dimanche, 31 mars 2024
Haut l'aisselle !
C'est ce que j'ai pensé aujourd'hui en regardant en avant-première (avant sa diffusion ce soir, sur France 3) « Effet domino », le quatrième et dernier épisode de la vingt-troisième saison de la série Midsomer Murders, autrement dit Inspecteur Barnaby.
La personne ci-dessus, au bras droit levé, est une drag-queen (prénommée Malik à l’État civil). Elle (Il ?) et ses copines sont l'atout dépaysant de l'épisode qui, au-delà d'une énième peinture des tourments de la vie provinciale anglaise, vise à valoriser une minorité sexuelle qui cherche à gagner en visibilité.
Le scénario est plutôt bien écrit, avec une intrigue sinueuse, même si cette fois-ci j'ai deviné assez vite qui avait commis les meurtres. Le (faussement) débonnaire inspecteur-chef fait de nouveau preuve de toute sa sagacité, face à une galerie de personnages finalement assez antipathiques (sauf les travestis...). Cependant, le dynamisme des débuts n'est plus là. On sent que Neil Dudgeon, en dépit de ses qualités, n'est plus très loin de la sortie. (Rassurons toutefois les fans français : il est présent dans la vingt-quatrième saison, déjà diffusée outre-Manche.)
Les épisodes se laissent voir sans déplaisir, notamment par leur sens du détail cocasse, comme cette scène de crime qui se révèlera plus compliquée à analyser qu'il n'y paraît :
A voir aussi, les précédents épisodes de la saison. Le premier (disponible comme les autres sur le site de France Télévisions) s'intitule « La Fin du monde ». On y trouve une peinture ironique des survivalistes, sur fond de vengeance familiale. Le titre français du deuxième épisode (« Secrets et mensonges ») fait référence à un film de Mike Leigh (de 1996). Les secrets de famille s'entremêlent avec une vieille affaire de vol, le tout dans le cadre d'une maison de retraite pour anciens officiers de police. Enfin, la semaine dernière a été diffusé « Qui sème le vent », un épisode dans lequel le décès d'un jeune homme, mal élucidé, a un impact sur le fonctionnement actuel d'une boulangerie bio. Le schéma récurrent des scénarios de cette saison semble donc être le télescopage d'une mort (plus ou moins) ancienne avec les aigreurs et les jalousies du temps présent.
La semaine prochaine, France 3 enchaîne avec les nouvelles aventures de Rex, chien policier... sans intérêt pour moi.
20:01 Publié dans Société, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, télé, actu, actualite, actualites, actualité, actualités, société, série télé, séries télévisées, médias
Blue Giant
Ce film d'animation japonais adapte un manga consacré au jazz. (C'est peut-être le premier volet d'une trilogie.) C'est une histoire de quête de soi, de quête de succès et d'amitié.
On suit les pérégrinations de trois jeunes hommes, trois provinciaux "montés" à Tokyo. Dai est le saxophoniste, pour qui jouer est vital. Mais il ne maîtrise pas encore parfaitement la technique. Yukinori est le pianiste, issu d'une famille privilégiée. Il s'est déjà fait un petit nom dans le milieu, mais il veut plus, beaucoup plus. Shunji semble être d'origine plus populaire. C'est l'ami d'enfance de Dai. Il est le batteur (quasi débutant) du groupe... et un fan de football.
Le trio à peine formé va répéter dans les locaux d'un petit bar à concerts, tenu par une ancienne artiste, elle-même fan de jazz, mais un peu mélancolique. Chaque personnage va évoluer : le saxo doit améliorer sa technique et affiner son style, le pianiste faire preuve de plus d'originalité, le batteur se montrer digne d'accompagner les deux autres. A la japonaise, dirais-je, leurs efforts sont filmés comme le serait un entraînement sportif en vue de réaliser un exploit physique. La musique est belle, quand bien même, dans un premier temps, elle est jouée avec un peu d'approximation. Ce sont des compositions originales, de Hiromi Uehara, une musicienne reconnue au Japon, qui de surcroît double le jeu au piano de Yukinori.
Arrivent les scènes de concert, les plus virtuoses. Elles mélangent différents types d'animation. Le résultat est assez sidérant. Le réalisateur a tenté de rendre visuellement la frénésie musicale. La diversité des effets, des angles de prise de vue, associée à un montage particulier, débouchent sur une incarnation colorée du jazz, qui mérite d'être vue. Précisons que le réalisateur n'est autre que Yuzuru Tachikawa, auquel on doit certaines des adaptations cinématographiques de Détective Conan.
L'aventure des trois garçons connaît quelques soubresauts, chacun ayant évolué différemment à la fin de l'histoire.
11:03 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, musique, jazz, bande-dessinée, bd, bande dessinée
samedi, 30 mars 2024
Kung Fu Panda IV
Il aura fallu huit ans pour que DreamWorks sorte la suite des aventures de Po (que, pour ma part, j'avais abandonnées après le premier volet, sans que je me souvienne pourquoi, puisque j'avais plutôt apprécié).
Graphiquement, c'est réussi. On sent qu'entre 2008 et 2024 la technologie a progressé. Les mouvements des personnages sont spectaculaires, les couleurs chatoyantes et la texture des pelages très bien rendue.
Durant la grosse heure et demi que durent les aventures de Po, on ne s'ennuie pas. On rit souvent même, et ce, dès le début, grâce à l'insertion visuelle des voix intérieures du "guerrier dragon". La très bonne idée des auteurs de ce volet est l'introduction du personnage de Zhen, une renarde à la queue très touffue... assez virtuose dans son genre. (Dans la VF, elle est doublée par Olivia Dalric.) Sa rencontre avec le héros ne manque pas de piquant.
La suite est tout aussi savoureuse, avec le passage par un restaurant particulièrement louche (inspiré sans doute des tavernes de pirates des films de jadis)... et un bateau piloté par un Pélican (sorte de vieux loup de mer). J'ai aussi beaucoup apprécié l'arrivée du duo à Hong Kong Junivers City, avec une trépidante poursuite "taurine" à la clé. Mais le meilleur moment est sans doute quand les personnages débarquent dans le monde souterrain, cette ville sous la ville où tout semble exacerbé.
Le scénario est suffisamment élaboré pour retenir l'attention des adultes, assez facile à suivre pour des enfants pas trop petits. (Dans la salle où je me trouvais, les 5-6 ans ont ri aux gags du début, avant de lâcher prise... parfois à côté de parents hors du coup... ou peut-être simplement captivés par ce qu'ils voyaient à l'écran.) Le personnage de la méchante Caméléone est bien choisi, vraiment diabolique. De surcroît, l'intrigue véhicule des valeurs positives : l'amitié, l'entraide, l'altruisme... et la gourmandise !
Mon principal regret est la quasi-absence des acolytes de Po, les Cinq Cyclones, dont la fin du film sous-entend qu'ils seront sans doute de retour dans le prochain épisode.
20:27 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
vendredi, 29 mars 2024
Scandaleusement vôtre
Inspirée d'une histoire vraie, cette comédie sociétale britannique a pour cadre une petite ville de province des années 1920, dans une Angleterre très patriarcale. Le début nous plante le cadre de manière caustique, avec notamment cette rue ouvrière où se côtoient des ménages certes aux revenus modestes, mais aux modes de vie parfois diamétralement opposés.
C'est le cas de deux familles voisines. La première est composée de protestants puritains, la dernière fille de la maison, restée célibataire, s'occupant de ses parents. Olivia Colman prête son ingénue fourberie à ce personnage plus complexe qu'il n'en a l'air. A ses côtés, Timothy Spall s'est coulé avec une évidente jubilation dans le rôle du vieux patriotard réactionnaire.
La maison d'à côté (dont on perçoit à peu près tous les bruits un tant soit peu prononcés) est occupée par un couple de prolos, l'homme noir et la femme d'origine irlandaise, une petite souillon libre comme l'air et au langage particulièrement grossier.
L'arrivée au courrier de plusieurs familles du quartier de lettres odieuses, insultantes et diffamatoires sème l'émoi et va mettre le feu aux poudres. C'est l'occasion pour les spectateurs de découvrir un poste de police peu dynamique, dirigé par des hommes pas particulièrement futés. Se distingue une jeune enquêtrice (d'origine indienne, sans doute), reléguée aux tâches subalternes, mais capable de faire preuve d'initiative. Dans le rôle, Anjana Vasan rappelle un peu Rebecca Liddiard dans Les Mystères de Londres ou Frankie Drake Mysteries. (On pense aussi à l'agent Trewlove de la série Morse.)
Cependant, après une entame assez entraînante, souvent drôle et porteuse de sens, je trouve que la suite patine. Quand l'enquête pointe du doigt l'Irlandaise fantasque et qu'on se dirige vers le procès, cela devient plan-plan, peut-être parce que le propos militant prend le dessus sur l'ironie sociale.
Fort heureusement, l'enquêtrice Gladys Moss, qui ne croit pas à la culpabilité de la jeune femme, va réunir une petite équipe de bras cassés pour éclaircir le mystère... dans le dos de ses supérieurs. L'intérêt remonte dans cette grosse dernière demi-heure. L'intrigue gagne même en épaisseur quand on comprend les motivations de la personne qui a écrit ces lettres : elle aussi est une victime et elle a vécu la rédaction des missives ordurières comme une sorte d'épreuve cathartique.
P.S.
Ne quittez pas la salle trop vite : le début du générique de fin expose en plein écran certains extraits des lettres, parmi les plus croustillants...
samedi, 23 mars 2024
La Jeune fille et les paysans
Ce long-métrage est l'adaptation d'un roman culte en Pologne, Les Paysans. L'action se déroule au XIXe siècle, en pleine campagne, dans un village où les inégalités sont grandes et où la possession de la terre est est perçue comme la véritable source de richesses.
L'héroïne est Jagna (Kamila Urzedowska, formidable), fille de paysans modestes... mais d'une beauté à couper le souffle. Elle approche de l'âge adulte, toujours célibataire... et pas très ardente aux travaux de la ferme. Dans le village, elle a beaucoup de prétendants : le charpentier, le forgeron, le fils du plus gros propriétaire de la région (pourtant déjà marié)... et l'on sent que le délicat fils de l'organiste n'est lui non plus pas insensible à son charme. Jagna sait qu'elle est l'objet de tous les regards. Elle croit qu'elle pourra choisir et donc qu'elle peut se laisser conter fleurette à sa guise. Le problème est que, dans le village, les langues de pute vipère se déchaînent et lui font une réputation de petite traînée. (Signalons que l'ensemble des comédiennes mérite l'éloge. Toutes sont convaincantes, dans la jalousie comme dans la cruauté.)
L'image est de même texture que dans le précédent film du couple Welchman, La Passion Van Gogh. Les prises de vue réelles ont été passées à la moulinette de la rotoscopie et retravaillées, pour donner un résultat hybride, proche d'un film d'animation. (Quelques aspects du travail réalisé sur les images sont montrés au début du générique de fin.) Par rapport à La Passion, l'impression BD est moins prononcée. On se croirait plus dans des tableaux de Jean-François Millet. C'est donc assez joli à voir, avec quelques effets de mise en scène. J'ajoute que la musique et les chants sont beaux (sauf quand une jeune paysanne fait des vocalises en plein champ).
L'intrigue est organisée en suivant le rythme des saisons, bien que l'action semble se dérouler sur plusieurs années. On commence avec l'automne, qui nous fait découvrir la vie du village et les questionnements de l'héroïne. Les saisons suivantes nous guident vers un mariage et l'exacerbation des conflits, à la fois au sein du village et entre les paysans et le seigneur du coin. L'été clôt l'histoire, de manière à la fois violente et épiphanique.
En sous-texte, on sent la volonté de dénoncer une forme de patriarcat. Les pères de famille (âgés) dominent la vie rurale. Au-dessous d'eux se trouvent les hommes jeunes, avides de prendre leur place et n'hésitant pas à se défouler sur les femmes. Parmi celles-ci, les matrones, mariées ou veuves, jouissent d'une certaine influence, surtout si elles sont financièrement à l'abri du besoin. Les femmes les plus jeunes sont des proies, soit pour les veufs âgés, soit pour les fils qui veulent s'installer. Le fait qu'elles disposent d'une dot plus ou moins fournie contribue (ou pas) à les rendre plus précieuses...
C'est assez captivant. En 1h50, il se passe beaucoup de choses et les comédiens sont vraiment bons. Je suis toutefois un peu dubitatif devant le côté reconstitution. La majorité des habitants du village est visiblement pauvre, mais les auteurs semblent avoir cédé au désir de faire un beau tableau d'époque (peut-être parce qu'ils ont été influencés par des œuvres picturales). Ainsi, un village aussi modeste peut-il permettre à un petit orchestre local de vivre de son art ? Ceci dit, la mise en scène des fêtes ne manque pas de souffle.
Et puis, il y a cette séquence finale, au cours de laquelle une bande de gilets jaunes d'aigris, de jaloux et de ratés se déchaîne contre un personnage au comportement jugé scandaleux. Rien que pour la dénonciation de cette "émotion populaire", le fil mérite le détour.
16:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, femme, femmes, fille
samedi, 16 mars 2024
Heureux gagnants
Cette comédie à sketchs française puise à différentes sources : la tradition italienne bien sûr (que je n'ai pas vue à l’œuvre depuis un moment déjà, depuis, je crois, Leçons d'amour à l'italienne), la satire espagnole (façon Les Nouveaux Sauvages) et l'humour "urbain" hexagonal, comme on peut le retrouver, par exemple, dans Tout Simplement Noir.
L'argument est alléchant : nous présenter la manière dont un gain miraculeux au jeu de hasard transforme la vie de Français "ordinaires" (voire très ordinaires...).
C'est la même famille dont les tribulations encadrent le film. On la découvre au début et on la retrouve à la fin. Ce n'est clairement pas la meilleure mise en bouche possible. Audrey Lamy et Fabrice Eboué ont beau faire ce qu'ils peuvent, c'est d'une incroyable beauferie, surjoué, surligné (et, bien sûr, totalement invraisemblable). Je crois avoir rarement vu accumulés autant de clichés sur une famille de classe moyenne en aussi peu de temps.
Pour moi, la comédie commence vraiment avec la deuxième historiette, celle mettant en scène une charmante trentenaire romantique qui, le même jour, gagne un paquet de thunes et rencontre l'homme parfait. Sa colocataire et meilleure amie essaie de la faire redescendre sur terre... mais est-elle aussi désintéressée qu'elle le prétend ? Jusqu'à quel point les apparences sont-elles trompeuses ? Cet épisode mérite le détour pour l'interprétation pétulante de Pauline Clément et celle, ambiguë, de Victor Meutelet.
La troisième histoire est celle d'un trio de djihadistes... qui va gagner à la loterie ! C'est assez gonflé et, cette fois-ci, je trouve que le jeu sur les idées reçues est maîtrisé. L'intrigue est moins linéaire qu'il n'y paraît, les acteurs sont convaincants... La conclusion surprenante... et cocasse.
Le quatrième épisode est peut-être le plus complexe... et le plus moralisateur. La complexité réside dans la manière de montrer l'évolution des personnages, de leur attitude face à l'argent. En aussi peu de temps (15-20 minutes), c'est un petit tour de force. C'est aussi je pense dû à la qualité de l'interprétation. Anouk Grinberg côtoie (entre autres) Louise Coldefy et Sam Karmann. (A noter que deux des comédiennes présentes ici -Pauline Clément et Louise Coldefy - s'étant déjà illustrées dans Menteur.)
Le problème avec la quatrième histoire (tout comme avec la conclusion des aventures de la première famille) est qu'elle débouche sur une fin trop moralisatrice à mon goût. Cette comédie d'apparence transgressive se révèle au fond assez conformiste... mais on passe un bon moment.
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vendredi, 15 mars 2024
Chroniques de Téhéran
Cet étrange objet cinématographique nous vient d'Iran. Il a été coréalisé par Ali Asgari, découvert il y a un peu plus d'un an avec Juste une nuit.
A une introduction succèdent neuf entretiens, neuf portraits de l'Iran d'aujourd'hui et des difficultés que rencontrent certains habitants face à l'absurdité du régime des mollahs. Le dispositif est toujours le même : en plan fixe est filmé un(e) Iranien(ne) ordinaire, face à un(e) représentant(e) du régime (ou quelqu'un qui le sert de manière zélée), dont on ne perçoit que la voix et, parfois, une main, un avant-bras.
David conte l'histoire d'un homme qui veut faire enregistrer la naissance de son fils, doté d'un prénom qui ne convient pas à la bien-pensance locale. A la manière d'un petit Socrate moyen-oriental, le père tente de déjouer les arguments du fonctionnaire islamiste...
Selena met en scène une gamine fan de musique pop et de danse, que sa mère a emmenée dans une boutique de prêt-à-porter pour qu'elle y choisisse une tenue "islamiquement correcte". On ne voit aucune des deux adultes, juste la gamine censée se déhancher devant un miroir... avant d'y réapparaître de plus en plus habillée, de la tête aux pieds. En fond sonore, on peut savourer l'hypocrisie de la vendeuse qui insiste sur la nécessité de se plier aux injonctions religieuses, tout en essayant d'en tirer le meilleur parti commercial...
Aram voit une lycéenne se faire convoquer dans le bureau de la directrice, en raison de son comportement supposé immoral. Au cours de la discussion, le rapport de force entre les deux femmes va évoluer...
Les plans sont savamment construits. Il faut faire attention à ce qu'il se passe hors-champ, mais aussi à l'arrière-plan, ainsi qu'aux rares interactions entre les deux protagonistes de l'historiette (comme un échange d'objet). Les dialogues sont remarquablement écrits.
La suite nous présente une chauffeuse de taxi un poil gothique tentant d'échapper à une condamnation, une autre jeune femme, plus strictement voilée, victime de harcèlement sexuel, un chômeur subissant un entretien d'embauche marqué par la plus stupide des bigoteries, un homosexuel (non déclaré) faisant tout pour obtenir le permis de conduire, un cinéaste confronté à la censure (dont le scénario "autorisé" rétrécit comme peau de chagrin) et une dame âgée à la recherche de son chihuahua. A chaque fois, l'autorité morale (invisible, mais que l'on entend) est confrontée à la pertinence des arguments des citoyens ordinaires... mais, aussi rusés soient-ils, ce sont rarement eux qui gagnent.
La séquence finale est muette... et symbolique. On sent que les auteurs souhaitent un effondrement de la théocratie chiite, sans pouvoir le dire ouvertement. En 1h15, ils font la démonstration de leur maîtrise de l'art de la suggestion.
C'est d'une grande habileté, très bien joué... et fort sur le plan politique. Je crois que ce sera l'un de mes films de l'année 2024.
23:58 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films
jeudi, 14 mars 2024
Madame de Sévigné
Je me suis laissé tenter par cette production "qualité française", du cinéma classique mettant en valeur un pan de notre patrimoine culturel. J'ai été attiré par la distribution et le sujet, la célèbre (?) marquise étant une fine plume, pour ce que j'ai pu en lire.
La réalisatrice Isabelle Brocard a choisi de mettre l'accent sur la relation mère-fille et l'idée d'indépendance. La vraie bonne surprise de ce film est l'interprétation d'Ana Girardot, que j'ai trouvée à la fois belle et touchante, crédible à trois âges/états différents : encore innocente à peine sortie de l'adolescence, prenant un peu d'assurance en jeune maman, adulte plus froide investie dans le rôle d'épouse... un quatrième état se révélant, à la fin.
La principale réussite du film est la mise en scène de la réflexion sur l'indépendance des femmes. Karine Viard incarne celle qui fut veuve très jeune (à 25 ans) et évita soigneusement de se remarier, gérant prudemment la fortune familiale. Elle voudrait voir sa fille (qu'elle a mariée à un veuf beaucoup plus âgé qu'elle) suivre ses traces, mais celle-ci finit par considérer son mariage comme une manière de devenir indépendante de sa propre mère. Le problème est qu'en coupant le cordon ombilical, elle se place sous la coupe d'un époux pas particulièrement bienveillant.
C'est l'occasion de signaler que les seconds rôles masculins sont bien campés, notamment par Cédric Kahn et Laurent Grévill.
C'est la mise en images (et sons) de l'aspect littéraire de cette histoire qui pose problème. On entend lire certaines des lettres de la marquise... pas les plus brillantes à mon avis. Karine Viard ne paraît pas crédible en femmes de lettres, pas plus que Noémie Lvovsky en Madame de La Fayette (auteure - rappelez-vous - du roman préféré de Nicolas Sarkozy). Les scènes de salon sont ratées... et c'est vraiment dommage parce que, dans les dialogues, on sent parfois un effort d'écriture. Mais tout cela tombe à plat. (Je pense qu'une comédienne comme Sandrine Kiberlain aurait été plus emballante dans le rôle de la marquise.)
Cci dit, de temps en temps, une scène sort du lot, comme celle qui voit la fille de Madame de Sévigné tenter de rentrer dans les bonnes grâces de Louis XIV. Celui-ci a autrefois manifesté du désir à son égard. La belle et jeune épouse du comte de Grignan espère que cette ferveur passée pourra servir les intérêts de son mari. (A cette occasion, on comprend que l'ex-jouvencelle a bien progressé dans l'art de l'intrigue.) De passage, le roi se montre davantage intéressé par les talents littéraires de la mère, provoquant du dépit chez la fille.
Cela ne suffit toutefois pas à sauver complètement le film, un peu décevant.
P.S.
A lire, dans la collection (de poche) "Folio 3 euros" :
20:55 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, femme, femmes, filles, littérature
mercredi, 13 mars 2024
Dans la peau de Blanche Houellebecq
Le titre du nouveau film de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, La Clef, La Religieuse...) rappellera aux vieux cinéphiles une œuvre de Spike Jones (Dans la peau de John Malkovich). Aux multiples versions de l'acteur américain correspond ici une brochette de (supposés) sosies (guadeloupéens...) de Michel Houellebecq. On les découvre lors d'une soirée de gala délicieusement ringarde... (Vas-y Francky, c'est bon !)
C'est à l'image de ce long-métrage, un peu foutraque, faussement improvisé, où perce un esprit frondeur, sarcastique, émancipé des lubies du moment.
On attend évidemment beaucoup (peut-être trop) de la rencontre entre l'écrivain malséant et l'humoriste sans filtre (de cigarette ?). On commence par retrouver l'ectoplasme Houellebecq (en moins bonne forme que dans Thalasso), dans une séquence à savourer au second degré. L'écrivain-acteur se retrouve confronté successivement à Gaspar Noé (dont je me demande s'il se rend compte de ce qu'on lui fait jouer) et Jean-Pascal Zadi. Celui-ci fait l'objet d'une série de répliques évoquant l'éléphant dans la pièce, surtout quand on comprend que personne n'osera dire que l'écart de taille n'est pas la seule (énorme) différence entre le jeune homme et sa tante... Je pense que Nicloux profite de cette séquence initiale pour régler quelques comptes avec le petit monde du cinéma français.
Une fois qu'on a compris que la plupart des scènes sont à double détente, on peut savourer. C'est en Guadeloupe que Houellebecq rencontre Gardin (qui doit présider le jury des sosies). Là, ça commence à partir en vrille, en partie à cause de l'homme à tout faire de Houellebecq, un colosse obèse parlant hébreu... et naviguant en eaux troubles. Les relations entre celui-ci, l'assistant (homosexuel) de Gardin et le chauffeur de limousine (descendant d'esclaves) vaut son pesant de cocktails au rhum.
Au fil des rencontres, divers sujets sensibles sont abordés (par la bande) : l'islamophobie, la vie de couple, la colonisation, l'esclavage, l'homophobie... jusqu'au moment où l'on comprend que sont mises en scène certaines des contradictions des militants de l'intersectionnalité. J'ai trouvé le réalisateur très habile, sachant diriger ses comédiens de manière à ce que chacun puisse comprendre ce qui l'arrange. Clairement, les Guadeloupéens engagés qui s'expriment pensent servir la défense de leurs idées (parfois radicales), alors que le cadrage et le montage incitent les spectateurs à prendre du recul (parfois ironique) par rapport à ce qui est dit.
C'est donc un film malpensant, politiquement incorrect, auquel certains critiques progressistes se sont laissé prendre... mais, attention : il ne s'agit pas d'une comédie flamboyante, dans laquelle les personnages incarnés par Houellebecq et Gardin rivalisent de saillies. Il y en bien quelques unes, dans ce film plus écrit qu'il n'en a l'air, mais l'essentiel n'est pas là.
21:46 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
dimanche, 10 mars 2024
La Grande Plage aux épices 2
Deux ans et demi après le premier opus, Denis Villeneuve est de retour sur les écrans avec la deuxième partie de son gros pain d'épices. Dans une grande salle, en 4K, son dolby trucmuche, incontestablement, ça dépote. Le désert de Jordanie d'Arrakis est magnifié par la photographie et la mise en scène, même si je mettrais un bémol au niveau des séquences nocturnes, mal éclairées.
On attendait le réalisateur à certains points de passage obligés. L'examen est réussi avec mention pour la séquence montrant le héros chevaucher pour la première fois un ver des sables. Dans les grottes, en général, c'est maîtrisé, avec (enfin) quelques développements sur l'aspect écologique de l'histoire. En revanche, les scènes qui voient Dame Jessica puis Paul Atréides acquérir la mémoire des ancêtres m'ont paru un peu lourdingues. La représentation de l'univers des (méchants) Harkonnen est plus inspirée, même si, à la longue, on se lasse des surgissements de violence gratuite. La bataille finale suit les canons du genre, spectaculaire, cruelle. Villeneuve comme ses devanciers esthétise la violence, servi par la grosse caisse de papy Zimmer. (On notera qu'ici la "bonne" violence est au service d'un djihad quasi génocidaire...)
Au niveau de l'interprétation, je suis partagé. A de nombreuses reprises, j'ai eu l'impression que les comédiens prenaient la pose, le pire étant les scènes de désert, durant lesquelles on voit certains protagonistes regarder au loin, tentant de prendre un air pénétré. Il y a quand même quelques moments aériens, comme l'initiation de Paul par Chani, ce pas de danse sur le sable, au crépuscule. Cela contraste avec le reste de la relation : alors qu'ils sont censés être tombés follement amoureux l'un de l'autre, c'est d'une fadeur !
Fort heureusement, cette deuxième partie met d'autres personnages en valeur. Je pense bien entendu à Dame Jessica. Même sous ses horribles voiles, Rebecca Ferguson demeure fascinante, faisant naviguer son personnage entre l'aveugle soutien maternel et l'accomplissement machiavélique des plans du Bene Gesserit. J'ai aussi aimé la prestation d'Austin Butler (remarqué dans Elvis) en Feyd-Rautha, le combat décisif avec Paul me semblant toutefois écourté... et peut-être émaillé d'un faux raccord : sauf erreur de ma part, Feyd blesse Paul une seule fois, son couteau restant planté dans le corps de son adversaire... mais pas au même endroit selon le plan ! Cela me paraît énorme, pour un film qui a subi un montage draconien (avec d'ailleurs une grosse ellipse imposée au moment de la formation de Paul, dans le désert). J'ai peut-être eu la berlue.
Vu la composition du public, dans la salle où j'ai vu le film, je sens que cette nouvelle saga (un troisième opus étant au programme...) va représenter, pour une jeune génération de cinéphiles, un peu ce que fut jadis La Guerre des étoiles (première mouture) ou naguère Le Seigneur des anneaux pour ses aînés. Au niveau du message, je préfère -de loin- la dénonciation des régimes totalitaires par George Lucas à la bouillie servie par Villeneuve.
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vendredi, 08 mars 2024
Maison de retraite 2
Grosse affluence (transgénérationnelle) dans la salle pour cette comédie grand public sortie il y a presque un mois. Deux ans après le premier volet, on retrouve la plupart des protagonistes, sans toutefois Mylène Demongeot (morte depuis), Antoine Duléry et Gérard Depardieu, bien vivant, mais dont le personnage est décédé. Il est fait mention de lui à plusieurs reprises au cours de ce film, preuve que le scénario a vraisemblablement été écrit il y a plus d'un an.
Le début m'a inquiété. On a droit à... un résumé du premier volet (qui va seulement être diffusé dimanche 10 mars sur TF1), sans doute pour ne pas perdre le nouveau public. L'histoire ne démarre qu'ensuite, dans une ambiance conviviale, un peu trop même. On sent la volonté de promouvoir toutes les formes de "vivre ensemble". A noter tout de même la présence de Brahim Bouhlel, qui incarne l'un des adjoints de Milann (Kev Adams). Son personnage est une source récurrente de situations aussi gênantes que cocasses, notamment quand il se met à insérer des expressions imagées dans la conversation... C'est à peu près tout pour cette mise en bouche.
Pour moi, cela ne devient intéressant que lorsque la petite troupe gérée par Milann débarque dans l'EHPAD de rêve... dont les occupants voient d'un très mauvais oeil l'arrivée des petits nouveaux. Du côté des pensionnaires, je retiens surtout Chantal Ladesou, qui apporte sa gouaille (« C'est quoi cette coiffure ? T'as la raie du cul sur la tête ! ») et Jean Reno, avec son charisme rugueux. Il succède à Depardieu dans le rôle du père de substitution (pour Milann)... et fait l'objet du running gag du film. (Indice : il a un début d'Alzheimer.) J'ajoute à ce duo Anne Marivin, qui remplace Antoine Duléry dans le rôle de la méchante de l'histoire. Elle est par-faite !
Dans un premier temps, les deux groupes de pépés et mémés vont s'affronter, avant de faire cause commune, pour des raisons que je m'interdis de dévoiler. Les problèmes semblent toutefois se résoudre un peu trop vite... On est donc à moitié surpris lorsqu'un coup de théâtre survient. Il donne un tonus salutaire à l'intrigue, d'autant qu'il est suivi d'un second renversement de situation, ma foi plutôt bien mené (et tout aussi prévisible que le premier).
Du coup, cette comédie au départ un peu trop linéaire prend un peu (pas beaucoup, faut pas déconner non plus) de relief. La toute fin est hélas sans surprise, consensuelle au possible. Mais j'ai apprécié que l'histoire bourrée de bons sentiments prenne un tour inattendu, le tout épicé d'humour "gaulois". La salle a beaucoup ri.
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jeudi, 07 mars 2024
14 jours pour aller mieux
Et c'est parti pour une comédie sociétale, qui évoque à la fois la différence de classe, les centres de bien-être et le petit commerce, à travers les aventures de Max, un cadre commercial arrogant et stressé (bien interprété par Maxime Gasteuil, une découverte pour moi).
Au début de l'histoire, le gars paraît plutôt antipathique, même si les dialoguistes ont offert à son personnage une brochette de punchlines saillies bien senties. Un peu de gentillesse émane toutefois du milieu familial, la quincaillerie possédée par ses parents, qui ont les traits de Chantal Lauby et Michel Boujenah.
Sur le point d'épouser une ravissante gosse de riche, Max est entraîné par son futur beauf (un pauvre type oisif, gagné par le new age) dans un centre de remise en forme, dirigé par un couple d'anciens babas cools, incarnés avec gourmandise par Zabou et Lionel Abelanski. Là, ça devient parfois fendard, parce que ce duo de "clairvoyants" va soumettre le groupe de pigeons clients (à 1500 euros par personne le séjour...) à une thérapie plutôt originale. On découvre les compagnons d'infortune de Max, du faux Jésus au dragueur invétéré, sans oublier l'érotomane et la fumeuse de joints. Au cours de leur séjour, les clients du centre vont aussi croiser un boulanger complotiste et un policier municipal adepte de la manière forte...
Bref, on ne s'ennuie pas, même si ce n'est pas aussi "salé" que je l'avais espéré. Cela devient même consensuel dans le dernier quart d'heure, qui voit plusieurs personnages évoluer positivement... et donc valider indirectement les pratiques charlatanesques que le reste du film s'était amusé à dézinguer.
C'est (pour moi) franchement dommage, même si le mini-bêtisier qui pimente le début du générique de fin rehausse un peu le cachet comique de cette sympathique comédie.
22:04 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
mercredi, 06 mars 2024
They shot the piano player
« Ils ont flingué le pianiste » nous disent les réalisateurs de ce documentaire historico-musical, présenté sous forme de film d'animation. Il nous conte l'enquête menée au XXIe siècle par un journaliste états-unien (de gauche : il travaille pour The New Yorker) sur un musicien de bossa nova méconnu, le Brésilien Francisco Tenório junior, disparu en Argentine en 1976, à la veille du coup d’État militaire.
L'histoire démarre aux États-Unis, au cours d'une séance de lecture de l'ouvrage écrit par celui qui s'était d'abord passionné pour la musique brésilienne, qui a connu son apogée dans les années 1950-1960, juste avant la mise en place d'une de ces dictatures militaires soutenues par Oncle Sam dans sa lutte contre l'hydre bolchévique. On nous plonge ensuite dans son enquête, qui fait surgir à l'écran des images d'époque, dans des tons chauds, sur un fond musical absolument enchanteur, quand bien même parfois le contexte était terrible.
Le journaliste (doublé par Jeff Goldblum dans la version originale) est donc parti enquêter au Brésil, à la recherche des musiciens rescapés de cette époque, ou de leurs proches. Rapidement, il en vient à poursuivre son travail en Argentine. D'abord destiné à évoquer l'histoire d'un pan de la musique sud-américaine, son livre va petit à petit se focaliser sur la vie et l’œuvre de Tenório, considéré comme un virtuose à l'époque, mais qui a très peu enregistré... et, surtout, qui a disparu dans des circonstances mystérieuses.
Sur celles-ci plane l'ombre de la dictature argentine et de ses forces spéciales, qui écumaient les rues de Buenos Aires en Ford Falcon. On pense un peu à une vieille chanson de Jean-Pierre Mader (Disparue) et à la Française Marie-Anne Erize. L'impression de malaise se confirme quand il est fait mention de la sinistre École de mécanique de la marine. (Les vieux cinéphiles se rappelleront du film Garage Olimpo.)
Fort heureusement, la musique et la chaleur humaine des artistes viennent détendre l'atmosphère. L'animation n'est pas virtuose, mais elle met bien en valeur les musiciens et les témoignages des proches. Les décors sont assez chouettes.
Le journaliste va mener son enquête à son terme, grâce notamment à un ancien officier qui a accepté d'en dire plus sur ce qu'il s'est passé à Buenos Aires à la fin des années 1970.
C'est un film à la fois beau et glaçant, mêlant la terreur des anciennes dictatures au bien-être procuré par une musique pleine de douceur et de subtilité.
00:11 Publié dans Cinéma, Histoire, Musique, Politique étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire, musique
vendredi, 01 mars 2024
Les Chèvres !
Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, l'argument du film (le procès d'un animal accusé d'avoir provoqué la mort d'un humain) n'est pas une histoire tordue tirée de l'esprit malade d'un scénariste en mal d'inspiration. Au Moyen Age en particulier, il est arrivé que la justice condamne des quadrupèdes, notamment des cochons.
Fred Cavayé s'est-il souvenu d'un vieux sketch de Dany Boon, dans lequel le personnage principal avait pour compagne... une chèvre ? Quoi qu'il en soit, le réalisateur d'Adieu Monsieur Haffmann s'est lancé dans cette périlleuse aventure, entouré d'une distribution prestigieuse.
Le cahier des charges est rempli d'intentions louables : la dénonciation de l'esprit de clocher, du rejet de l'autre (qu'il soit d'une autre nation, d'une autre région... ou d'un autre village), des préjugés sexistes... et de la justice spectacle. On nous plonge dans une France pittoresque, celle du milieu du XVIIe siècle, en Province, supposément à la frontière de la Savoie (même si le film a été tourné dans un charmant village du Lot, à Saint-Cirq-Lapopie). Les emperruqués y croisent les sans-dent dents-gâtées, les Parisiens des Provinciaux... voire des Savoyards Savoisiens. Il y a même une ébauche de mystère concernant la mort d'un maréchal de France (puisque la chèvre n'est évidemment pas responsable de son décès).
Le problème est que, malgré tous ces ingrédients, la sauce ne prend pas. Il y a bien trois ou quatre moments franchement drôles, mais, le reste du temps, au mieux, on sourit. Pourtant, certains comédiens "font le job", comme on dit. Jérôme Commandeur est très convaincant en avocat parisien prétentieux. Grégory Gadebois n'est pas mal en Mazarin, tout comme Ludivine de Chastenet en aubergiste. La jeune Claire Chust n'est pas maladroite non plus en amie des chèvres... et les (brèves) apparitions de Marie-Anne Chazel à l'écran ne manquent pas de sel.
J'ai eu l'impression qu'on avait suivi une sorte de recette du succès qui, hélas, donne une espèce de plat cuisiné moyennement savoureux. Je note aussi qu'on semble avoir eu du mal à choisir entre la pseudo-reconstitution historique et les anachronismes assumés.
Le film est plutôt dispensable.
P.S.
A lire, pour les amateurs d'anecdotes, un bon livre de l'historien Michel Pastoureau, qui part de l'analyse d'un fait divers pour aboutir à une histoire de l'héraldique :
21:47 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire