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dimanche, 14 avril 2024

Le Jeu de la reine

   Séance en costumes pour cette reconstitution de l'Angleterre du XVIe siècle, au crépuscule du règne du très autoritaire Henri VIII, connu pour avoir rompu avec l'obédience papale... et pour avoir épousé successivement six femmes (et en avoir fait décapiter deux).

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   Dans le rôle du vieux porc barbu, Jude Law est stupéfiant de vérité... lui qu'en France on a plutôt l'habitude voir incarner des gentlemen (ou, du moins, des types propres sur eux) ! Il me semble qu'il a même pris du poids pour le rôle.

   A ses côtés rayonne, irradie, illumine, scintille la délicieuse, la ravissante, la subtile Alicia Vikander qui, depuis Royal Affair, ne m'a jamais déçu, même si le dernier film dans lequel je l'avais vue (Tomb Raider) na cassait pas des briques.

   Le comédienne interprète Cartherine Parr, la sixième et dernière épouse d'Henri VIII. Elle parvient à faire ressortir les différentes facettes de son personnage : un côté séducteur (le film sous-entend qu'elle tenait le roi par le bout de la bite savait comment satisfaire le roi, à défaut d'en jouir), un côté infirmière voire mère-poule et un aspect intellectuel. La dame se piquait de philosophie et de religion. Elle s'est aussi en partie occupée de l'éducation des enfants des précédents mariages du roi, tous destinés à régner (ce dont ils n'étaient pas certains, à l'époque) : le futur Edouard VI (fils de Jeanne Seymour), la future Marie Tudor (fille de Catherine d'Aragon) et (surtout) la future Elizabeth Ière (fille d'Anne Boleyn), que la structure du film présente comme une sorte d'héritière spirituelle de Catherine, la véritable fondatrice de l'anglicanisme, que le règne d'Henri VIII n'avait fait qu'esquisser.

   Le début du film montre une femme de pouvoir et d'idées, dont la fragilité de la position apparaît dès que son seigneur et époux revient de la campagne de France, en mauvaise santé. La mise en scène comme le jeu des acteurs nous font comprendre quelles étaient les marges de manœuvre (plus ou moins grandes) d'une épouse royale, dont le principal atout pouvait être de donner naissance à un héritier (mâle). On finit par sentir que, derrière le tableau historique, perce un discours féministe contemporain, au point de tordre un peu le cours des événements.

   J'ai été emballé par les décors, les costumes, l'éclairage de certaines scènes à la bougie et le jeu des acteurs (Erin Doherty, Junia Rees, Eddie Marsan...). Parfois, cela m'a rappelé La Favorite, de Lanthimos.

   J'ai deux réserves scénaristiques à émettre. Elles sont sans doute liées au fait que le film adapte un roman. Ce n'est donc pas une œuvre historique au sens strict.

   Ainsi, il me semble que l'épisode du collier est inventé... et inspiré d'une péripétie des Trois Mousquetaires. La mise en danger de Catherine Parr fut réelle, en raison de ses convictions religieuses. Si Henri VIII avait bien rompu avec le Pape, il souhaitait mettre en place (en Angleterre) une sorte de catholicisme d’État, rénové, mais pas un protestantisme façon Luther, encore moins le calvinisme que prêchaient les réformés qui ont fini par triompher en Écosse. Durant la seconde partie de son règne, le souverain a joué de l'équilibre qu'il souhaitait préserver entre les poussées réformistes, incarnées par le clan Seymour (dont Catherine était proche), et le clergé traditionaliste, encore marqué par le catholicisme (à l'image de l'évêque de Winchester Étienne Gardiner, très bien interprété par Simon Russell Beale, déjà excellent en Béria dans La Mort de Staline).

   Mon autre réserve porte sur la fin, totalement inventée (et un peu ridicule dans sa mise en scène). Je comprends qu'elle ait suscitée des applaudissements, à Cannes, mais, franchement, le film n'avait pas besoin de cela.

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