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lundi, 20 février 2012

Le maire, l'insolent et la gifle

   Cette affaire, en apparence banale, en dit beaucoup sur la France d'aujourd'hui, l'éducation des jeunes, le fonctionnement de la justice et le traitement médiatique des faits divers.

   La première série de remarques porte sur les délais. Tous les journaux ont rappelé que le conflit est né d'une gifle donnée par le maire de Cousolre à un jeune malpoli en août 2010. L'affaire aurait pu se terminer... un peu plus d'un an plus tard, par une procédure de plaider-coupable, que le maire a refusée. C'est au début du mois de février 2012 que l'audience devant le tribunal correctionnel s'est tenue. Le jugement a été rendu deux semaines plus tard, vendredi 17. Au total, il a donc fallu un an et demi pour que cette histoire soit traitée !

   Les événements s'étant déroulés dans le Nord-Pas-de-Calais, un certain flou a entouré l'orthographe du maire. Ainsi, dans le même article du Parisien, on a pu trouver le nom écrit avec un "t" et un "d" à la fin :

Boisart Parisien.jpg

   La journaliste du Monde penchait pour le "d", dans son article du 5 février :

Boisart LeMonde bis.jpg

   Mais les autres organes de presse penchaient plutôt pour le "t". Pour en avoir le coeur net, je me suis donc rendu sur le site de l'Association des Maires du Nord, où j'ai trouvé (page 15) la fiche de la commune, avec l'information tant désirée :

Cousolre.jpg

   Une troisième série de remarques porte sur le détail des faits. Trop de médias se sont contentés d'une narration incomplète. C'est dans l'article du Monde que j'ai trouvé le récit le plus approfondi :

spciété,presse,médias,actualité

   Qu'y apprend-on ?

   - D'abord (premier encadré rouge), que cet incident succède à une cascade d'incivilités dont la commune a été victime, incivilités attribuées à certains jeunes. On ne sait toutefois si le giflé fait partie du groupe de délinquants. (Une vidéo -un extrait du journal de Jean-Pierre Pernaut- disponible sur le site de LCI, évoque de précédentes condamnations de l'adolescent.)

   - Ensuite (passage souligné en rouge) que les menaces de mort ont été proférées après la gifle, mais que le jeune homme avait déjà insulté le maire avant. L'article du Monde est l'un des rares (le seul ?) à reproduire les insultes en question. Notons aussi que le jeune voulait revenir faire la peau du maire, armé de couteaux.

   - Enfin (passages encadrés en vert), le "quotidien de référence", réputé proche des milieux judiciaires (du syndicat de la magistrature notamment), s'étonne du comportement du procureur, qui s'en prend à l'élu avec une ironie qui prouve surtout qu'il ne vit pas dans le même monde que les justiciables de base.

   La dernière série de remarques concerne le verdict et la manière dont les journaux en ont parlé. Dans Le Monde, daté du 18 février, on ne trouve qu'un entrefilet, page 11 :

Boisart LeMonde 18 02 2012.jpg

   Le sujet ne semble donc toujours pas passionner la rédaction, à tel point que l'on persiste à mal orthographier le nom du maire. Le paragraphe est purement factuel, mais plus informatif que bien des articles... on va voir pourquoi.

   En gros, on peut classer les articles en trois catégories. Il y a ceux qui, tel Libération, se contentent de reprendre la dépêche AFP, forcément incomplète. Il y a ceux qui, comme Le Parisien, voient bien que cela ne suffit pas et y ajoutent une ou deux infos. L'article est plus synthétique et précise que l'adolescent a déjà été condamné pour les injures et les menaces de mort. (Voilà qui nous rassure sur le fonctionnement de la justice.) Pour connaître le montant des dommages et intérêts imposés au jeune homme, il faut bien chercher dans la presse locale, dans La Nouvelle République, par exemple : 250 euros.

   Ce montant de 250 euros est cité dans l'entrefilet du Monde. C'est la même somme à laquelle le maire a été condamné. Le juge semble donc avoir voulu renvoyer dos à dos les deux parties. L'amende est encore plus élevée (1 000 euros, soit le double de ce qu'avait demandé le procureur), mais c'est une condamnation avec sursis : le maire n'aura pas à la payer s'il ne récidive pas. Cependant, il doit régler les frais de justice de la partie adverse, soit 500 euros selon La Voix du Nord !

   Il semble donc au final que le juge ait voulu punir le maire d'avoir refusé le plaider-coupable et d'avoir médiatisé cette affaire moins anodine qu'elle n'en a l'air. Il reste à espérer que la vie quotidienne des habitants du village de Cousolre ne va empirer à cause de la trop grande indulgence de la justice à l'égard des petits délinquants.