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dimanche, 24 octobre 2021

First Cow

   Il faut attendre très longtemps (pas loin d'une heure) pour que la placide bovidée qui a inspiré le titre de ce film commence à y jouer un rôle. (Sachez que l'animal recruté pour l'incarner se nomme Evie.)

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   En attendant cette apparition réjouissante, il faut se fader la première heure. Mon Dieu, que c'est long ! On a visiblement voulu nous informer des moindres petits soucis qui émaillaient la vie quotidienne des pionniers de l'Oregon (au nord-ouest des États-Unis) au début du XIXe siècle. C'est surligné au stabilo, pas palpitant pour deux sous et de surcroît pas très bien filmé. On dirait presque une œuvre télévisuelle, les scènes obscures étant mal éclairées. Quelle déception de la part de Kelly Reichardt, dont j'avais apprécié La Dernière Piste !

   Le seul éclair de cinéma à retenir dans cette brume vaguement poétique est la rencontre des deux protagonistes de l'histoire, l'Européen Otis Figowitz et le Chinois King-Lu. Entre ces deux-là se noue un compagnonnage qui va nous tenir en haleine pendant le reste de l'intrigue.

   J'ai trouvé la seconde partie mieux mise en scène et plus riche au niveau du scénario. La réalisatrice délaisse un peu le style pseudo-contemplatif sous-malickien. Otis le cuistot, surnommé Cookie, va profiter de la présence de la vache pour se lancer dans une lucrative activité commerciale, en compagnie de son acolyte, qui a moins de scrupules (et plus de bagout) que lui. Leur duo pourrait n'être qu'une nouvelle illustration de success story à l'américaine, mais il est plus que cela. L'association des deux personnages fonctionne à merveille. Ils emménagent dans la même cabane (sans qu'apparemment il y ait le moindre sous-entendu sexuel). Une belle amitié se forme, progressivement.

   L'exercice de leur activité les met en contact avec différentes figures du monde pionnier, campées par des "gueules" d'acteur. C'est bien rendu, parfois drôle... et appétissant, dans les scènes de cuisine. Je regrette toutefois que la réalisatrice n'ait pas vraiment su comment conclure son histoire. Elle semble s'orienter sur une piste qui s'interrompt, avant son dénouement. Dommage.

Storia di vacanze

   Dans un quartier pavillonnaire de la banlieue de Rome, des enfants de classe moyenne (plus ou moins aisée) tentent de conjurer leur mal de vivre durant les vacances d'été. Avec ça, on a (presque) tout dit, mais l'on n'a rien dit.

   La première partie de l'histoire est ironique. Elle brosse le portrait de familles qui, vues de l'extérieur, semblent chacune avoir acquis leur parcelle de bonheur italien. Il y a ce couple dont les deux enfants brillent à l'école. Il y a ce cadre, fier de sa réussite professionnelle (dans les cosmétiques) et de la beauté de sa fille unique. Il y a aussi cette jeune femme enceinte, encore entretenue par ses parents semble-t-il. Il y a enfin ce drôle de duo, constitué d'un père célibataire macho et de son fils emprunté.

   Par moment, j'ai pensé que les réalisateurs (qui ont contribué au scénario de Dogman) tentaient d'adapter Affreux, sales et méchants à la classe moyenne contemporaine. Ainsi, les pères de famille, qui affichent un profil respectable, sont obsédés par les femmes plus jeunes de leur quartier, qu'ils seraient prêts à violer. De son côté, la bimbo enceinte a perdu de sa superbe... mais pas de sa vulgarité, que l'on serait tenté de prendre pour de l'assurance.

   Tout ce vernis craque dans la seconde partie. Les adultes se révèlent plutôt lâches et sans envergure. Ils ne constituent pas des modèles auxquels les jeunes pourraient se raccrocher. Les préadolescents vont donc chercher leur propre voie, pour le meilleur et pour le pire.

   Je ne m'attendais pas du tout à cela. J'étais allé voir le film sans avoir quasiment rien lu dessus, juste pour le plaisir d'entendre parler italien, dans un métrage qui ne soit pas trop long (une rareté ces temps-ci). J'ai beaucoup aimé la partie sarcastique et j'ai pris une petite claque dans la seconde partie, qui prend parfois la forme d'un puzzle. La toute dernière scène nous invite à repenser à ce qu'il s'est passé auparavant. J'ai aussi été marqué par l'une des séquences précédentes, qui montre le réveil des parents dans une maison étrangement calme.

   Même s'il n'est pas parfait, je trouve que c'est un film qui a du style et qui mérite le détour.

18:18 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Illusions perdues

   Salle archicomble pour cette adaptation d'un des romans majeurs d'Honoré de Balzac. Dans les rangées dominaient les tempes argentées, un petit peu plus féminines que masculines. De mon côté, j'ai eu l'impression d'être entouré d'un escadron de profs de Lettres à la retraite.

   L'intrigue est découpée en trois parties. La première tourne autour de l'amour (plus ou moins) contrarié de Lucien pour Louise. La deuxième narre l'ascension d'un ambitieux. La troisième met en scène un brutal retour à la réalité.

   C'est d'abord la qualité de la distribution qui m'a impressionné. Le film met en valeur deux petits jeunes (Benjamin Voisin et Salomé Dewaels), très bons. Ils sont entourés de comédiens plus confirmés (Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Cécile de France...) tous impeccables. En soutien viennent les "grands anciens" (Jeanne Balibar et Gérard Depardieu), qui ont parfois déçu, mais qui sont remarquables ici. Il faudrait aussi signaler la pléiade de seconds rôles, parmi lesquels je distingue André Macron Marcon, Jean-François Stévenin et Louis-Do de Lencquesaing.

   Après un début un peu poussif, je trouve que le film démarre vraiment quand l'apprenti journaliste-poète rencontre l'éditeur Dauriat dans son antre. La réalisation gagne en envergure et les répliques font mouche. (Le talent de Xavier Giannoli semble mieux s'exprimer dans les scènes "confinées".)

   Sur le fond, le film touche sa cible quand il dénonce les inégalités sociales et la culture de connivence qui règne dans le monde médiatico-culturel parisien. Je ne connais pas tout le sous-texte, mais je pense qu'à certaines occasions, Giannoli règle quelques comptes personnels. Moins subtiles sont les allusions à la vie politique contemporaine : dès qu'il est question de Rothschild, on met dans la bouche d'un personnage une réplique censée être prophétique...

   Le principal défaut du film est de jouer sur le "tous pourris". Au contact du petit monde parisien, même les âmes pures se dégradent. C'est l'amour qui "sauve" (de manière très relative) certains personnages, notamment féminins. On pourra toutefois reprocher au scénario de mettre en avant les individus qui se compromettent et, par exemple, de totalement négliger la presse intègre.

   Les 2h30 passent assez bien, en dépit de quelques longueurs. Si l'on a lu le roman et qu'on en a gardé quelques bribes en mémoire, la troisième partie ne surprend pas... mais cela laisse le temps d'apprécier la mise en scène des deux machinations, ainsi que le jeu des acteurs. J'ajoute que les dialogues sont ciselés. J'ai passé un bon moment.

11:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films