vendredi, 19 décembre 2025
Running Man
On doit cette nouvelle adaptation du roman de Stephen King à Edgar Wright, un habile faiseur que l'on a naguère vu à l’œuvre avec Baby Driver. On sait donc qu'on aura son content de scènes d'action, émaillées d'humour.
De ce point de vue le contrat est rempli. De l'entraînement des recrues du jeu télévisé mortel à l'affrontement final dans l'avion, en passant par la prise d'otage et la tuerie de l'hôtel, on nous en met plein la vue, améliorant même l'une des péripéties du roman, quand il est question du gars qui vit encore chez sa mère. (Dans le bouquin, il n'est question que d'une fuite en voiture, alors que le film propose une baston de plus, dans la maison familiale regorgeant de surprises.)
Malheureusement, cette débauche d'énergie et d'effets spéciaux se greffe sur un scénario peu vraisemblable... et limite putassier. Certes, dès le début, on se dit que le jeu est truqué et que, petit à petit, on va découvrir à quel point le public comme les participants sont manipulés. Cependant, dans son désir d'actualiser le contexte, on a doté le héros d'un bracelet connecté, sur lequel il peut suivre en temps réel l'évolution de sa cagnotte... et, dès le début, on comprend qu'ainsi il est géolocalisable... une faille qui n'est jamais évoquée ensuite dans le film, qui préfère reprendre l'argument de la piste laissée par les cassettes envoyées par le fuyard. Autre invraisemblance : présenter un monde futuriste scotché devant sa télévision, alors que ce sont plutôt les écrans de communication numérique qui sont appelés à jouer ce rôle.
De surcroît, certaines retouches à l'histoire d'origine paraissent ridicules, comme la scène qui voit le héros se balancer à moitié nu, une simple serviette nouée autour des hanches, à l'extérieur de son hôtel. (Il fallait bien exposer la plastique avantageuse de Glen Powell, qui a dû passer quelques heures sur le banc de muscu...) Du côté du "politiquement correct", il faut signaler l'interversion de l'apparence de deux protagonistes : le présentateur de l'émission télévisée et son producteur. Dans le film, les deux acteurs sont très bons... mais, dans le roman, c'est l'ordure de producteur qui est afro-américain, un détail qui a son importance quand certains des "traqueurs" se mettent à tenir des propos racistes. Tout ceci est évacué du film, très aseptisé par rapport au roman... et puant sur le fond. Sous prétexte de dénoncer le voyeurisme, il fait appel, chez les spectateurs, au même désir de voir des individus présumés nuisibles se faire dézinguer.
Que la conclusion de l'histoire ait été changée ne me gêne pas. C'est un détail insignifiant au regard des faiblesses du film. Lisez plutôt le bouquin :
20:38 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films



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