lundi, 01 septembre 2025
Wilder
J'ai récemment découvert (en plusieurs étapes) cette série policière suisse (alémanique), composée de quatre saisons comptant chacune six épisodes. Chaque saison est construite autour d'un arc narratif indépendant et complet. Les enquêtes sont menées par un duo dissemblable : Rosa Wilder et Manfred Kägi.
La première saison voit leur rencontre et leur progressive association, qui, au départ, ne va pas de soi. Rosa est une jeune et brillante policière, une fille de paysans des Alpes suisses qui fait carrière à Berne (la capitale) et projette de partir aux Etats-Unis. Elle revient dans son village d'origine le jour où les habitants commémorent une catastrophe (une avalanche) qui a jadis provoqué la mort de douze enfants (dont le frère de la future policière). La nuit suivante, la fille d'un investisseur proche-oriental disparaît, alors que les restes d'un corps ancien viennent d'être découverts et qu'un meurtre est commis. Tout cela est lié... et cela se complique quand, au cours de l'enquête, on comprend que l'avalanche n'était pas accidentelle.
Les autorités nationales ont dépêché sur place Kägi, un policier expérimenté, d'abord chargé d'une mission liée au terrorisme, mais qui va prendre en charge l'enquête criminelle, acceptant plus ou moins bien de collaborer avec Rosa. Les relations entre ces deux fortes têtes (qui donnent du fil à retordre à leurs supérieurs) vont progressivement s'améliorer, sur fond d'estime réciproque. On nous a heureusement évité l'histoire d'amour entre collègues (ouf)... et pour cause : Kägi est homosexuel. C'est surtout un policier bourru (parfois porté à la violence), qui vit dans une caravane de luxe et soigne son apparence.
L'intrigue est extrêmement tortueuse, passionnante, abordant au passage divers thèmes (le militantisme écologiste, la xénophobie, l'intégrité professionnelle). Les paysages suisses sont superbes, pour qui aime les montagnes enneigées.
La deuxième saison a pour cadre une autre région suisse, proche de la frontière française. L'histoire débute par un triple meurtre, qui va se révéler plus difficile à élucider qu'il n'y paraît. Au départ, on pense qu'il va surtout être question de trafic de drogues, mais, très vite, le sort des femmes se retrouve au cœur de l'intrigue : un violeur sévirait dans la région depuis des années. Les épisodes abordent aussi les problèmes liés à l'immigration, à travers le cas d'une famille kosovare installée en Suisse, dont les membres sont tenaillés entre tradition et modernité. Les révélations vont se succéder jusque dans le dernier quart d'heure de l'ultime épisode...
La troisième saison est la plus urbaine, la plus tendue, puisqu'un tueur de policiers semble être à l’œuvre. Au départ, les meurtres paraissent n'avoir aucun lien entre eux, mais les enquêteurs finissent par comprendre que le tueur se prend pour un justicier. Il a établi une liste de "ripoux" à liquider, chacun d'une manière particulière. A un moment, on se demande si Kägi, qui a un passé de violence policière, figure sur cette liste. La seconde moitié de la saison voit le tueur se consacrer à une vengeance personnelle, celle qui implique le plus d'individus.
La quatrième saison montre Rosa réinstallée dans son village natal, s'étant mise en disponibilité professionnelle. Pas de chance pour elle : peu après son retour, l'un des policiers locaux est retrouvé mort, assassiné. Kägi vient lui prêter main forte, pour une enquête particulièrement complexe, puisque deux affaires très différentes sont entremêlées, sans que les policiers ne s'en rendent compte (au départ). Une histoire assez classique de corruption (liée à un autre meurtre) se greffe sur une affaire familiale des plus sordides, que les policiers vont avoir beaucoup de mal à éclaircir... d'autant que le jeune fils de Rosa va être (involontairement) mêlé aux péripéties. Cette partie-là n'est pas la mieux traitée (trop de pathos à mon goût), mais l'ensemble demeure passionnant à suivre, l'amitié liant les deux enquêteurs étant mise à rude épreuve.
L'ensemble n'est hélas disponible que dans la version (correctement) doublée en français. J'aurais bien aimé profiter de la V.O., et des voix originales de Sarah Spale (qui a des airs de Charlotte Gainsbourg) et Marcus Signer (interprètes des deux personnages principaux).
En dépit de certaines lenteurs, je recommande cette série bien construite, bénéficiant de scénarios solides et de paysages naturels parfois somptueux.
02:47 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, médias
dimanche, 31 août 2025
Fantôme utile
Un homme mystérieux, censé être réparateur d'électroménager, se met à raconter une bien étrange histoire, celle de fantômes. Il y a tout d'abord celui d'une jeune épouse défunte, dont l'esprit se retrouve piégé dans... un aspirateur. Il y a aussi celui d'un ouvrier, qui décède dans l'usine où il travaille, et se met à la hanter.
Dans un premier temps, c'est le ton de la comédie (fantastique) qui domine, le jeune veuf se montrant très épris de l'aspirateur, tandis que le fonctionnement de l'usine est très perturbé par l'action de l'ouvrier fantôme. En sous-texte se trouvent deux critiques sociales, une des entrepreneurs qui ne prennent pas soin de leurs employés (il est question de poussières mortelles), l'autre d'une famille (au départ) richissime, qui semble avoir mené la vie dure à la nouvelle belle-fille (qui, de surcroît, n'a pas pu avoir d'enfant). Le côté comique est réussi. C'est délicieusement cocasse, bien joué (notamment par l'aspirateur). En revanche, la critique sociale m'est apparue un peu convenue, pas très mordante.
Dans un deuxième temps, l'une des fantômes va reprendre forme. En quelque sorte, elle trahit son camp, pour rendre service à un personnage important (un ministre, plutôt sympathique de prime abord) et pour se faire accepter de la belle-famille. D'objet, ce personnage devient sujet. C'est assez intéressant et bien mis en scène.
La troisième partie voit l'intrigue bifurquer dans un sens plus ouvertement politique. L'un des arguments de l'histoire est que les disparus ne meurent vraiment que lorsque leur souvenir s'efface de la mémoire de ceux qui les ont aimés. Au départ, c'est l'application romantique de ce principe qui est illustrée, mais, assez vite, on comprend qu'une partie des fantômes qui hantent la Thaïlande contemporaine sont des victimes d'assassinats politiques ou d'exécutions... et que le pouvoir en place (incarné par le ministre, entouré d'une petite cour, composée notamment de militaires) aimerait bien en faire disparaître le souvenir. Pour le public local, c'est sans doute plus évident que pour des spectateurs occidentaux : les victimes sont des "chemises rouges", des partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Du coup, le film, un peu lent et (en apparence) inoffensif au début, devient plus militant et plus animé sur la fin. C'est pour moi plutôt une bonne surprise. Je pense qu'on ne risque pas de voir une autre œuvre de ce style cette année.
10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 30 août 2025
Le Roi Soleil
Ce bar-tabac, situé à Versailles, est le théâtre d'un drame, qui succède à une immense joie, celle d'un retraité qui découvre qu'il a décroché le super gros lot au dernier tirage (de ce qui doit être l'Euromillions), quelque chose comme 300 millions d'euros... de quoi faire rêver... et susciter des convoitises.
Le début semble toutefois traiter d'une tout autre histoire (autour de la vie de Casanova), à tel point que certains spectateurs ont pu se demander s'ils ne s'étaient pas trompés de salle. Placée à l'origine en fin de film, cette séquence a été remontée pour servir d'introduction... et je valide ce choix.
La suite nous replonge dans le monde contemporain et un petit puzzle de versions pas toujours concordantes (celles des clients du bar... et celles issues de l'imagination de certains personnages), nous faisant découvrir la mentalité de chaque protagoniste, des deux flics en fin de service au patron (chinois) du bar, en passant par son employée, le retraité veinard, un secouriste, un spéculateur, un type louche (enfin, encore plus que les autres)... une bien belle faune à laquelle va se joindre une emmerdeuse, à savoir la propriétaire de l'établissement, délicieusement incarnée par Maria de Medeiros.
Quand vous saurez que le spéculateur s'est réfugié dans le bar après s'être enfui du château de Versailles, vous aurez compris que l'intrigue (du moins, dans la première partie) a un petit côté "marabout-de-ficelle", une scène rebondissant sur la précédente.
C'est bien joué, sinueux à souhait, avec, en bonus, une très bonne utilisation des locaux, qui prennent parfois l'apparence d'un labyrinthe, notamment en sous-sol.
La morale est que l'argent fait perdre la tête des gens, même les plus recommandables et que ce qui semble être un petit mensonge, au départ, prend des proportions insoupçonnées. Les dérapages successifs sont bien amenés, même si je regrette quelques longueurs, dans la seconde partie. De surcroît, je n'aime pas trop la manière dont les scénaristes concluent leur histoire. Le film n'en demeure pas moins hautement recommandable, entre jeu intellectuel cinéphile et comédie de mœurs (noire, très noire).
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jeudi, 28 août 2025
Pris au piège
Je n'avais pas vu d’œuvre de Darren Aronofsky depuis son Noé... en 2014. Je me suis laissé tenter par ce qui semblait être une ambiance "indé", un peu trash. C'est à nuancer, le film se divisant grosso modo en deux parties.
La première est la plus cliché, avec un anti-héros à la fois beau gosse et loser : Hank (Austin Butler). C'est un ancien sportif prometteur, qu'un accident a privé d'une brillante carrière et qui, depuis, baigne dans l'alcool et les histoires sans lendemain. Tout pourrait changer, pour le meilleur avec l'irruption d'Yonne dans sa vie, pour le pire à cause de son voisin, parti aux obsèques de son père et lui ayant laissé la garde de Bud, son chat (de race sibérienne). Celui-ci est présenté comme ayant tendance à mordre les inconnus... mais, au fur et à mesure que l'intrigue se déroule, on comprend que le matou a les canines sélectives. (Pour la petite histoire, je signale que, le voisin du héros étant coiffé en Iroquois, il est le représentant d'une espèce humaine rarissime : le "punk à chat".)
Très vite, sans savoir pourquoi, le héros se retrouve confronté à divers mafieux : russes, porto-ricains, hassidiques... Cela pourrait être très drôle, à la manière des frères Coen, mais j'ai trouvé cela plutôt ennuyeux, déjà-vu, voire convenu. Heureusement que le chat est là, ainsi que les deux juifs hassidiques (que l'on voit davantage dans la seconde partie). Ils sont interprétés par Liev Schreiber et Vincent d'Onofrio, qui se sont visiblement beaucoup amusés.
Du côté des spectateurs, il faut attendre le petit coup de théâtre placé à la moitié du film pour que cela devienne jouissif. L'histoire part un peu en sucette, avec davantage d'humour et de violence. La suite est moins prévisible, d'autant qu'un second coup de théâtre survient vers la fin, qui change la manière dont semblait devoir se conclure l'intrigue.
Du coup, je suis sorti de là assez content, même si tout le film n'est pas réussi.
P.S.
Ne quittez pas la salle avant de voir à quelle comédienne correspond la voix de la mère du héros, un personnage qui, durant le film, n'intervient qu'au téléphone. Je vous promets une petite surprise.
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dimanche, 24 août 2025
Le retour de Miss Fisher
... la vraie, celle d'origine, incarnée par Essie Davis. En effet, après avoir achevé la diffusion des aventures de la nièce (qui se déroulent dans les années 1960), Chérie 25 a eu la bonne idée de reprogrammer la série initiale, dont l'intrigue a pour cadre l'Entre-deux-guerres.
Ce samedi, nous avons eu droit aux deux premiers épisodes de la saison 1, qui voient se former la petite troupe que l'on va suivre pendant trois saisons.
Le duo central est composé de Phryne Fisher (de retour en Australie après avoir mené une vie dissolue en Europe) et du commissaire Jack Robinson. Leurs interactions sont toujours savoureuses et l'on se rend compte qu'Essie Davis fait passer beaucoup plus de choses que Geraldine Hakewill, qui incarne sa nièce dans le spin-off récemment diffusé.
Un deuxième duo complète, en négatif, le premier. L'employée de maison Dot et l'agent de police Collins sont moins flamboyants que la détective et le commissaire, mais ils apportent des éléments touchants, parfois comiques, aux intrigues.
Dans ses enquêtes, Miss Fisher peut compter sur divers "assistants", à commencer par Cec et Bert, deux chauffeurs de taxi communistes, au départ travailleurs indépendants, mais qui vont lui rendre de plus en plus de services.
Moins présents dans les épisodes, mais dotés de personnalités marquées, le majordome et la meilleure amie de Miss Fisher apportent toujours quelque chose aux scènes auxquelles ils participent.
Le premier, britannique jusqu'au bouts des ongles, se nomme Butler (mot qui, dans la langue de Shakespeare, signifie maître d'hôtel, majordome). La seconde, à l'allure garçonne, appelée Mac, est médecin. Elle semble tout aussi féministe que Phryne... mais moins intéressée par les messieurs.
Je termine par deux personnages féminins, qui tranchent sur le reste de la troupe.
A ma gauche se trouve Prudence, la tante de l'héroïne, incarnation de la "vieille Australie" (blanche), guindée au possible, aux mœurs quasi victoriennes... mais la dame patronnesse réserve quelques surprises. Elle est très bien doublée en français. A ses côtés figure Jane, une orpheline que Phryne recueille dans le deuxième épisode. Celle qui n'a jamais voulu avoir d'enfant (et qui l'assume pleinement dans la série) se prend d'affection pour une pré-adolescente qui lui rappelle sa défunte sœur.
Cocaine Blues est le premier épisode diffusé. L'enquête tourne autour de la mort d'un notable, mais l'intrigue aborde aussi le harcèlement sexuel, l'avortement et le trafic de drogue(s).
Le Crime du Ballarat Express est un clin d’œil au célèbre roman d'Agatha Christie, dont il se garde toutefois de décalquer l'intrigue. La voie ferrée dont il est question, reliant Melbourne à Ballarat (vers l'ouest), existe toujours, la gare de départ, appelée Spencer Street Station dans l'épisode, ayant depuis été rebaptisée Southern Cross.
Celles et ceux qui ne souhaitent pas passer par le site de la chaîne de télévision peuvent voir les épisodes, en replay, par l'intermédiaire de leur box (une Livebox en ce qui me concerne). La suite à partir de samedi prochain, en espérant que l'intégralité de la série sera programmée.
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vendredi, 22 août 2025
Surface
France Télévisions vient de mettre en ligne les six épisodes de cette mini-série, adaptée d'un roman d'Olivier Norek (que je n'ai pas lu) et dont la diffusion sur le "petit écran", en première partie de soirée, aura lieu en septembre prochain.
La promotion de la série s'appuie sur deux personnages, celui de la capitaine Noémie Chastain et celui du plongeur Hugo Massey. La première est incarnée par Laura Smet, qui manque un peu de nuance dans l'interprétation d'une policière parisienne, envoyée auditer le commissariat d'une petite ville (en théorie aveyronnaise), peu après avoir subi une grave blessure, dont les conséquences sont visibles sur son visage. Durant le premier épisode, la caractérisation du personnage m'est apparue schématique. Cela s'améliore un peu par la suite, même si l'on reste clairement sur un fantasme de fiction, qui me paraît assez éloigné des authentiques enquêtrices de la PJ.
Elle est destinée à former un couple acrobatique avec un plongeur de la brigade fluviale, auquel Tomer Sisley prête son physique de beau gosse, sa gentillesse et sa malice. Il ne va pas se mêler de l'enquête (les auteurs ayant veillé à ne pas décalquer le dispositif de Balthazar), mais son exploration du fond du lac de retenue (formé lors de la construction d'un barrage hydroélectrique, des années auparavant) va se révéler déterminante pour résoudre l'affaire.
Celle-ci est bigrement mystérieuse. Elle débute lorsqu'un bidon, jusqu'alors bloqué en profondeur du lac, remonte à la surface... avec un squelette d'enfant à l'intérieur. Cela rappelle à tous les habitants du coin la disparition de trois enfants, jadis, juste avant la submersion de l'ancien village, à l'occasion de la mise en service du barrage. S'ajoute à cela une autre disparition, celle de la mère d'un des enfants... ainsi qu'un mystère planant sur la jeunesse de la capitaine.
On a donc bien chargé la barque mais, une fois que l'intrigue est lancée (à la fin du premier épisode), cela devient prenant. Les épisodes 2 à 5 sont vraiment intéressants, avec des secrets qui peu à peu remontent à la surface (métaphore bien sûr..). Les scénaristes n'ont pas trop misé sur le pathos (sauf dans le dernier épisode).
Plusieurs hypothèses sont successivement étudiées par les enquêteurs, la résolution de tous les aspects de l'affaire ne s'effectuant pas en même temps.
Même si certains seconds rôles sont un peu caricaturaux, j'ai trouvé l'ensemble tout à fait regardable, avec notamment de belles scènes sub-aquatiques (tournées en studio, en Belgique). C'est un peu meilleur que les polars du samedi soir de France 3.
20:24 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : télévision, télé, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, occitanie
jeudi, 21 août 2025
Les Orphelins
Ce film d'action, en apparence basique, réserve quelques agréables surprises. Il commence d'ailleurs de manière étonnante, puisque pendant grosso modo les dix premières minutes, il n'est pas question des deux héros musclés qui occupent le haut de l'affiche, mais de trois femmes. Il y a évidemment une raison à cela, mais, étant donné que la testostérone va se déverser à grands flots par la suite, cette entame féminine est la bienvenue, mettant de surcroît en avant trois beaux personnages féminins : une mère prévenante, sa fille "vénère" et la directrice d'un orphelinat.
Côté négatif, je relève un certain manichéisme, les principales victimes de l'histoire étant d'ascendance maghrébine, les "méchants" appartenant à une riche famille de Blancs. Il y aussi un sous-entendu raciste à la manière dont nous est montrée la compétition de sport de combat à laquelle participe Leïla. (Le juge -blanc- la désavantage, au profit de son adversaire, dont on ne découvre le visage qu'à la fin de la scène.) C'est toutefois davantage une lutte des classes qui est mise en scène... et elle est nuancée par la suite.
Sonia Faidi est la bonne surprise de ce film : son personnage d'adolescente rebelle (encore une...), de prime abord agaçant, acquiert une belle épaisseur. Elle est épaulée par Anouk Grinberg (la directrice de l'orphelinat), dont la douceur s'évertue à refermer les plaies, celles de sa jeune protégée, mais aussi celles de ses anciens gamins abandonnés, qui débarquent après des années d'absence.
Alban Lenoir et Dali Benssalah incarnent très bien deux mâles alphas, bruts de décoffrage, ne disposant que de quelques centaines de mots à leur vocabulaire. A priori, la tendresse et l'empathie ne sont pas vraiment au programme... et c'est très bien comme ça (du moins, dans un premier temps). Jadis, les deux potes se sont brouillés à mort, à cause d'une histoire de fille... la mère de Leïla. Chacun des deux croit être son père... et va chercher à rattraper les années d'absence.
Cela tombe fichtrement bien, parce que la gamine va rapidement avoir besoin d'eux. Nous voilà embarqués dans un mélange de buddy movie et de film de vengeance, dans lequel des mecs peu causants et très musclés ne pensent qu'à se tirer dessus et à se flanquer des pains. Les combats comme les poursuites en voiture sont bien chorégraphiés (c'est un ton au-dessus de Badh, par exemple). Pris par l'action, on ne s'offusquera pas que les héros échappent miraculeusement aux centaines de balles projetées contre eux, tandis qu'eux-mêmes blessent et tuent leurs cibles avec une incontestable facilité. (Du côté des antagonistes, je signale la présence de Romain Levi, en gros dur à cuire.)
C'est rythmé, émaillé d'humour et conclu en 1h30 environ. Cela permet de digérer agréablement un bon repas.
13:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 20 août 2025
Last Stop : Yuma county
A l'échelle des Etats-Unis, Yuma est une "petite" ville, peuplée tout de même de près de 100 000 habitants. C'est donc plutôt dans sa périphérie rurale que se déroule l'intrigue de ce film, principalement dans un diner, ce restoroute typique du pays d'Oncle Sam, où les gens se croisent le plus souvent sans se parler.
Les clients de l'établissement vont cependant être amenés à interagir, le temps que le camion ravitaillant la station-essence jouxtant le diner soit arrivé. (On ne comprend vraiment qu'à la fin pourquoi il est en retard, même si un indice -visuel- nous est donné au tout début.)
Cette Amérique en panne d'essence n'est pas un portrait fidèle de l'ensemble du pays. On est loin des métropoles, des quartiers riches comme des ghettos. (Au passage, l'intrigue semble se dérouler avant l'invention du téléphone portable, petit artifice scénaristique qui permet à l'histoire de se dérouler jusqu'au terme prévu par l' auteur.)
La tenancière du diner est l'épouse du shériff, qu'elle doit solliciter pour qu'il répare la clim'. Elle ne semble pas avoir d'employé. Le gérant de la station-service est un gentil géant (afro-américain), vivant à l'écart du monde, auquel il n'est relié que par son poste de télévision, un téléphone fixe... et le klaxon des clients.
Ceux-ci n'ont pas des profils de winners. Le premier à débarquer est un terne représentant en coutellerie. Il est suivi par un duo de types louches, un jeune excité et un vieux lascar à l’œil torve, du genre taiseux. Se rajoute un couple de touristes à la retraite, assez inoffensifs au premier regard... mais dotés tous deux d'une arme de poing. Complète le tableau un autre couple, plus jeune, composé de deux branleurs en quête d'argent facile. Le dernier arrivant est un Indien, le seul dont le véhicule n'est pas à court de carburant...
L'enjeu est un butin, celui de l'attaque d'une banque. Il se trouve dans le coffre d'une voiture... mais laquelle ? Et qui va sortir de là avec le pognon en poche ? Suspens... L'intrigue est donc des plus classiques, mais elle est bien construite.
Un peu comme dans le récent Évanouis (et dans Once upon a time... in Hollywood), l'auteur laisse le malaise s'installer, la tension monter, lentement, sachant qu'une bonne partie du public est venue dans l'attente de l'explosion finale. Cela donne une ambiance ressemblant à celle de certains films des frères Coen. Les acteurs sont bons, en particulier Richard Brake (en psychopathe calme) et Jim Cummings (qui, dans le genre maladroit, en fait toutefois un peu trop sur la fin).
Le film a peut-être été un peu survendu par certains critiques, mais, franchement, en comparaison de ce qui est sorti au mois d'août, c'est plutôt une œuvre à ne pas rater, si elle passe près de chez soi.
11:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 18 août 2025
En boucle
En voyant la bande-annonce de ce film, il y a quelques semaines, j'ai été troublé par la ressemblance apparente avec Comme un lundi, sorti l'an dernier sur nos écrans. Faut-il y voir, chez nos amis nippons, la persistance d'un questionnement sur le sens d'une vie quotidienne apparaissant aussi répétitive que monotone ? Ou bien n'est-ce qu'une coïncidence ?
Les deux histoires ne sont toutefois pas complètement jumelles. Si, dans Comme un lundi, les protagonistes revivaient la même journée, ici, ce sont les deux mêmes minutes qui se répètent à l'infini... avec pour autre différence que les personnages se souviennent du passé immédiat. Cela leur permet d'évoluer au cours de ces brèves séquences... et à l'intrigue de progresser, tout en évitant la lassitude des spectateurs, les personnages revenant deux minutes en arrière une quarantaine de fois au total !
L'action se déroule dans une auberge rurale traditionnelle du "Japon de l'envers", cette partie du pays peu urbanisée, un peu à l'écart et propre à la méditation, à l'apaisement... ou à la dépression.
Deux jeunes femmes jouent un rôle clé : une étrangère, venue prier au temple local et Mikoto, l'une des employées de l'auberge, qui se désole que son amoureux (apprenti cuistot sur place) soit décidé à partir pour la France. La répétition de ces deux minutes va-t-elle lui permettre de le faire changer d'avis ? Suspens...
Au fur et à mesure de la réitération de ces cent vingt secondes, on découvre les autres personnages et leurs problèmes. Ainsi, l'un des collègues de Mikoto, plus âgé, s'inquiète à propos de sa fille, qui a quitté la région pour une grande ville (Tokyo ou Kyoto). Deux des clients, amis de longue date, vont vider leur sac, tandis qu'un éditeur et son poulain comptent sur ce séjour "authentique" pour vaincre la page blanche.
C'est parfois cocasse parce que, si les personnages peuvent modifier le déroulement de ces deux minutes, ils repartent toujours du même point d'origine... ce qui n'est pas forcément agréable (pour eux). On plaindra tout particulièrement les employés de base, obligés toutes les deux minutes de remonter plusieurs dizaines de marches, pour évoluer au sein de l'auberge... mais ça va bien les entraîner pour la séquence finale, en direction du temple. Je n'en dis pas plus !
Sans surprise, ce temps suspendu incite chaque personnage à réfléchir sur sa vie et à régler ses problèmes. En terme de dramaturgie, une fois que les protagonistes ont compris le principe de la boucle temporelle (et une fois qu'ils se sont mis d'accord entre eux), ils s'organisent pour effectuer des actions suivies, par tranches de deux minutes. Cela confère une certaine dynamique à l'intrigue.
Il ne faut pas y chercher grand chose de plus. C'est un petit film sympathique, qui tranche un peu sur ce que l'on peut voir cet été sur nos écrans.
14:06 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 17 août 2025
Confidente
Tournée dans une maison transformée en centre d'appels, cette production franco-turque met en scène une opératrice du téléphone rose, à Ankara, durant une nuit, celle du séisme qui a dévasté la région d'Istanbul, à plusieurs centaines de kilomètres de là, en 1999.
Le couple de réalisateurs (Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti) a quasiment réussi à tenir son intrigue dans un cadre classique, celui d'une unité de temps, de lieu et d'action, grâce aux téléphones. On pense inévitablement au film danois The Guilty, dont le héros était un homme.
Ici, le personnage principal est une femme, Sabiha, une mère de famille en instance de divorce qui, comme la plupart de ses collègues, fait ce boulot pour des raisons alimentaires. En retenant le plus longtemps possible ses correspondants au téléphone, elle fait grimper leur facture et, incidemment, les revenus de son patron. Dans le rôle, la comédienne Saadet Isil Aksoy crève l'écran, portant le film de bout en bout.
Au centre de l'intrigue se trouve la place des femmes dans la société, thème croisé avec la corruption des élites et les conséquences du tremblement de terre. Au téléphone, Sabiha, qui a pris un pseudonyme, écoute des hommes esseulés, qui peuvent être âgés comme adolescents, d'origine modeste comme richissimes. Bien évidemment elle leur ment, mais elle donne parfois aussi des conseils. Cette empathie (et un talent pour incarner différentes personnalités) lui vaut un certain succès.
Durant cette nuit fatale, l'héroïne va jongler entre son patron harceleur, la jalousie de ses collègues, un vieillard esseulé, un homme marié masochiste, un jeune con bloqué sous les décombres, un procureur corrompu... et des mafieux. A l'autre bout du fil, ses "clients" ne lui disent eux non plus pas forcément la vérité, ce qui corse un peu l'histoire.
J'avais peur que cela na tienne pas la distance, mais en fait, globalement, si. D'abord parce que le film ne dure qu'1h15, ensuite parce que des rebondissements surviennent, notamment dans le dernier quart d'heure. Ce n'est pas totalement maîtrisé, mais, pour l'originalité du sujet et la prestation de l'actrice principale, cela mérite largement le détour.
10:15 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
vendredi, 15 août 2025
Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?
Dans la salle où je me trouvais, à la fin de la séance, j'ai eu la conviction que deux types de public étaient venus voir ce film. D'un côté l'on avait les fans de Liam Neeson (ou de Pamela Anderson), en quête d'un moment de détente, au frais. Ces personnes-ci ont été un peu interloquées par ce qu'elles ont vu et/ou entendu... et ont rapidement quitté la salle. De l'autre côté se trouvaient celles et ceux qui savaient à quoi s'attendre : un truc profondément (?) débile, assumé comme tel. Ces personnes-là sont restées pour profiter des dernières blagues semées dans le générique de fin.
C'est une "œuvre" farcesque, dans laquelle Liam Neeson commence par s'auto-parodier, dans une séquence qui a hélas été trop dévoilée au public. (Pour profiter des gags qui fonctionnent -ce qui n'est pas le cas de tous, loin de là- il vaut mieux ne rien avoir vu du film avant.)
Les clins d’œil sont légion, d'abord aux anciens films de la franchise, mais aussi à des chefs-d’œuvre comme les Hot Shots (et peut-être aussi les Police Academy). Je pense qu'il doit y avoir des allusions à des séries télévisées, mais je suis loin d'avoir tout capté. En revanche, j'ai pu savourer la référence à Mission : impossible - Fallout... une parodie que les scénaristes poussent au troisième degré. Bien évidemment, nombre de gags visent (légèrement) au-dessous de la ceinture. (Je recommande tout particulièrement la séquence du dîner en amoureux, avec le chien...)
Jouer dans ce genre de poilade réclame des talents particuliers. Liam Neeson a fait des efforts (il est particulièrement convaincant à chaque fois qu'il reçoit du café), mais je trouve que Pamela Anderson est plus à son aise dans cette ambiance potache, tout comme Danny Huston, qui incarne le méchant de l'histoire, un milliardaire de la "tech" ultra-élitiste, inquiet de la baisse de qualité du sperme émis par les messieurs de son pays... C'est un évident mélange d'Elon Musk et de l'un des autres moguls de la Silicon Valley (Peter Thiel ou Larry Ellison). Nous sommes donc en présence d'un film sournoisement politique, plutôt démocrate (même si le héros se vante de coffrer les criminels sans respecter la loi). Cela explique sans doute que le critique du Monde ait beaucoup aimé...
22:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Badh
Au cinéma, ces dernières années, on voit de plus en plus d'héroïnes badass, à la fois mignonnes et percutantes... et je ne vais pas m'en plaindre. Les lointaines ancêtres sont Anne Parillaud dans Nikita et Angelina Jolie dans Tomb Raider, à laquelle a succédé Alicia Vikander. Plus récemment, Scarlett Johansson a fait des étincelles en Veuve noire et Ana de Armas nous l'a joué "John Wick au féminin" dans Ballerina.
Dans son deuxième long-métrage, Guillaume de Fontenay s'inspire plutôt d'un modèle masculin, Jason Bourne, dont Marine Vacth (très affûtée) incarne un pendant féminin et français. Badh est son nom de code en tant qu'agent de la DGSE, chargée de missions d'infiltration et d'exécution, ce que montre la première séquence (en Syrie), parfaitement maîtrisée.
On retrouve l'héroïne sept ans plus tard, au Maroc, amoureuse et retirée du service. Le problème est que quand on fréquente un policier, on risque de se retrouver confronté à quelques racailles, surtout si celles-ci bénéficient de protections. A l'image de tant de héros masculins qui ont subi une perte irréparable, Badh va se transformer en redoutable Némésis, au point d'éveiller l'attention de ses anciens employeurs, qui ont quelques accointances avec des trafiquants locaux.
On sait ce qu'on va voir : un film d'action, nourri de complotisme, assaisonné de féminisme. Derrière la caméra, Guillaume de Fontenay n'est pas malhabile. Les combats sont bien chorégraphiés (même si celui qui oppose l'héroïne à son alter-égo masculin est un peu confus), bien filmés, bien montés. Seule la séquence de poursuite en moto manque de réalisme. Si l'on n'est pas pris par le rythme, on se rend compte de certaines facilités (pour permettre à Badh de s'en sortir).
Bref, j'ai passé un bon moment, avec une tension maîtrisée du début à la fin. Marine Vacth est impressionnante, bien épaulée par certains des seconds rôles (notamment Emmanuelle Bercot et Niels Schneider), tous n'étant cependant pas du même niveau. On pardonne quelques faiblesses, ravi de voir un Français s'adonner, avec talent, au film de genre.
09:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 13 août 2025
Nobody 2
Il y a quatre ans, la sortie du premier Nobody avait été une très agréable surprise... et une petite claque, au niveau des scènes d'action. Pour les producteurs, ce fut une bonne affaire : n'ayant coûté que seize millions de dollars, le film en avait rapporté près de soixante.
... et donc, on prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Certes, le début a un air de déjà-vu, avec les gros plans sur le physique cabossé du héros, qui semble sortir d'un combat de MMA. Il est sans doute face à deux agents du FBI... et il est accompagné d'un quadrupède, mais, cette fois-ci, une sorte de chien-loup. Évidemment, il faut attendre un peu avant de savoir pourquoi... De plus, le retour, environ 1h15 plus tard, à cette scène de début nous réserve une petite surprise supplémentaire.
En attendant ce moment, on nous propose un retour en arrière survitaminé. Le héros, Hutch Mansell, est de nouveau pris dans une routine, mais elle est différente de celle de ses précédentes aventures. Je n'en dirai pas plus... mais sachez qu'il lui arrive désormais de ne pas rater le passage des éboueurs !
Hutch est surmené par son travail et sent que son foyer est menacé d'éclatement. Pour le ressouder, il propose... des vacances en famille, dans un parc d'attractions traditionnel, situé en pleine cambrousse. Pour lui, ce serait un retour aux sources... d'autant qu'il inclut son père dans l'équipée. Revoilà donc Christopher Lloyd, qu'on voit quitter l'EHPAD en claquettes-bas de contention...
On se doute bien que tout ne va pas se passer comme prévu et que le séjour de détente va se muer en parcours épique. Cela nous vaut d'excellentes scènes de baston, la toute première étant liée au "travail" du héros. On le voit donc successivement corriger des soudards asiatiques, corses et brésiliens (munis de machettes !), avant qu'il ne se prenne la tête (et les doigts) avec quelques rednecks du parc, menés par un shérif doté d'une coupe de cheveux qui, dans un monde mentalement équilibré, devrait lui valoir une incarcération. (Ce shérif à la fois hargneux et ridicule est incarné par Colin Hanks -fils de qui vous savez- qu'on a pu voir notamment dans Jumanji : Next Level.)
Le sommet est atteint lors des deux confrontations avec le cartel de trafiquants de drogues, la première dans un atelier clandestin, la seconde dans le parc d'attractions, transformé en camp retranché par Hutch et son nouvel allié. (On pense évidemment aux deux Equalizer, avec Denzel Washington.)
Pendant un peu plus d'1h20, je me suis régalé (surtout pendant les scènes d'action). Mon enthousiasme est toutefois tempéré (douché, même) par la pitoyable prestation de Sharon Stone en baronne psychopathe de la drogue. Elle en fait des caisses et comme, en plus, les dialogues ne sont pas terribles, c'est limite pathétique.
Cet aspect mis à part, j'ai passé un très bon moment, de surcroît dans une salle climatisée.
18:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, films
Evanouis
La critique s'est emballée pour ce film d'épouvante un peu atypique, puisqu'il est construit sur la base de six visions de l'histoire (ou six historiettes), qui se complètent. L'introduction et la conclusion fonctionnent avec une voix-off, celle d'une petite fille, peut-être parce qu'il s'agit d'une sorte de conte (horrifique)... ou peut-être parce qu'elle fait partie de l'intrigue. C'est elle qui relate la disparition de tous les élèves (sauf un) de la même classe, la même nuit, au même moment, dans une petite ville bourgeoise des États-Unis.
La première vision est celle de Justine, la professeure des écoles en charge de la classe, soupçonnée par les parents d'être au moins en partie responsable des disparitions. Il faut être très attentif à cette partie, puisque toutes les autres vont la compléter, d'une manière ou d'une autre. C'est pourtant la moins intéressante, celle qui (avec la dernière) comporte le plus de maladresses et de clichés. Ainsi, bien que menacée, Justine ne verrouille pas sa voiture en rentrant chez elle et, lorsque, plus tard, elle sort pour voir ce qu'il se passe à l'extérieur, elle laisse la porte grande ouverte tout en s'éloignant. (Au passage, c'est une bien jolie maison pour une enseignante du primaire...) Enfin, chacun appréciera à sa manière le fait qu'en sortant de la réunion publique, la prof se rue sur une épicerie de nuit pour s'acheter... deux bouteilles de vodka.
La deuxième vision est celle d'Archer, un entrepreneur du BTP, père de l'un des enfants disparus. Au départ très hostile à Justine, il comprend petit à petit que plusieurs choses ne "collent pas". Il accède à des vidéos tournées la nuit des disparitions et voit la prof se faire agresser à une station-service, en plein jour, par une personne a priori insoupçonnable. C'est à partir de ce moment-là que le malaise grandit, le surnaturel (ou l'inexplicable) surgissant dans un quotidien en apparence anodin. Zach Cregger gère plutôt bien cette montée en tension et le puzzle que représente son film.
Les historiettes suivantes sont celles de Paul (le policier qui en pince pour Justine), James (un drogué qui, involontairement, fait une sacrée découverte), Marcus (le directeur d'école) et Alex (le seul enfant non disparu de la classe, qui habite une maison légèrement différente de celle des parents de ses camarades).
Avec le recul, on comprend que la solution de l'énigme nous avait été donnée (indirectement) dès la première "vision". Il faut toutefois attendre la cinquième historiette pour comprendre le pourquoi du comment... et c'est décevant. Je pensais (j'espérais) que le réalisateur utilisait le film de genre pour élaborer une analyse de la société états-unienne, alors qu'en réalité, il part d'un substrat sociétal pour revitaliser le film de genre (épouvante/paranormal).
Quant à la dernière partie, elle apparaîtra soit grotesque, soit immonde, soit jouissive, selon les sensibilités. (C'est celle qu'attendaient avec impatience les djeunses présents dans la salle, qui ont néanmoins été attentifs durant toute la projection, signe que le cinéaste a réussi son coup.)
Comme c'est plutôt bien foutu, la vision de ce film peut constituer une stratégie valable pour échapper à la canicule, pendant un peu plus de deux heures, dans une salle obscure climatisée.
13:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 09 août 2025
Freaky Friday 2
Une vingtaine d'années après le succès remporté par les précédentes aventures mère-fille (déjà avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan), Disney remet le couvert, cette fois-ci avec non pas deux, mais trois générations de femmes (plus ou moins) en conflit. A Tess la mère (devenue grand-mère) et Anna la fille (devenue mère, et célibataire) s'ajoutent Harper la petite-fille surfeuse (et rebelle, forcément rebelle... mais une gentille rebelle... on est chez Disney)... et une autre adolescente, Lily (bien plus casse-couilles que la précédente), qui n'est autre que la fille du nouveau fiancé d'Anna.
Le début met en scène les conflits de générations (plus celui entre les jeunes), auxquels se greffe un possible déménagement, de Californie à Londres. Cela ferait éclater le groupe familial d'origine. Les deux ados (qui, au départ, ne pensent qu'à leur pomme) ne veulent pas que le nouveau mariage se fasse... et entreprennent de faire échouer le projet de leurs parents respectifs.
Le problème est que, suite à l'intervention d'une voyante à demi-compétente (assez bien jouée, ma fois), l'esprit des ados va se retrouver emprisonné dans le corps des "vieilles", et vice versa. Le procédé a beau être maintenant devenu assez commun au cinéma (on l'a notamment vu à l’œuvre dans Jumanji : Next Level), c'est souvent cocasse, notamment quand les ados découvrent les faiblesses de leur corps d'adulte. De leur côté, les "vieilles" héritent d'un corps tout neuf mais, curieusement, elles n'en profitent guère. Cela demeure très sage... et c'est bien dommage. Peut-être aussi est-ce dû au manque de talent des jeunes comédiennes, leurs aînées semblant plus habiles dans l'interprétation d'un esprit jeune dans un corps (beaucoup) plus âgé. Mention spéciale à Jamie Lee Curtis, qui, parfois, donne l'impression de s'amuser comme une petite folle.
On s'achemine vers une fin sans surprise, au cours d'un concert qui voit les spectateurs faire des cœurs avec leurs mains. (Au secours !) On notera que les dames sont entourées de messieurs doux, compréhensifs, beaux gosses... et à l'aise financièrement, semble-t-il. (Faut pas déconner, non plus !) Aux fans de NCIS, je signale que Tess est toujours accompagnée du charmant Ryan (Mark Harmon, alias Leroy Jethro Gibbs).
C'est un peu trop "sucré" et moralisateur à mon goût, mais cela constitue quand même une agréable détente.
16:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 08 août 2025
Malheur aux vaincus
Contrairement à ce que le titre du billet pourrait sous-entendre, il ne va pas être question ici des exploits du Gaulois Brennus dans la Rome antique, mais d'un roman contemporain, de Gwenaël Bulteau, dont je me suis procuré l'édition de poche.
L'action principale se déroule à Alger, en 1900, mais une seconde trame est entremêlée à la première, celle de la mission Voulet-Chanoine, qui a sinistrement fait parler d'elle l'année précédente. Les chapitres évoquant celle-ci sont rédigés en caractères italiques. Ils alternent avec la trame principale, elle-même composée d'un kaléidoscope colonial. Il faut un petit moment pour comprendre quels sont les liens entre les deux trames et quels personnages de 1899 sont présents à Alger en 1900.
A cette époque, cette ville est en plein trouble politique. Elle vit ce qu'on pourrait qualifier son "moment antisémite", notamment sous l'impulsion de l'ancien maire Max Régis. En paroles et en actes, la haine des juifs exprimée par ces colons (qui s'appuient parfois sur la population musulmane, que pourtant ils méprisent) apparaît grande, mais je crois pouvoir dire que, sauf à la toute fin, elle est atténuée par rapport à ce qu'elle fut.
Il y a donc des personnages réels dans cette intrigue, qui croisent ceux de fiction, parfois inspirés d'authentiques personnes. Dans la ville coloniale se croisent colons de diverses origines (italienne, espagnole, alsacienne, nordiste, gardoise...), "indigènes" musulmans et juifs locaux, devenus citoyens français de plein droit depuis le Décret Crémieux de 1870, qui insupporte aussi bien les colons antisémites qu'une partie de la population musulmane.
Un massacre commis dans une belle propriété coloniale suscite beaucoup d'interrogations. Les victimes sont au nombre de six (quatre hommes et deux femmes), assassinées de différentes manières. Deux armes à feu sont notamment en cause, l'une d'entre elles d'origine inconnue. Un lieutenant philanthrope est chargé de l'enquête, puisque l'une des victimes est un officier de l'armée française, trois autres étant des soldats africains présents sur place.
Colonialisme, racisme, antisémitisme, misère sociale sont au programme de l'intrigue, qui évoque aussi les bagnes militaires. Ces aspects macabres sont atténués par deux histoires d'amour (une dans chaque trame du récit) et une relation particulière qui se noue entre une commerçante d'origine alsacienne et des enfants des rues, débrouillards mais soumis à diverses violences.
C'est bien écrit, documenté, passionnant. Il vaut mieux connaître un peu l'histoire de cette époque avant d'en commencer la lecture.
14:08 Publié dans Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, livre, livres, lecture, roman, littérature, littérature française
mardi, 05 août 2025
Dracula
Le Prince des Ténèbres (et de Valachie) connaît un retour en grâce au cinéma, puisqu'en deux ans, nous avons eu droit à trois longs-métrages, le dernier en date étant celui de Luc Besson. Celui-ci semble avoir voulu amalgamer différents matériaux filmiques (pas uniquement vampiriques d'ailleurs), son intrigue louchant fortement sur celle du Dracula de Francis Ford Coppola. Certaines mauvaises langues suggèrent qu'à travers cette vision d'un "homme à (jeunes) femmes" réputé prédateur, mais amoureux, le cinéaste français s'est risqué à l'autoportrait.
Quoi qu'il en soit, l'intrigue débute tambour battant, par une scène de passion folle (au château), suivie d'une bataille sanglante, contre les horribles islamo-fascistes Ottomans. Ici, Besson puise (un peu) dans le Vlad Tepes historique (tout comme naguère Gary Shore, avec son Dracula Untold). Si la baston est très correctement filmée, le moment où ses officiers viennent arracher Vlad aux bras de sa compagne pour l'emmener au combat frôle le ridicule. Ce qui précède suffit amplement à nous montrer à quel point il est attaché à son épouse. Il n'était pas besoin d'en rajouter... mais c'est un moment clé, qui fait basculer le "héros" dans l'anti-christianisme, ce qui lui vaut d'être victime d'une malédiction. (Les références chrétiennes sont très présentes dans le film, ce qui, outre la langue dans laquelle il a été tourné, m'incite à penser qu'il est destiné en priorité à un public plus international que français.) Petit point historique au passage : en 1480 (année de la bataille), le Vlad historique était déjà décédé... une erreur commise dans d'autres films (notamment celui de Coppola).
La suite nous montre la quête du prince, qui traverse les continents et les époques à la recherche d'une réincarnation de sa bien-aimée. Les décors comme les costumes sont superbes. Je signale tout particulièrement la séquence de Versailles, au cours de laquelle le vampire entre en action, avec un sous-texte évident : les courtisanes (comme jadis les religieuses) se pâment sous la morsure du prince. Certes, elles ont été attirées par son parfum maléfique, mais, derrière ces scènes, on sent la volonté de montrer que les femmes, selon le cinéaste, préfèrent les hommes qui ont du panache et qui les bousculent un peu, plutôt que ceux, un peu ternes, qui les "respectent trop".
Cela devient évident quand entre en scène le clerc de notaire, dont la fiancée va devenir un enjeu de l'histoire. J'ai beaucoup aimé cette séquence roumaine, dans l'imposant château, avec un Caleb Landry Jones quasiment "kinskien", même s'il n'est pas aussi impressionnant que dans DogMan. Au niveau des nouveautés introduites par Besson, je signale les charmants petits compagnons du vampire, dont je laisse à chacun le plaisir de découvrir à quel point ils peuvent se montrer redoutables...
Besson nous a épargné le transport en bateau, entre la Roumanie et l'Europe, qui est au cœur du Dernier Voyage du Demeter (sorti en 2023, que je n'ai pas chroniqué... et franchement, ça n'en valait pas la peine).
Autre nouveauté, la suite se déroule non pas à Londres mais à Paris, environ 400 ans après la séquence du début (en fait 409 ans, puisqu'il est question de l'Exposition universelle et de l'achèvement de la Tour Eiffel, qu'on ne peut pas rater à l'écran). Cela nous vaut quelques cartes postales de la capitale française de cette époque, en particulier lors de la fête du 14 juillet. C'est là que l'histoire d'amour est censée atteindre son point de bascule... eh ben c'est pas terrible. Autant j'ai aimé les interventions de l'acolyte de Dracula (Maria, interprétée avec gourmandise par Matilda de Angelis), autant je n'ai pas été pris par l'intrigue amoureuse, alors que Besson en a fait le cœur de son histoire. Je ne sais pas trop pourquoi. CL Jones et Zoe Bleu (fille de Rosanna Arquette) font le job, mais, pour moi, cela ne marche pas vraiment. (Il serait intéressant de savoir ce qu'en pensent des spectateurs plus jeunes, qui ont vu moins de films consacrés au vampire. En tout cas, dans la salle où je me trouvais, le public était exclusivement composé d'adultes de plus quarante ans.)
Dans cette partie parisienne, il y a toutefois quelques moments de lueur, notamment quand Christoph Waltz est à l'écran. Il incarne le traqueur de vampire, dans un style qui n'est pas sans rappeler celui de Willem Dafoe dans le dernier Nosferatu. (Encore un que j'ai vu et pas chroniqué. Derrière la caméra, Robert Eggers n'est pas un manchot, mais trop souvent son film sombre dans le grand-guignolesque, la prestation de Lily-Rose Depp y étant pour quelque chose...)
Un certain souffle réapparaît dans la dernière partie, qui voit le retour en Roumanie... et une bien belle baston, en intérieur cette fois. Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, que j'ai trouvé inégal.
P.S.
La fille de Rosanna Arquette n'est pas la seule membre de la "noblesse de pellicule" à figurer dans ce film, puisque, sauf erreur de ma part, Besson a confié à l'une de ses filles (Sateen) le rôle de la sirène, dans l'aquarium parisien.
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vendredi, 01 août 2025
Les Bad Guys 2
Il y a un peu plus de trois ans, l'arrivée sur les écrans de cette bande de gentils délinquants avait eu un côté rafraîchissant dans le monde de l'animation. On retrouve cet esprit dans la première séquence, qui nous replonge dans le passé. Cette fois-ci (et cela se confirme durant tout le film), le scénario s'inspire davantage des Mission : impossible (de Men in Black et, peut-être, de certains James Bond) que des Ocean's. C'est drôle, rythmé, sans complexe (ni souci particulier du "politiquement correct"). Les adultes seront ravis du double niveau de lecture (un comique de situation qui vise surtout les petits, une pléiade d'allusions destinée aux "grands"). DreamWorks retrouve l'esprit frondeur qui avait distingué ses meilleures productions du tout-venant de chez Disney.
La suite voit un léger changement de ton, mais pas d'influences cinéphiliques. Les héros sont victimes d'une machination, montée par un trio de super-vilaines... vraiment vilaines. Pour les vaincre, le loup charmeur, le serpent amoureux, le requin maladroit, l'araignée geek et le piranha péteur (qui rencontre toujours autant de succès auprès du jeune public) vont avoir besoin de l'aide de leur ancienne alliée, la renarde gouverneure... et même de celle de la commissaire pitbull.
A l'écran, cela bouge parfois un peu trop pour moi, mais on ne s'ennuie pas une seconde. Aux manettes se trouve toujours le Français Pierre Perifel. Dans la VF, on reconnaît des voix familières, celles de Pierre Niney, de Doully, de Jean-Pascal Zadi, d'Alice Belaïdi... Du vol d'une voiture de collection au combat dans la Station spatiale internationale, en passant par une soirée de catch (public beauf garanti...) et la visite d'une prison ultra-sécurisée, on est emporté par cette intrigue sur-vitaminée... à savourer jusqu'aux toutes dernières scènes, qui annoncent une suite.
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jeudi, 31 juillet 2025
Au secours du Titanic
En furetant dans une librairie de centre-ville, j'ai récemment découvert un petit ouvrage passionnant, dont je recommande vivement la lecture :
L'auteur est un journaliste plutôt spécialiste de l'histoire de l'aviation, mais, il y a quelques années de cela, il s'est pris de passion pour l'histoire du célèbre paquebot (présumé) insubmersible. Dans cet ouvrage, il s'est concentré sur le capitaine du navire de secours, le Carpathia, mais il aborde bien d'autres aspects.
Je vais commencer par la seule limite à mon enthousiasme : les faibles développements consacrés à la vie antérieure d'Arthur Rostron (le capitaine). Celles et ceux avides d'en savoir davantage sur lui peuvent se ruer sur la fiche qui lui est consacrée (en anglais) sur le site de l'Encyclopédie Titanic.
Pour le reste, c'est passionnant, nourri de détails, d'anecdotes, de la vie du Titanic avant son voyage inaugural (et le scepticisme de Rostron quant à son insubmersibilité) aux commissions d'enquête créées, aux États-Unis puis au Royaume-Uni, dans la foulée du naufrage.
On apprend notamment combien de navires se trouvaient à relative proximité du Titanic, ce soir-là, l'identité de l'un d'entre eux (un bateau de pêche norvégien) n'ayant été découverte que plus tard. L'ouvrage explique en détail le fonctionnement des radios de bord, ainsi que l'usage des signaux lumineux, ceux-ci n'ayant pas toujours été correctement interprétés. Il en profite pour brosser le portrait de certains acteurs, notamment l'unique responsable radio du Carpathia, qui a vécu plusieurs journées homériques... et très peu dormi.
Le cœur de l'ouvrage est constitué par le sauvetage des 706 rescapés du naufrage (712 selon l'encyclopédie en ligne), de la prise de décision du capitaine (qui a consulté auparavant ses officiers) à l'arrivée du Carpathia à New York. (Ce navire devait relier la côte Atlantique des États-Unis au sud de l'Europe, mais il a fait demi-tour pour ramener les rescapés aux États-Unis, avant d'ensuite reprendre le trajet initial, le capitaine ne voulant pas manquer à son devoir.) Celle-ci a d'ailleurs été brièvement filmée à l'époque.
L'ouvrage revient aussi sur le destin de plusieurs rescapés, parfois anonymes, parfois connus, comme Bruce Imay, le président de la White Star Line (propriétaire du Titanic), le Carpathia appartenant lui à une concurrente, la Cunard Line.
La fin de l'ouvrage est en partie consacrée au rôle des médias. A l'époque, les communications ne sont pas aussi rapides (et fiables) qu'aujourd'hui. Du coup, beaucoup de rumeurs et de fausses nouvelles ont circulé, avant que le Carpathia ne puisse transmettre des informations fiables. L'auteur pointe notamment l'action néfaste (selon lui) de William Randolph Hearst (Citizen Kane) et des organes de presse qu'il contrôlait.
C'est bien écrit, découpé en petits chapitres. J'ai dévoré le bouquin en une soirée. Il donne envie de revoir le film de James Cameron.
17:42 Publié dans Histoire, Livre, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : histoire, culture, livre, livres, société
mercredi, 30 juillet 2025
Ms Fisher (suite)
Chérie 25 poursuit la diffusion de cette série australienne. Après nous avoir proposé (ces dernières semaines) les quatre épisodes de la saison 1, samedi 26, on est passé à la seconde saison, avec deux inédits.
Mort à dessein met en scène une "communauté" de personnes aisées, se voulant avant-gardistes... et adeptes de l'amour libre. Le problème est qu'un matin, l'époux de l'hôtesse d'une soirée échangiste est retrouvé mort, dans le sauna privé, en compagnie d'une des invitées. L'enquête s'avère difficile pour Steed et Fisher, les souvenirs de la soirée précédente étant quelques peu embrumés, dans l'esprit des témoins/suspects. Dans le même temps, on découvre que la relation entre l'inspecteur et la détective s'est approfondie... mais Peregrine, bien qu'amoureuse du policier, aimerait garder son entière liberté. (Elle semble même émoustillée par le mode de vie des participants à la soirée...)
Meurtres et fiançailles nous plonge dans l'univers impitoyable de Dallas des hôtesses de l'air. L'une d'entre elles, destinée à devenir l'égérie d'une compagnie aérienne, est retrouvée morte. Les indices sont nombreux, mais difficiles à interpréter par James et Peregrine, d'autant que celui-là a fait sa demande à celle-ci. La jeune femme est très tentée de s'engager avec un homme qu'elle perçoit comme charmant, fiable et respectueux, mais elle voudrait en même temps tout garder de sa vie de célibataire...
Pendant quelques jours, il est encore possible de visionner les deux derniers épisodes de la saison 1, Meurtre du troisième type et Mort aux petits oignons. Il est à noter que ces épisodes sont plus longs que ceux de la seconde saison : 1h20-1h25 contre 40-45 minutes (hors publicités), ce qui fait que les huit épisodes de la saison 2 sont au final de la même longueur que les quatre de la saison 1.
Samedi 2 août sont programmés deux autres inédits : Mariage de sang (qui va renvoyer le charmant inspecteur dans sa région d'origine, au contact de son ex-petite amie) et Meurtre au club canin, à l'intrigue sans doute plus cocasse (Peregrine envisageant d'adopter un chien, plus facile à gérer qu'un potentiel époux).
22:42 Publié dans Société, Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : télévision, télé, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
lundi, 28 juillet 2025
Dangerous Animals
Que serait l'été cinématographique sans un (bon) film de requins ? La mode en a été lancée il y a cinquante ans tout pile, par un certain Steven Spielberg, dont des directeurs de salles avisés ont eu l'intelligence de récemment reprogrammer Les Dents de la mer.
Celui-ci et sa suite étaient sortis au mois de juin (aux États-Unis, plus tard dans l'année en France, les sorties n'étant pas synchrones à cette époque entre l'Europe et l'Amérique), les volets 3 et 4 au mois de juillet. Cette tradition a été respectée par les diffuseurs d'autres productions du même genre, comme Peur bleue (juillet 1999), Instinct de survie (août 2016), En eaux troubles (août 2018), En eaux très troubles (août 2023)...
On pourrait gloser longtemps sur l'opportunité de sortir ces films en salles à une époque où, dans l'hémisphère Nord en particulier, on se livre beaucoup à la baignade... mais je pense que les producteurs, en situant l'action de ces films elle aussi en période estivale, ont surtout sauté sur l'occasion de montrer à l'écran de ravissantes jeunes femmes en bikini et de charmants jeunes hommes (pas épuisés par les dizaines d'heures passées sur un banc de musculation) torse nu.
Dans ce film-ci, la principale différence est que les prédateurs les plus dangereux ne sont peut-être pas les grands poissons anthropophages, mais certains humains, de sexe masculin. Voici donc le film de requins agrémenté de la présence d'un tueur en série, Tucker, un pêcheur-excursionniste très particulier. Dès le début, je me suis méfié de ce type : il est tatoué, pas rasé, chaussé de tongs et porte d'étranges slips (ça, on le découvre plus tard). Il est très bien interprété par Jay Courtney, un comédien habitué aux seconds rôles hollywoodiens, de Jack Reacher à The Suicide Squad, en passant par Invincible, Divergente, Terminator Genisys et The Good Criminal.
Tucker est un bon connaisseur des requins, mais il est mentalement très perturbé (et sans doute impuissant). Son personnage est le prétexte pour insérer une surprenante mise en abyme, les spectateurs (masculins) du film (amateurs de sang qui gicle sur grand écran) étant comparés au psychopathe, qui, entre deux tueries, n'aime rien tant que visionner ses anciens "exploits", qu'il a filmés.
Face à lui vont se retrouver deux couples de Ken & Barbie. La séquence inaugurale nous propose les "Ken & Barbie plongeurs" (avec une chute très réussie). La suite voit intervenir les "Ken & Barbie surfeurs". Cela commence par la naissance maladroite d'une histoire d'amour (où il est question de "philosophie du surf"... au secours !). Cela devient vite intéressant parce que ladite surfeuse, Zephyr, est une (très) jolie blonde, furieusement indépendante et dotée d'un gros caractère. Ce personnage n'est pas sans rappeler la Nancy (Blake Lively) d'Instinct de survie et la Haley (Kaya Scodelario) de Crawl (confrontée elle à des alligators). Les jeunes mâles hétéros du XXIe siècle sont prévenus : les nouvelles demoiselles en détresse sont (presque) capables de s'en sortir toutes seules... voire de sauver la mise du chevalier-servant qui leur est dévoué.
Tout ceci se déroule en Australie, à Gold Coast (dans le Queensland). Cela nous vaut de jolis plans de la skyline locale, mais aussi de l'océan Pacifique ouest, avec quelques séances de surf. J'ai surtout aimé les scènes montrant des requins dans leur environnement naturel. Dans ces moments-là, nous sommes placés dans la position des excursionnistes (sans risquer de se faire zigouiller, toutefois). Le réalisateur a tenu à démonter un peu le mythe du requin tueur en série, cette fonction étant exercée par un personnage humain. Toutefois, vers la fin, on voit l'un de ces grands squales traité de manière anthropomorphique : il devient justicier.
Si l'on supporte les clichés inhérents à ce type de films, on peut passer un bon moment, la seconde partie, nourrie de rebondissements, étant encore plus sanglante que la première. Avis aux âmes sensibles.
19:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
samedi, 26 juillet 2025
Les 4 Fantastiques : premiers pas
Sauf erreur de ma part, c'est la cinquième fois (la précédente, en 2015) que des producteurs tentent d'adapter la célèbre bande dessinée au cinéma. Cette fois-ci aux commandes, Disney a mis 200 millions de dollars sur la table... et ça se voit.
Les effets spéciaux sont en effet de très haut niveau. (Merci, Lucasfilm !) On le sent particulièrement dans la première séquence (officielle, les autres n'étant que des retours en arrière) dans l'espace, à la recherche de Galactus, jusqu'à la fuite et la lutte avec la Surfeuse d'argent.
Cet attirail technologique est inséré dans une ambiance rétro, celle du comics des années 1960. La mode du revival n'est donc pas exclusive à DC, qui a toutefois déçu avec le dernier Superman.
Que fait Matt Shakman (le réalisateur) de tout ce pognon ? Ben... pas grand chose, en fait. Je pense qu'il a sans doute été corseté par le cahier des charges du MCU. Ce film-ci doit se raccrocher à une série d'autres, notamment le prochain Avengers. On sait donc dès le départ que Galactus, aussi puissant soit-il, finira par être vaincu, d'une manière ou d'une autre... et que le quatuor de héros va survivre.
Du coup, l'histoire perd tout son suspense, y compris au niveau du bébé. Jusqu'à présent, jamais une production Disney n'a fait mourir un moutard dans une production à 200 millions... et puis, dans la bande dessinée, le gamin est destiné à un brillant avenir...
Sans surprise, le scénario nous conte une histoire familiale (hétéro), avec le papa, la maman, le frangin (futur tonton), le meilleur pote... et donc le (futur) bébé. J'ai été sidéré que celle que l'on connaît sous l'identité d'Invisible (Jane/Susan Richards) soit d'abord définie par... sa maternité. Cela commence avec le test de grossesse. Cela continue par l'accouchement dans l'espace (un sommet du ridicule, avec de surcroît une bien belle répartition sexuée des rôles, que l'on retrouve plus tard, lorsqu'il est question d'un siège-bébé). Vanessa Kirby est souvent filmée avec l'enfant dans les bras, dans une position présentée comme "naturelle" (les mecs étant évidemment hyper-maladroits). Même le principal antagoniste féminin (la Surfeuse) est faite du même bois (quand on connaît son histoire). Des dizaines d'années de féminisme pour en arriver là : une femme est d'abord une (potentielle) mère.
Pour contrebalancer cette vision traditionaliste, on a fait des deux protagonistes féminines des personnages actifs, puissants, qui finissent d'ailleurs par faire trébucher Galactus... C'est un autre moment ridicule du film : le quasi-dieu vivant, qui mange une planète au petit-déjeuner, se fait, dans un premier temps, repousser par une seule super-héroïne... qui, dans ce cas, est surtout une maman désireuse d'arracher sa progéniture aux griffes du gros vilain. Je crois que le public états-unien y verra peut-être une incarnation de la "maman grizzly" défendue naguère par la (peu) regrettée Sarah Palin.
Bref, ce film techniquement impressionnant, farci d'invraisemblances, pue un peu de la gueule (et sans doute aussi des pieds).
P.S.
Deux scènes supplémentaires nous sont offertes. La première, qui interrompt le générique de fin, introduit le nouvel adversaire machiavélique des super-héros. La seconde, placée à la toute fin, est un extrait de film d'animation d'époque... eh ben c'est plus marrant que le film !
18:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 25 juillet 2025
Les Nouvelles Enquêtes de Miss Fisher
Il y a une dizaine d'années, France Télévisions avait diffusé une intéressante série australienne, Miss Fisher enquête, dont l'action se déroulait dans les années 1920, au pays du kangourou. Après trois saisons, la série s'était conclue par un long-métrage, Miss Fisher et le tombeau des larmes.
Cet été débarque sur nos écrans (sur Chérie 25) une série dérivée, intitulée (en français) Les Nouvelles Enquêtes de Miss Fisher (Ms Fisher Modern Murder Mysteries dans la version originale). L'action se déroule environ 35 ans après celle de la "série mère". Dès le début du premier épisode (La Victime est la mariée, déjà diffusé deux fois par la chaîne française), on apprend que Phryne Fisher (l'héroïne d'origine) a disparu, sans doute morte. A cette occasion, on découvre qu'elle avait une sœur... et même une nièce, celle-ci héritant des biens de Phryne.
Les concepteurs de cette lointaine suite ont essayé de garder le maximum d'ingrédients de la série d'origine : la nouvelle enquêtrice (Peregrene) est tout aussi féministe que sa tante et, grâce à l'héritage de celle-ci, elle va vivre dans une certaine aisance financière, qui lui laisse la possibilité de mener sa vie à sa guise... et de traquer des criminels.
Sans surprise, la jeune femme va collaborer avec un séduisant inspecteur (qui s'appelle Steed, mais ne porte pas de chapeau-melon), lui-même tombant sous son charme. Dans les deux rôles clés, Geraldine Hakewill et Joel Jackson sont mignons, mais je dois dire qu'ils ne font pas oublier le tandem formé par Essie Davis et Nathan Page, qui était plus piquant.
Cette qualité de la série d'origine est plus perceptible dans le fonctionnement de la petite troupe qui entoure l'héroïne, le Club des aventurières, composé de femmes d'action et de brillantes intellectuelles, toutes féministes bien entendu. Un homme se joint à la troupe. C'est une sorte de "Q" (un bricoleur de génie). Il est aussi le frère de la présidente du club... et secrètement amoureux de l'une des membres. Du côté des antagonistes, il faut signaler la présence d'un inspecteur-chef misogyne (et grossier). Ce dénommé Sparrow est le supérieur hiérarchique du charmant James Steed.
A l'heure où j'écris ces lignes, les épisodes 2, 3 et 4 de la première saison (qui n'en comporte que 4) sont disponibles en replay.
Intitulé Meurtre en rythme, l'épisode 2 débute par la mort (par électrocution) de deux jeunes vedettes. Le principal suspect n'est autre que l'ex-petit ami de Peregrine... et l'inspecteur Steed, un tantinet jaloux, mène l'enquête officielle. Peregrine s'incruste dans l'équipe de télévision, la chaîne appartenant à une femme très riche, Edwina Maddox. A travers la famille de celle-ci, je pense que les auteurs de l'épisode ont voulu faire allusion aux Murdoch (dont l'empire médiatique dépasse largement les frontières de l'Australie). En arrière-plan se trouve aussi la pénétration de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta.
On change complètement d'ambiance avec le troisième épisode, Meurtre du troisième type. Le titre français est particulièrement bien choisi, puisqu'il va être question d'une possible présence extra-terrestre (avec allusion aux Envahisseurs), mais aussi d'expériences scientifiques et d'espionnage, en pleine période de Guerre froide. L'intrigue est vraiment passionnante, même si je trouve que l'héroïne arrive un peu trop facilement à s'infiltrer partout où elle veut.
Le quatrième épisode, Mort aux petits oignons, baigne dans le milieu culinaire. Les téléspectateurs du XXIe siècle penseront inévitablement à la flopée d'émissions mettant en scène d'apprentis cuistots (ou pâtissiers). Soixante ans plus tôt, il est plutôt question de cours de cuisine, d'immigration... et de commerce illicite.
Samedi 26 juillet commencera la diffusion de la deuxième et dernière saison, composée de huit épisodes. La série s'est arrêtée en 2021. C'est un agréable divertissement, avec un habillage (costumes, décors, musique) vintage, et des valeurs portées en étendard. Pour moi, il n'atteint pas le niveau de la série d'origine. A titre de comparaison, je trouve que les Français avaient fait un meilleur boulot avec Les Petits Meurtres d'Agatha Christie, ceux de la deuxième époque (située fin des années 1950-début des années 1960) comme ceux de la troisième (la plus percutante, dont l'action se déroule au début des années 1970).
11:25 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
dimanche, 20 juillet 2025
Certains l'aiment chauve
Le creux de l'été (en gros : fin juillet - début août) est souvent le moment choisi par les distributeurs pour "vider les tiroirs" : on sort à ce moment-là des films dont on pense qu'ils ont très peu de chance de rencontrer le succès le reste de l'année. C'est parfois le cas de certaines comédies françaises. Celle-ci (dont le titre fait référence au classique de Billy Wilder) entre-t-elle dans cette catégorie ? Suspens...
On commence par une scène faussement romantique, qui va évidemment déraper, mais pas forcément dans le sens auquel on s'attend. Ce n'est pas mal fait, même si le personnage féminin (celui de la petite amie) est assez agaçant. En revanche, j'ai trouvé bien campé celui du héros, Zacharie, par Kev Adams, qui fait preuve d'autodérision pendant presque tout le film.
Il se fait toutefois voler la vedette par l'autre protagoniste masculin, l'oncle du héros, incarné avec talent par Michaël Youn, aussi bon dans la déconne que dans l'émotion. La première séquence se déroulant dans son appartement est vraiment... décoiffante !
Il faut ajouter à cela quelques seconds rôles assez piquants. Chantal Ladesous est bien en dermatologue adepte des groupes de parole, celui des chauves étant calqué sur ceux des Alcooliques Anonymes. J'ai aussi aimé la manière dont Faustine Koziel interprète la journaliste, un personnage à la fois très "nature" et profond, qui réserve quelques surprises.
Le scénario n'en fourmille cependant pas. Antonin Foulon, auquel on doit celui de Chasse gardée, fait dans l'efficace, sans trop de fioritures. Un compteur affiche régulièrement à l'écran le nombre (décroissant) de cheveux que conserve Zach. Ses efforts sont de plus en plus pathétiques mais, en même temps, il va peut-être trouver l'authentique amour...
Cela ne dure qu'1h20, ça détend, mais cela ne restera pas dans les mémoires.
22:16 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
jeudi, 17 juillet 2025
Eddington
En 2020 (dernière année du premier mandat de Donald Trump), en pleine pandémie de Covid, la petite ville (fictive) d'Eddington, au Nouveau-Mexique (à l'ouest du Texas) est divisée. Je pense que c'est plus clair pour les spectateurs d'outre-Atlantique que pour les Français, du coup, je crois utile de préciser que certains protagonistes sont de sensibilité démocrate, d'autres de sensibilité républicaine.
A ma gauche se trouve le maire de la petite ville (interprété par Pedro Pascal). Il est présenté comme étant latino, fervent adepte de l'économie numérique (à l'époque, le monde des T.I.C. est massivement démocrate) et partisan des mesures anti-covid prises par certains gouverneurs progressistes. Face à lui va se dresser le shérif de la ville (interprété par Joaquin Phoenix, une fois de plus épatant). Celui-ci est visiblement plus conservateur, sceptique quant au covid, mais plutôt empathique (au départ) dans sa manière d'exercer son métier. A son domicile, il côtoie un duo de complotistes : son épouse mentalement perturbée (Emma Stone) et sa belle-mère, la plus zinzin de la bande.
La première partie du film met en scène, de manière assez comique, les querelles de clocher de cette petite ville. Les élections municipales approchent et le shérif décide de se présenter contre le maire sortant... en embarquant la petite équipe du poste de police dans son aventure. A ce moment, comme à propos du covid, on nous montre les effets néfastes des réseaux sociaux et la manière dont ils peuvent aussi être utilisés par des personnes mal intentionnées.
La situation se complique quand le mouvement Black Lives Matter commence à déteindre sur quelques gosses de riches du coin qui culpabilisent. Ils vont bientôt être rejoint par des activistes plus chevronnés... pas forcément bien intentionnés.
Vers le milieu du film, la situation bascule, dans des circonstances que je ne révèlerai pas. La chronique ironique de ce trou perdu de l'Amérique devient une sorte de western rurbain (avec deux-trois Indiens !). C'est tendu, violent, très bien mis en scène (malgré quelques excès concernant le personnage du shérif). Cela devient palpitant, jusqu'à une conclusion inattendue.
En dépit de quelques longueurs, je recommande vivement ce film.
20:29 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mercredi, 16 juillet 2025
Souviens-toi... l'été dernier
A Hollywood, ces temps-ci, la mode est au recyclage, soit que les scénaristes manquent d'inspiration, soit que les producteurs soient devenus allergiques au moindre risque. Voilà pourquoi vient de sortir sur nos écrans un film qui porte le même titre qu'un long-métrage de 1997... dont il n'est pas tout à fait le remake (puisque deux des personnages principaux sont issus de celui-ci) : il en est aussi une (lointaine) suite. C'est l'occasion d'apprendre un terme nouveau, "requel", un mot-valise issu de la fusion de remake et sequel (suite).
On ne s'étonnera donc pas que l'histoire commence par un accident de la route (toutefois pas identique au modèle de 1997), impliquant une bande de jeunes qui, à cette occasion, ne vont pas faire preuve d'un civisme exemplaire. On les retrouve un an plus tard, plus ou moins rongés par la culpabilité, avec, en bonus, un tueur vengeur qui sévit dans l'ombre, affublé d'un costume de marin-pêcheur.
L'impression de déjà-vu est d'autant plus grande que quatre des cinq jeunes protagonistes sont de quasi-copies des héros de 1997 : les hommes (un beaucoup moins riche que l'autre) ont des biceps et des pectoraux saillants, accompagnés des incontournables "tablettes de chocolat" ; les femmes sont habillées, coiffées et maquillées comme des influenceuses mal dégrossies.
Qu'est-ce qui change alors ? Un petit parfum de LGBT (de la bisexualité, en fait), en introduction... mais l'on sent que cela n'est là que pour respecter le cahier des charges (et vaguement épicer le début) : le personnage lesbien est l'un des premiers à se faire zigouiller.
Sur le fond, l'histoire a un aspect féministe plus prononcé qu'il y a 28 ans. Je ne peux pas en dire trop, sous peine de déflorer scandaleusement l'intrigue de ce quasi-chef-d’œuvre, mais, en gros, la morale est qu'au fond, c'est de la faute des mecs et que les femmes sont hyper-résilientes.
Si l'on n'est pas touché par la profondeur de cette analyse sociologique, on peut profiter d'honnêtes scènes de tuerie. C'est parfois délicieusement gore et la montée en tension est assez bien gérée.
Vous entendrez peut-être aussi parler, à propos de ce film, d'une critique des inégalités sociales. Cela me paraît excessif. Certes, le scénario s'appuie sur le fait que les riches et puissants se croient au-dessus des lois, mais la mise en scène a tendance à glorifier le luxe tape-à-l’œil. J'ai l'impression qu'on a cherché à contenter tous les publics.
Sachez enfin qu'on nous prépare sans doute une suite. Ne quittez pas la salle trop vite...
23:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 15 juillet 2025
Des Feux dans la plaine
Au premier degré, ces feux sont les incendies de voitures de taxi, dont les conducteurs sont, depuis, plusieurs mois, les victimes d'un tueur en série que la police locale ne parvient pas à coincer. Nous sommes en 1997, en Chine, à Fentun, en pleine période de réformes économiques, dans une région qui se désindustrialise (avec notamment des licenciements dans une manufacture de tabac).
Au second degré, ces feux sont les sentiments intenses qui animent plusieurs personnages, jeunes comme moins jeunes. Chez certains, il y a de l'amour ou de la colère, chez d'autres l'envie de foutre le camp pour faire sa vie dans le Sud, du côté de Canton (Guangzhou).
La police a infiltré les compagnies de taxi, espérant prendre le tueur sur le fait. Un soir, il manque de peu de se faire attraper... Cette première partie s'achève, au bout de 45-50 minutes, par un événement qui fait basculer l'intrigue.
Une ellipse nous projette huit ans plus tard, en 2005. On retrouve la majorité des personnages, mais certains ont quitté la ville industrielle. L'enquête policière reprend. L'un des policiers va se trouver confronté à un choix cornélien...
Ce polar estival en rappelle d'autres, chinois mais aussi sud-coréens. Il n'est pas le plus abouti de ceux que j'ai vus, mais j'ai lu ici et là des choses un peu sévères pour ce long-métrage plutôt bien troussé. L'ambiance de fin d'un monde, pour cette province industrielle, est bien rendue. Le film vaut aussi le détour pour la performance de l'actrice principale, Zhou Dongyu, qui incarne un personnage à multiples facettes.
P.S.
Depuis une dizaine d'années (et notamment la sortie estivale de La Isla minima), les distributeurs français ont l'habitude de profiter de la relative quiétude cinématographique des mois de juillet-août pour sortir à ce moment-là de bons polars, en général étrangers (espagnols, allemands, égyptiens, iraniens...). L'an dernier, la bonne surprise est venue d'Inde, avec Santosh. En 2025, la compétition est encore ouverte, d'autant que, pour l'instant (selon moi), c'est un film français qui tient la corde : Rapaces.
10:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 14 juillet 2025
Falcon Express
Sortie aussi sous le titre Pets on a train (« Des Animaux de compagnie dans un train »), cette animation française a été réalisée par une équipe qui a travaillé auparavant notamment sur Pattie et la colère de Poséidon et Les As de la jungle (auquel d'ailleurs plusieurs détails font référence).
C'est un film d'aventures, dans lequel les animaux (majoritairement domestiques) sont des substituts d'enfants. Ils se retrouvent sans maître(sse) dans un train filant à vive allure. La troupe est constituée d'une grande diversité d'animaux : chiens, chats, perroquets, rongeurs, canard, tortue (pas très ninja, de prime abord), poisson, serpent (une certaine Anna... Conda !). Le héros est un raton-laveur (un raton-voleur, plutôt) et le vilain de l'histoire est un gros blaireau... au propre comme au figuré ! (Quand on vous dit que ça a été créé par des Français !)
On a aussi pris soin de diversifier les caractères. Rex est, sans surprise, un chien policier, courageux et inflexible, un autre (beaucoup plus petit) étant le complotiste de service. On rencontre aussi un chat raisonneur, un grand chien hautain, un serpent empathique, des rongeurs babas-cools, un canard amateur de rugby (avec l'accent du Sud-Ouest !)... Quelle ménagerie !
On ne s'ennuie pas un instant. L'action est rythmée, émaillée de gags et de références, soit à d'autres animations, soit à des films tournés en prises de vue réelles. Comme dans les précédentes productions TAT, les voix des principaux personnages paraîtront familières aux spectateurs : ce sont celles de pros du doublage de films ou séries américaines.
Cela ne dure qu'1h25 ; les petits comme les grands passent un très bon moment. (Signe révélateur : aucune des têtes bondes/brunes/rousses n'a moufté pendant la séance, une fois le film commencé.)
19:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Indomptables
Cette courte (1h20) fiction prend la forme d'un polar sociétal, à Yaoundé, au Cameroun. On y suit le commissaire Billong, un notable d'origine modeste, très attaché au protocole, au respect des règles et de la loi. Il a cinq enfants, peut-être de deux épouses différentes... et le sixième est en route. Il essaie de régir son foyer comme il procède dans son métier, avec méthode, respect... et beaucoup d'autorité.
Tout dérape quand, une nuit, le corps d'un de ses collègues est découvert, dans un bidonville local. L'enquête se révèle particulièrement délicate : les habitants, qui apprécient peu la police, ne parlent pas, alors que la hiérarchie met la pression sur les enquêteurs, qui ne sont pas tous aussi rigoureux que Billong, loin de là. Dans le même temps, l'ambiance se dégrade au sein de son foyer. Son épouse actuelle et deux de ses enfants se rebellent.
Je trouve que c'est une bonne idée de placer en parallèle l'évolution de l'enquête et celle de la vie familiale. Leur comparaison n'est pas schématique, chaque arc narratif ayant son existence propre.
Évidemment, le travail des policiers est l'occasion de montrer les dessous de la vie à Yaoundé : les coupures d'électricité, le trafic de drogues, les combines des uns et des autres, la précarité économique du plus grand nombre. Il y a aussi une vie foisonnante, autour des bars, des petits commerces de bouche (tenus en général par des femmes)... et du football (ici féminin). A travers les personnages des fils du commissaire, Ngijol montre la tension entre tradition (le travail à l'école, le port d'une sorte d'uniforme, le respect du père) et la modernité (le gangsta rap, le smartphone, les programmes télés d'inspiration occidentale...).
Justement, Ngijol est le principal atout du film, qu'il a coécrit et réalisé. Je l'ai trouvé excellent en commissaire autoritaire, petit à petit dépassé par les événements. Le paradoxe est qu'il est finalement plus à l'aise dans l'enquête criminelle (plutôt complexe) que dans la gestion de ses problèmes familiaux. Même s'il écrase un peu le film, on peut noter la présence de deux beaux personnages féminins : celui de la mère et celui de la fille aînée.
Ce petit film sort de l'ordinaire. Il mérite vraiment le détour.
07:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 13 juillet 2025
L'homme au (grand) slip rouge
Douze ans après Man of Steel, était-il nécessaire de re-relancer la saga Superman ? Pas vraiment, affirment les cinéphiles qui en ont vu des vertes et des pas mûres dans ce domaine. Bien sûr que oui, répondent les producteurs, la bave aux lèvres.
Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Presque, puisqu'au grand brun musculeux qu'était Henry Cavill a succédé David Corenswet, qui est grand, brun... et très très musclé.
Les deux acteurs pourraient passer pour des frères... mais avez-vous noté la différence de costumes ? En 2013, Zach Snyder avait quelque peu innové. (C'était aussi l'époque où Warner-DC essayait de donner un ton plus adulte à ses films de super-héros.) En 2025, retour au costume traditionnel. On nage en pleine nostalgie, confirmation étant attendue bientôt avec Les 4 Fantastiques. (Je compte sur les estivants pour vérifier si, cet été, sur les plages, les messieurs ont massivement adopté le slip de bain écarlate.)
Quoi qu'il en soit, dès le début du film, Superman se fait voler la vedette par... Superdog... Krypto de son véritable nom. Il n'est pas le chien du super-héros, mais celui-ci en a (temporairement) la garde. Il faut attendre longtemps avant de découvrir à qui M. Muscles rend aussi obligeamment service...
Krypto est donc un chien doté de super-pouvoirs... mais il est aussi super-câlin, super-bondissant... super-casse-couilles en fait... Je l'adore ! Il donne du tonus à certaines scènes un peu plan-plan et c'est une source de gags. (Je rappelle qu'il y a trois ans, il a eu droit à son film d'animation.)
L'autre proche de Superman est bien entendu Loïs Lane (Rachel Brosnahan, récemment vue dans The Amateur). Je fais partie des personnes qui, entre les bandes dessinées, les séries, les longs-métrages et les œuvres d'animation ont déjà vu quantité d'incarnations de ce "couple mythique". Celui-ci n'est ni le pire ni le meilleur. J'ai toutefois été un peu gêné par l'une de leurs conversations, celle qui prend la forme d'une vraie-fausse entrevue entre Superman et la journaliste. Sur le fond, la confrontation de deux positions était intéressante (en gros le partisan de la démocratisation par la force contre la défenseuse acharnée des droits constitutionnels), mais j'ai trouvé cela mal écrit (dans la VF) et mal mis en scène (voire pas très bien joué, notamment de la part de Corenswet).
Heureusement, entre deux scènes de dialogues (souvent inintéressants), il y a de l'action. Et des effets spéciaux. Un tas d'effets spéciaux. C'est vraiment bien foutu et, de surcroît, c'est parfois très beau à voir sur grand écran, comme cette scène de baiser aérien, sur un fond luminescent.
Et les méchants dans tout ça ? Eh bien ils sont moches et ils constituent une belle bande d'ordures, dont on espère que le héros finira par se débarrasser. En tête de liste se trouve le "nouveau" Lex Luthor. Nicholas Hoult s'est fait la boule à zéro et, ma fois, il est assez convaincant. Il s'appuie sur deux acolytes génétiquement modifiés. L'identité de l'homme demeure longtemps mystérieuse... et c'est une sacrée surprise quand on la découvre. James Gunn n'en fait toutefois pas grand chose, à part des rafales de coups de poings. Je l'ai connu plus inspiré dans The Suicide Squad et Les Gardiens de la galaxie. Il a d'ailleurs ramené de ce dernier film un invité surprise : François Nathan Fillion (ex-Castle, aujourd'hui Rookie de Los Angeles), doté d'une coupe de cheveux que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi ! Fillion incarne Green Lantern, qui compose, avec deux (puis trois) acolytes, un groupe de super-héros de deuxième division (au départ). La ringardise est assumée, parfois comique. A noter que cette "équipe B" prend du galon au cours de l'histoire. Je me demande si la production n'a pas en tête le lancement d'un nouveau "produit dérivé" (en plus de celui qui est suggéré en toute fin d'histoire).
Du coup, c'est assez plaisant, en dépit de l'ennui suscité par certaines scènes de dialogues et de l'abus d'un schéma (très) conventionnel : on place le héros au fond du trou et le monde au bord du gouffre... et, bien entendu, tout finit par s'arranger.
P.S.
Deux scènes bonus nous sont proposées, dont une à la toute fin du générique.
20:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films