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mercredi, 31 janvier 2024

Un Coup de dés

   Ce coup de dés est un tournant de la vie, qui fait que celle-ci bascule d'un côté ou de l'autre. L'intrigue de ce film d'Yvan Attal en met en scène plusieurs, de l'agression au domicile d'une famille au départ retardé d'un avion, en passant par une discussion dans une voiture, l'oubli d'un téléphone portable sur un bateau et une dispute dans un appartement.

   Alain Resnais en aurait sans doute fait une brillante comédie, à l'image du diptyque Smoking / No Smoking. Attal a choisi le drame bourgeois, voix off à la clé. Le côté polar de l'intrigue m'a plu, d'autant que l'interprétation est de qualité, avec notamment Marie-Josée Croze, Maïwenn et Guillaume Canet (Attal me paraissant un poil moins convaincant).

   En revanche, le coup de la voix off m'a déplu, d'autant qu'elle est soulignée par une musique un peu pompeuse, qui finit par agacer. Ceci dit, il convient d'un peu se méfier de ce qu'on nous montre au début, le principe des retours en arrière étant un petit peu trompeur. En dépit d'une gestion du suspens parfois maladroite, je trouve que certains effets sont réussis et que, surtout, Attal parvient à maintenir une forte tension presque tout au long du film.

   Au centre de l'histoire se trouve le duo  d'amis Mathieu-Vincent (Attal-Canet). Autant le premier est terne, modeste, introverti, respectueux des règles, autant le second est brillant, flambeur, aventurier et truqueur. Dans la vie, c'est le second qui occupe le devant de la scène. Mais il ne serait rien sans le premier. Que peut-il se passer le jour où l'homme de l'ombre, affable et soumis, décide de faire passer ses désirs avant ceux des autres ? L'intrigue tente de répondre à cette question.

   Ce n'est certes pas le film de l'année, mais j'ai trouvé la presse bien sévère pour ce qui constitue un agréable divertissement, pas dépourvu de sens.

11:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 27 janvier 2024

Les Colons

   Le titre de ce film à prétention historique est ambigu. Le terme "colons" semble désigner les étrangers (européens ou nord-américains) venus tenter leur chance au Chili à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Ce sont plutôt des migrants, dont certains se sont mis au service des dominants, les criollos (ou créoles), descendants eux des colons installés dans les premiers temps de la conquête européenne. Cette alliance se fait au détriment des Indiens, dépossédés de leurs terres, pourchassés, voire violé(e)s, tué(e)s.

   Cet aspect-là, pour démonstratif qu'il soit, constitue la part intéressante du film, en particulier lorsqu'est mis en scène le fossé qui sépare les pauvres (qu'ils soient amérindiens ou pas) de l'élite dirigeante (fortunée), qu'elle soit conservatrice (comme le grand propriétaire Menéndez) ou progressiste (comme l'envoyé gouvernemental).

   La première partie prend la forme d'un western crépusculaire, puisqu'il s'accompagne d'exécutions et de viols. Les paysages sont jolis, mais mon Dieu que c'est poussif ! J'ai plus d'une fois piqué du nez. Je trouve aussi que le jeu de certains acteurs est maladroit. C'est dommage, parce que la cause est belle.

   Une séquence m'a particulièrement posé problème : celle qui fait intervenir des militaires en rupture de ban. Ils sont britanniques (notamment gallois). L'apparence de respect des règles va assez rapidement laisser la place à des pulsions moins civilisées. Dans cette séquence, j'ai ressenti de la part du réalisateur la double volonté de dépeindre ces Occidentaux de la manière la plus péjorative qui soit et de les humilier. Devant cette caméra, tous les vices sont européens (ou nord-américains). On tombe dans une forme de manichéisme.

   La seconde partie nous projette quelques années plus tard. Sur le fond, elle donne une autre saveur à l'histoire. Sur la forme, elle est moins intéressante.

   Le sujet était porteur, mais le résultat n'est pas particulièrement emballant.

Si seulement je pouvais hiberner

   C'est à peu près ce que déclare l'un des personnages de l'histoire (un des frères du héros), quand tous se retrouvent frigorifiés dans leur yourte sédentarisée, en banlieue d'Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie.

   Les hivers y sont beaux mais rudes. Les superbes paysages d'Asie centrale sont  parfois masqués par les fumées issues des systèmes de chauffage à l'ancienne, de vieilles chaudières à charbon, au rendement aléatoire... et  encore, quand on a du charbon.

   Se procurer cette source d'énergie fossile est l'un des objectifs prioritaires de la famille du héros, composée d'une mère et de ses quatre enfants : une fille et trois garçons. Le père est mort et la mère n'est pas bien vaillante. On comprend à demi-mots qu'elle peine à surmonter sa dépendance à l'alcool... et son peu d'appétence pour le travail.

   Du coup, c'est le fils aîné Ulzii qui prend de plus en plus en charge le ravitaillement de la famille. Pour cela, il doit jongler avec ses études. Le lycéen est doué en sciences. Il pourrait prétendre à beaucoup mieux que ses camarades de classe... à condition de réussir ce fameux concours de recrutement national, auquel son prof de physique est prêt à le préparer bénévolement. Mais, entre les tentations d'un ado et les soucis familiaux, la vie quotidienne place Ulzii devant des choix cornéliens, d'autant qu'une fierté excessive l'empêche de demander de l'aide, ne serait-ce qu'à un couple de vieux voisins compatissants.

   Dit comme ça, cela pourrait sembler misérabiliste. Pas du tout en fait. La description du quotidien de cette famille pauvre prend un tour documentaire. (Les enfants sont bien dirigés.) On découvre aussi les inégalités croissantes qui traversent la capitale, entre quartiers modernes, récemment aménagés, disposant de tout le confort, et quartiers plus traditionnels, pas dénués de charme, mais terriblement précaires.

   C'est de surcroît bien filmé, avec de beaux plans d'ensemble de la ville ou de ses abords et des scènes bien troussées en intérieur, les yourtes se révélant propices à une mise en scène plus intimiste.

09:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 24 janvier 2024

Godzilla Minus One

   Curieusement, ce film japonais a "bénéficié" de deux sorties sur grand écran, en France. La première, dans une combinaison très limitée de salles, est survenue en décembre dernier. Sans doute en raison de l'engouement suscité par le film, il a été décidé de le reproposer, à un plus large public... et c'est tant mieux.

   L'intrigue n'a pas été chamboulée par rapport aux classiques de la franchise (qui compte plus de trente films mettant en scène la grosse bébête radioactive). Du côté d'Hollywood, en 1998, Roland Emmerich attribuait aux essais nucléaires français du Pacifique la naissance du monstre. Plus récemment, en 2014, Gareth Edwards remontait aux origines (l'après Seconde Guerre mondiale), en convaincant à moitié. Sans trop en dire, je peux quand même affirmer qu'ici, on sous-entend que la (re)naissance de Godzilla est un poil plus ancienne...

   Cela nous amène à l'un des grands intérêts de l'histoire : la peinture du Japon de 1945-1946, entre destructions, famine et familles déconstruites. On suit notamment un ancien kamikaze (qui n'a pas pu aller jusqu'au bout) et une mère célibataire qui sort de l'ordinaire. Après une introduction en fanfare (avec la grosse bête), l'intrigue prend des chemins à la fois sociologiques et psychologiques. On est loin des gros sabots états-uniens.

   Je rassure les fans de film à grand spectacle : on en a pour son argent, avec de bons effets spéciaux... ce qui confirme qu'il n'est pas nécessaire de mettre "un pognon de dingue" dans les technologies numériques pour créer une œuvre à la fois spectaculaire et vraisemblable.

   Godzilla joue un double rôle. D'un côté, il est le destructeur, à la fois créature de la démesure humaine et son prédateur ultime. D'une autre côté, il est le déclencheur, celui dont la présence oblige les humains à faire des choix, à mûrir, s'engager... C'est l'occasion pour nous de voir évoluer une famille recomposée, vaille que vaille. C'est assez touchant sans être hyper souligné.

   En revanche (le film étant plutôt destiné au public est-asiatique), je n'ai guère apprécié certains scènes surexpressives, dans l'autoflagellation ou le larmoiement.

   Cela reste néanmoins un film hautement recommandable.

17:09 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films

dimanche, 21 janvier 2024

Stella, une vie allemande

   Une jeune femme répète un spectacle musical (jazzy) avec son groupe d'amis musiciens. Ils sont jeunes, bien de leur personne, assez doués, avec une forte envie de croquer la vie à pleines dents. Certains (dont l'héroïne éponyme) espèrent signer un contrat avec un producteur de Broadway... mais, voilà : nous sommes en 1940, en Allemagne (nazie)... et ces musiciens (tout comme la chanteuse) sont juifs.

   L'intrigue (inspirée d'une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag, que je conseille de ne pas lire avant d'avoir vu le film) est découpée en deux parties. La première est, à mon avis, la moins intéressante. C'est celle qui contient les scènes les plus traditionnelles, voire convenues, auxquelles le réalisateur tente d'apporter un peu d'originalité caméra à l'épaule. Le résultat n'est guère convaincant. Ainsi, on perçoit trop bien que les musiciens ne jouent pas vraiment pendant les scènes de répétition. Seule la chanteuse sonne juste. Il faut dire que Paula Beer irradie dans ce long-métrage, où elle est filmée sous toutes les coutures, dans tous les états. Elle confirme tout le bien que je pense d'elle depuis Frantz.

   Mais on a déjà vu (en mieux) les scènes de débrouille, celles de vagues d'arrestation ou de dissimulation. C'est peut-être utile pour les jeunes générations, mais les vieux cinéphiles (et lecteurs) n'auront pas le plaisir de la découverte. Certaines scènes m'ont même paru grotesques, comme la fiesta dans un riche appartement berlinois, en plein bombardement, ou le rapport sexuel à moitié consenti, dans la ferveur de l'instant.

   Le film bascule lors de l'arrestation par la Gestapo, qui enclenche une série de tortures que la caméra aborde frontalement. C'est à la limite du soutenable... et beaucoup plus réaliste que bien des œuvres antérieures consacrées au sujet, dans lesquelles souvent on élude ou on ne montre que les conséquences des mauvais traitements.

   Cette violence explicite est toutefois nécessaire pour faire comprendre le basculement de l'héroïne. Au départ, elle n'est qu'une jeune femme un peu frivole, prête à bien des concessions pour continuer à profiter de la vie, en dépit des circonstances. Elle passe d'un homme à l'autre, chaparde, truande... mais, dans cette seconde partie, son comportement devient extrêmement discutable.

   Le réalisateur ne juge pas... du moins, pas immédiatement. (On sent quand même son point de vue au moment du deuxième procès, après guerre.) Il laisse sa chance à son personnage, très bien incarné par Paula Beer. C'est un peu longuet, mais l'histoire est bigrement forte. Je ne la connaissais pas. Elle m'a vraiment retourné et je trouve que, d'un point de vue général, elle pose de bonnes questions, entre autres : qu'est-on prêt à faire pour survivre ?

samedi, 20 janvier 2024

Krisha et le Maître de la forêt

   Ce conte sibérien est une animation sud-coréenne réalisée en stop-motion : les personnages sont des poupées, qui ont été animées image par image. Cela a donc demandé un travail fou, une méticulosité de dingue. Le résultat est visuellement assez impressionnant.

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   Deux trames narratives se croisent : la vie des nomades Nénètses, en particulier celle d'une famille, dont la mère tombe malade, et l'expédition d'un duo de chasseurs, menée par un officier soviétique sans scrupule (qui déplore le peu de motivation des nomades à rejoindre les kolkhozes).

   De la part du réalisateur, on sent la volonté de montrer que la nature est belle... et cruelle. Le froid extrême qui règne dans ce grand Nord sibérien peut se révéler mortel, sans compter la présence des loups, les plus dangereux prédateurs... avec les humains.

   C'est visible par les petits et les grands, mais ce n'est pas "nunuche". On voit les nomades consommer de la viande et du sang de renne, ainsi que l'affection qui les lie aux bêtes de leur troupeau. Il y a donc du sang à l'image, y compris quand les chasseurs s'en prennent à un ours mythique, ce "Maître de la forêt" dont les adultes attentifs identifieront l'équivalent humain, en tendant l'oreille.

   C'est donc à la fois fantastique et réaliste, à l'image des anciens contes (notamment européens). Les deux enfants vont devoir surmonter des difficultés pour tenter de sauver leur mère (peut-être victime de l'anthrax). Le garçon agaçant du début (du genre capricieux) se met à penser un peu aux autres et Krisha apprend à surmonter ses pulsions (agressives ou pleurnichardes) pour parvenir à ses fins.

   Cela dure 1h10 et c'est vraiment chouette.

   P.S.

   Les Nénètses (ou Nenets) ont fait l'objet d'un semi-documentaire, il y a une douzaine d'années : Neko, dernière de la lignée.

17:34 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 17 janvier 2024

Marianne (saison 2)

   C'est mon petit plaisir coupable du moment. Il y a un peu plus d'un an, à l'occasion de la sortie du documentaire Poulet frites, j'avais signalé la diffusion de la première saison de cette comédie policière franco-belge, qui s'appuie sur un duo d'acteurs détonnant : Marilou Berry (en virago au grand cœur) et Alexandre Steiger (en policier faussement terne).

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   France 2 a commencé la diffusion de la deuxième saison mercredi dernier, avec deux épisodes d'intérêt inégal (rattrapables sur le site de la chaîne).

   L'intrigue de « Boules de nerfs » se situe dans le milieu de la pétanque. J'ai été à moitié convaincu par la principale enquête policière de cet épisode. J'ai été plus intéressé par le fil rouge, qui porte sur l'assassinat de la mère d'un gamin que la juge accepte finalement de recueillir (temporairement). Les fils de cette intrigue vont s'entrecroiser tout au long de cette saison.

   J'ai beaucoup plus apprécié le deuxième épisode, intitulé « Détox ». C'est vif, truculent, macabre et joyeux, avec des comédiens qui ont visiblement pris plaisir à jouer dans cette demi-farce policière. J'ajoute qu'aux deux enquêtes de chaque épisode (le fil rouge de la saison et le cas criminel particulier) s'ajoutent toujours quelques scènes montrant la magistrate dans son bureau, entre son greffier dépressif et des justiciables empêtrés dans des histoires souvent cocasses.

   Ce soir sont au programme deux inédits supplémentaires. « Courage et dévouement » a pour cadre une unité de pompiers... et les péripéties de la vie personnelle du capitaine Pastor, pas aussi coincé qu'il en a l'air. A ce sujet, j'apprécie que les scénaristes aient un peu creusé leurs personnages. Celui qui apparaissait de prime abord comme un policier austère, un brin ennuyeux, se révèle plus taquin que prévu. En face, on découvre petit à petit une juge, certes toujours vibrionnante, au verbe haut, mais aux convictions profondément enracinées.

   La soirée se poursuit avec « Fin de partie », à l'intrigue complexe, originale (dans le monde des escape games). On sourit toujours aux soubresauts de la vie personnelle des protagonistes.

   La semaine prochaine seront diffusés les deux derniers épisodes de la saison. « Les Filles de l'ovalie » nous transporte dans l'univers du rugby féminin... et voit débarquer la mère de la juge, qui va l'aider à s'occuper du jeune Zacharie, pendant que l'enquête sur la mort la maman du garçon prend un tour inattendu. Je signale que, dans cet épisode, l'intrigue secondaire, qui porte sur l'affaire que la juge règle dans son bureau, est particulièrement savoureuse. (Il est question de femmes âgées et d'un auxiliaire de vie...)

   La conclusion est apportée par le sixième épisode, « Le fric, c'est chic ». Le meurtre de la mère de Zacharie va être élucidé, tout comme celui de la gouvernante d'une richissime famille, dont les membres semblent plus odieux les uns que les autres. Face à eux, Marianne est une quasi-gauchiste.

   La fin, assez consensuelle, annonce peut-être un nouveau départ, pour une nouvelle saison. En ce qui me concerne, ce sera avec plaisir, tant je me suis régalé au jeu des acteurs, servis par des dialogues excellents.

samedi, 13 janvier 2024

Dream Scenario

   Il y a deux ans, à Cannes, Kristoffer Borgli s'était fait remarquer avec Sick of myself, un petit bijou d'ironie mordante. Dans son nouveau film, il traite encore de la célébrité, mais sous un autre angle : ici elle survient par accident.

   C'est l'histoire de Paul Matthews, un prof de biologie évolutive dans une fac modeste. D'un côté, on peut dire qu'il a réussi. C'est un intellectuel installé à un poste d'autorité, son épouse (incarnée par une vieille connaissance : Julianne Nicholson, vue jadis dans New York, section criminelle) est belle et intelligente et il vit dans une superbe maison. Mais il n'a pas obtenu la reconnaissance académique qu'il estime mériter et ses cours en amphi ne suscitent pas l'enthousiasme des quelques étudiants qui les suivent.

   Lorsque Paul commence à apparaître dans les rêves des personnes qu'il connaît... puis dans ceux de celles qu'il ne connaît pas, il devient un phénomène de société. C'est savoureux (d'autant qu'au départ Paul semble ne jouer aucun rôle particulier dans les rêves), très bien joué par Nicolas Cage, convaincant en quinqua un peu empâté, un peu chauve, pas vraiment sexy.

   Cela dérape quand le Paul Matthews des rêves se met à agir dans ceux-ci, soit de manière positive (il provoque de profonds émois chez certaines dames), soit de manière négative (il est violent, voire il tue).

   La scène de bascule est celle qui se déroule chez la ravissante employée d'un groupe de communication, avec lequel l'enseignant est entré en contact pour promouvoir le livre qu'il ne parvient pas à écrire. Borgli a conçu une scène "déconstructive". En effet, elle semble prendre le chemin de ce qu'on a déjà beaucoup vu dans d'autres films ou séries : une belle jeune femme, fascinée par le héros (pourtant pas bien excitant), s'apprête à se donner à lui... sauf que les choses ne se passent pas comme prévu. Je n'en dirai pas plus, mais sachez que le déboutonnage de pantalon a provoqué une double salve d'éclats de rires dans la salle.

   A partir de là, le ton change. La vie du prof devient un enfer. C'est beaucoup moins drôle que dans la première partie, mais cela en dit autant voire plus. Le réalisateur décoche ses flèches contre une forme de politiquement correct, notamment la volonté du doyen de la fac de ne pas faire de vague. Le superficiel bruit médiatique du début tourne quasiment au harcèlement d'un homme qui n'a rien fait pour mériter cela... tout comme il n'avait rien fait pour mériter la célébrité. Mais les conséquences ne sont pas de même nature, ni de même intensité.

   L'histoire se conclut de manière ironique, en France. C'est sympa, mais l'intensité a baissé, je trouve.

09:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

jeudi, 11 janvier 2024

Moi capitaine

   Environ cinq ans après Dogman, Matteo Garrone revient avec un autre film sociétal coup-de-poing, consacré cette fois aux migrants africains, ici principalement sénégalais.

   La première partie se passe autour de Dakar. On y découvre les héros de l'histoire, dont, durant tout le film, on aura du mal à dire s'ils sont frères ou bien cousins, les sous-titres naviguant entre ces deux possibilités. Ce début ne m'a pas enchanté. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire et à suivre cette intrigue en wolof (sous-titré), mâtiné de termes français. De plus, certains acteurs (visiblement non professionnels) ne sont pas convaincants.

   Pour moi, le film décolle vraiment quand les garçons arrivent aux franges du Sahara, au début d'un périple qui se révèlera plus dangereux et compliqué que ce qu'ils avaient imaginé au départ. Garrone fait montre de son savoir-faire, filmant le désert à la fois comme un piège sournois et un espace empreint de beauté.

   La meilleure partie est sans conteste le séjour en Libye, qui commence par un "détroussage" nocturne  en plein désert, suivi d'une période de semi-esclavage. Le début nous montre des passeurs et une mafia cruels au possible, avant qu'un peu de nuance ne soit introduite. Tous les Libyens ne sont pas des salauds et un peu d'humanité émerge, notamment aussi parce que certains des migrants ébauchent une forme de solidarité. Une belle relation naît entre un maçon (guinéen je crois) et le plus jeune des Sénégalais, Seydou.

   Concernant ce personnage (et celui de son cousin, Moussa), un basculement se produit. Au départ, l'aîné est le plus entreprenant et semble en position de force. Au fur et à mesure du périple, le cadet mûrit, prend de l'assurance... et des décisions parfois draconiennes, alors que l'aîné se retrouve en position de faiblesse.

   On attend avec impatience la dernière partie, censée montrer la traversée de la Méditerranée, direction l'Italie. Elle est clairement moins réussie, le discours militant prenant (pour moi) nettement le dessus sur le projet cinématographique. L'ensemble n'en constitue pas moins une œuvre forte, clairement engagée, perfectible, mais qui pose de bonnes questions.

   P.S.

   Sur le même thème, je recommande La Pirogue (à mon avis plus réussi).

samedi, 06 janvier 2024

Mon Ami Robot

   Cet étonnant film d'animation espagnol (par le réalisateur de Torremolinos 73) a pour cadre officiel le New York des années 1970-1980, ses quartiers populaires, un peu crasseux (marqués par la délinquance) et ses lieux récréatifs (peut-être Coney Island). Mais c'est aussi une histoire futuriste, dans laquelle les habitants peuvent s'acheter un robot de compagnie à monter soi-même. C'est enfin une animation recourant au classique effet de substitution, les animaux (dont le héros, Dog) remplaçant les humains, chaque espèce représentant un type de population différent.

   Le scénario est plus élaboré que ce à quoi je m'attendais. Après la description d'une solitude urbaine, le film passe au compte de fées de l'amitié, jusqu'au drame. Arrivé à ce point, je me demandais comment les scénaristes allaient pouvoir tenir leur histoire pendant encore plus d'une heure... eh bien ils ont réussi leur pari. Le héros comme son robot de compagnie, séparés, vont faire des rencontres, chacun de son côté. Ces rencontres sont plus ou moins enthousiasmantes... d'autant qu'il faut parfois se méfier de ce que l'on nous montre à l'écran. Est-ce la réalité des personnages, ou bien autre chose ?... La dernière partie nous réserve de nouvelles péripéties.

   L'animation m'a aussi agréablement surpris. C'est moins simpliste que cela en a l'air, de prime abord. Il faut s'intéresser aux décors (notamment urbains), vraiment chiadés. Il y a aussi quelques effets remarquables, comme ce dessin à la buée, sur la vitre d'un bus, qui se révèle différent de ce que l'on croit, une fois achevé et complètement révélé. Je pense aussi à la "séquence des marguerites", virtuose.

   C'est drôle dans la première partie, puis émouvant, à plusieurs titres. C'est compréhensible par les petits et les grands. (Dans la salle où j'ai vu le film, cela allait de 7 à 77 ans.) Pour moi, c'est une réelle bonne surprise, parce que j'avais peur que les critiques aient quelque peu survendu le film.

23:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Une Affaire d'honneur

   Après avoir tant joué dans des œuvres dites "de cape et d'épée", Vincent Perez a décidé d'en réaliser une. Son intrigue ne se déroule pas sous la monarchie, mais au début de la IIIe République. Les années 1880 sont celles de la consolidation républicaine, mais avec une profusion de duels, l'exercice étant désormais fort prisé de la bourgeoisie dominante... masculine.

   Trois histoires vont se croiser. il y a tout d'abord celle du maître d'armes (fictif) Clément Lacaze, ancien militaire, vétéran de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. C'est l'une des plus fines lames de France et c'est son orgueil. Son neveu se retrouve embarqué dans une histoire sordide : pensez donc, il s'est épris de la jeune épouse d'une gloire militaire nationale. S'ajoutent à cela les actes d'une militante féministe (qui elle a bien existé) : Marie-Rose Astié de Valsayre. En plus de revendiquer le droit de vote des femmes, elle milite pour l'abolition du décret napoléonien qui interdit le port du pantalon aux dames (à Paris)... et elle se pique de manier l'épée, comme les messieurs.

   J'ai été pris par cette triple intrigue parce que les acteurs sont très bons, en particulier Roschdy Zem, impérial en figure hiératique de l'escrime. Doria Tillier (un peu maigrichonne pour être totalement crédible en bretteuse) convainc en féministe libertaire. Vincent Perez fait un très bon antagoniste, tout comme Damien Bonnard, qui semble avoir pris plaisir à incarner un gros blaireau. A l'arrière-plan, on remarque notamment Guillaume Gallienne. Tout cela sent la "qualité française"... et ce n'est pas ennuyeux.

   La mise en scène s'est évertuée à reconstituer les rituels de duel (à l'épée, au pistolet, au sabre), tout en ménageant le suspens (jusqu'à la fin), même si l'on sent un peu trop venir le drame du début. Les quatre séquences de combat sont fort bien conçues.

   Si je devais mettre un bémol, ce serait à cause de l'ébauche de romance entre Lacaze et Astié que Perez et sa scénariste ont voulu insérer. Bof, bof...

   Si on laisse de côté cet aspect secondaire de l'intrigue, on passe un très bon moment.

mercredi, 03 janvier 2024

Kina & Yuk, renards de la banquise

   Les latitudes extrêmes sont au programme des salles obscures, ces temps derniers... mais c'est plutôt l'hémisphère austral qui a été à l'honneur jusqu'à présent, que ce soit dans le documentaire (Voyage au Pôle Sud), la fiction intimiste (Soudain seuls) ou le film à grand spectacle (Aquaman 2).

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   Ici, direction le Grand Nord canadien, plus précisément le Yukon, où évoluent des renards de la banquise, de photogéniques petites boules de fourrure, à la fois prédateurs et gibiers pour de plus gros mammifères.

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   Kina la blanche est la femelle, gravide. Sur le point de mettre bas, elle a besoin de plus de nourriture que d'habitude... et d'une tanière sûre, à l'abri des intempéries comme des prédateurs. Le mâle Yuk (au pelage brun) est à la fois son compagnon de jeux et son protecteur.

   Le début nous montre le couple en pleine idylle, gambadant dans les folles prairies de l'insouciance plaines enneigées du monde arctique. Très vite, les amoureux vont être séparés, à cause de l'imprudence de Yuk (et du vilain réchauffement climatique).

   A partir de ce moment-là, la caméra suit séparément les deux renards... et l'on s'aperçoit vite que le réalisateur s'est surtout attaché à la renarde. Kina doit d'abord échapper au renard roux, un congénère certes, mais d'une race différente... et qui ne dédaigne pas becqueter de la viande goupilesque.

   Encore plus dangereux sont les loups, qui errent aux alentours de Jack City, où la renarde trouve refuge. Elle veille aussi à se tenir à l'écart des étranges bipèdes et des monstres sur roues qui peuplent cette ville.

   Fort heureusement pour elle, elle va se faire une copine, nommée Rita.

   Je n'en dévoilerai pas plus. Les péripéties sont assez nombreuses. Elles retiennent l'attention des petits, sans surprendre les grands. Les images sont superbes, les animaux quasi magnifiés... avec réalisme toutefois. Les loups sont montrés tels qu'ils sont : de redoutables prédateurs, qui ne craignent que les ours (qui les dédaignent) et les êtres humains (qui délèguent leur défense à des chiens qui sont rarement de taille). Le réalisateur s'est cependant gardé de montrer des images choquantes, en particulier celles de la manière dont les carnassiers sauvages se nourrissent.

   C'est hyper-balisé sur le fond et de grande qualité sur la forme, comme le précédent film de Guillaume Maidatchevsky, Aïlo, une odyssée en Laponie.

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mardi, 02 janvier 2024

Tandem - Retour vers le passé

   C'était annoncé et on l'attendait de pied ferme. Les créateurs de la comédie policière Tandem, dont la septième et dernière saison a été diffusée le printemps dernier, ont mis le point final à cette aventure par un épisode spécial, presque deux fois plus long qu'un épisode traditionnel. Il est diffusé ce soir sur France 3. Il est disponible en ligne depuis ce matin.

   C'est une affaire vieille d'une vingtaine d'années qui va entacher le bonheur tout neuf de la famille de gendarmes, en vacances dans une maison de campagne des Cévennes. L'enquête (partagée entre les héros et leurs collègues restés à la brigade de Montpellier) fait remonter les souvenirs de la période de formation à l’École des officiers de gendarmerie (que les scénaristes, pour des raisons de dramaturgie, localisent dans le Sud, alors qu'elle se trouve à... Melun).

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   Cela nous vaut quelques jolies scènes se déroulant dans le passé. On y voit le (pas encore) couple de protagonistes jeune et rebelle. C'est assez marrant.

   L'enquête va se révéler particulièrement complexe, parce que plusieurs mystères sont à résoudre. Les premiers sont les décès suspects de deux personnes, une dans le passé, une dans le présent. Bien évidemment, les deux morts sont liées. Le troisième mystère est celui de quelque chose qui peut être perçu comme une mise en scène ou une manipulation. Je n'en dis pas plus... mais les héros ne sont pas au bout de leurs surprises.

   Difficulté supplémentaire pour les gendarmes : l'équipe n'est pas au complet. Il manque le sympathique lieutenant d'origine bretonne et la capitaine malentendante, si piquante quand elle veut. Sinon, on revoit quasiment tous les personnages principaux des sept saisons, pour une histoire dont on se doute qu'elle ne peut pas se conclure par un drame.

   Ce long épisode garde la saveur de la série aussi par ses pointes d'humour (soulignées par les instruments à cordes). On se chamaille et l'on cabotine dans cette grande famille gendarmesque. J'ai passé un très bon moment.

   P.S.

   Fait exceptionnel : cet épisode a été réalisé par Astrid Veillon, qui incarne la commandante Léa Soler.