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samedi, 28 octobre 2006

The Queen

   Que Dieu sauve Helen Mirren ! Elle est la pierre précieuse dont ce film est l'écrin. Elle réussit à incarner Elizabeth II de manière saisissante, à tel point que, désormais, on serait légitimement amené à se demander, en regardant la vraie reine, qui est cette personne qui s'évertue à imiter Helen Mirren ! Un gros travail d'observation a été fait quant à la gestuelle, aux déplacements. Du coup, comme les dialogues sont ciselés, la reine paraît peut-être plus sympathique qu'elle ne l'est en réalité. C'est qu'elle est adorable, cette souveraine qui conduit son 4 x 4, connaît un peu de mécanique et finalement souhaiterait préserver un magnifique cerf (elle ne va toutefois pas au bout de son envie, un trait caractéristique du personnage, formaté par une éducation des plus rigides). Ceci dit, moi, j'aime bien : ce côté digne, guindé, mais aussi cette finesse d'esprit, ont leur charme. Le film a le mérite de nous faire toucher du doigt le fonctionnement de cette monarchie parlementaire particulière... avec une famille royale assez méprisable, mais sans plus. De ce point de vue Frears a perdu le mordant de sa jeunesse : si quelques piques sont lancées, le tout reste assez lisse.

    Mais c'est le traitement de l' "affaire Diana" qui m'a le plus déçu. Frears reprend pendant quasiment tout le film la version de la "princesse du peuple", tuée (au moins moralement) par une belle-famille perverse qui ne l'a jamais acceptée (mais, pour faire contrepoids, cette famille apparaît comme pas si inhumaine finalement, du moins certains membres).  Les dirigeants travaillistes sont montrés sous un jour positif : ils ont compris l'émotion populaire et sont en prise avec leur temps. J'y vois au contraire une forme de populisme. Le rôle de la presse de caniveau (dans la mort de Diana) est à peine évoqué (pour être aussitôt rejeté par ce bellâtre suffisant de Campbell). Il aurait fallu que M. Frears (ou son scénariste) approfondisse un peu la question. Cette marée de moutons qui se pressent avec leurs bouquets (et les messages plus ou moins débiles qui les accompagnent) sont les mêmes que ceux qui se ruaient sur les magazines consacrés à Diana. Par leurs achats (et par l'audience qu'ils accordaient aux émissions télévisées où il était question de l'ex miss Spencer), ils ont encouragé toutes les dérives. Il est vraiment dommage qu'un type comme Frears n'ait pas davantage fouillé son sujet. Valérie Lemercier, dans Palais Royal, avait pointé avec talent les ambiguïtés de la princesse décédée. Pour une fois, des Français se sont montrés plus subtils (bien que dans une comédie loufoque). Le recul, peut-être ?

19:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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