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dimanche, 05 mars 2017

Rock'n Roll

   Cette autofiction de Guillaume Canet fonctionne sur les principes de l'inversion et du retournement. On peut parler d'inversion parce que, dans le couple qu'il forme avec Marion Cotillard, c'est la femme qui occupe le premier plan. Dans le film, on va donc voir l'homme se poser les questions que se poserait la jolie épouse d'un comédien célèbre. Suis-je assez bien pour elle ? Qu'est-ce que je vaux professionnellement parlant ? Est-ce que j'ai vieilli ?

   C'est d'autant plus intéressant que, jusqu'à il y a dix ans (et la sortie de La Môme), c'était la carrière de Canet qui paraissait la plus prometteuse. En tant qu'acteur, il avait été remarqué dans La Plage, Vidocq, Narco, Jeux d'enfants, Joyeux Noël, La Clé... Mais, surtout, il avait fait de très bons débuts à la réalisation, avec Mon Idole et  Ne le dis à personne. Depuis cette époque, la carrière de Guillaume Canet s'est poursuivie (récemment avec La prochaine fois, je viserai le coeur et Le Secret des banquises), mais celle de Marion Cotillard a connu un essor formidable.

   C'est avec beaucoup d'autodérision que le réalisateur nous présente la relation de couple et les efforts de celui qu'on appelle parfois "Monsieur Cotillard" pour exister, professionnellement parlant. Deux types de scènes se répondent : celles de tournage d'un film "art et essai" (où Canet, à son grand désespoir, incarne le père d'une adolescente) et celles de la famille Fenouillard Cotillard, avec Guillaume en papa poule, tout mignon, tout gentil, aimé par sa  compagne oscarisée, qui se lance dans l'apprentissage du joual pour tourner avec Xavier Dolan ! C'est souvent hilarant. Ceux qui n'en auraient pas encore conscience découvriront l'excellente actrice qu'est Marion Cotillard, dans un registre comique où hélas on ne la voit guère.

   Le premier retournement survient quand Canet décide de se la jouer rock'n roll. Il est bien sûr pathétique, ce qui nous vaut plusieurs moments savoureux, des fantasmes du quadra qui se rêve rebelle à la soirée alcoolisée qui se termine en vidéo trash sur les réseaux sociaux. Je recommande aussi tout particulièrement la séquence chez le couple Hallyday, Johnny se prêtant de bonne grâce au jeu !

   Cependant, au bout d'une heure et quart, l'ambiance change. On ne s'en rend pas compte tout de suite, parce qu'on reste sur la même thématique. Mais le ton se fait plus grave. Le personnage incarné par Canet va prendre des décisions "drastiques", qui vont le transformer. D'un côté, j'ai trouvé gonflé qu'on ne se limite pas à la comédie people (vouée au succès) et qu'on parte vers quelque chose de plus philosophique. D'un autre côté, je trouve que Canet n'a aucun recul vis-à-vis de ce que devient son personnage. On nous pousse presque à adhérer à sa démarche puisque, par un nouvel effet de retournement, c'est la Marion Cotillard de fiction qui se trouve fragilisée. Et, même si la séquence finale, en partie parodique, remet l'humour au premier plan, le coup de la chanson de Demis Roussos devant la caravane est ri-di-cu-le.

   C'est dommage, parce que c'était au départ une comédie très enlevée, qui se termine en eau de boudin.

11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films