vendredi, 24 octobre 2014
Magic in the Moonlight
Je ne vais plus systématiquement voir les films de Woody Allen depuis un paquet d'années. C'est trop inégal. De plus, à certaines reprises (comme dans Le Rêve de Cassandre, pourtant assez réussi), j'ai eu l'impression que l'étiquette était trompeuse, qu'on nous vendait pour du Woody Allen ce qui avait été conçu et réalisé par d'autres. Ceci dit, malgré son grand âge, il nous a récemment livré deux bons films, Blue Jasmine, illuminé par la prestation de Cate Blanchett, et Whatever Works, comédie allénienne dont se rapproche Magic in the Moonlight.
L'histoire a cependant du mal à se mettre en place. Alors que l'intrigue semble suivre une trame limpide, j'ai trouvé certaines scènes du début plutôt maladroites. (On retrouve quelques maladresses par la suite, mais, fort heureusement, diluées dans un ensemble plus emballant.) Cela s'arrange en particulier grâce aux dialogues incisifs (à savourer, évidemment, en version originale sous-titrée). Colin Firth est excellent, combinant l'attitude guindée d'un grand bourgeois britannique et la verve sarcastique allénienne.
Notons que, dans ce film, le réalisateur s'est dédoublé : on peut en effet considérer le personnage d'Howard Burkan (le meilleur ami, incarné par Simon McBurney) comme un autre équivalent de Woody, mais moins flamboyant.
L'ensemble ne tiendrait pas la route si les personnages féminins n'étaient pas au niveau. L'héroïne est interprétée par Emma Stone (qu'on a pu voir dans La Couleur des sentiments, où elle côtoyait une brochette d'actrices plus expérimentées). Il ne faut pas se fier à son physique de jeune première anorexique : elle a vraiment du talent. Elle est accompagnée de deux pétulantes mamies, Eileen Atkins (la tante du héros) et Jacki Weaver (une veuve de moins en moins éplorée), la première maniant avec une dextérité certaine l'art de l'understatement.
On peu regarder ce film de deux manières. La première consiste à se contenter de ce que l'on nous propose, une comédie tantôt romantique tantôt satirique, dans de beaux décors, sur une musique entraînante. Elle nous fait passer un très bon moment.
La deuxième manière consiste à y voir une illustration des tourments alléniens. Le vieil homme se rapproche de la mort et, même s'il se revendique athée, il a peut-être quelques doutes. Il est évident que le magicien incarné par Colin Firth est un avatar de cet autre fabricant d'illusions qu'est le cinéaste libre-penseur. Il est non moins évident que les questions que se pose Crawford-Firth quant à une possible relation avec une jeunette inculte ne sont pas sans faire écho à la vie amoureuse de Woody Allen...
13:52 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
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