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jeudi, 18 avril 2024

Civil War

   Le distributeur français ne s'est pas foulé. Il aurait pu traduire le titre d'origine en "Guerre civile" ou, plus judicieusement, le renommer "Sécession", puisque, dans l'histoire états-unienne, "Civil War" est le nom donné au conflit qui, entre 1861 et 1865, opposa grosso modo le Nord et le Sud du pays.

   Ici, on retrouve cet antagonisme géographique, puisque le gouvernement "officiel" semble contrôler notamment New York et Washington DC, tandis que les sécessionnistes de "l'Armée de Ouest" sont au départ la Californie et le Texas, auxquels s'est jointe la Floride. Beaucoup d’États intermédiaires semblent s'être déclarés neutres.

   En écrivant son scénar, Garland (auquel on doit, entre autres, l'excellent Ex Machina) a un peu brouillé les pistes, notamment en associant dans la coalition rebelle des États qui ont des traditions opposées (démocrate pour la Californie, républicaine pour les autres)... mais les évolutions tant démographiques que socio-économiques tendent petit à petit à faire basculer la majorité du Sud dans le camp démocrate. De surcroît, quand on regarde la composition des troupes, on voit nettement plus de minorités ethniques du côté de l'Armée de l'Ouest. En face, le président des États-Unis croupions, s'il n'est pas un décalque de Donald Trump, semble avoir un profil républicain... et mener le pays d'une manière un tantinet dictatoriale. (C'est peut-être plus évident pour le public états-unien.) Les spectateurs attentifs auront aussi remarqué que certains personnages évoquent la détestation dont les journalistes sont l'objet, entre New York et Washington DC.

   Au départ, l'incertitude pesant sur la nature de chaque camp nous oblige à être attentifs aux détails et à réfléchir. Mais, à la longue, ce flou artistique devient irritant et mène à une grosse déception. Garland n'a pas l'intention de traiter des déviances de l'Amérique actuelle (la complotisme et la mentalité réac d'une partie de la droite, la cancel culture et les délires sur le genre d'une partie de la gauche). Je crois qu'au fond il s'en fiche (du moins, dans ce film-ci).

   C'est d'abord une œuvre sur les reporters de guerre... et une histoire de passation de témoin, entre deux femmes. Kirsten Dunst incarne Lee, la photographe chevronnée, une dure à cuire dont on comprend qu'elle en a vu des vertes et des pas mûres au Moyen-Orient, en Afrique comme dans les Caraïbes. Cailee Spaeny interprète Jessie, la relève, une jeune présomptueuse ignorante du danger, admiratrice de Lee.

   La première partie n'est guère emballante. C'est trop verbeux, avec des situations souvent déjà vues ailleurs. Parfois, certains personnages se comportent comme des protagonistes des films d'horreur bas-de-gamme : ils font ce qu'aucune personne sensée ne ferait dans la vraie vie... ce qui permet à un scénariste en panne d'inspiration d'épicer son intrigue.

   Le moment clé est pour moi l'épisode de la fosse commune, avec l'intervention d'un personnage vu dans la bande-annonce, un inquiétant militaire incarné par Jesse Plemons (qui, dans le civil, est le compagnon de... Kirsten Dunst !).

   A partir de là, on reste scotché à son siège, jusqu'à l'emballante séquence de l'assaut de Washington DC, très bien mise en scène.

   Du coup, je devrais être plus enthousiaste que cela... mais j'ai été gêné par quelques grosses ficelles, en particulier tout ce qui touche à la relation entre les deux femmes photographes. Son évolution est tellement prévisible ! Au début, Lee joue un peu le rôle de mentor de Jessie, même si c'est à son corps défendant. La jeune apprentie commet des erreurs, s'expose imprudemment... mais, petit à petit, affine son style. Arrive, de manière particulièrement abrupte, le moment de bascule : lors de l'assaut de Washington, Lee, qui a pourtant derrière elle 20 à 25 ans de couverture de conflits sanglants, perd tout à coup ses moyens tandis que Jessie se montre meilleure que jamais... et je ne parlerai pas de la péripétie qu'on sent venir à des (centaines de) kilomètres, qui entache une fin d'histoire pourtant plutôt bien menée.

   Je suis sorti de là un peu déçu, en dépit de la force de certaines scènes.

23:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films