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samedi, 07 juin 2014

Naissance d'un musée

   Il reste encore quelques heures pour voir le documentaire consacré par France 3 au musée Soulages, inauguré la semaine dernière par François Hollande.

   Cela commence par une visite du chantier (déjà bien entamé) par Pierre Soulages, entouré de professionnels du bâtiment, d'une grappe d'élus, d'une foule de privilégiés et d'une horde de journalistes. L'artiste se montre d'abord préoccupé par le volume des réserves, qu'il a peine à estimer... tout comme ses interlocuteurs. La conversation porte sur des m² et des longueurs de rail...

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   Sur l'image, à gauche, on reconnaît Ludovic Mouly (à l'époque président de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez), qui ne quitte pas Soulages d'une semelle, Martin Malvy (président du Conseil régional de Midi-Pyrénées), habile à se placer dans le champ de la caméra, et Christian Teyssèdre (le maire de Rodez)... qui a l'air de se faire chier (et on le comprend).

   La visite se poursuit en extérieur. Le peintre rencontre les ouvriers du chantier, juste le temps de serrer quelques louches :

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   Ici comme ailleurs, les entrepreneurs français ont recours à des sous-traitants ou de la main-d'oeuvre étrangère, avec l'exemple de cet ouvrier, à droite. Sa rencontre donne lieu à un échange "lolesque" :

- Qu'est-ce que vous êtes, vous ?

- Euh... portugais.

   Gêné, le patron de la boîte tente de rebondir en disant qu'il s'agit bien là d'un musée européen...

   On retrouve Pierre Soulages dans un entretien, dans lequel il raconte la genèse du projet de musée, au cours de discussions avec celui qui était à l'époque maire de Rodez : Marc Censi.

   Puis c'est au tour des architectes catalans d'avoir les honneurs de la caméra. Leurs explications sont censées mettre en évidence les liens qui existeraient entre l'architecture du musée et l'oeuvre de Soulages. Je n'ai pas été convaincu...

   Retour à Rodez, pour une séance de dédicaces. Des anonymes comme des vedettes locales viennent faire parapher leur exemplaire d'un ouvrage consacré à Soulages. Je trouve ce comportement de "groupie" infantile de la part d'adultes supposés intelligents. A moins que... cette signature ne soit considérée comme un investissement, qui rendrait l'ouvrage précieux. Ou alors c'est simplement l'expression de leur narcissisme : le "message personnel" de l'artiste les mettrait en valeur...

   A l'occasion de cette séance, Soulages rappelle involontairement combien il est attaché à la ville de Sète, où il est installé depuis des années... et où aurait dû être construit le musée consacré à son oeuvre ! Je pense que ce sont les Aveyronnais, plus que les Sétois, qui regrettent que cette occasion n'ait pas été saisie...

   On nous ramène ensuite au chantier. Le peintre s'enquiert de l'espace consacré aux expositions temporaires, qui doit être de 500 m². Mais cela ne colle pas avec ce qu'il voit du bâtiment. En fait, l'espace est divisé en deux salles, sur deux niveaux. Celle du dessus a un haut plafond (entre  7 et 8 mètres), alors que celle du dessous a moins de 5 mètres de hauteur, ce qui est présenté comme tout à fait "normal". Soulages rebondit sur le mot, avec esprit : "Une salle d'exposition normale pour des peintures normales... comme nous avons un président normal, ça c'est parfait tout ça !"

   La séquence suivante est consacrée à Conques et aux vitraux de l'église abbatiale. On y découvre un extrait d'un autre documentaire de Jean-Noël Cristini (aussi réalisateur de celui-ci). On nous présente un Soulages plus jeune (il a vingt ans de moins), au travail avec un assistant. Pour les aficionados du maître de l'outrenoir, c'est sans doute un moment d'anthologie, qui voit le génie créatif s'exprimer dans tout sa splendeur, avec notamment cette exclamation qui, j'en suis sûr, restera dans les mémoires : " Ce chatterton, c'est une trouvaille, hein ! "

   Au passage, signalons le crime de lèse-majesté commis par la chaîne publique qui, en plein documentaire, laisse passer les résultats du quinté !

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   Une longue séquence nous montre ensuite l'emballage, la réception puis le classement des oeuvres qui vont être installées au musée. On retrouve Pierre Soulages dans un entretien intéressant, où il évoque les peintures rupestres, nées dans la quasi-obscurité des grottes préhistoriques.

   On a ensuite droit à un autre moment de détente, avec les gesticulations autour du sens dans lequel exposer une oeuvre magistrale :

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   Soulages a du mal à se faire comprendre de son assistant... et aucun des deux ne sait vraiment dans quel sens regarder ce truc !

   Le film s'achève sur la mise en place des cartons de Conques, au musée ruthénois. On perçoit l'implication de l'artiste, mais on ne tente pas de nous faire comprendre quoi que ce soit sur les fameux vitraux...

   P.S.

   Arrivé en fin de rediffusion gratuite, le documentaire n'a pas suscité l'engouement sur le site tv-replay. Au bout de six jours et demi, à peine plus de deux cents personnes l'ont regardé, alors que la trilogie consacrée à l'histoire de l'électricité a été suivie par 2 500 à 3 500 internautes.

 

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   P.S.

   Pour ceux qui ont raté le film, France 3 a prévu une séance de rattrapage lundi 16 juin... à 8h45.

 

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