lundi, 01 octobre 2012
Un collégien journaliste à "La Dépêche du Midi" ?
Je me suis posé la question, ce matin, lorsque j'ai lu un article consacré à une compétition de rugby opposant des jeunes de nationalités différentes : Top 12 : Argentins et Sud-Africains sont arrivés (à Rodez).
Ecrit dans un style alerte (et signé), ce papier n'en est pas moins truffé de fautes de français, ainsi que je me suis plu à le faire remarquer sur le site internet du quotidien. Voici ce que cela donne quand on met celles-ci en valeur :
Dans le premier paragraphe, nous avons droit à une belle rupture de syntaxe, la deuxième partie de la phrase étant orpheline d'un verbe principal. Du coup, cela devient presque compliqué à lire.
Le début du paragraphe suivant voit un "se" remplacer un "ce". Plus loin, on sent que l'auteur de l'article était à la recherche d'une expression consacrée. Etait-il installé sur un mini-canapé (style clic-clac) ? Toujours est-il que le "claquement de doigts" a été quelque peu amputé. Le paragraphe se termine sur une autre phrase sans verbe principal.
La suite du texte nous offre deux expressions impropres. Il aurait fallu écrire que les Sud-Africains (avec un tiret, a priori) ont contribué à ranimer la flamme et que si les Argentins ont assisté à un entraînement de rugby, c'était à l'invitation du coach du Racing. Un esprit pointilleux rétablira l'accent circonflexe de "côté".
Est-ce la fatigue ? Les maladresses de construction s'accumulent en fin de texte. Mais le comble est atteint avec un morceau de phrase incompréhensible : "je souhait unanime était un lit douillé". Voilà de quoi laisser perplexe un ancien judoka français... On termine par une floppée d'erreurs bêtes, la plus croquignolesque étant sans conteste la "grâce matinée". Grasse soit rendue au matelas douillé !
Je reconnais que ce que je viens de faire est assez facile. Mais, tout de même... cela fait beaucoup de fautes pour un modeste article. Je me suis demandé qui pouvait bien être ce journaliste, qui avait signé de ses initiales "J-M N". Je n'ai pas trouvé trace de lui (je pense que c'est un Jean-Marc ou Jean-Michel Kekchose) dans la liste des rédacteurs du quotidien.
C'est alors que je me suis souvenu d'une conversation que j'ai eue naguère avec une personne qui connaît un peu le milieu journalistique. Un jour que je râlais contre la médiocrité de certains articles de la presse locale, il me dit :
- Voyons, Riton ! Tu devrais savoir que la presse locale emploie peu de vrais journalistes ! Beaucoup d'articles sont écrits par des correspondants, même s'ils sont retouchés après. Pire : certains papiers sont fournis "clés en mains" par divers interlocuteurs du journal (entreprises, associations, syndicats...). Après, c'est du copié-collé ! Ne t'étonne pas d'y lire un peu tout et n'importe quoi.
Si je suis ce raisonnement, l'article incriminé aurait été écrit par l'un des adultes encadrant ces jeunes rugbymen étrangers.
20:42 Publié dans Presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presse, médias, société, journalisme
Commentaires
Je crois que j'ai identifié "J-M N". Il s'agirait de Jean-Marc Nicolet, qui a signé des articles sportifs dans "La Dépêche du Midi" :
http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/06/1457867-albi-et-rodez-au-menu-des-delegations.html
http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/09/1460602-rodez-la-satisfaction-de-tous-c-est-notre-recompense.html
Comme il n'est apparemment pas membre de la rédaction, je pense que c'est un pigiste. Dans "Le Ruthénois" de cette semaine, on peut lire de sa plume un papier faisant le bilan du "Top 12"... et c'est cette fois-ci correctement rédigé.
Écrit par : Henri Golant | vendredi, 12 octobre 2012
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