez. Électeur sur un canton de l’ouest Aveyron, j’ai entendu JC Luche et son équipe entretenir pendant cette campagne un discours sur leur volonté de travailler uniquement pour l’intérêt général de tous les aveyronnais et de faire phi des petites phrases politiciennes. Aujourd’hui force est de constater que cette posture de campagne n’aura pas duré longtemps. Au lendemain de celle-ci, Luche retombe très rapidement de manière grossière dans un sectarisme partisan.

Écrit par : José Benech | mercredi, 30 mars 2011

c'était à prévoir José, on sait bien que Luche est mielleux en période électorale et quand il à besoin de quelque chose, ensuite il redevient lui même.
c'est comme le budget qu'il n'a pas fait voter avant les élections, je sens venir les augmentations d'impôts.

Écrit par : lolo12 | jeudi, 31 mars 2011

Dès l'entre-deux-tours, on sentait que Jean-Claude Luche avait changé de ton (http://lasenteurdel-esprit.hautetfort.com/archive/2011/03/23/la-tactique-de-bernard-saules-sur-rodez-est.html ) : la quasi-certitude de pouvoir conserver la présidence du Conseil général lui a fait perdre une partie du vernis de modestie dont il s'était paré durant la campagne.
En remontant un peu plus loin, on peut trouver des éléments annonciateurs. Demandez par exemple à Mme Gaben-Toutant ce qu'elle pense de son éviction du Conseil d'administration du collège Kervallon (http://www.ladepeche.fr/article/2010/12/03/961654-Marcillac-A-Gaben-Toutant-renvoyee-du-college.html ).
Dans la même optique, il faudra observer ce qu'il va en être au collège de Mur-de-Barrez. Je ne sais pas qui, jusqu'à la semaine dernière, y représentait le Conseil général. La logique voudrait que ce soit Francis Issanchou... et donc que Daniel Tarrisse lui succède. Mais, vu que, côté Luche, le sectarisme semble l'emporter, il se pourrait qu'il impose Mme Coussergues, conseillère générale du canton voisin de Sainte-Geneviève-sur-Argence, qui fait partie du même bassin de recrutement que le Carladez (voir la carte sur le site de l'académie de Toulouse : http://www.ac-toulouse.fr/automne_modules_files/standard/public/p2879_003d3b7147e7e45a60fd98e9141960d9Carte_etablissements_publics_et_prives_2nd_degre_2010-2011.pdf ).
De plus, en 2014 (si le gouvernement qui se mettra en place en 2012, de quelque majorité qu'il soit, applique telle quelle la réforme des collectivités territoriales), lors de l'élection des conseillers territoriaux, les 46 cantons aveyronnais auront été remplacés par 29 territoires. Si les cantons urbains (comprenant jusqu'à 20 000 habitants) ont peu de chances d'être modifiés, on va sans doute assister à des fusions de cantons dans les campagnes. Il est fort possible que ceux de Mur-de-Barrez et de Sainte-Geneviève-sur-Argence se retrouvent dans ce cas. Or, l'électorat de Sainte-Geneviève est réputé plus conservateur. Cette fusion serait donc un bon moyen, pour la "Majorité départementale", d'éliminer un élu d'opposition du paysage politique local... Mais je vois le mal partout.
Quant à Jean-Claude Luche, il pourrait commettre sa pire erreur politique en étant saisi de l'ivresse du pouvoir. Lui que, même à droite, on sous-estimait en 2008 comme en 2010, a réussi à faire mentir les pronostics. Il pourrait être tenté de donner un tour franchement "puéchien" à sa gouvernance départementale...

Écrit par : Henri Golant | vendredi, 01 avril 2011

c'est exact Henri, et pour ceux qui ne l'avait pas encore compris, les territoires vont êtres découpés de manière à ce que la droite en détienne le maximum(moi aussi je vois le mal partout, mais il est partout ^^)

Écrit par : lolo12 | lundi, 04 avril 2011

L'important pour l'Aveyron et Midi-Pyrénées, c'est dans un premier temps que le candidat du nucléaire soit battu à Mur-de-Barrez. Son élection lui ouvrait la porte du département puis de la région pour chercher des élus de "bonne volonté" prêts à accepter un site d'enfouissement de déchets radioactifs.
Pour la suite, il était évident que LUCHE "punirait" les cantons de gauche. Mais je serais tenté de dire et je le dis, qu'est-ce que la droite avait fait à Mur-de-Barrez depuis des décennies ? Pourquoi faire quelque chose pour un canton qui vote systématiquement plus à droite que Neuilly-sur-Seine ?

Jusqu'au 27 mars 2011, vous auriez mis un âne avec une étiquette DVD (pas UMP tout de même) et il aurait été élu...

Je me demande même si aucun n'a jamais été élu...

Daniel TARRISSE est un garçon intelligent. Sa réaction d'ouverture après son élection le montre.
Nul doute que dans l'adversité et malgré la mauvaise volonté affichée de LUCHE, il saura défendre nos intérêts. LUCHE en a repris pour 3 ans... et après ?
Quand on voit la carte de France, nous sommes bien obligés de constater que les départements encore à droite dans le massif central sont, allez, ne soyons pas méchants... des territoires isolés géographiquement.
Nos jeunes s'en vont et nous bousculent avec leurs idées nouvelles... fini les féodaux de Rodez, question de temps.
Le prochain tour sera le bon. Croisons les doigts.

Écrit par : michel c. | mardi, 05 avril 2011

oui Daniel est très bien !
et oui croisons les doigts car rien n'est fait et ça va être dur!

Écrit par : lolo12 | mardi, 05 avril 2011

Dans "Le Ruthénois" paru le 8 avril, Jean-Claude Luche en remet une couche contre Daniel Tarrisse. Il déclare :

"Pour Mur-de-Barrez, c'est une défaire liée à un problème loco-local. En 2007, ce canton a voté à 75 % pour Sarkozy, et là, Ils élisent un candidat de gauche. Mais il ne durera pas... Il a été élu par accident."

Classe, non ? Au passage, précisons que c'est au second tour de l'élection présidentielle que Nicolas Sarkozy a recueilli une écrasante majorité des suffrages exprimés (70 %, pas 75 %). Au premier tour, il avait réuni 44 % des voix, François Bayrou arrivant en deuxième position. Ce sont peut-être ces voix-là qui ont manqué au candidat de la "Majorité départementale".

Et puis... Jean-Claude Luche se contredit. Lui qui ne cesse d'affirmer que les cantonales se sont plus jouées sur des hommes que sur des étiquettes se désole que, dans le canton du Mur-de-Barrez, les électeurs n'aient pas regardé l'étiquette et aient choisi l'homme !

Tout cela pour dire que c'est de la tactique politicienne. J.-C. Luche range l'étiquette quand elle lui nuit et la sort quand elle le sert. Parions qu'en 2014 il saura où se trouve l'UMP.

Écrit par : Henri Golant | dimanche, 10 avril 2011

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