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dimanche, 03 janvier 2016

Des soldats drogués

   Ils sont au coeur de l'intrigue de l'épisode 2 de la saison 4 des Enquêtes de Murdoch, rediffusé ce dimanche sur France 3. Comme souvent dans cette série, les scénaristes ont mêlé des éléments historiques (de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle) à des considérations liées à notre époque, celle du début du XXIe siècle. Ainsi, dans la saison 1, a été abordé le cas des orphelins envoyés de force au Canada. Plus récemment, la question des droits des femmes s'est souvent retrouvée au premier plan, qu'il s'agisse du droit de vote, de l'éligibilité, des études, de la carrière comme de l'homosexualité féminine.

   Dans l'épisode qui nous occupe, les prémices de la seconde guerre des Boers constituent la trame de fond. Ce conflit a vu la participation des forces canadiennes, aux côtés des Britanniques, contre les colons sud-africains d'origine néerlando-franco-germanique. Chez nous, cette guerre, quand elle est connue, a la réputation d'avoir vu naître les camps de concentration, où des dizaines de milliers de civils ont été "parqués" par les Britanniques, dans des conditions exécrables.

   Durant son enquête, l'inspecteur Murdoch va découvrir l'usage qui a été fait de l'éphédrine... et ses effets secondaires. Je ne sais pas si l'armée britannique, dès cette époque, réalisait ce genre d'expérimentations. L'usage d'amphétamines s'est répandu dans l'Entre-deux-guerres, les nazis les ayant même utilisées au début du second conflit mondial.

   Mais, comme l'épisode a été tourné au début du XXIe siècle, on peut se demander s'il ne fait pas plutôt écho à une situation plus récente. Le fait qu'une part non négligeable des soldats se drogue (à l'opium, au cannabis, à l'héroïne...) pour échapper au stress des combats n'est pas nouveau. Mais le fait que l'armée teste de nouveaux produits sur ses soldats était resté relativement secret... jusqu'à la guerre d'Afghanistan. L'objectif avoué était de diminuer les effets de la fatigue sur les militaires en mission.

   Mais une atroce bavure a levé un coin du voile : en 2002, un aviateur américain a tué quatre soldats canadiens. Au bout de la procédure judiciaire, il n'a écopé que d'une interdiction de vol, d'un blâme et d'une amende. En 2004-2005, on avait prêté peu d'attention à l'une des justifications avancées (maladroitement) par le pilote Harry Schmidt : les effets secondaires de la prise de produits dopants. Ils sont évoqués dans un long article du Chicago Magazine, en juin 2007.

   Plus récemment, en 2012, Le Point s'est penché sur une dérive supplémentaire : l'automédication de certains soldats, qui fait d'eux de véritables bombes chimiques.

   Le phénomène touche d'ailleurs aussi bien les Occidentaux que les djihadistes. Au Moyen-Orient, le captagon est l'objet d'un important trafic : il est apparemment très prisé par les membres de Daech... et il est aussi très populaire en Arabie saoudite.

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