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samedi, 28 mai 2022

Les Folies fermières

   C'est l'histoire d'un paysan (Alban Ivanov, sobre) qui, au bord de la faillite, décide de lancer un "cabaret à la ferme" (le premier de France). Pour cela, il a besoin de recruter et d'entraîner une troupe d'artistes. Il va s'appuyer sur le savoir-faire d'une gogo danseuse en délicatesse avec son patron (Sabrina Ouazani, très impliquée dans le rôle).

   Présenté comme cela, le film donne l'impression d'être une version rurale de The Full Monty. C'est pas faux. Mais c'est aussi une histoire vraie. L'exploitation est située dans le Tarn (pas très loin de Toulouse). L'histoire a été quelque peu retouchée et relocalisée dans le Cantal, entre Mauriac et Aurillac.

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   Qu'est-ce qui a changé entre l'original et la fiction ? L'orientation de l'exploitation. Le Tarnais David Caumette pratique le polyélevage, avec semble-t-il une dominante viande. Sur la plaquette téléchargeable sur son site internet, il mentionne les races Blonde d'Aquitaine, Limousine et Aubrac. Dans le film, même si le héros cite à un moment une race locale (la Salers), les animaux de la ferme sont exclusivement des Montbéliardes, à partir du lait desquelles sa mère fabrique sans doute du fromage (du Cantal). Le film n'évoque pas le fait que l'éleveur se soit d'abord lancé dans la transformation et la vente directe, avant de se tenter l'expérience du cabaret.

   Soyons clairs : l'intrigue est cousue de fil blanc... surtout si l'on connaît un peu l'histoire d'origine. On sait gré aux scénaristes de n'avoir toutefois pas écrit un conte de fées moderne. L'éleveur rencontre de fortes oppositions (notamment celle de son grand-père) et le film ne cache pas la situation précaire de certains agriculteurs. Cela reste néanmoins un feel good movie, avec pas mal d'humour.

   Cela passe aussi parce qu'une brochette de bons comédiens a été recrutée : outre ceux incarnant les deux personnages principaux, il faut citer Michèle Bernier (mère du héros), Guy Marchand (le grand-père réac), Bérengère Krief (l'ex qui en pince encore pour le héros) et puis toutes celles et ceux qui incarnent les seconds rôles, très authentiques.

   Pour moi, Sabrina Ouazani sort clairement du lot. Je ne dis pas cela parce qu'elle se balade la plupart du temps en tenues moulantes et "aérées". Elle a du tempérament, du charisme... et puis, oui, merde, du charme aussi ! (Et je pense qu'elle a dû effectuer un gros travail physique, en amont, pour le rôle.)

   Avec ce film, l'Aveyronnais que je suis se trouve en terrain familier : voir des Cantaliens petit-déjeuner à la charcuterie, au fromage et au vin rouge n'est pas exotique. (Amis Rouergats, soyez attentifs au couteau utilisé par l'un d'entre eux...)

   Bon voilà. Cela n'a rien d'extraordinaire, mais c'est une honnête comédie, centrée sur un beau projet. Elle apporte une touche d'espoir et de gaieté dans un monde parfois tristounet.

   P.S.

   Restez pour le générique. Vous y verrez des images tournées dans la ferme tarnaise, à Garrigues.

L'Ecole du bout du monde

   Sorti à l'international sous le titre Lunana : a yak in the classrom, ce film bhoutanais (coproduit par la Chine, semble-t-il) est une curiosité géographique, mais ce qu'il dit a vocation universelle.

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   Le Bhoutan est ce petit pays coincé entre la Chine et l'Inde, à l'est du Népal. Le village de Lunana (où se déroule presque toute l'action du film) est situé au nord-est de la capitale, Timphu, au sud du Tibet dont la population pourrait être originaire. Quand le jeune instituteur Ugyen  apprend qu'il est nommé dans ce village, dont l'école est réputée être la plus inaccessible du pays, il songe à démissionner. Ce citadin, qui n'a pas l'air très ardent au travail, pense surtout à jouer de la musique (avec sa guitare) et à chanter des tubes anglo-saxons. Il envisage sérieusement d'émigrer en Australie, pour y faire carrière.

   La première partie de l'histoire nous présente ce personnage, assez antipathique. Il est narcissique, ne dit ni bonjour ni merci et vit l’œil rivé sur son smartphone, quand il n'écoute pas la musique enregistrée dessus.

   En attendant son visa pour émigrer en Australie, il va prendre son poste, au printemps, au terme d'un périple de plusieurs jours, en compagnie de deux éleveurs, descendus du village pour ramener le précieux instituteur, attendu là-bas comme le Messie.

   Ce voyage initiatique est le premier choc subi par le héros. Il entre en contact avec des populations très pauvres, au mode de vie ancestral. Tout le monde ne porte pas de chaussures, on mange des choses bizarres... et l'on se torche le cul avec des feuilles d'arbre. Au fil des étapes suivies par l'équipée, des incrustations nous donnent des informations sur l'altitude (qui croît régulièrement) et la population.... qui a tendance à subir le mouvement inverse, des quelque 100 000 habitants de Timphu à la cinquantaine de Lunana.

  Le nouvel instituteur découvre des enfants avides d'apprendre (en dépit des conditions matérielles difficiles) et des villageois prêts à se couper en quatre pour lui simplifier la vie. Jusqu'à la fin de l'automne, il s'investit de plus en plus dans son travail... mais je ne dirai pas jusqu'où nous emmène l'intrigue.

   C'est donc une histoire assez balisée, très prenante malgré tout. Les paysages bhoutanais sont superbes et l'on sent de la part du réalisateur la volonté de mettre en valeur le mode de vie de ces paysans montagnards. Les acteurs sont bons et certaines trognes d'enfant sont adorables, à commencer par celle de la déléguée de classe, Pem Zam, qui s'attache de plus en plus au nouveau "Maître". De son côté, celui-ci découvre la vie des villageois... et croise une ravissante chanteuse. La musique va rapprocher tout ce petit monde, y compris le maire, un vieil homme dévoué au service public, mais brisé par un drame familial.

   Je recommande vivement ce film, qui fait l'éloge des gens modestes, du "vivre ensemble" et de l'envie d'apprendre / de transmettre.

   P.S. I

   Conformément au titre anglo-saxon, on finit bien par voir un yak dans la salle de classe. (L'animal joue un rôle clé dans le village, ne serait-ce que par l'apport vital que constituent ses bouses, une fois séchées.) Au sens métaphorique, ce yak désigne le nouvel instituteur.

   P.S. II

   Le village de Lunana s'est lancé dans le tourisme !

18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films